6 août 2008

Le paradis des mauvais garçons (1952) de Josef von Sternberg et Nicholas Ray

Titre original : « Macao »

Le paradis des mauvais garçonsElle :
(pas vu)

Lui :
C’est contraint et forcé que Josef von Sternberg a accepté de tourner Macao, Le Paradis des mauvais garçons et son manque d’enthousiasme se perçoit dans le film. Il n’avait pas participé à l’écriture du scénario comme à son habitude. On peut considérer qu’il s’agit plutôt d’un film de producteur, en l’occurrence Howard Hughes, qui imposa également les deux acteurs vedettes : Robert Mitchum et Jane Russell, « sa » création, actrice qui le fascinait toujours autant. Sternberg n’aimait ni l’un ni l’autre… Quant à Gloria Grahame, elle ne voulait pas tourner dans ce film et fut forcée par Hughes. Josef von Sternberg fut remercié avant la fin du tournage et le film fut terminé par Nicholas Ray (alors en procédure de divorce d’avec… Gloria Grahame) qui assura également le montage, sans toutefois être mentionné au générique. L’histoire, purement policière, ne parvient pas à s’envoler réellement malgré l’exotisme du lieu sauf dans quelques scènes comme celle de poursuite au tout début et à la fin. Comme ordonné par le producteur, Le Paradis des Mauvais Garçons met très bien en valeur Jane Russell sans toutefois exploiter beaucoup son personnage. Au final, le film se laisse regarder avec plaisir mais sans être enthousiasmant comme purent l’être d’autres créations de Sternberg.
Note : 3 eacute;toiles

Acteurs: Robert Mitchum, Jane Russell, William Bendix, Gloria Grahame, Brad Dexter
Voir la fiche du film et la filmographie de Josef von Sternberg sur le site imdb.com.
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Ne pas confondre ce film avec :
Macao, l’enfer du jeu de Jean Delannoy (1942) avec Eric von Stroheim

24 juillet 2008

L’appât (1953) de Anthony Mann

Titre original : « The naked spur »

The naked spurElle :
(pas vu)

Lui :
L’appât est un western qui bouscule les codes du genre. L’histoire est simple : trois hommes, un ranger solitaire, un chercheur d’or malchanceux et un soldat au passé trouble, doivent convoyer un meurtrier recherché et sa naïve compagne. Ils traversent des contrées montagneuses pendant plusieurs jours dans le but d’aller toucher la prime. Cette intrigue permet à Anthony Mann de placer son film entièrement en extérieurs (on ne voit pas une seule maison) dans des décors somptueux qui tranchent avec la noirceur des sentiments mis en relief tout en ayant en commun avec eux une certaine dureté : ce sont des paysages montagneux impressionnants, parfois même hostiles. Une autre originalité de L’appât est de n’avoir que cinq personnages, cinq individualités au tempérament très marqué qui se côtoient avec rudesse et non sans heurt. ”L’appat” Le fait de prendre des acteurs en dehors de la sphère habituelle du western permet à Anthony Mann de donner une substance peu courante à ses personnages. Le déroulement du récit est remarquable et comporte très peu de temps mort, en tout cas aucun moment faible. La photographie est très belle, les cadrages utilisant souvent la verticalité, celle des grands arbres ou des parois rocheuses, pour durcir encore les sentiments. L’appât est l’un des plus beaux westerns de tous les temps ; c’est aussi beaucoup plus qu’un western.
Note : 5 étoiles

Acteurs: James Stewart, Janet Leigh, Robert Ryan , Ralph Meeker, Millard Mitchell
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Le titre français L’appât est plus faible que le titre américain qui joue sur le double sens de spur : The naked spur pourrait être littéralement traduit par L’éperon nu mais le terme spur désigne aussi ce qui motive, ce qui aiguillonne, ce qui pousse à aller de l’avant et le propos d’Anthony Mann est plutôt sur ce registre.

Les 5 (superbes) westerns d’Anthony Mann avec James Stewart :
Winchester ‘73 (1950) Winchester 73
Bend of the river (1952) Les affameurs
The Naked Spur (1953) L’appât
The Far Country (1955) Je suis un aventurier
The Man from Laramie (1955) L’homme de la plaine

16 juillet 2008

Le grondement de la montagne (1954) de Mikio Naruse

Titre original : « Yama no oto »

Le Grondement de la MontagneElle :
Dans la lignée d’Ozu, ce beau film mélancolique adapté d’un roman de Kawabata met en scène le rituel de la vie quotidienne au sein d’une famille où parents et enfants vivent ensemble. Mikio Naruse dépeint avec sobriété la complexité des relations parents/enfants, mari/femme et met en évidence la lente dégradation des relations amoureuses qui affectent la belle fille et la fille dont les maris ont pris des amantes. Les parents affectés tentent d’arranger les choses. Le père qui incarne le vieux Japon traditionnel est très admiratif de sa belle fille ; il entretient avec elle une relation chaleureuse, mais un peu ambiguë, comme s’il regrettait ses amours de jeunesse. Mikio Naruse pose un regard à la fois tendre et désemparé sur ces femmes qui subissent leur sort d’épouse-modèle sans se plaindre. Les hommes n’ont pas le beau rôle : ils sont froids, peu communicatifs et égoïstes. Deux mondes s’entrechoquent, la tradition familiale et la modernité des mœurs que rien ne peut arrêter. Du beau cinéma noir et blanc chargé d’émotion et de tristesse.
Note : 4 étoiles

Lui :
Dans la banlieue de Tokyo, une jeune femme vit avec son mari qui l’ignore et ses beaux parents. Malgré l’affection très forte qu’il porte à sa belle fille, le père ne peut empêcher les relations du couple de se dégrader. Le Grondement de la Montagne montre la vision désillusionnée de Mikio Naruse sur la place de la femme dans le couple, totalement soumise et prisonnière d’un rôle de servitude. Ce portrait de la jeune Kikuko est particulièrement fort, complexe et touchant. Naruse détaille aussi le comportement de cette cellule familiale soumise à une grande tension.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Setsuko Hara, Sô Yamamura, Ken Uehara
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2 juillet 2008

La Ronde (1950) de Max Ophüls

”LaElle :
(pas vu)

Lui :
La Ronde est le premier des quatre films que réalisa Max Ophüls quand il revint en France. Ce fut un très grand succès malgré la forme assez abstraite du film notamment du fait de la présence d’un meneur de jeu qui vient introduire et même commenter chacune des saynètes, une manière personnelle et originale d’éviter l’effet assemblage des films à sketches. C’est de la ronde de l’amour dont il s’agit, l’amour sous toutes ses formes depuis le soldat hermétique à tout sentiment jusqu’au tourbillon sensuel de l’amour adultère (ce qui valut au film d’être condamné par certaines associations). Ce sont toutes ces formes de sentiment qui alimentent cette ronde. Les saynètes sont quelque peu inégales mais les meilleures d’entre elles sont magiques et même parfois très drôles, tel le dialogue entre la femme et son mari dans leurs lits jumeaux. Outre le fait de placer la structure du film en évidence par la présence du meneur de jeu, La Ronde est particulièrement original par le fait que tous les personnages apparaissent deux fois chacun : il y a dix scènes donc dix couples mais seulement dix personnages principaux (et non 20). Max Ophüls fait participer sa caméra à ce carrousel des sensations avec des plans audacieux dont quelques superbes travellings à 360 degrés. La pléiade d’acteurs connus participa également à donner à La Ronde un fort retentissement, à noter que Marlène Dietrich était pressentie pour le rôle de l’actrice tenue par Isa Miranda.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Anton Walbrook, Daniel Gélin, Danielle Darrieux, Simone Signoret, Serge Reggiani, Gérard Philipe, Odette Joyeux, Jean-Louis Barrault, Simone Simon, Fernand Gravey, Isa Miranda
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Remake :
La Ronde de Roger Vadim (1964) dont la valeur repose essentiellement sur la plastique de ses actrices.
En outre, La Ronde a inspiré Nicolas Boukhrief pour Le Plaisir (et ses petits tracas) (1998).

9 juin 2008

Je suis un aventurier (1955) de Anthony Mann

Titre original : « The far country »

Je suis un aventurierElle :
(pas vu)

Lui :
Je suis un aventurier fait partie des plus beaux westerns du cinéma américain. Comme souvent le titre français paraît bien stupide par rapport au titre original The Far Country qui, lui, évoque parfaitement le contenu réel du film : nous sommes en Alaska et au Canada, à l’époque de la fièvre de l’or, un univers qui évoque celui des livres de Jack London. Anthony Mann traite magistralement du passage de la conscience individualiste d’un cow-boy sans attache (James Stewart) à une vision communautaire et solidaire, le passage à la civilisation en quelque sorte. Je suis un aventurier Il le fait en entremêlant dans une histoire, qui peut paraître simple à première vue, beaucoup de thèmes pour créer un récit fort qui se déroule parfaitement avec une tension assez constante et aucun temps mort. James Stewart est un acteur qu’il connaît bien (entre 1950 et 55, il a tourné 8 films avec lui dont 5 westerns) et qui imprime beaucoup de force à ce personnage qui finit par se découvrir un sens des responsabilités. A ses côtés, pas de grandes vedettes mais une pléiade de bons acteurs qui assurent de solides seconds rôles. Non décidemment, Je suis un aventurier est un film bien plus important que son titre français ne pourrait le laissait supposer…
Note : 4 étoiles

Acteurs: James Stewart, Walter Brennan, Ruth Roman, John McIntire, Corinne Calvet
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Les 5 (superbes) westerns d’Anthony Mann avec James Stewart :
Winchester ‘73 (1950) Winchester 73
Bend of the river (1952) Les affameurs
The Naked Spur (1953) L’appât
The Far Country (1955) Je suis un aventurier
The Man from Laramie (1955) L’homme de la plaine

11 mai 2008

Torpilles sous l’Atlantique (1957) de Dick Powell

Titre original : The Enemy Below

Torpilles sous l'AtlantiqueElle :
(En bref) Cette course poursuite entre un destroyer américain et un sous-marin allemand se revèle haletante et plutôt intense.
Note : 3 étoiles

Lui :
(En bref)Torpilles sous l'Atlantique Torpilles sous l’Atlantique est un film de guerre assez classique, un jeu de chat et de la souris entre un commandant américain, courageux et rusé comme un renard (Robert Mitchum), et un commandant allemand courageux… mais bien moins futé (Curd Jürgens). Le film se laisse regarder sans déplaisir. A noter que Dick Powell fut avant tout un acteur avant de passer à la réalisation en fin de carrière (il fut même l’un des premiers à faire cela).
Note : 3 étoiles

Acteurs: Robert Mitchum, Curd Jürgens, David Hedison, Theodore Bikel
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7 mai 2008

La maison dans l’ombre (1950) de Nicholas Ray

Titre original : « On dangerous ground »

”LaElle :
(pas vu)

Lui :
On Dangerous Ground (titre maladroitement traduit par La Maison dans l’Ombre) est un de ces films largement sous-estimés de Nicholas Ray. Le thème se situe dans la droite ligne de In a Lonely Place (Le Violent) qu’il tourna la même année : un homme qui a du mal à réfréner une certaine violence nourries de frustrations accumulées. Cette fois, c’est d’un policier dont il s’agit mais ce statut ne lui donnera pas suffisamment de légitimité puisqu’il se fera muter dans le Nord à la suite d’un interrogatoire trop appuyé. Ainsi, La Maison dans l’Ombre est architecturé en deux grandes parties : la première est tout à fait dans le style film noir, tout en ambiances nocturnes et nous faisant suivre le travail d’une équipe de policiers, la seconde se déroule en grande partie en plein jour, dans la neige, cette lumière symbolisant une certaine prise de conscience de notre homme impétueux qui retrouvera une certaine humanité. Robert Ryan exprime avec beaucoup de force ce tempérament impitoyable et, face à lui, Ida Lupino parvient à enlever tout le pathos que son personnage aurait pu porter. Un très beau film.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Ida Lupino, Robert Ryan, Ward Bond, Ed Begley
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Note : La RKO garda le film terminé dans ses tiroirs pendant deux années avant de distribuer La Maison dans l’Ombre en 1952 seulement. Il fut amputé de 10 minutes ce qui rend la fin assez confuse et mal construite. De plus, dans le scénario initial d’Albert Isaac Bezzerides (adapté d’un roman), Mary rejetait Jim à la fin du film, ce qui n’empêchait ce dernier de trouver un certain apaisement dans son travail de policier. La fin qui fut finalement retenue, sur l’insistance des studios (Howard Hughes en l’occurrence), est plus hollywoodienne et un peu lénifiante, il faut bien l’avouer.

15 avril 2008

3h10 pour Yuma (1957) de Delmer Daves

Titre original : « 3:10 to Yuma »

3h10 pour Yuma Elle :
(pas vu)

Lui :
Un fermier aide à l’arrestation d’un chef de gang, pilleur de diligences, et va le conduire à la ville voisine pour prendre le train de 3h10 pour Yuma où il sera emprisonné. Tourné en Cinémascope, mais en noir et blanc pour accentuer l’impression de sécheresse de ces terres arides d’Arizona, ce western est un très beau face à face entre deux hommes, 3h10 pour Yuma un brigand notoire et narquois joué avec beaucoup de subtilité par un Glenn Ford très humain et un fermier ordinaire, peu préparé à jouer les héros, que Van Heflin rend très authentique. Cette confrontation, qui renvoie à des questions sur la responsabilité du simple citoyen, est rendue encore plus intense par cet environnement aride et omniprésent. La tension d’ailleurs ne faiblit à aucun moment. Sans en avoir l’air, 3h10 pour Yuma est un western multi facettes et, somme toute, assez complexe.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Glenn Ford, Van Heflin, Felicia Farr, Leora Dana, Henry Jones , Robert Emhardt
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Remake :
3h10 pour Yuma (3:10 to Yuma) par James Mangold (2007) avec Rusell Crowe reprenant le rôle de Glenn Ford et Christian Bale celui de Van Heflin.

14 avril 2008

Le chant du styrène (1958) de Alain Resnais

(Court métrage)

Le chant du styrèneElle :
Note : 3 étoiles

Lui :
Alain Resnais a réalisé de nombreux courts métrages dans les années 40 et 50 avant d’opter pour le format du long métrage. A côté de Nuit et brouillard, le plus connu d’entre eux, il y a plusieurs travaux de commandes comme Toute la mémoire du Monde sur la Bibliothèque Nationale ou ce Chant du Styrène, son dernier court-métrage, tourné juste avant Hiroshima, mon amour. C’est une commande de Péchiney : un film à la gloire de l’industrie du plastique… Ce qui est remarquable, c’est la façon dont Alain Resnais parvient à rendre un tel sujet, pas très affriolant à priori, à la fois captivant et un régal pour les yeux. Tourné en cinémascope, sur un texte de Raymond Queneau tout en alexandrins (parsemé de petites touches d’humour dont il a le secret), Le Chant du Styrène nous fait remonter tout le processus de fabrication en 19 minutes. In a lonely place Les images industrielles de tuyaux et de machines sont étonnamment belles, Resnais nous les présentant sous un jour esthétique peu courant. De plus, en introduction, il parvient à animer des objets en plastique de façon extraordinaire (très belle scène des louches en plastique). La musique est signée Pierre Barbaud, l’inventeur de la musique algorithmique.
Note : 4 étoiles

Acteurs: (voix) Pierre Dux
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Pour lire le texte intégral de Raymond Queneau, voir le site de l’ACRIF :
« Ô temps, suspends ton bol, ô matière plastique
D’où viens-tu ? Qui es-tu ? Et qu’est-ce qui explique
(…) »

9 avril 2008

Le violent (1950) de Nicholas Ray

Titre original : « In a Lonely Place »

Le violentElle :
(pas vu)

Lui :
Un scénariste connu de cinéma, en panne d’écriture et au tempérament violent, se retrouve suspecté d’un meurtre. Il est disculpé par sa belle voisine avec laquelle il va nouer une relation et se remettre à l’écriture. Tel est le point de départ de ce film de Nicholas Ray, Le Violent, film qui se présente sous certains aspects comme un film noir mais qui est bien plus que cela : le sujet central n’est pas vraiment l’enquête mais plutôt une étude de caractère et l’observation de cette relation fragile : peut-on vivre avec un artiste, forcément instable ? In a lonely place Certains observateurs ont même vu là un film autobiographique, impression accentuée par le fait que Gloria Grahame était alors la femme de Nicholas Ray et que le couple était sur le point de se séparer. Humphrey Bogart livre là l’un de ses plus belles interprétations, un homme complexe et irascible mais terriblement humain et attachant. Face à lui, Gloria Grahame est tout aussi remarquable et parvient à donner beaucoup de richesse à son rôle. A noter les petites piques en direction d’Hollywood, plutôt amusantes que méchantes, ceci dit. Le Violent (In a lonely place) est à ranger parmi les tous meilleurs films de Nicholas Ray, réalisateur qui n’est pas hélas toujours estimé à sa juste valeur.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Humphrey Bogart, Gloria Grahame, Frank Lovejoy, Carl Benton Reid, Jeff Donnell
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