10 juillet 2009

Chaussure à son pied (1954) de David Lean

Titre original : « Hobson’s Choice »

Chaussure à son piedLui :
Dans l’Angleterre de la fin du XIXe siècle, Henry Hobson tient une boutique de chaussures avec ses trois filles. Depuis qu’il est veuf, il passe toutefois plus de temps au pub que dans son échoppe. Quand il refuse de fournir une dot à ses filles, l’aînée se rebiffe et jette son dévolu sur l’un des employés avec lequel elle va démarrer un commerce concurrent. Avec une telle base de scénario, Chaussure à son pied n’aurait pu n’être qu’une comédie sociale assez conventionnelle légèrement datée mais il n’en est rien : grâce à un bon rythme, une réalisation sans faille et un humour omniprésent, c’est un plaisir de le découvrir. Le film est dominé par un Charles Laughton assez exubérant, parfois à la limite du cabotinage, qui fait une interprétation haute en couleur de ce personnage tyrannique et porté sur la boisson. Ses retours du pub sont épiques… Ce serait toutefois un tort de ne voir que lui car l’ensemble des acteurs est à l’unisson de la précision de la réalisation. Dans la filmographie de David Lean, Chaussure à son pied souffre de l’ombre faite par les grosses productions du réalisateur et le film n’est pas toujours très bien reconnu. C’est dommage car c’est une petite perle du cinéma anglais qui se regarde toujours avec grand plaisir un demi-siècle plus tard.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Charles Laughton, John Mills, Brenda De Banzie, Daphne Anderson
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Remarque :
* Il s’agit d’une pièce d’Harold Brighouse écrite en 1915. Charles Laughton a déclaré avoir interprété ce même rôle, en tout jeune amateur, à cette époque.
* L’expression « Hobson’s choice » en anglais désigne un choix « à prendre ou à laisser ». L’expression viendrait d’un loueur de chevaux du XVIIe siècle qui proposait toujours à ses clients de prendre le premier cheval près de la porte, c’était cela ou rien. (En savoir plus…)

21 juin 2009

La femme au gardénia (1953) de Fritz Lang

Titre original : « The Blue Gardenia »

La femme au gardéniaElle :
(pas vu)

Lui :
La femme au gardénia passe pour être un film mineur dans la filmographie de Fritz Lang, à juste titre car il est vrai que, si le film ne montre aucun défaut particulier, nous sommes très loin de la perfection de Règlements de comptes que Lang tournera juste après. Le réalisateur a lui-même exprimé qu’il le tenait en petite estime et qu’il avait été obligé de le tourner très rapidement. La femme au gardéniaIl s’agit d’un film noir, assez original car il est centré sur trois jeunes femmes standardistes habitant le même appartement et aussi parce que l’intrigue policière ne débute qu’après trente minutes. Sans montrer beaucoup de force, La femme au gardénia n’en est pas moins plaisant, on ne s’ennuie à aucun moment. Ann Baxter est parfaitement à son aise dans ce rôle de charmante ingénue qui s’est mise dans un drôle de pétrin. On peut aussi y voir une critique de la presse à scandale. La femme au gardénia a beau être un film mineur de Fritz Lang, il n’en pas moins très bien fait.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Anne Baxter, Richard Conte, Ann Sothern, Raymond Burr, Jeff Donnell
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La femme au gardénia

16 juin 2009

Sur les quais (1954) de Elia Kazan

Titre original : On the Waterfront

On the WaterfrontElle :
(pas (re)vu)

Lui :
Même aujourd’hui, 50 ans après, il est difficile voire impossible de regarder Sur les quais en le sortant entièrement de son contexte : quelques mois avant de tourner ce film, Elia Kazan avait spontanément donné un certain nombre de noms à la commission dirigée par Joe McCarthy. Sur les quais est incontestablement une tentative de justification de son geste puisqu’il montre un jeune docker qui, ayant pris part malgré lui à un meurtre organisé par son syndicat aux pratiques mafieuses, va aller en dénoncer les pratiques devant une commission. Tout en gardant cela à l’esprit, il faut reconnaître que Sur les quais est un film d’une puissance peu commune, porté par un Marlon Brando, remarquable en bagarreur torturé par sa conscience ; les scènes avec Eva Marie Saint ou encore sur les toits où il élève ses pigeons restent dans les esprits. La belle photographie en noir et blanc ajoute au côté social et à l’apparence authentique du film. Il est difficile d’imaginer le même impact si le film avait été en couleurs. L’intensité culmine dans la scène finale, où Marlon Brando presque christique symbolise le refus de l’injustice et de porter le joug. Malgré ses origines troubles, Sur les quais reste un film d’une force rare.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Marlon Brando, Eva Marie Saint, Karl Malden, Lee J. Cobb, Rod Steiger
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Remarques et anecdotes :
L’idée de départ est basée sur une série d’articles écrits par un reporter new-yorkais sur la corruption dans le monde des dockers après qu’un meurtre ait eu lieu en 1948.

Marlon Brando était réticent à tourner avec Kazan ; Frank Sinatra avait accepté avec enthousiasme le rôle. Mais le producteur, Sam Spiegel, voulait Brando. Dans sa biographie sur Kazan, Richard Schickel raconte l’astuce qu’employa le réalisateur : il fit tourner une scène avec un petit jeune de l’Actors Studio pour faire croire à Brando qu’il allait se faire souffler le rôle par un petit nouveau… Piqué au vif, Brando signa peu après. (Le petit jeune en question s’appelait Paul Newman.)

Arthur Miller, qui était au départ du projet mais s’en éloigna ensuite, écrivit une pièce « A view from the bridge » en 1955 qui est une réponse ou un contrepoint au film de Kazan. Jouée à Broadway, cette pièce a été ensuite adaptée au grand écran par Sidney Lumet en 1962 : Vu du pont. Arthur Miller fut lui-même inquiété par la maccarthisme et accusé de sympathies communistes en 1956. Il fit appel et sa condamnation fut annulée l’année suivante.

15 juin 2009

La chevauchée de la vengeance (1959) de Budd Boetticher

Titre original : « Ride Lonesome »

La chevauchée de la vengeanceElle :
(pas vu)

Lui :
Avec un tel titre, on peut éprouver quelque crainte de voir un film insignifiant mais il n’en est rien : La chevauchée de la vengeance est un très beau western, nerveux et dépouillé, qui repose sur un petit nombre de personnages forts. Un ex-sheriff capture un jeune hors-la-loi qu’il doit escorter jusqu’à la ville. Son chemin croise celui de deux ex-brigands qui vont l’aider à convoyer ce condamné en puissance afin de bénéficier eux-même d’une amnistie. La chevauchée de la vengeance Le film est entièrement tourné en extérieurs avec visiblement peu de moyens, ce qui n’empêche pas les scènes d’action d’être franchement convaincantes. Le nombre de personnages est certes réduit mais les caractères se complètent parfaitement pour former un ensemble solide avec un scénario qui déroule impeccablement. Le film repose aussi sur son duo d’acteurs principaux : Randolph Scott est remarquable dans ce personnage droit, obstiné et taciturne, face à lui Pernell Roberts fait indéniablement preuve de charme. La chevauchée de la vengeance se situe à la fin d’un genre cinématographique, les westerns de série B ; c’est un des meilleurs du genre.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Randolph Scott, Karen Steele, Pernell Roberts, James Best, Lee Van Cleef, James Coburn
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11 juin 2009

L’invraisemblable vérité (1956) de Fritz Lang

Titre original : « Beyond a reasonable doubt »

L'invraisemblable véritéElle :
(pas vu)

Lui :
Un directeur de journal opposé à la peine de mort, aidé d’un écrivain, son futur gendre, met sur pied un plan pour faire avancer ses idées : l’écrivain va se laisser accuser d’un meurtre non élucidé. Ils fabriquent ainsi des fausses coïncidences dans le but de prouver que n’importe qui peut se retrouver accusé à tort. Face à eux, le procureur va sauter sur cette occasion en or de faire avancer sa carrière, bien décidé à mener ce « coupable » à la chaise électrique. L’invraisemblable vérité est le dernier film américain de Fritz Lang (ses disputes avec son producteur sur ce film le pousseront à quitter Hollywood définitivement) mais ce n’est certainement pas l’un des moindres. Si Fritz Lang filme de façon très épurée, sans aucune débauche et sans grand numéro d’acteur, c’est pour mieux se concentrer sur l’essentiel, utilisant une construction et un déroulement du récit d’une efficacité implacable. On retrouve ici cette sensation déjà éprouvée à la vision de certains de ses autres films d’être face à un concentré de cinéma pur, loin de tout racolage. De plus Fritz Lang réussit le tour de force de doubler son propos : L’invraisemblable vérité est bien plus qu’un réquisitoire contre la peine de mort, le film nous questionne directement : c’est notre propre regard qui est mis en cause. (Arrêtez ici la lecture de ce commentaire si vous avez l’intention de voir prochainement le film) Avec ce dénouement si particulier, Fritz Lang nous met dans le même panier que ce procureur arriviste qui avait toute notre réprobation. Notre aveuglement vaut le sien. Nous pensions pourtant être à l’abri, être beyond a reasonable doubt... Sous ses airs simples, L’invraisemblable vérité est un film très fort et particulièrement implacable dans sa démonstration.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Dana Andrews, Joan Fontaine, Sidney Blackmer, Arthur Franz, Philip Bourneuf
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Remarque :
Le scénario est très proche de celui de The man who dared (1946) de John Sturges. Film assez rare, il s’agit de sa première réalisation et n’a pas la réputation d’être parmi ses meilleures.

Remake :
Un remake de L’invraisemblable vérité est sorti en 2009 : Beyond a Reasonable Doubt de Peter Hyams avec Michael Douglas et Jesse Metcalfe.

17 mai 2009

Deburau (1951) de Sacha Guitry

DeburauElle :
(pas vu)

Lui :
La même année que se joue la dernière représentation de sa pièce Deburau qu’il a écrite en 1918, Sacha Guitry l’adapte au cinéma, sans aucun doute pour la prolonger, l’empêcher de s’éteindre. Il l’adapte sans fioritures, gardant pratiquement l’intégralité du texte original. Son personnage est bien entendu assez différent du Deburau des Enfants du Paradis : le Deburau de Guitry est tout en verve et il nous gratifie d’un très beau texte tout en vers. Le ton cependant n’est pas léger : le badinage de l’amour est ici triste, celui qui rend malheureux et le thème de l’acteur vieillissant forcé de passer la main avait peut-être une résonance particulière pour Sacha Guitry en 1950. Difficile à dire mais ce qui est certain, c’est qu’il avait connu lui aussi un rejet du public à la fin de la guerre et il ne s’est jamais vraiment remis des accusations de collaboration portées contre lui. Il trouve donc ici naturellement le ton qui convient parfaitement à ce personnage délaissé, un ton plein de mélancolie et de fatalisme. Face à lui, Lana Marconi (depuis peu sa cinquième femme) a un physique parfait et très aristocratique mais ni sa voix ni son jeu ne paraissent remarquables… Deburau fait partie des films les moins connus de Guitry. Il est certes moins léger et mois facile d’abord que beaucoup d’autres mais il permet de garder sa pièce vivante encore aujourd’hui.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Sacha Guitry, Lana Marconi, Jean Danet, Michel François
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Le pièce de Sacha Guitry fut adaptée à la télévision par Jean Prat en 1982 avec Robert Hirsch dans le rôle principal.

10 mai 2009

Confidences sur l’oreiller (1959) de Michael Gordon

Titre original : « Pillow talk »

Confidences sur l'oreillerElle :
(pas vu)

Lui :
Une décoratrice d’intérieur (Doris Day) partage sa ligne téléphonique avec un don juan beau parleur (Rock Hudson). Ils ne se sont jamais vu mais se détestent cordialement. A la suite d’un concours de circonstances, le beau garçon va se faire passer pour un texan afin de la courtiser… Confidences sur l’oreiller est assez typique de ces comédies américaines des années 50 : la recherche du célibataire idéal nourrie de quiproquos et de belles toilettes. Celle-ci est très conventionnelle et manque un peu d’éclat et de rebondissements malgré la présence de quelques bonnes trouvailles de scénario. Doris Day, qui passe avec ce film d’une carrière tournée vers la chanson à la comédie, s’en tire plutôt bien mais Rock Hudson a toujours ce jeu assez plat qui le caractérise. Confidences sur l’oreiller fut un énorme succès populaire à l’époque. Avec le recul, il paraît trop prévisible. Il comporte bien quelques scènes savoureuses mais l’ensemble est plutôt ennuyeux.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Rock Hudson, Doris Day, Tony Randall, Thelma Ritter, Marcel Dalio
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14 avril 2009

Quand la ville dort (1950) de John Huston

Titre original : « The Asphalt Jungle »

Quand la ville dortLui :
The Asphalt Jungle, Quand la ville dort, fait partie des films noirs les plus marquants des années 40 et 50. Il marque en effet le début d’un genre, c’est le premier film qui montre toute la préparation, le déroulement et les suites d’un cambriolage de haut vol. C’est le premier « film de casse » (1). Auparavant les films décrivant le parcours de gangster les présentaient comme des hommes parfois brillants mais invariablement avides de pouvoir et de grandeur. La grande originalité de John Huston est de présenter ses personnages comme des hommes ordinaires. Ils ne sont pas brillants mais professionnels, avec des problèmes ordinaires : ils vont tenter de faire le plus gros casse de leur vie. Le film nous décrit la préparation puis le déroulement avec une précision digne d’un documentaire, sauf que Huston est surtout intéressé par les personnages plus que par l’action elle-même. Quand la ville dort Cela donne à Quand la ville dort une profondeur qui dépasse le genre. Pour accentuer cette authenticité, Huston a choisi de ne pas prendre d’acteur connu ; Sam Jaffe incarne remarquablement ce petit homme, cerveau de l’opération, et Sterling Hayden, à la fois gros bras et gros poupon, parvient à traduire tous les tiraillements internes de son personnage. Il faut aussi signaler la présence de la jeune Marilyn Monroe dans un petit rôle, petit mais assez important toutefois. L’atmosphère est citadine, nocturne, engendrant une impression d’enfermement qui ne se relâchera qu’à la toute fin, superbe fin apportant une sensation d’air libre et frais dans la campagne du Kentucky. Quand la ville dort a été copié maintes et maintes fois, citons notamment Du rififi chez les hommes de Jules Dassin qui en reprend la trame avec bonheur.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Sterling Hayden, Sam Jaffe, Louis Calhern, Jean Hagen, James Whitmore, Marilyn Monroe
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(1) Si vous voulez impressionner votre entourage immédiat avec un effet facile, vous pouvez employer le terme américain : « Asphalt Jungle est le premier caper movie »

Remakes :
Si le film a été maintes fois copié, le roman de W.R. Burnett a été adapté 3 fois supplémentaires par la MGM, remakes qui sont loin d’être aussi remarquables :
L’or du Hollandais (The Badlanders), un western de Delmer Davies (1958) avec Alan Ladd et Ernest Borgnine
Les bijoux du Pahraon (Cairo) de Wolf Rilla (1963) avec George Sanders
Cool Breeze de Barry Pollack (1972) avec Thalmus Rasulala.

12 avril 2009

La vie criminelle d’Archibald de la Cruz (1955) de Luis Buñuel

Titre original : « Ensayo de un crimen »

La vie criminelle d'Archibald de la CruzElle :
(pas vu)

Lui :
A la suite d’un épisode dramatique de son enfance, un homme est persuadé que la possession d’une boîte à musique lui donne le pouvoir de tuer par la pensée. Il exerce ce pouvoir sur les femmes qu’il désire. La Vie Criminelle d’Archibald de la Cruz est ainsi un film d’humour noir centré sur la culpabilité par intention. Archibald de la Cruz est un personnage dont les pulsions morbides et sexuelles se mélangent sans grande confusion dans son esprit. Il a beau être un criminel en puissance, le commissaire de police refuse sa culpabilité : « la pensée n’est pas délinquante ». Chaque de ses victimes symbolise un pilier de la société mexicaine : l’éducation, la religion, la bourgeoise oisive, l’hypocrisie. Ces femmes vivent par dépendance ; le désir d’émancipation de Buñuel se manifeste d’ailleurs en laissant intacte la seule femme qui se prend vraiment en charge et décide de son destin. La Vie Criminelle d’Archibald de la Cruz reprend la structure et certains codes du film noir, sans s’y conformer totalement. Au final, le film est assez amusant, original et assez mordant.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Ernesto Alonso, Miroslava Stern, Rita Macedo, Ariadna Welter
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Remarque :
Dans son autobiographie, Mon dernier soupir, Luis Buñuel évoque à propos de ce film et de son prédécesseur (Le Rio de la mort) un aspect particulier de la civilisation mexicaine de cette époque : la fascination pour les armes à feu et leur banalisation. Il raconte que des meurtres peuvent être couramment commis pour des raisons bénignes ou parfois sans raison. Tout le monde porte une arme qui est l’instrument machiste par excellence. Il faut donc aussi replacer le film dans ce contexte.

9 avril 2009

Les affameurs (1952) de Anthony Mann

Titre original : Bend of the River

Bend of the RiverElle :
(pas vu)

Lui :
Le titre français pourrait nous laisser penser qu’il s’agit là d’un film banal. Il n’en est rien : Les Affameurs est un grand film. Deuxième des cinq westerns qu’Anthony Mann tournera avec James Stewart, c’est aussi son premier film en couleurs. James Stewart interprète ici un aventurier, ancien roi de la gâchette, qui escorte un convoi de fermiers partis chercher de nouvelles terres dans l’Oregon. Le propos du film est essentiellement sur cet homme bien décidé à se racheter, sur le fait de laisser aux hommes une seconde chance ; son parcours va toutefois être rendu très ardu par une histoire d’appât du gain et de vengeance. Dès les premières minutes de Bend of the River, nous sommes happés par les évènements, l’intensité est immédiatement assez forte et elle ne faiblira pas avant la fin du film. Le film sonne très vrai, la reconstitution du voyage du convoi ou de la bourgade de Portland paraissent vraiment authentiques et nous sommes littéralement plongés au cœur de cette fin de XIXe siècle. Cette immersion est rendue encore plus efficace par les images d’Irving Glassberg, d’un superbe Technicolor. Certaines scènes, telles celles du bateau à aubes remontant le fleuve, sont vraiment majestueuses. Les Affameurs est un grand western, intense et prenant, indéniablement l’un des plus beaux westerns qui soient.
Note : 5 étoiles

Acteurs: James Stewart, Arthur Kennedy, Julie Adams, Rock Hudson, Jay C. Flippen
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Les 5 (superbes) westerns d’Anthony Mann avec James Stewart :
Winchester ‘73 (1950) Winchester 73
Bend of the river (1952) Les affameurs
The Naked Spur (1953) L’appât
The Far Country (1955) Je suis un aventurier
The Man from Laramie (1955) L’homme de la plaine