8 septembre 2005

Ce jour-là (2003) de Raoul Ruiz

Ce jour-làElle :
Comme à son habitude, Raoul Ruiz nous plonge dans un univers à la fois étrange, macabre et loufoque qui peut rappeler par instants le cinéma de Bunuel. Cette fois-ci, j’ai tenu jusqu’au bout mais sans grande conviction. C’est une histoire de fous avec des fous qui tiennent des dialogues de fous avec Bernard Giraudeau en tueur évadé de l’asile, Elsa Zylberstein en jeune femme déséquilibrée ainsi que des cadavres dans tous les coins. Pour apprécier l’humour noir et l’absurde de Ruiz, il faut prendre un peu de recul et laisser tomber ses préjugés.
Note : 2 étoiles

Lui :
Ce jour-là est une fantaisie assez amusante, qui parvient à flirter joliment avec les limites. Comme d’habitude, Raoul Ruiz sait trouver le ton juste, il sait trouver l’équilibre parfait entre les multiples composantes de son film. Tout ce qui paraît de prime abord totalement farfelu prend un sens à un moment donné, les morceaux se recollent petit à petit pour nous laisser découvrir une machination assez terrible ; l’ensemble est franchement réussi même si la morale peut sembler simpliste : les méchants meurent tous, les innocents simples d’esprit s’en sortent. Bernard Giraudeau est vraiment étonnant. Certaines scènes de Ce jour-là font penser au Fantôme de la liberté de Bunuel.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Bernard Giraudeau, Elsa Zylberstein
Voir la fiche du film et la filmographie de Raoul Ruiz sur le site IMDB.

Voir les autres films de Raoul Ruiz chroniqués sur ce blog…

3 septembre 2005

Mariées mais pas trop (2003) de Catherine Corsini

Mariees mais pas tropElle :
Le pari de Catherine Corsini de tourner une comédie amusante est bel et bien perdu ; il est vrai qu’il est difficile et périlleux de s’essayer à cet exercice. Jane Birkin a beau s’évertuer à jouer la grand-mère croqueuse d’hommes, cela ne suffit pas à soutenir l’attention. Le scénario est ennuyeux et mal ficelé. Les gags tombent à plat. Un véritable fiasco.
Note : 1 étoiles

Lui :
Le thème n’est pas spécialement nouveau au cinéma (la femme, style veuve noire, qui tue ses maris successifs) et le fait de vouloir traiter cela avec humour (noir, of course) n’est pas neuf non plus. La mayonnaise ne prend pas, on n’y croit pas une seconde et on finit par s’ennuyer.
Note : 1 étoiles

Acteurs: Jane Birkin, Emilie Dequenne, Clovis Cornillac, Pierre Richard
Voir la fiche du film et la filmographie de Catherine Corsini sur le site IMDB.
Voir les autres films de Catherine Corsini chroniqués sur ce blog…
Lire une présentation plus complète du film sur le site filmdeculte.com.

31 août 2005

Le mépris (1963) de Jean-Luc Godard

Godard - Le méprisElle :
Film culte que l’on revoit avec grand plaisir, cette adaptation du roman d’Alberto Moravia est à la fois grave et lumineuse : pendant la préparation du tournage d’un film, « Ulysse », réalisé par Fritz Lang qui joue ici son propre rôle, nous assistons à la lente déchirure d’un couple (Brigitte Bardot et Michel Piccoli). Camille, simple dactylo cesse d’aimer Paul, le scénariste, car elle le méprise ; elle l’accuse de complaisance face à son producteur. Godard fait un parallèle intéressant avec l’histoire de Pénélope et Ulysse. La forme du film est novatrice. Scènes mythiques entre Piccoli et Bardot dans l’appartement où Godard fait glisser sa caméra d’une pièce à l’autre comme pour amorcer la fracture. Couleurs éclatantes et violentes de Capri où la tragédie va se jouer entre les deux protagonistes dans une maison rouge qui domine une mer éblouissante. Camille est un être simple qui ne parvient plus à dissiper le mépris qui l’habite. Paul est complètement désynchronisé dans sa vie par ce rejet brutal. N’oublions pas de mentionner la magnifique musique de Georges Delerue qui accentue l’ampleur du drame de ce couple.
Note : 5 étoiles

Lui :
A mes yeux, Le Mépris est le plus beau film de Godard, sur un couple en position instable, au bord de la rupture, et sur la naissance et l’amplification d’un sentiment de mépris de l’un envers l’autre. C’est aussi une réflexion sur la puissance de l’argent et de sa toute puissance dans le monde du cinéma. Godard parvient à utiliser parfaitement les atouts de ses acteurs, à commencer par Bardot, sans jamais en abuser. De nombreuses scènes sont de véritables petits bijoux et sont d’ailleurs devenues des classiques, à commencer par ce superbe générique de début, très cinématographique, avec ces noms donnés en voix off sur une superbe musique de Delerue. Tout le film est d’ailleurs à la fois un superbe hommage au cinéma et un grand moment de cinéma, de pur cinéma, de grand cinéma.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Michel Piccoli, Brigitte Bardot, Jack Palance, Fritz Lang
Voir la fiche du film et la filmographie de Jean-Luc Godard sur le site IMDB.
Voir les autres films de Jean-Luc Godard chroniqués sur ce blog…
Lire aussi  un très beau texte sur le générique et la première scène du film (lien archivé) .

Le MéprisRaoul Coutard dans le célèbre générique de Le Mépris de Jean-Luc Godard.

Le MéprisBrigitte Bardot et Michel Piccoli dans un superbe plan de Le Mépris de Jean-Luc Godard.

Le MéprisJack Palance, Brigitte Bardot et Michel Piccoli dans Le Mépris de Jean-Luc Godard.

Fritz LangFritz Lang dans Le Mépris de Jean-Luc Godard.

24 août 2005

Les triplettes de Belleville (2003) de Sylvain Chomet

Les Triplettes de BellevilleElle :
C’est au travers de ce dessin animé original, bourré d’humour et de trouvailles visuelles que Sylvain Chomet rend hommage à ses parents, son enfance ainsi qu’aux années 50 et 60. Point besoin de dialogues mais des morceaux de musique de l’époque durant lesquels on reconnaît Django Reinhart, Joséphine Baker, Fred Astaire. Le scénario, un peu faible dans la seconde partie du film, nous présente un petit garçon élevé par une grand-mère aimante. Il deviendra cycliste et se fera enlever par la mafia. C’est avec nostalgie et poésie que le réalisateur évoque cette période. Le modernisme des villes ronge la campagne ; les objets d’autrefois fourmillent de détails ; les références cinématographiques et musicales ornent les murs ; l’ambiance sonore et visuelle souligne les souvenirs d’enfance. Les graphismes, éclairages, animations sont superbes et uniques. Un beau dessin animé nostalgique.
Note : 5 étoiles

Lui :
Beaucoup d’humour et d’invention dans ce dessin animé très personnel, beaucoup de clins d’oeil également, les plus évidents étant à Tati. Il est vrai que l’on retrouve ici ce même sens de l’observation, cette façon de mettre des petits détails au premier plan et de détourner les objets. Le scénario paraît un peu faible toutefois et l’ambiance générale est vraiment sombre, voire morbide. Très bonne musique.
Note : 4 étoiles

Acteurs: –
Voir la fiche du film et la filmographie de Sylvain Chomet sur le site imdb.com.

Voir les autres films de Sylvain Chomet chroniqués sur ce blog…

20 août 2005

Bienvenue au gîte (2003) de Claude Duty

Bienvenue au gîteElle :
Le problème avec ce genre de comédie c’est qu’on a l’impression de l’avoir vue trente-six mille fois. Philippe Harel croque ses congénères parisiens en plein retour à la nature au fin fond du Vaucluse. On n’échappe pas aux éternels clichés sur les citadins et les campagnards pour faire rire la galerie. Quelques bons mots cependant de Philippe Harel qui survole la lourdeur ambiante.
Note : 3 étoiles

Lui :
On n’échappe pas trop à toute la ribambelle de clichés sur le choc culturel des parisiens qui font un retour à la nature, mais il y a quelques bons moments. Peut-être aurait-il fallu des acteurs plus créatifs pour faire partir le film, qui donne souvent l’impression de s’enliser. Dominique Harel semble un peu absent, mais c’est sans doute pour coller à son personnage. Plutôt amusant tout de même, mais sans convaincre vraiment…
Note : 3 étoiles

Acteurs: Philippe Harel, Marina Foïs, Julie Depardieu, Bulle Ogier
Voir la fiche du film et la filmographie de Claude Duty sur le site IMDB.

Voir les autres films de Claude Duty chroniqués sur ce blog…

19 août 2005

Les égarés (2003) d’ André Téchiné

EgaresElle :
Une grande et belle maison à l’écart du monde, loin des bombardements et de l’exode de juin 1940. Une mère courage, ses deux enfants et un jeune évadé de maison de correction s’y réfugient pour y retrouver un peu de sécurité. Les premières scènes du film sont assez fortes notamment celles où les avions allemands mitraillent aveuglément les gens dans les fossés. L’intensité de ces moments se retrouve ensuite au travers des relations qui se nouent entre ces personnages égarés dans leur tête et leur vie. Les frontières entre frère, mère, fils s’estompent. Le fils tente de remplacer son père tué à la guerre pour aider sa mère dépassée par les évènements. La mère interprétée par Emmanuelle Béart se veut protectrice mais en même temps abolit les frontières du monde des adultes et cède aux charmes de cet adolescent brisé par la vie. Durant cette parenthèse éphémère flotte une atmosphère presque irréelle comme si la réalité atroce de la guerre allait rattraper inéluctablement ces égarés.
Note : 5 étoiles

Lui :
C’est une situation fort bien traitée par Téchiné, une situation (la débâcle de 1940) où tous les rapports sociaux habituels cèdent la place à des rapports régis par l’opportunité et la nécessité. C’est ainsi que vont cohabiter cette femme et ce jeune homme, en dehors de la société, en dehors du temps, comme sur île déserte. Téchiné filme cela avec intimité et beaucoup d’humanisme, sans clichés ni images pontifiantes. Un beau film avec beaucoup de force et de puissance dans les personnages.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Emmanuelle Béart, Gaspard Ulliel
Voir la fiche du film et la filmographie de André Téchiné sur le site IMDB.

Voir les autres films de André Téchiné chroniqués sur ce blog…

17 août 2005

La petite Lili (2003) de Claude Miller

Petit LiliElle :
Malgré un casting de choix (Nicole Garcia, Ludivine Sagnier, Julie Depardieu, Marielle, Giraudeau, cette très libre adaptation de La Mouette de Tchékhov est décevante. Une famille se retrouve pour l’été dans la belle maison de famille au bord du Morbihan. Et là se nouent des relations tendues entre une mère et un fils, le jeune cinéaste et sa copine, la copine et l’amant de la mère etc… et tout cela dans le milieu parisien branché du cinéma. On a du mal à se sentir concerné par cette histoire de jalousie, d’amour déçu. On se sent en permanence maintenu à distance et les problèmes de cette famille touchent peu car on n’y croit pas.
Note : 2 étoiles

Lui :
Si le ton du film et les acteurs sont plaisants, le fond de l’histoire n’est pas très intéressant et on la regarde d’un oeil extérieur, sans vraiment se sentir concerné ou impliqué. Sans doute, y a t-il un peu trop de clichés sur les rapports faux entre les gens et d’effets un peu faciles pour attirer le spectateur (l’histoire se passe dans le monde du cinéma sans doute censé nous attirer comme un aimant…).
Note : 2 étoiles

Acteurs: Nicole Garcia, Bernard Giraudeau, Jean-Pierre Marielle, Ludivine Sagnier, Julie Depardieu
Voir la fiche du film et la filmographie de Claude Miller sur le site IMDB.

Voir les autres films de Claude Miller chroniqués sur ce blog…

13 août 2005

Pour le plaisir (2004) de Dominique Deruddere

Pour le plaisirElle :
Abandon rapide : j’ai eu l’impression que j’allais perdre mon temps.
Note : pas d'étoiles

Lui :
Le film démarre assez mal, et je dois bien avouer que le nom de Samuel Le Bihan n’est pas le premier qui me vient à l’esprit pour jouer le rôle d’un psychiatre… Le film finit par prendre un peu, essentiellement par son scénario qui est plutôt bien construit sur le plan de l’intrigue policière. Par contre, l’exagération des personnages cantonne le film dans la caricature et l’anecdote, il y a d’ailleurs quelques passages assez amusants où l’on rit franchement. Aucun des acteurs ne semble croire à son rôle… mis à part François Berléand qui traverse tout cela avec son flegme habituel.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Samuel Le Bihan, François Berléand, Nadia Farès, Olivier Gourmet
Voir la fiche du film et la filmographie de Dominique Deruddere sur le site IMDB.

8 août 2005

L’aveu (1969) de Costa-Gavras

AveuElle :
Note : 3 étoiles

Lui :
La polémique qui avait entouré ce film paraît presque dérisoire quelque 35 ans après sa sortie : concernant les procès staliniens en Tchécoslovaquie, il n’est plus aujourd’hui question de nier ni l’exactitude des faits ni la nécessité de les dénoncer. Le film de Costa-Gavras perd ainsi en grande partie son rôle militant mais conserve un intérêt historique certain. Il montre l’implacable machine mise en oeuvre pour forcer un homme à témoigner contre lui-même et les faits contenus dans le livre autobiographique d’Artur London sont suffisamment terrifiants pour que Costa-Gavras n’ait pas besoin d’avoir recours à ce manichéisme simplificateur que l’on trouvera dans certains de ses films ultérieurs. Il se dégage une indéniable force de ce film qui a tracé la voie d’un certain cinéma militant style « coup de poing », dans les années 70. Montand trouve là un de ses rôles les plus bouleversants.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Yves Montand, Simone Signoret
Voir la fiche du film et la filmographie de Costa-Gavras sur le site IMDB.

Voir les autres films de Costa-Gavras chroniqués sur ce blog…

8 août 2005

« M a i n e – O c é a n » (1986) de Jacques Rozier

Maine-Océan Elle :
Déception pour ce film de Jacques Rozier qui privilégie le côté loufoque des choses et des personnages. L’intrigue et la psychologie des personnages ne semblent pas compter. Le film est constitué de tranches de vie mises bout à bout sans réel fil conducteur. Bernard Menez et Luis Rego en contrôleurs de train cohabitent avec une brésilienne et son imprésario, un marin breton caricatural, une avocate. L’ensemble m’a semblé très artificiel.
Note : 1 étoiles

Lui :
Dans le même esprit que son second film « A côté d’Orouet », Jacques Rozier semble laisser partir son film sans contrôle et enchaîne les situations aussi abracadabrantes qu’inintéressantes. Yves Afonso en rajoute des tonnes pour faire « marin du cru » et tout ce petit monde me semble babiller et brailler inutilement. S’il y a une autre façon d’aborder ce film qui a reçu le Prix Jean Vigo, nous ne l’avons visiblement pas trouvé…
Note : 1 étoiles

Acteurs: Rosa-Maria Gomes, Luis Rego, Bernard Menez, Yves Afonso
Voir la fiche du film et la filmographie de Jacques Rozier sur le site imdb.com.
Lire un avis différent sur ce film.