2 janvier 2010

2010, l’année du premier contact (1984) de Peter Hyams

Titre original : « 2010 » ou « 2010 – Odyssey two »

2010 - L'année du premier contactLui :
Mettre en scène une suite à 2001, Odyssée de l’espace n’était pas chose facile. Dans cette adaptation du roman d’Arthur Clarke, Peter Hyams s’est particulièrement impliqué : il en est le producteur, a écrit le scénario et l’a réalisé. Une mission russo-américaine va étudier le vaisseau Discovery abandonné près de Jupiter pour tenter de comprendre ce qui s’est passé. Il s’agit donc d’une vraie suite. Les deux films ne sont pas comparables : 2001 est un film onirique et atemporel alors que 2010 est plus classique et donc plus daté. Vouloir comparer les deux films amène forcément à porter un jugement négatif sur 2010 ; il ne le mérite pas car c’est un film fort bien fait et qui s’inscrit parfaitement dans l’esprit des livres d’Arthur C. Clarke. L’histoire est assez forte, même si l’on peut trouver le fond de guerre froide un peu trop présent, et les situations mises en images excitent l’imagination. Vu en 2010, alors que le cinéma de science-fiction n’est plus qu’un support à effets spéciaux, le film de Peter Hyams paraît s’inscrire dans la vraie science-fiction, celle qui sait s’épanouir dans la littérature avant de garnir nos écrans et qui n’a pas besoin de budget pharaonique. 2010 Odyssée deux est donc une suite plus qu’honorable.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Roy Scheider, John Lithgow, Helen Mirren, Bob Balaban, Keir Dullea
Voir la fiche du film et la filmographie de Peter Hyams sur le site IMDB.

Remarques :
– Arthur C. Clarke fait une apparition : devant la maison blanche, l’homme sur le côté qui donne à manger aux pigeons. D’autre part, sur la couverture du magazine Times qui montre les deux grands dirigeants face à face, c’est en fait Arthur C. Clarke et Stanley Kubrick qui se font face…!
– Arthur Clarke a aussi écrit 2061 Odyssée Trois (en 1987), livre qui m’a paru moins intéressant que les deux premiers.
– On le sait maintenant : les prédictions de 2001 et de 2010 étaient passablement optimistes. Mettre sur pied un voyage vers Jupiter ne sera sans doute pas possible avant un bon siècle.

22 décembre 2009

Clockwise (1986) de Christopher Morahan

ClockwiseElle :
(pas vu)

Lui :
Le pointilleux principal d’un collège anglais manque le train qui doit l’emporter à la conférence annuelle des principaux de collège. Juste le jour il devrait la présider. Il tente d’y parvenir coûte que coûte par ses propres moyens, une folle cavalcade qui va mettre à mal tous ses grands principes. Ce principal, c’est John Cleese, l’ex-Monty Python, et il n’a pas son pareil pour caricaturer et pousser dans ses extrêmes un tel personnage guindé, rigide et engoncé dans ses principes. Il nous fait là un beau numéro et bien entendu tout le film repose sur lui. Même s’il souffre de quelques longueurs, Clockwise est amusant, souvent hilarant même, sans toutefois égaler les meilleurs films des ex-Monty Python.
Note : 3 étoiles

Acteurs: John Cleese, Sharon Maiden, Penelope Wilton, Alison Steadman
Voir la fiche du film et la filmographie de Christopher Morahan sur le site IMDB.

13 novembre 2009

Le commando de Sa Majesté (1980) de Andrew V. McLaglen

Titre original : The Sea Wolves

The Sea WolvesElle :
(pas vu)

Lui :
Relatant un fait d’armes de la Seconde Guerre Mondiale, Le Commando de sa Majesté nous transporte aux Indes où un navire espion allemand, ancré en zone neutre, donne des renseignements aux sous-marins allemands qui rôdent en mer. L’Amirauté anglaise met sur pied une expédition non officielle pour aller neutraliser le navire, un commando composé d’anciens officiers plus vraiment très jeunes. L’histoire est donc basée sur des faits réels mais, hélas, le film ne leur rend guère hommage tant la réalisation semble molle et dénuée d’entrain. Les acteurs paraissent aussi fatigués que leurs personnages et l’on doit forcer son attention. Les quelques touches d’humour très british ne suffisent pas à relever l’ensemble qui montre beaucoup de mollesse.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Gregory Peck, Roger Moore, David Niven, Trevor Howard, Barbara Kellerman, Patrick Macnee
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13 octobre 2009

La fièvre au corps (1981) de Lawrence Kasdan

Titre original : « Body Heat »

La fièvre au corpsElle :
(pas vu)

Lui :
Agé d’à peine plus de trente ans, Lawrence Kasdan parvient à un degré de perfection franchement inhabituel pour un premier film (1). La Fièvre au Corps met en scène une histoire de manipulation et de femme fatale qui évoque les meilleurs films noirs des années quarante, on pense à Le facteur sonne toujours deux fois ou surtout à Assurance sur la mort, mais l’histoire de Kasdan va encore plus loin dans le machiavélisme avec notamment un twist final qui nous laisse pantois. La mise en place et le déroulement du scénario font preuve d’une grande rigueur qui approche la perfection. La Fièvre au Corps est aussi un film audacieux, tout d’abord par sa sensualité torride qui frôle l’érotisme et que Kasdan montre avec beaucoup de style, se situant là encore dans la droite ligne des films noirs. La fièvre au corps Il est audacieux aussi par le choix des acteurs : c’est le premier rôle pour Kathleen Turner qui montre une grande force dans son jeu avec une bonne dose de mystère et qui forme un couple vraiment électrique avec William Hurt qui a enfin ici un rôle de premier plan. Ils donnent beaucoup de crédibilité au film. La musique de John Barry contribue elle aussi à créer un climat très fort. Envoûtant et original, La Fièvre au Corps est une réussite sur toute la ligne. Avec le recul, on mesure mieux à quel point il ne peut se comparer qu’aux très grands films noirs, qui sont souvent ses aînés de trente ou quarante ans.
Note : 5 étoiles

Acteurs: William Hurt, Kathleen Turner, Richard Crenna, Ted Danson, J.A. Preston, Mickey Rourke
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(1) Lawrence Kasdan n’était toutefois pas un débutant en tant que scénariste : il avait précédemment signé les scénarii de Les Aventuriers de l’Arche Perdue et Star Wars l’Empire contre-attaque (c’est d’ailleurs George Lucas qui a anonymement produit son film).

11 octobre 2009

Notre histoire (1984) de Bertrand Blier

Notre histoireElle :
Bien que maltraité par la critique à l’époque de sa sortie, Notre histoire est plutôt un bon cru. Cette parodie sentimentale avec un Alain Delon à contre-emploi, puisqu’il joue le rôle d’un loser, est amusante mais aussi grinçante. Le couple déchiré et déstabilisé par le divorce s’enfonce soit dans l’excès soit dans le repli. C’est non seulement une parodie absurde et décalée avec des personnages truculents qui font les quatre cent coups mais c’est aussi une peinture mélancolique sur la solitude et la difficulté de trouver l’amour. Toute une pléiade d’acteurs connus et encore inconnus envahit peu à peu les décors. On passe du rire aux éclats à l’émotion pure.
Note : 4 étoiles

Lui :
Seul et désabusé dans son compartiment de première classe, un homme se fait aborder par une jeune femme qui s’offre à lui. Arrivé à destination, il cherche à s’incruster dans sa vie, prêt à tout accepter pour pouvoir rester avec elle. Notre histoire est un film difficile à définir comme le sont souvent les films de Bertrand Blier : c’est autant une comédie, qu’un drame, qu’une variation surréaliste sur l’amour. Il démarre de façon saugrenue et monte en intensité pour partir ensuite en roue libre (le milieu de film est franchement hilarant) et finit par retomber sur ses pieds avec un beau final. Derrière l’humour et la parodie, Notre histoire est une réflexion sur l’attachement et la solitude qu’il peut occasionner. Alain Delon joue avec son image de battant irrésistible puisqu’il est ici un loser geignard qui est toutefois rapidement attachant comme le sont beaucoup des personnages. Face à lui, Nathalie Baye est tout aussi convaincante. Le tandem est complété par toute une pléiade d’acteurs connus. Notre histoire fut à l’époque de sa sortie vilipendé par la critique, parfois pour des raisons extra-cinématographiques (1). C’est toutefois un film très réussi, parfaitement inclassable si n’est parmi les films d’auteur, un film sur lequel le temps n’aura certainement que peu de prise.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Alain Delon, Nathalie Baye, Gérard Darmon, Michel Galabru, Jean-Pierre Darroussin, Sabine Haudepin, Geneviève Fontanel, Jean-François Stévenin, Ginette Garcin, Vincent Lindon
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Voir les autres films de Bertrand Blier chroniqués sur ce blog…

(1) Il faut dire qu’Alain Delon (qui est aussi co-producteur du film) venait de défrayer la chronique en affirmant publiquement son soutien au président du Front National…

22 août 2009

Mille milliards de dollars (1982) de Henri Verneuil

Mille milliards de dollarsLui :
Sur les indications d’un mystérieux informateur, un jeune journaliste (Patrick Dewaere) se lance dans une enquête qui va le mener jusqu’aux portes d’une multinationale. Mille milliards de dollars (c’est le chiffre d’affaires annuel des 20 plus grosses sociétés mondiales) est un film politique très efficace. En grand spécialiste du cinéma populaire de qualité, Henri Verneuil fait évoluer son scénario avec une superbe maîtrise et maintient l’attention de façon constante par un suspense parfaitement dosé. Patrick Dewaere, ici dans l’un de ses tous derniers rôles, montre beaucoup de maturité dans son jeu, assez retenu et complet. Le propos est toujours aussi actuel.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Patrick Dewaere, Caroline Cellier, Charles Denner, Anny Duperey, Jeanne Moreau, Jean-Pierre Kalfon, Michel Auclair
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Remarques :
1. La multinationale G.T.I. du film Mille milliards de dollars présente de très grandes similitudes avec I.T.T., énorme multinationale (aujourd’hui démantelée) aux multiples ramifications économiques et politiques assez obscures.

2. Le générique du film mentionne deux livres comme source d’inspiration :
“Mille milliards de dollars” de Robert Lattès (1969)
“False Font” (“Gare à l’intox”) de Lawrence Meyer (1979)
Il omet de mentionner une troisième source, sans doute par crainte de poursuites d’ITT :
“The Sovereign State of ITT” de l’anglais Anthony Sampson (1972), livre qui a mis en perspective tout l’opportunisme de cette multinationale, à commencer par cette rencontre entre le président d’ITT et Hitler dès son arrivée au pouvoir en 1933 (pendant toute la Seconde Guerre Mondiale, ITT a été ensuite fournisseur d’armes et de matériel des deux camps).

20 août 2009

Scarface (1983) de Brian De Palma

ScarfaceElle :
(pas vu)

Lui :
Réfugié cubain, Tony Montana fait rapidement fortune dans le trafic de drogue à Miami en laissant beaucoup de cadavres sur son chemin. Pseudo-remake du film d’Howard Hawks, le Scarface de Brian De Palma se place dans un cadre plus récent, la vente d’alcool par la mafia italienne a fait place au trafic de cocaïne par les cubains, mais le personnage du petit caïd qui fonctionne à l’instinct reste. De Palma livre un film particulièrement violent, qui fonctionne par coups de poing successifs et qui joue sur la répétition allant jusqu’à la démesure dans la scène finale (démesure rendue pittoresque par ses excès). On retrouve le thème du gangster qui retourne les idéaux américains à son avantage, le fameux « the world is yours » (= le monde vous appartient) ainsi que les rapports incestueux avec la sœur mais ces aspects sont placés de façon presque anecdotique. La longueur du film (2 h 45) est d’autant plus pesante que, finalement, il ne se passe pas grand-chose… Le Scarface de De Palma semble bien loin de son modèle.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Al Pacino, Steven Bauer, Michelle Pfeiffer, Mary Elizabeth Mastrantonio, Robert Loggia, Paul Shenar
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L’original :
Scarface de Howard Hawks avec Paul Muni

16 avril 2009

Ran (1985) de Akira Kurosawa

RanElle :
La force de Ran réside dans sa réflexion sur la guerre et dans sa brillante mise en scène presque onirique. Un seigneur sanguinaire veut partager son fief entre ses trois fils pour vivre une fin de vie heureuse. La soif de pouvoir, les complots et vengeances, les divergences divisent les fils qui n’ont dès lors de cesse de s’entretuer et s’éliminer. Kurosawa se sert avant tout des images pour montrer comment une dynastie familiale peut sombrer dans le chaos et comment le désir de puissance peut pervertir les êtres humains. Le rouge, le jaune et le bleu des troupes de chacun des trois fils parsèment d’immenses paysages perdus. Les décors et la mise en place des batailles sont somptueux tant par leur graphisme que par le mouvement des soldats sur leurs chevaux. Kurosawa se permet d’éliminer les cris de la guerre pour les remplacer parfois par une musique presque contemporaine. La couleur du sang, la fumée et la brume envahissent le champ visuel qui devient baroque et fait penser à certains tableaux de Goya.
Note : 4 étoiles

Lui :
L’intrigue de Ran est directement inspirée du Roi Lear de Shakespeare. Dans le Japon du XVIe siècle, un puissant seigneur qui a bâti son vaste domaine à coups de guerres sanglantes, décide de le léguer à ses trois fils. L’un d’eux refuse ce partage et il est banni…
Kurosawa ne cherche pas à faire une transposition fidèle, il désire plutôt faire une fable sur le pouvoir, la guerre, la culpabilité. A cause de sa folie destructrice, l’homme est ici le principal moteur de sa perte. Ran est un mot qui désigne le chaos. Le déroulement de l’histoire en elle-même est parfois un peu confus, il faut bien suivre pour ne pas s’y perdre. Ran s’inscrit dans la dernière partie de la filmographie de Kurosawa, juste après Kagemusha. Tous deux sont des films grandioses par leur mise en scène, avec notamment des scènes de guerre superbes dans ses mouvements de centaines voire de milliers de cavaliers et fantassins, mouvements et déplacements rendus encore plus majestueux et graphiques par les fanions colorés derrière chaque soldat. Cet aspect monumental est assez spectaculaire, peut-être pourrait-on dire un peu trop, mais dans le grandiose, le cinéma de Kurosawa reste majestueux et peu de cinéastes parviennent ainsi à faire fusionner totalement un propos terriblement sombre, presque apocalyptique avec une beauté quasi picturale des images.
Note : 4 étoiles 16/04/20094 étoiles 24/08/2024

Acteurs: Tatsuya Nakadai, Akira Terao, Jinpachi Nezu, Daisuke Ryu, Mieko Harada
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8 mars 2009

La couleur de l’argent (1986) de Martin Scorsese

Titre original : « The color of money »

La Couleur de l'argentElle :
Je n’ai vraiment pas réussi à m’intéresser à cette histoire de joueur de billard. (Abandon)
Note : Pas d’étoile

Lui :
Plus qu’une suite, La Couleur de l’Argent s’inscrit dans la continuité du beau film de Rossen L’Arnaqueur. Nous retrouvons donc Paul Newman dans son personnage de joueur de billard 25 ans plus tard. Il prend un jeune joueur sous son aile pour qu’il ressemble à ce qu’il a été. Le scénario est en fait assez réduit et simple. Scorcese, comme son jeune personnage, s’intéresse plus au billard que tout autre chose et il manie la caméra avec panache et maestria. Certains plans sont époustouflants et le montage des scènes de billard est très vif, parfois étourdissant. Paul Newman traverse le film avec flegme et classe, tranchant ainsi avec les endroits un peu miteux où se déroule l’histoire. Il ne manque à La couleur de l’Argent qu’un scénario intéressant, sur ce point il pâtît plutôt de la comparaison avec son prédécesseur.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Paul Newman, Tom Cruise, Mary Elizabeth Mastrantonio
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3 mars 2009

Y a-t-il un pilote dans l’avion? (1980) de Jim Abrahams, David Zucker et Jerry Zucker

Titre original : « Airplane! »

Y a-t-il un pilote dans l'avion?Elle :
(pas vu)

Lui :
Ce qui est remarquable à propos de Y a-t-il un pilote dans l’avion?, c’est qu’un petit trio d’auteurs sans expérience de réalisation ait réussi à obtenir un bon budget pour tourner une comédie loufoque sans aucune tête d’affiche. Il s’agit d’une satire des films-catastrophe qui ont fleuri dans les années 70 et les auteurs s’en sont donnés à cœur joie. Les gags fusent dans tous les sens, toujours très courts, l’un poussant l’autre ; quand ce ne sont pas des jeux de mots, ce sont des gags visuels, tout est source de dérision, poussé jusqu’à la caricature. Le rythme permet d’éviter toute lourdeur. Les références filmiques sont nombreuses depuis des classiques comme Tant qu’il y aura des hommes jusqu’aux films-catastrophe, bien entendu. Comme on le sait, le film fut un énorme succès. Y a-t-il un pilote dans l’avion? n’est toutefois pas un film à mépriser car ce genre totalement débridé est assez rare, surtout à Hollywood. Le film eut une suite, moins réussie, la machine commerciale ayant repris les choses en main.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Julie Hagerty, Robert Hays, Leslie Nielsen, Lloyd Bridges, Peter Graves, Robert Stack
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