22 mai 2007

L’arme à gauche (1964) de Claude Sautet

L'arme à gaucheElle :
Bon polar au sujet particulièrement original. Lino Ventura se trouve en prise avec une petite bande de trafiquants qui ont volé le bateau d’une riche veuve. Suspense et aventure.
Note : 5 étoiles

Lui :
Pour son deuxième film, Claude Sautet fait ce qu’il qualifie lui-même « un exercice de style ». Refusant de tourner un autre film noir après Classe tous risques, de peur de s’enfermer dans le genre, il choisit ce huit-clos étonnant : cinq personnes dont trois trafiquants d’armes sur un bateau échoué. Il est étonnant et aussi superbe puisqu’aucun temps mort ne vient relâcher l’emprise sur le spectateur. Ventura est parfait une fois de plus.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Lino Ventura, Sylva Koscina, Alberto de Mendoza, Leo Gordon
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22 mai 2007

Classe tous risques (1960) de Claude Sautet

Classe tous risquesElle :
Ventura, à la fois tueur et touchant en irresponsable père de famille, cherche à échapper à la justice. Sa fuite éperdue aboutit à la rencontre avec Belmondo qui l’aide et le cache chez lui. Malgré le style très direct, la caméra de Claude Sautet sait rester assez délicate.
Note : 4 étoiles

Lui :
A Milan, un gangster recherché par la police cherche à rentrer en France avec sa femme et ses deux jeunes enfants. Après une fusillade à la frontière, il demande de l’aide à ses anciens amis restés à Paris… Deuxième long métrage de Claude Sautet (1), Classe tous risques est adapté d’un roman policier de José Giovanni. Au début de sa carrière, le réalisateur montre donc un fort intérêt pour le genre policier et son film est fortement inspiré par le film noir américain. Classe tous risquesSa mise en scène est nerveuse, directe, mais un peu austère sans doute, à l’image de son héros, un gangster fatigué qui ne peut atteindre la vie à laquelle il aspire. Claude Sautet filme ses scènes d’extérieurs en situation réelle, au milieu de la foule avec une caméra légère et discrète, se montrant ainsi très proche de la Nouvelle Vague. Cette impression est d’ailleurs renforcée à la vision du personnage joué par Jean-Paul Belmondo, un jeune voyou solitaire et idéaliste qui évoque par certains aspects son personnage chez Godard (2).
Note : 3 étoiles

Acteurs: Lino Ventura, Sandra Milo, Jean-Paul Belmondo, Marcel Dalio
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(1) Classe tous risques est le second long métrage de Claude Sautet mais c’est le premier dont il assume pleinement la paternité. Son premier film, Bonjour sourire ! (1956), un petit film comique avec Henri Salvador et Annie Cordy, n’a effectivement rien de remarquable.

(2) A bout de souffle est sorti un mois avant Classe tous risques.

16 mai 2007

Le procès (1962) d’ Orson Welles

Le procèsElle :
(pas vu)

Lui :
Un film très particulier. En adaptant Kafka à l’écran, Orson Welles va très loin dans la voie du cauchemar surréaliste, à tel point, qu’en tant que spectateur, on commence par un stade « mal à l’aise » pour finir proche du rejet. J’ai trouvé par exemple la scène du peintre particulièrement répulsive. C’est regrettable car l’interprétation est assez remarquable avec une brochette d’acteurs plutôt impressionnante.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Anthony Perkins, Jeanne Moreau, Romy Schneider, Elsa Martinelli, Suzanne Flon, Orson Welles, Madeleine Robinson
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Lire une présentation plus récente, à la suite du nouvelle vision du film.

10 mai 2007

Les honneurs de la guerre (1960) de Jean Dewever

Les honneurs de la guerreElle :
Scénario de Jean-Charles Tacchella. Ce film, peu diffusé car il montre des français insouciants et des allemands humains au moment de la libération, est intéressant car il témoigne de l’atmosphère d’attente incertaine qui pouvait régner dans les campagnes à cette époque. Néanmoins, certaines longueurs alourdissent l’ensemble.
Note : 3 étoiles

Lui :
Ce film décrit cette période d’incertitude à la fin de la dernière guerre, cette période de transition entre la guerre et la paix. Un bataillon allemand au bout du rouleau tarde à quitter un village. On comprend que le propos est fondamentalement antimilitariste, anti-guerre, mais le film s’égare, force un peu trop le trait et s’étire en longueurs qui enlèvent toute force à la démonstration. Il ne reste qu’un témoignage de cette époque charnière.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Albert Hehn, Bernard Verley
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5 mai 2007

Je t’aime, je t’aime (1968) de Alain Resnais

Je t'aime je t'aimeElle :
En bref (*) : Film doté d’une construction très originale. Les allers et retours désordonnés dans la vie de Claude Rich font que l’on se prend au jeu de la reconstruction de sa vie.
Note : 4 étoiles

Lui :
En bref (*) : Surprenant et intéressant : l’environnement science-fiction n’est qu’un prétexte pour nous offrir un découpage très original et le spectateur se retrouve avec un puzzle de la vie de Claude Rich.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Claude Rich, Bernard Fresson, Olga Georges-Picot, Anouk Ferjac
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(*) Les commentaires de la rubrique “en bref” datent des tout premiers mois où nous avons commencé à noter nos impressions sur les films que nous regardions : ils étaient effectivement très brefs.

21 avril 2007

Faster, Pussycat! Kill! Kill! (1966) de Russ Meyer

Faster, Pussycat! Kill! Kill!Elle :
(pas vu)

Lui :
Si le nom de Russ Meyer est le plus souvent assimilé à la série des Vixen et à sa fixation sur les femmes aux attributs mammaires surdéveloppés, il avait tourné avant cela plusieurs films assez provocateurs. Parmi ceux-ci, Faster Pussycat Kill Kill sort nettement du lot et le film a acquis au fil des ans un statut de film culte, l’absence de succès du film et le fait que Russ Meyer soit vilipendé de tous côtés favorisant cela. Le film raconte la virée de trois danseuses de cabaret sans foi ni loi. Vu avec le recul, le côté violent qui pouvait fortement choquer à l’époque s’est émoussé (il est même gentillet en comparaison de la violence à laquelle le cinéma nous a hélas habitués depuis) ce qui permet d’apprécier d’autant plus la façon qu’avait Russ Meyer de retourner tous les codes habituels : ses trois héroïnes se comportent tout à fait comme des mecs très basiques, querelleuses et violentes, avides et sans scrupules. Il entremêle tout cela d’un érotisme assez puissant mais sans aucune nudité, parfois même très allusif. La photographie en noir et blanc est assez éclatante, avec des cadrages parfois surprenants. Certes Faster Pussycat Kill Kill a maintenant un petit côté suranné mais il reste plaisant à regarder. Un film qui se situe totalement en dehors des sentiers battus.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Tura Satana, Haji, Lori Williams, Sue Bernard
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1 avril 2007

Le vieil homme et l’enfant (1967) de Claude Berri

Le vieil homme et l'enfantElle :
Ce film autobiographique témoigne du comportement de la France pétainiste vis à vis des juifs. Ce témoignage est bouleversant. Michel Simon en brave grand-père et ignoble vieillard raciste scelle une amitié profonde avec ce petit garçon qu’il ne soupçonne pas être juif sinon il l’aurait peut-être dénoncé. Les deux acteurs sont excellents, émouvants et drôles.
Note : 5 étoiles

Lui :
Ce film quasi autobiographique de Claude Berri pourrait être presque être pris comme une fable : comment l’affection entre un vieil homme et un enfant peut transcender les pires situations (la guerre, l’antisémitisme). Michel Simon est bien entendu mémorable dans ce rôle de vieux gâteux mais c’est sans doute cette impression de vérité qui donne toute sa force au film, qui en devient très touchant.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Michel Simon, Alain Cohen, Charles Denner, Luce Fabiole, Roger Carel, Paul Préboist
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27 mars 2007

Austerlitz (1960) d’ Abel Gance

AusterlitzElle :
Abel Gance dresse un portrait haut en couleur de Napoléon. Il en fait un personnage fonceur, impulsif, coléreux et tyrannique. Son sens aigu de la stratégie militaire et des prises de décisions rapides renforcent le charisme qu’il pouvait avoir auprès de ses conseillers et de ses troupes. Parfois, le trait se fait caricatural notamment dans la présentation des généraux russes et autrichiens. Abel Gance s’est-il attaché à la vérité historique ou l’a-t-il édulcorée à sa guise ?
Note : 4 étoiles

Lui :
Le film ne tient pas toutes ses promesses en tant que grande fresque historique. Au vu des moyens mis en oeuvre et du sujet, on ne peut que regretter cet échec. La brochette d’acteurs est impressionnante mais, à part Pierre Mondy et Michel Simon, aucun d’eux ne paraît à l’aise et cet assemblage hétéroclite d’acteurs connus finit par distraire du sujet. Napoléon est présenté comme une boule de nerfs et finit par être vraiment fatiguant à regarder. La scène du couronnement (Trintignant raconte…) paraît un peu ridicule. La partie la plus réussie reste la reconstitution de la bataille d’Austerlitz, qui occupe le dernier tiers du film. Cette partie vient récompenser le spectateur patient. Les scènes de bataille sont particulièrement prenantes et bien reconstituées.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Pierre Mondy, Michel Simon, Claudia Cardinale, Martine Carol, Leslie Caron, Jean Mercure, Jack Palance
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35 ans plus tôt, Abel Gance avait réalisé Napoléon en 1925, grande fresque cinématographique qui peut être considérée comme l’une des plus marquantes du cinéma muet.

24 mars 2007

L’année dernière à Marienbad (1961) d’Alain Resnais

L'année dernière à MarienbadElle :
Alain Resnais signe un film très particulier et peu facile d’accès durant lequel on peut éprouver un certain ennui. A mi-chemin entre imaginaire et réalité, il nous fait pénétrer dans un univers baroque d’une très grande beauté visuelle et baignant dans une musique envoûtante. Cette histoire d’amour fou avec cette belle femme interprétée par Delphine Seyrig passe en second plan. Le film s’attache davantage à la forme pour créer une atmosphère fascinante où l’on sent la patte d’Alain Robbe-Grillet. La mise en scène est somptueuse et très élaborée. Un grand travail sur les longs travellings, les éclairages et la composition des cadrages a été accompli. Les personnages en plan arrêté dans les décors de cet austère château de Marienbad font penser à des tableaux en clair obscur. Il faut se laisser gagner par la beauté sans chercher à décrypter le sens profond de ce film.
Note : 3 étoiles

Lui :
Last year in Marienbad Plus que tous les autres films d’Alain Resnais, L’année dernière à Marienbad est un film à nul autre pareil. La trame narrative s’efface, déstructurée et atemporelle, pour faire place à un travail esthétique sur les plans qui n’a que rarement été  poussé aussi loin. Le film est le fruit d’une collaboration entre Alain Resnais et Alain Robbe-Grillet. Le lieu, un vaste château en Bohême, offre ses lignes géométriques pour constituer un environnement austère où évolue ce petit groupe de personnes empreintes de préciosité. Cette rigidité des lieux et des personnages vient en opposition totale avec l’amour fou entre les deux personnages principaux, un amour qui a du attendre une année pour pouvoir se déclarer et se concrétiser. Chaque plan semble travaillé à l’extrême, à commencer par les lumières qui façonnent des images d’une beauté à couper le souffle ; il y a aussi ces travellings, lents et doux, qui semblent caresser les êtres et les choses, déplacements aériens autour de scènes où le temps s’est figé ; enfin, Alain Resnais joue avec les décors extérieurs et intérieurs, vastes aires de marbre et de miroirs, Delphine Seyrig et avec Delphine Seyrig dont chacune des postures semble avoir été pensée pour créer de nouvelles lignes gracieuses. Le spectateur que nous sommes acquiert dès lors l’impression de pénétrer un tableau vivant, hors du temps et des espaces. A mes yeux, L’année dernière à Marienbad n’est pas si difficile d’accès car il suffit de se laisser submerger par la beauté pour pénétrer ce dédale d’images et de sentiments. Le film devient alors terriblement envoûtant.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Delphine Seyrig, Giorgio Albertazzi, Sacha Pitoëff
Voir la fiche du film et la filmographie de Alain Resnais sur le site imdb.com.

Lire une analyse plus approfondie du film sur le site du Ciné Club de Caen…
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Note : Le film a donné son nom au jeu avec des allumettes qui y tient une place si symbolique : on l’appelle maintenant le jeu de Marienbad. Le mari de Delphine Seyrig dit « je puis perdre, mais je gagne toujours » car en effet il est impossible au joueur qui joue en premier de gagner face à une personne expérimentée. Ce jeu a acquis une certaine popularité parmi les informaticiens car la méthode pour gagner repose sur l’utilisatisation des nombres binaires. Pour vous entraîner

17 mars 2007

La marque du tueur (1967) de Seijun Suzuki

Titre original : Koroshi no rakuin
Titre anglais : Branded to kill

La marque du tueurElle :
(pas vu)

Lui :
Seijun Suzuki est un cinéaste japonais qui fut assez prolixe dans le genre films noirs de série B (« Yakusa ») entre 1956 et 1967. La Marque du Tueur est souvent considéré comme son film le plus marquant, celui dans lequel il poussa ses expériences surréalistes le plus loin. Cela lui vaudra d’ailleurs d’être mis à la porte de son studio. C’est effectivement un film très particulier où Suzuki a quelque peu déstructuré son récit pour se concentrer sur la forme et l’esthétisme des plans. L’inventivité est ahurissante, tant au niveau des plans, de la position de la caméra, de l’enchaînement des scènes, de l’utilisation des objets. On comprend aisément pourquoi Tarantino vénère tant Seijun Suzuki car ce film à lui seul constitue un creuset d’idées qui semblent fuser de manière continuelle. L’histoire est secondaire, une histoire de tueurs à gages qui se retrouve chassé par un autre tueur à gages ; beaucoup de coups de feu et des jeunes femmes peu farouches dont une très énigmatique. En fait, c’est surtout l’occasion pour le réalisateur de détourner les codes du genre et d’en parodier les thèmes habituels. Un film vraiment surprenant : bien plus qu’une curiosité, il est vraiment remarquable.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Jo Shishido, Mariko Ogawa, Koji Nambara
Voir la fiche du film et la filmographie de Seijun Suzuki sur le site imdb.com.
Lire un article sur Seijun Suzuki sur le site internet Cinetudes.

En 2001, Seijun Suzuki a réalisé un remake de La Marque du Tueur : Pistol Opera.