11 octobre 2009

Notre histoire (1984) de Bertrand Blier

Notre histoireElle :
Bien que maltraité par la critique à l’époque de sa sortie, Notre histoire est plutôt un bon cru. Cette parodie sentimentale avec un Alain Delon à contre-emploi, puisqu’il joue le rôle d’un loser, est amusante mais aussi grinçante. Le couple déchiré et déstabilisé par le divorce s’enfonce soit dans l’excès soit dans le repli. C’est non seulement une parodie absurde et décalée avec des personnages truculents qui font les quatre cent coups mais c’est aussi une peinture mélancolique sur la solitude et la difficulté de trouver l’amour. Toute une pléiade d’acteurs connus et encore inconnus envahit peu à peu les décors. On passe du rire aux éclats à l’émotion pure.
Note : 4 étoiles

Lui :
Seul et désabusé dans son compartiment de première classe, un homme se fait aborder par une jeune femme qui s’offre à lui. Arrivé à destination, il cherche à s’incruster dans sa vie, prêt à tout accepter pour pouvoir rester avec elle. Notre histoire est un film difficile à définir comme le sont souvent les films de Bertrand Blier : c’est autant une comédie, qu’un drame, qu’une variation surréaliste sur l’amour. Il démarre de façon saugrenue et monte en intensité pour partir ensuite en roue libre (le milieu de film est franchement hilarant) et finit par retomber sur ses pieds avec un beau final. Derrière l’humour et la parodie, Notre histoire est une réflexion sur l’attachement et la solitude qu’il peut occasionner. Alain Delon joue avec son image de battant irrésistible puisqu’il est ici un loser geignard qui est toutefois rapidement attachant comme le sont beaucoup des personnages. Face à lui, Nathalie Baye est tout aussi convaincante. Le tandem est complété par toute une pléiade d’acteurs connus. Notre histoire fut à l’époque de sa sortie vilipendé par la critique, parfois pour des raisons extra-cinématographiques (1). C’est toutefois un film très réussi, parfaitement inclassable si n’est parmi les films d’auteur, un film sur lequel le temps n’aura certainement que peu de prise.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Alain Delon, Nathalie Baye, Gérard Darmon, Michel Galabru, Jean-Pierre Darroussin, Sabine Haudepin, Geneviève Fontanel, Jean-François Stévenin, Ginette Garcin, Vincent Lindon
Voir la fiche du film et la filmographie de Bertrand Blier sur le site IMDB.

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(1) Il faut dire qu’Alain Delon (qui est aussi co-producteur du film) venait de défrayer la chronique en affirmant publiquement son soutien au président du Front National…

22 août 2009

Mille milliards de dollars (1982) de Henri Verneuil

Mille milliards de dollarsLui :
Sur les indications d’un mystérieux informateur, un jeune journaliste (Patrick Dewaere) se lance dans une enquête qui va le mener jusqu’aux portes d’une multinationale. Mille milliards de dollars (c’est le chiffre d’affaires annuel des 20 plus grosses sociétés mondiales) est un film politique très efficace. En grand spécialiste du cinéma populaire de qualité, Henri Verneuil fait évoluer son scénario avec une superbe maîtrise et maintient l’attention de façon constante par un suspense parfaitement dosé. Patrick Dewaere, ici dans l’un de ses tous derniers rôles, montre beaucoup de maturité dans son jeu, assez retenu et complet. Le propos est toujours aussi actuel.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Patrick Dewaere, Caroline Cellier, Charles Denner, Anny Duperey, Jeanne Moreau, Jean-Pierre Kalfon, Michel Auclair
Voir la fiche du film et la filmographie de Henri Verneuil sur le site IMDB.

Remarques :
1. La multinationale G.T.I. du film Mille milliards de dollars présente de très grandes similitudes avec I.T.T., énorme multinationale (aujourd’hui démantelée) aux multiples ramifications économiques et politiques assez obscures.

2. Le générique du film mentionne deux livres comme source d’inspiration :
“Mille milliards de dollars” de Robert Lattès (1969)
“False Font” (“Gare à l’intox”) de Lawrence Meyer (1979)
Il omet de mentionner une troisième source, sans doute par crainte de poursuites d’ITT :
“The Sovereign State of ITT” de l’anglais Anthony Sampson (1972), livre qui a mis en perspective tout l’opportunisme de cette multinationale, à commencer par cette rencontre entre le président d’ITT et Hitler dès son arrivée au pouvoir en 1933 (pendant toute la Seconde Guerre Mondiale, ITT a été ensuite fournisseur d’armes et de matériel des deux camps).

20 août 2009

Scarface (1983) de Brian De Palma

ScarfaceElle :
(pas vu)

Lui :
Réfugié cubain, Tony Montana fait rapidement fortune dans le trafic de drogue à Miami en laissant beaucoup de cadavres sur son chemin. Pseudo-remake du film d’Howard Hawks, le Scarface de Brian De Palma se place dans un cadre plus récent, la vente d’alcool par la mafia italienne a fait place au trafic de cocaïne par les cubains, mais le personnage du petit caïd qui fonctionne à l’instinct reste. De Palma livre un film particulièrement violent, qui fonctionne par coups de poing successifs et qui joue sur la répétition allant jusqu’à la démesure dans la scène finale (démesure rendue pittoresque par ses excès). On retrouve le thème du gangster qui retourne les idéaux américains à son avantage, le fameux « the world is yours » (= le monde vous appartient) ainsi que les rapports incestueux avec la sœur mais ces aspects sont placés de façon presque anecdotique. La longueur du film (2 h 45) est d’autant plus pesante que, finalement, il ne se passe pas grand-chose… Le Scarface de De Palma semble bien loin de son modèle.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Al Pacino, Steven Bauer, Michelle Pfeiffer, Mary Elizabeth Mastrantonio, Robert Loggia, Paul Shenar
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L’original :
Scarface de Howard Hawks avec Paul Muni

16 avril 2009

Ran (1985) de Akira Kurosawa

RanElle :
La force de Ran réside dans sa réflexion sur la guerre et dans sa brillante mise en scène presque onirique. Un seigneur sanguinaire veut partager son fief entre ses trois fils pour vivre une fin de vie heureuse. La soif de pouvoir, les complots et vengeances, les divergences divisent les fils qui n’ont dès lors de cesse de s’entretuer et s’éliminer. Kurosawa se sert avant tout des images pour montrer comment une dynastie familiale peut sombrer dans le chaos et comment le désir de puissance peut pervertir les êtres humains. Le rouge, le jaune et le bleu des troupes de chacun des trois fils parsèment d’immenses paysages perdus. Les décors et la mise en place des batailles sont somptueux tant par leur graphisme que par le mouvement des soldats sur leurs chevaux. Kurosawa se permet d’éliminer les cris de la guerre pour les remplacer parfois par une musique presque contemporaine. La couleur du sang, la fumée et la brume envahissent le champ visuel qui devient baroque et fait penser à certains tableaux de Goya.
Note : 4 étoiles

Lui :
L’intrigue de Ran est directement inspirée du Roi Lear de Shakespeare. Dans le Japon du XVIe siècle, un puissant seigneur qui a bâti son vaste domaine à coups de guerres sanglantes, décide de le léguer à ses trois fils. L’un d’eux refuse ce partage et il est banni…
Kurosawa ne cherche pas à faire une transposition fidèle, il désire plutôt faire une fable sur le pouvoir, la guerre, la culpabilité. A cause de sa folie destructrice, l’homme est ici le principal moteur de sa perte. Ran est un mot qui désigne le chaos. Le déroulement de l’histoire en elle-même est parfois un peu confus, il faut bien suivre pour ne pas s’y perdre. Ran s’inscrit dans la dernière partie de la filmographie de Kurosawa, juste après Kagemusha. Tous deux sont des films grandioses par leur mise en scène, avec notamment des scènes de guerre superbes dans ses mouvements de centaines voire de milliers de cavaliers et fantassins, mouvements et déplacements rendus encore plus majestueux et graphiques par les fanions colorés derrière chaque soldat. Cet aspect monumental est assez spectaculaire, peut-être pourrait-on dire un peu trop, mais dans le grandiose, le cinéma de Kurosawa reste majestueux et peu de cinéastes parviennent ainsi à faire fusionner totalement un propos terriblement sombre, presque apocalyptique avec une beauté quasi picturale des images.
Note : 4 étoiles 16/04/20094 étoiles 24/08/2024

Acteurs: Tatsuya Nakadai, Akira Terao, Jinpachi Nezu, Daisuke Ryu, Mieko Harada
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8 mars 2009

La couleur de l’argent (1986) de Martin Scorsese

Titre original : « The color of money »

La Couleur de l'argentElle :
Je n’ai vraiment pas réussi à m’intéresser à cette histoire de joueur de billard. (Abandon)
Note : Pas d’étoile

Lui :
Plus qu’une suite, La Couleur de l’Argent s’inscrit dans la continuité du beau film de Rossen L’Arnaqueur. Nous retrouvons donc Paul Newman dans son personnage de joueur de billard 25 ans plus tard. Il prend un jeune joueur sous son aile pour qu’il ressemble à ce qu’il a été. Le scénario est en fait assez réduit et simple. Scorcese, comme son jeune personnage, s’intéresse plus au billard que tout autre chose et il manie la caméra avec panache et maestria. Certains plans sont époustouflants et le montage des scènes de billard est très vif, parfois étourdissant. Paul Newman traverse le film avec flegme et classe, tranchant ainsi avec les endroits un peu miteux où se déroule l’histoire. Il ne manque à La couleur de l’Argent qu’un scénario intéressant, sur ce point il pâtît plutôt de la comparaison avec son prédécesseur.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Paul Newman, Tom Cruise, Mary Elizabeth Mastrantonio
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3 mars 2009

Y a-t-il un pilote dans l’avion? (1980) de Jim Abrahams, David Zucker et Jerry Zucker

Titre original : « Airplane! »

Y a-t-il un pilote dans l'avion?Elle :
(pas vu)

Lui :
Ce qui est remarquable à propos de Y a-t-il un pilote dans l’avion?, c’est qu’un petit trio d’auteurs sans expérience de réalisation ait réussi à obtenir un bon budget pour tourner une comédie loufoque sans aucune tête d’affiche. Il s’agit d’une satire des films-catastrophe qui ont fleuri dans les années 70 et les auteurs s’en sont donnés à cœur joie. Les gags fusent dans tous les sens, toujours très courts, l’un poussant l’autre ; quand ce ne sont pas des jeux de mots, ce sont des gags visuels, tout est source de dérision, poussé jusqu’à la caricature. Le rythme permet d’éviter toute lourdeur. Les références filmiques sont nombreuses depuis des classiques comme Tant qu’il y aura des hommes jusqu’aux films-catastrophe, bien entendu. Comme on le sait, le film fut un énorme succès. Y a-t-il un pilote dans l’avion? n’est toutefois pas un film à mépriser car ce genre totalement débridé est assez rare, surtout à Hollywood. Le film eut une suite, moins réussie, la machine commerciale ayant repris les choses en main.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Julie Hagerty, Robert Hays, Leslie Nielsen, Lloyd Bridges, Peter Graves, Robert Stack
Voir la fiche du film et les filmographies de Jim Abrahams, David Zucker & Jerry Zucker sur le site imdb.com.

Voir les commentaires sur la suite : Y a t-il enfin un pilote dans l’avion?

1 janvier 2009

Piège de cristal (1988) de John McTiernan

Titre original : « Die Hard »

Piège de cristalElle :
(n’a pas souhaité le revoir)

Lui :
Lors d’une vaste prise d’otages dans un immeuble de Los Angeles, un policier présent par hasard affronte seul un gang de malfaiteurs. Piège de Cristal joue donc sur le thème du grain de sable qui vient gripper la mécanique. Le lieu, un vaste immeuble quasiment vide, permet aux scénaristes de mettre en place un jeu du chat et de la souris assez sophistiqué doublé d’un aspect David contre Goliath puisque notre héros part quasiment nu face à un commando de spécialistes parfaitement entraînés et préparés. Gros succès populaire, Piège de Cristal a propulsé Bruce Willis sur le devant de la scène avec ce personnage alliant une inébranlable détermination à un humour désabusé. Il faut saluer aussi la belle prestation d’Alan Rickman en malfaiteur froid et impitoyable. Les films d’action modernes n’ont pas souvent la qualité de Piège de Cristal, donc ne boudons pas notre plaisir.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Bruce Willis, Bonnie Bedelia,  Alan Rickman, William Atherton
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18 novembre 2008

Victor, Victoria (1982) de Blake Edwards

Victor, Victoria Elle :
Note : 5 étoiles

Lui :
Victor, Victoria est l’un des films les plus aboutis de la filmographie de Blake Edwards. Même si elle n’est pas de lui (c’est un remake), l’idée de départ est simple mais brillante : sur les conseils d’un artiste de cabaret homosexuel, une chanteuse au bout du rouleau accepte de passer pour un homme qui prétend passer pour une femme. Rapidement, elle remporte un vif succès dans les cabarets parisiens. Pour tourner cette comédie, le réalisateur a bénéficié d’un budget important qu’il a su utiliser à merveille ; l’histoire est parfaitement mise en place et rythme et timing sont précis, ne laissant aucun temps mort malgré les quelque 120 minutes de film. Blake Edwards mêle des personnages assez naturels avec des personnages franchement caricaturaux, tel Robert Preston qui reprend tous les clichés sur les homosexuels (sans toutefois trop charger la barque) et surtout l’hilarante blonde-platine braillarde et vulgaire qui semble sortie tout droit d’une bande dessinée. Cet habile cocktail explique une partie de la réussite de Victor, Victoria. Le plus beau personnage est bien entendu Victoria, magnifiquement interprétée par Julie Andrews (qui rappelons-le est la femme de Blake Edwards), délicieuse et particulièrement à l’aise dans les superbes numéros de cabaret chorégraphiés au cordeau. Et il y a les gags, toujours simples, mais qui prennent toute leur force dans la façon dont Blake Edwards les amène et les met en scène (exemples-type : les chutes, tel le gag du détective sur le tabouret, gag pourtant éculé mais absolument irrésistible ici). Victor, Victoria est une comédie quasiment parfaite qui se voit et se revoit toujours avec le même plaisir.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Julie Andrews, James Garner, Robert Preston, Lesley Ann Warren, Alex Karras
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Victor Victoria
James Garner et Julie Andrews dans Victor Victoria de Blake Edwards

Original et premier remake :
Viktor und Viktoria film allemand (assez rare) de Reinhold Schünzel (1933), avec Renate Müller et Hermann Thimig
First a girl (1935) remake anglais en comédie musicale de Victor Seville avec Jessie Matthews et Sonnie Hale, remake qui suivait l’original de très près.

6 novembre 2008

Glory (1989) de Edward Zwick

GloryElle :
(En bref) Grande fresque un peu ennuyeuse sur la guerre de sécession. On a un peu l’impression que l’on veut se donner bonne conscience vis à vis de l’esclavage, quitte à prendre quelques libertés avec l’Histoire. Les scènes de bataille sont montées de façon très réaliste, traduisant bien toute l’horreur de la guerre.
Note : 3 étoiles

Lui :
(En bref) Le film retrace l’histoire d’un régiment noir pendant la guerre de Sécession. La reconstitution est soignée et les scènes de bataille assez violentes. Grand film épique fait pour exalter. Très hollywoodien.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Matthew Broderick, Denzel Washington, Cary Elwes, Morgan Freeman
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Homonyme:
Glory (1956) de David Butler avec Margaret O’Brien et Walter Brennan

10 octobre 2008

La guerre à sept ans (1987) de John Boorman

Titre original : Hope and Glory

Hope and GloryElle :
(En bref) Film très réussi sur cette période de la seconde guerre mondiale vue par les yeux d’un enfant. Bon scénario, émotion, humour et excellents acteurs font un cocktail qui fonctionne merveilleusement bien.
Note : 5 étoiles

Lui :
(En bref) John Boorman raconte sa propre enfance et c’est la raison pour laquelle on trouve dans son récit beaucoup de sensibilité. La vision d’un garçon de sept ans sur la guerre est obligatoirement très différente et Hope and Glory est ainsi un film particulièrement original.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Sebastian Rice-Edwards, Geraldine Muir, Sarah Miles
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