4 septembre 2007

L’art (délicat) de la séduction (2001) de Richard Berry

L’art délicat de la séductionElle :
(pas vu)

Lui :
Le sujet est passablement galvaudé (la séduction, le désir, l’attente,…) mais Richard Berry réussit à en faire un traitement assez original : la minutieuse préparation d’une relation charnelle programmée. L’art (délicat) de la séduction est uniformément saupoudré d’un humour assez subtil, sans jamais tomber dans la facilité ou le vulgaire. D’ailleurs, on sourit plus que l’on ne rit. Patrick Timsit, que l’on a l’habitude de voir dans des rôles à l’humour trop appuyé, est ici étonnamment plus retenu et bien plus convaincant. Contrairement à ce que l’on pourrait craindre au début du film, L’art (délicat) de la séduction, ne connaît pas de baisse d’intensité et le film tient bien la longueur. Pour son premier long métrage, Richard Berry réussit un film joyeux avec une certaine finesse dans son humour.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Patrick Timsit, Cécile De France, Richard Berry
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31 août 2007

Lady Chatterley (2006) de Pascale Ferran

Lady ChatterleyElle :
Lady Chatterley est l’histoire d’une belle rencontre amoureuse entre une jeune femme bourgeoise qui s’ennuie dans son couple et son garde-chasse solitaire et frustre. Tout les oppose, leur statut social, leur éducation, leur personnalité. Pascal Ferran choisit de montrer avec délicatesse et douceur la lente éclosion de l’amour, de la tendresse, la prise de conscience du désir et du plaisir physique qui se débride progressivement, la libération sexuelle d’une femme, le retour à la vie d’un homme meurtri et sensible. Cette domination homme/femme et employé/patron s’estompe au fur et à mesure que chacun se découvre. C’est un hymne à la nature et à la liberté. Le scénario très construit ne fait pas place à l’improvisation. Toutes les scènes d’amour ont été minutieusement préparées. Pascal Ferran filme avec sobriété et beauté ces deux acteurs sensibles et pudiques. Peu de dialogues, la caméra se concentre sur les attitudes, les regards, les gestes qui laissent transparaître la sensualité et l’amour. Ce film réalisé avec une petite équipe technique et de façon artisanale sort des sentiers battus des films à gros budgets. Il laisse passer un véritable regard de cinéaste attachant et novateur.
Note : 4 étoiles

Lui :
Cette adaptation de la seconde version du roman érotique de D.H. Lawrence « Lady Chatterley et l’homme des bois » m’est apparue effroyablement longue et même répétitive. De plus, lorsque l’on reste insensible, comme ce fut mon cas, à cet éveil à l’amour charnel de Lady Chatterley, on remarque d’autant plus les défauts, notamment sur le plan du son : beaucoup trop de dialogues sont presque inaudibles, les ambiances sonores ne sont pas constantes et les acteurs donnent souvent l’impression d’être doublés (ou plus exactement post-synchronisés). Très belle prestation toutefois de Marina Hands qui parvient à trouver le ton juste pour interpréter ce rôle délicat. (Film vu ici dans sa version « courte » de 168 minutes. La version complète pour la télévision dure 220 minutes).
Note : 1 étoiles

Acteurs: Marina Hands, Jean-Louis Coullo’ch, Hippolyte Girardot
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La première version du roman, « L’amant de Lady Chatterley », a quant à elle été adaptée de nombreuses fois à la télévision mais fort peu sur grand écran :
L’amant de Lady Chatterley de Marc Allégret (1955) avec Danielle Darrieux ne fait certainement pas partie de ses films les plus notables et la version érotique de Just Jaeckin (1981) avec Sylvia Kristel est rarement citée pour ses qualités cinématographiques…

30 août 2007

Le passager de l’été (2006) de Florence Moncorgé-Gabin

Le passager de l'étéElle :
(pas vu)

Lui :
Le Passager de l’Eté est un film surtout attachant par son atmosphère. Le scénario est en effet assez simple, une histoire d’amour impossible qui a le défaut de donner une impression de déjà-vu : au lendemain de la seconde guerre mondiale, un bel ouvrier saisonnier se fait embaucher dans une ferme tenue par une femme et sa fille. Le réalisatrice Florence Moncorgé-Gabin, fille aînée de Jean Gabin, a bien connu cet environnement rural et cela se sent car la reconstitution qu’elle en fait est très authentique, que ce soit dans les gestes quotidiens, le travail de la ferme et surtout dans le type de dialogue, les non-dits. Catherine Frot est remarquable dans ce rôle de femme volontaire un peu bourrue. Tout en souffrant d’une réalisation un peu molle, c’est une histoire simple, qui peut certes faire sourire voire ennuyer certains, mais qui, à notre époque, se revèle au final assez rafraîchissante et attachante.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Catherine Frot, Grégori Derangère, Laura Smet, François Berléand, Mathilde Seigner
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23 août 2007

L’homme de Londres (1943) d’ Henri Decoin

L'homme de Londres Elle :
Film sombre dans les décors brumeux d’une gare maritime qui suit le parcours d’un brave père de famille râleur. Témoin d’un meurtre, il s’empare d’une valise pleine de billets par appât du gain et d’une vie meilleure. Cette valise va entraîner sa perte. En créant une atmosphère oppressante grâce à des jeux d’ombre et de lumière, Henri Decoin dépeint avec beaucoup d’émotion les tourments de l’âme qui agitent ce pauvre homme.
Note : 5 étoiles

Lui :
L'Homme de Londres Film noir français, fait sous l’occupation, cet Homme de Londres distille une atmosphère réaliste populaire et lourde. Le brouillard est épais, l’image est sombre, les plans sont assez audacieux. Le scénario pénètre ses personnages, décortiquant la (mauvaise) conscience de cet ouvrier au-dessus de tout soupçon. Un film assez réussi.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Fernand Ledoux , Suzy Prim, Jules Berry, Mony Dalmès
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Remakes :
Le port de la Tentation (Temptation harbour) de l’anglais Lance Comfort (1947) avec Robert Newton et Simone Simon
L’homme de Londres du hongrois Béla Tarr (2007)

21 août 2007

Le passager (2005) d’ Eric Caravaca

Le passagerElle :
Un film sobre, délicat et sensible sur le thème du deuil, de la famille, de la disparition, interprété par Eric Caravaca en personne ainsi que par des acteurs touchants. Il s’agit d’un lent cheminement intérieur, d’un retour vers des racines et d’une lente reconstruction après le décès d’un frère, qui fait jaillir les émotions enfouies. Eric Caravaca lève le voile en douceur sur cette histoire familiale mais de façon un peu confuse parfois. Les décors de bord de mer sont splendides pour ses paysages désolés, ses univers de béton déserts. Le réalisateur fait une belle mise en scène dans laquelle il travaille beaucoup ses cadrages et la composition de ses images. Il frôle avec tendresse les visages avec sa caméra et réduit les dialogues à l’essentiel. J’avais déjà beaucoup aimé Eric Caravaca dans le film de Chéreau « Son frère » et dont les thèmes ne sont pas si éloignés de ceux du Passager.
Note : 4 étoiles

Lui :
Pour son premier film, Eric Caravaca a choisi d’adapter une histoire de quête identitaire : après le suicide de son frère qu’il ne voyait plus depuis des années, un jeune trentenaire retourne sur les lieux où il a vécu pour tenter de le comprendre et de mieux le connaître. Sans se dévoiler, il rencontre des personnes qui en furent très proches. C’est surtout dans sa forme que Le Passager est assez remarquable : Eric Caravaca filme cette quête avec beaucoup de sobriété et de pudeur avec des images assez sombres, sans éclairage artificiel. Même si elle paraît parfois excessive, cette atmosphère brumeuse voire crépusculaire lui permet de placer cette histoire un peu hors du temps. En revanche, le déroulement du scénario est lui aussi un peu obscur, tantôt par minimalisme, tantôt par excès de flash backs qui embrouillent plus qu’ils n’éclaircissent. Sans être parfait, Le Passager reste un premier film intéressant où les personnages finissent par devenir attachants.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Eric Caravaca, Julie Depardieu, Vincent Rottiers, Maurice Bénichou, Maurice Garrel, Nathalie Richard
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16 août 2007

L’eau à la bouche (1959) de Jacques Doniol-Valcroze

L'eau à la boucheElle :
Film à l’atmosphère sulfureuse, L’eau à la bouche nous plonge dans les années 60 et des libertés sexuelles d’une bourgeoise légèrement décadente par certains côtés. On se laisse emporter par les interdits que bravent trois couples, dont un de domestiques, mais le scénario finit par tourner en rond et n’aboutit vraiment nulle part. Est-ce seulement un exercice de style ?
Note : 3 étoiles

Lui :
Eminence grise des Cahiers du Cinéma et donc de la Nouvelle Vague, Jacques Doniol-Valcroze réalise là son premier long métrage, vif dans la mise en scène et au propos délicatement libertin. La musique de Gainsbourg a quelque peu contribué à l’aura de ce film qui, sans laisser de traces indélibiles, se laisse regarder avec plaisir. On sait depuis que ce sera hélas le meilleur film de ce réalisateur.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Bernadette Lafont, Françoise Brion, Alexandra Stewart, Michel Galabru
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14 août 2007

Les filles du botaniste (2006) de Dai Sijie

Les filles du botanisteElle :
Un jardin de botaniste, un père rigide, deux jeunes femmes qui tombent amoureuses dans la Chine de Mao voilà le huis clos étouffant que nous propose Dai Sijie. Le réalisateur écrivain s’attarde davantage sur la beauté des décors que sur l’ossature d’un scénario fort et intéressant. Le traitement de cette histoire flirtant avec une certaine sensualité est d’une grande mièvrerie. L’intérêt s’émousse fortement au fil des minutes.
Note : 1 étoiles

Lui :
Pour mettre en lumière le problème de l’homosexualité féminine dans la Chine des années 80, Dai Sije utilise tout un arsenal qui évoque Hollywood dans ses plus mauvais côtés : deux belles actrices qui sourient beaucoup, un scénario qui se déroule très lentement, plutôt rempli de moments que d’une vraie histoire, et une musique où les violons semblent nous bétonner une chape de sentimentalisme qui semble ne pas avoir de fin. Il nous reste à profiter des superbes paysages (vietnamiens) mais ce n’est hélas pas suffisant pour retenir notre attention. Après Balzac et la petite tailleuse chinoise que nous avions tant apprécié, Les filles du botaniste se revèle bien décevant.
Note : 1 étoiles

Acteurs: Mylène Jampanoï, Li Xiao Ran
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Note : Si vous trouvez comme nous un peu bizarre que l’une des deux actrices ne semble pas être chinoise, c’est normal : Mylène Jampanoï est française. Son père est chinois, toutefois. Ne parlant pas le mandarin, elle est doublée et cela se sent.

13 août 2007

Le Samouraï (1967) de Jean-Pierre Melville

Le SamouraïElle :
Dans le genre des grands films policiers à la française, Melville excelle avec une mise en scène originale et un scénario palpitant. Le personnage glacial qu’incarne Delon et le sarcastique commissaire de police créent un climat angoissant et mystérieux. Les jeux d’ombre et de lumière, les couleurs grisâtres, les longues absences de dialogues où seuls les bruits ambiants dominent, font de ce jeu du chat et de la souris un film atypique.
Note : 5 étoiles

Lui :
Classique du film noir français, Le Samouraï est aussi une ode de Jean-Pierre Melville à Alain Delon qui, ceci dit, deviendra ensuite presque prisonnier du genre. Raide, le regard froid, sans expression, le personnage joué par Delon traverse avec superbe les lieux sans qu’ils n’aient de prise sur lui. Jeu minimaliste de Delon : il ne semble qu’être… Atmosphère bien noire et filatures superbes complètent ce petit bijou qui n’a pas pris une ride.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Alain Delon, François Périer, Nathalie Delon
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Remarque :
Le film Tueur à gages (This gun for hire) de Frank Tuttle (1942) a inspiré Jean-Pierre Melville : le personnage interprété par Alain Delon est assez proche tu tueur solitaire personnifié par Alan Ladd.

10 août 2007

Les irréductibles (2006) de Renaud Bertrand

Les irréductiblesElle :
(pas vu)

Lui :
Après s’être retrouvé au chômage à la suite de la fermeture de leur entreprise, deux employés décident de retourner au lycée passer leur bac pour retrouver du travail. Avec un tel scénario, on pouvait craindre une comédie simplette sur le décalage de ces deux quadragénaires avec le monde des adolescents. Il n’en est rien. Les irréductibles est bien plus que cela car il mêle la peinture sociale d’une situation simple et loin d’être extrême avec une bonne petite dose de comédie. Le parallèle peut être fait avec certaines comédies sociales anglaises empreintes de positivisme. L’ensemble est plutôt réussi même si le film souffre de quelques passages à vide, souvent dus au personnage de la femme de Gamblin, personnage qui semble un peu mal défini. Kad Merad peine à donner à son personnage une dimension autre qu’anecdotique ; il excelle toutefois dans le volet comédie, par exemple quand il s’invente des métiers pour draguer sur internet. Dans ses meilleurs moments en revanche, Les irréductibles est franchement convaincant, parvenant au passage à créer des images fortes (le tandem) et les personnages deviennent finalement attachants.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Jacques Gamblin, Kad Merad, Anne Brochet, Rufus, Valérie Kaprisky
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6 août 2007

Au hasard Balthazar (1966) de Robert Bresson

Au hasard BalthazarElle :
Je me suis plongée dans l’univers dépouillé et émouvant de Bresson suite à la lecture du très beau roman « Jeune Fille » d’Anne Wiazemsky dans lequel elle raconte le tournage de « Au Hasard Balthazar » et son passage dans le monde des adultes durant cette même période. Nous suivons en parallèle la vie de Marie qui va quitter le monde de l’enfance pour devenir femme et la vie de l’âne Balthazar qui est témoin de la vie des humains qui se vengent de leurs désespoirs sur lui. Balthazar traverse avec courage toutes les épreuves qu’on lui fait subir. Les personnages paraissent soit impassibles comme dans un rêve soit hantés par leurs désirs et perversions; les gros plans sur les objets font passer beaucoup de sensualité. Le regard de Bresson est distancié comme pour mieux approcher la vérité de ses personnages.
Note : 3 étoiles

Lui :
Tout comme les autres films de Bresson, Au Hasard Balthazar est un film assez à part et il est donc difficile de le juger selon les mêmes critères que les autres films. Bresson est avant un styliste, qui s’intéresse surtout à la forme et recherche une certaine pureté et un certain dépouillement dans son cinéma. Le résultat peut dérouter ou provoquer l’enthousiasme… Personnellement, ce n’est pas le cinéma qui m’attire le plus même si je trouve qu’il y a dans Au Hasard Balthazar une utilisation des objets accessoires assez fascinante (à commencer par le personnage principal, l’âne) et une efficacité certaine des plans que Robert Bresson ramène à l’essentiel.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Anne Wiazemsky, François Lafarge
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