11 août 2008

L’enfant sauvage (1970) de François Truffaut

L'Enfant sauvageElle :
1798, la capture d’un enfant laissé totalement à l’abandon depuis son plus jeune âge dans une forêt permet à François Truffaut de se mettre en scène en pédagogue cartésien pour tenter d’éduquer ce petit « sauvage » afin de le remettre sur le chemin des humains. On part de zéro ; le jeune enfant presque à l’état animal ne sait ni marcher, parler, écrire, pleurer, aimer. On suit ce délicat apprentissage de la vie avec intérêt et émotion. Un simple larme, un besoin de caresse ou un simple son émis de la part de l’enfant procure des petits bonheurs bien mérités au patient pédagogue qui emprunte des chemins de communication inconnus et fait parfois des erreurs. Un film dépouillé et aride, bien à part dans la filmographie de Truffaut.
Note : 5 étoiles

Lui :
En 1798, un enfant sauvage est trouvé dans une forêt du centre de la France. Il est pris en charge par le Docteur Itard persuadé qu’il sera possible de faire son éducation. François Truffaut a toujours montré son intérêt pour l’éducation et pour traiter ce sujet qui lui tient tant à cœur il n’hésite pas à passer, pour la première fois, devant la caméra pour interpréter le docteur. L’Enfant Sauvage lui permet de nous montrer l’importance de l’éducation, que l’inné n’intervient que peu dans la formation du caractère d’un individu. Comme pour appuyer sa démonstration, il filme dans un noir et blanc assez austère d’apparence, très contrasté, particulièrement adapté à la minutie et à la précision de la technique du docteur. L’Enfant Sauvage est basé sur des faits réels, François Truffaut ayant respecté presque à 100% les écrits du véritable Docteur Itard. Dans la réalité, « Victor de l’Aveyron » est resté 5 années avec le docteur, puis avec Madame Guérin, sa mère adoptive, le restant de ses jours (il mourut à l’âge de 40 ans environ) .
Note : 4 étoiles

Acteurs: Jean-Pierre Cargol, François Truffaut, Françoise Seigner
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9 août 2008

Le roi et l’oiseau (1979) de Paul Grimault

Le roi et l’oiseauElle :
(pas vu)

Lui :
En 1950, Paul Grimault avait réalisé La Bergère et le ramoneur, un dessin animé (le premier long métrage français d’animation) adapté d’un conte d’Andersen avec l’aide de Jacques Prévert. Le film ne sortira que 3 ans plus tard après avoir été remanié et dénaturé par les producteurs. 17 ans plus tard, Paul Grimault reprend le projet pour le réaliser vraiment selon ses intentions premières et celles de Jacques Prévert. Il ne garde qu’une vingtaine de minutes de la première version. Le Roi et l’Oiseau met en scène un roi despotique et imbu de son image qui traque sans répit une jeune bergère qu’il veut épouser et le jeune ramoneur avec lequel elle s’est enfuie. Les décors sont à la mesure de l’ego du roi, démentiels et démesurés tout en restant très beaux et parfois aériens. Certaines parties sont copiées sur Venise et la basse cité évoque Metropolis. De nombreux mécanismes rendent ces décors vivants, avec moult trappes pour les importuns (!), le plus volumineux étant un géant de métal que le roi utilise comme arme d’anéantissement. On sent la plume de Prévert dans les textes et les gags parsèment tout le film. Pamphlet contre la tyrannie et l’oppression, Le Roi et l’Oiseau est vraiment remarquable, une perle rare dans le cinéma d’animation.
Note : 4 eacute;toiles

Acteurs: (voix) Jean Martin, Pascal Mazzotti, Raymond Bussière
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3 août 2008

Les européens (1979) de James Ivory

Titre original : « The Europeans »

Les EuropéensElle :
Ce film, adapté du roman de Henry James, nous plonge au cœur de la bonne société bostonienne des années 1850. La vie paisible d’une famille puritaine à cheval sur les principes et sur l’exercice religieux se voit bouleversée par l’arrivée d’Eugenia et de Félix, deux cousins venus d’Europe aux mœurs plus sophistiquées et libérées. C’est le choc de deux façons de vivre. Les bostoniens rigides et timides se laissent peu à peu gagner le désir et le plaisir. La jeune Gertrude veut désormais choisir celui qu’elle aime et non plus se laisser imposer un mari. Les superbes paysages de la forêt rougeoyante laissent filtrer par ses couleurs l’embrasement des esprits les plus retenus. James Ivory traite ces changements de comportement avec beaucoup de subtilité mais aussi d’humour.
Note : 4 étoiles

Lui :
En 1850, un jeune européen et sa sœur viennent s’installer quelque temps chez leurs cousins à Boston. Adapté d’un roman d’Henry James, Les Européens met en relief le choc de deux cultures, personnifiées ici par une famille très puritaine de la bonne société bostonienne et ces deux européens aux mœurs plus libres, ne se souciant guère des conventions. Les premiers recherchent l’élévation de l’âme par une vie austère et stricte, les seconds le bonheur et les plaisirs. James Ivory filme avec subtilité cette confrontation nourrie d’attirance et de répulsion, utilisant comme un écrin la nature automnale et son kaléidoscope de couleurs, comme offrir un piédestal aux desseins spirituels de cette famille. Belle interprétation avec notamment Lee Remick.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Lee Remick, Robin Ellis, Wesley Addy, Tim Choate, Lisa Eichhorn
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28 juin 2008

Le limier (1972) de Joseph L. Mankiewicz

Titre original : « Sleuth »

”Le limierElle :
(pas vu)

Lui :
C’est le dernier film de Joseph Mankiewicz et l’un de ses chefs-d’œuvre. Loin des superproductions comme Cléopâtre (dont l’insuccès lui fit tant de mal), Le limier est un petit tour de force : parvenir à tenir en haleine le spectateur pendant plus de deux heures avec seulement deux acteurs n’est en effet pas un tâche facile même si le lieu est un vaste manoir anglais empli d’automates. Un écrivain à succès, amateur de jeux, (Laurence Olivier) a invité l’amant de sa femme (Michael Caine) à venir le rencontrer. La confrontation sera étonnante… Il s’agit de l’adaptation d’une pièce d’Anthony Shaffer dont le déroulement du scénario est absolument parfait et qui ne se départit jamais d’une forte intensité. Le jeu dans le jeu, le face à face de deux mondes, retournements et faux-semblants alimentent constamment Le Limier pour former un ensemble particulièrement riche, que seuls deux grands acteurs et un très grand réalisateur pouvaient porter à de tels sommets.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Laurence Olivier, Michael Caine
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Remake :
Kenneth Branagh a tourné un remake en 2007, Le Limier où Michael Caine joue cette fois le rôle de l’aristocrate face au jeune Jude Law.

13 juin 2008

Silent running (1971) de Douglas Trumbull

Titre canadien : « Et la terre survivra »

Silent runningElle :
(pas vu)

Lui :
Douglas Trumbull est l’un des créateurs des effets spéciaux de 2001, Odyssée de l’espace (on lui doit notamment les fantastiques effets psychédéliques du voyage supraluminique de la fin du film). Silent Running est pour lui l’occasion d’utiliser un certain nombre de techniques qu’il avait développées pour 2001 mais qui ne furent pas utilisées. Son film est toutefois bien plus que cela puisqu’il porte en lui une fable écologique assez forte et qui paraît tout aussi actuelle de nos jours. Nous sommes à bord d’un gigantesque vaisseau qui glisse dans l’espace à la façon de 2001… mais le dit-vaisseau porte de vastes plateaux où quelques chercheurs tentent de recréer les forêts qui ont été supprimées par l’homme de la surface de la Terre. La décision vient d’être prise de stopper l’expérience car pas assez rentable… Le propos de Silent Running s’inscrit donc tout à fait dans son époque, le tout début des années 70, mais a des résonances en notre troisième millénaire car il soulève des questions qui, si elles n’ont pas de dimension spirituelle comme 2001, n’en sont pas moins persistantes : pas d’Etre Supérieur, ni de robots qui se retourne contre l’homme dans Silent Running ; non, l’homme maîtrise la technique, les robots sont des gentils compagnons patauds et légèrement anthropoïdes (ils sont toutefois présentés comme porteurs d’avenir) mais celui qui peut causer sa perte est l’homme lui-même. En ce sens, il soulève des questions bien plus pragmatiques que 2001… De façon étonnante, l’humanité est surtout présente dans le film par la bande sonore : quelques très belles chansons de Joan Baez créent un contraste étonnant avec les images. Le budget fut très réduit (1) ce qui ne l’empêche pas de comporter quelques scènes visuellement efficaces à base de grandes maquettes. Le film n’eut hélas que très peu de succès à l’époque, il fallut même attendre 1975 pour qu’il sorte en France. A noter que l’un des co-scénariste est Michael Cimino.
Note : 4 eacute;toiles

Acteurs: Bruce Dern, Cliff Potts, Ron Rifkin, Jesse Vint
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Note : Le titre Et la terre survivra (notez l’absence de majuscule qui change le sens et traduit bien le propos du film) est au départ le titre canadien mais a aussi été quelquefois utilisé en France.

(1) Après le succès d’Easy Rider en 1969, Les Studios Universal décidèrent de lancer plusieurs projets de style cinéma indépendant avec un petit buget (1 million de dollars) : Silent Running est l’un d’entre eux, les autres étant : L’homme sans frontière de Peter Fonda (1971), The Last Movie de Denis Hopper (1971), Taking Off de Milos Forman (1971) and American Graffiti de Geoges Lucas (1973).

8 juin 2008

La rupture (1970) de Claude Chabrol

La ruptureElle :
(En bref) Une mère s’enfuit avec son enfant pour le protéger de son mari déséquilibré. Les parents vont tout faire pour le récupérer. Le scénario est particulièrement original et complexe, chargé d’une ambiance malsaine à souhait. Stéphane Audran rayonne dans son combat de mère méprisée face à Jean-Pierre Cassel et Michel Bouquet qui donnent dans la perversité et le machiavélisme.
Note : 5 étoiles

Lui :
(En bref) Une belle intrigue chabrolienne : les sentiments face au pouvoir de l’argent. Très belle interprétation, Stéphane Audran en tête qui, bien qu’employée ici un peu à contre-emploi, joue avec grande conviction.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Stéphane Audran, Jean-Pierre Cassel, Michel Bouquet, Annie Cordy, Jean-Claude Drouot, Jean Carmet
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4 juin 2008

Profession reporter (1975) de Michelangelo Antonioni

Titre original : « Professione : reporter »

Profession reporterElle :
Profession Reporter fait partie des films les plus marquants d’Antonioni. Le cinéaste pose des questions sur le destin de chaque individu : peut-on échapper à la monotonie de sa trajectoire de vie en en choisissant une autre comme le fait Jack Nicholson, en se faisant passer pour mort et emprunter les habits d’un trafiquant d’armes. Peut-on vivre sous une autre identité totalement différente ? Le nouveau costume se révèle vite difficile et lourd à porter. Cette quête existentielle est une fuite éperdue en avant sans aucun espoir de retour. Le tout dernier plan qui s’échappe de la fiction et de cette vie rêvée par les barreaux de la chambre et revient à la réalité des personnes et de la vie est tout à fait inédit.
Note : 4 étoiles

Lui :
Profession reporter Un reporter ressent fortement l’échec de sa vie alors qu’il est en reportage dans un village isolé du désert africain. Profitant du décès accidentel de son voisin de chambre, il décide de prendre sa place, d’échanger sa vie avec la sienne et retourne en Europe avec son identité. Profession Reporter peut donner l’impression de présenter comme un polar mais, en réalité, Antonioni traite une fois de plus de la quête d’identité avec cet homme qui voudrait reprendre le contrôle de sa vie pour laisser libre cours au hasard. Son film est plastiquement assez superbe avec de très beaux plans à Barcelone et dans le sud de l’Espagne. Et bien entendu, il y a ce fameux plan final d’un travelling très lent de plusieurs minutes sur l’extérieur d’une chambre par une fenêtre ouverte où Antonioni suggère l’action qui s’y déroule sans la montrer, un des plus célèbres plans du cinéma.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Jack Nicholson , Maria Schneider, Jenny Runacre
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12 mars 2008

Le juge et l’assassin (1975) de Bertrand Tavernier

Le juge et l'assassinElle :
Chronique sociale intéressante des années 1890, l’époque de l’Affaire Dreyfus, de Zola, des idées socialistes qui heurtent la pensée religieuse et l’ordre militaire. Michel Galabru incarne à merveille ce désaxé sexuel qui perturbe l’ordre établi face à Philippe Noiret qui est là pour le maintenir. Les personnages de Brialy et Isabelle Huppert ne sont pas assez exploités et paraissent un peu parachutés. Peut-être Tavernier a-t-il voulu traiter trop de thèmes à la fois.
Note : 4 étoiles

Lui :
Bertrand Tavernier profite de ce fait divers authentique pour nous brosser un tableau de la société française de la fin du XIXe siècle. Certains aspects des personnages sont confus ou éludés mais Michel Galabru excelle dans le rôle de cet « anarchiste de Dieu ».
Note : 3 étoiles

Acteurs: Philippe Noiret, Michel Galabru, Isabelle Huppert, Jean-Claude Brialy
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26 février 2008

Le reptile (1970) de Joseph L. Mankiewicz

Titre original : « There was a crooked man »

Le reptileElle :
(pas vu)

Lui :
Joseph Mankiewicz n’est pas exactement un spécialiste du western… Donc, quand il décide d’en réaliser un, qui plus est en 1970 c’est à dire en pleine période où l’on tentait de définir un nouveau style dans le genre, il n’est pas étonnant que le résultat soit suffisamment déroutant pour que le film soit un échec commercial. En fait, Mankiewicz utilise le format du western pour mieux mettre en avant son thème favori de la manipulation : Le reptile dans une prison en plein désert de l’Arizona, un brigand sans foi ni loi parvient à manipuler tout le monde pour parvenir à ses fins et s’évader. Le Reptile est sans doute un peu trop subtil dans le fond par rapport à sa forme qui est toutefois très plaisante ; l’humour y est très présent et il y a bien entendu cette grande maîtrise de la mise en scène. Kirk Douglas personnifie à merveille cet « homme à l’esprit tordu » (« crooked man »). Un film assez surprenant.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Kirk Douglas, Henry Fonda, Hume Cronyn
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23 février 2008

Les flambeurs (1974) de Robert Altman

Titre original : California split

California splitElle :
Les intentions de faire une peinture satirique de la société californienne sont louables mais l’exercice est une peu raté à mes yeux : c’est ennuyeux à mourir et à aucun moment, Altman ne sait nous faire partager son plaisir de croquer ces trognes de gens détraqués qui crient et qui ne parviennent jamais à communiquer réellement.
Note : 1 étoiles

Lui :
Cinéma-vérité dans le monde du jeu. Malgré tout le talent de Robert Altman, on a du mal à s’intéresser aux deux joueurs de ce film. Au final, le film est plutôt fatiguant à regarder et peu captivant. Il faut toutefois replacer ce film dans le contexte de recherches pour un nouveau cinéma au début des années 70 (le film a été tourné dans la continuité, c’est à dire dans l’ordre final du montage).
Note : 1 étoiles

Acteurs: George Segal, Elliott Gould, Ann Prentiss
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