4 novembre 2008

Cartouches gauloises (2007) de Mehdi Charef

Cartouches gauloisesElle :
C’est par les yeux du jeune Ali que Mehdi Charef replonge dans ses souvenirs d’enfance du printemps 1962, dernier printemps avant l’indépendance de l’Algérie. Ali est ami avec tout le monde, les français, les harkis, les fellaghas. Il assiste sans le vouloir à bon nombre d’exactions, de meurtres, de tortures. Ses yeux d’enfant s’interrogent sur ce monde en bouleversement. Le film en partie autobiographique est issu d’une longue réflexion. Mehdi Charef nous offre un film sensible qui a le mérite d’évoquer cette lourde et intolérable période de la colonisation française.
Note : 3 étoiles

Lui :
En grande partie autobiographique, Cartouches gauloises nous plonge dans l’Algérie de 1962, juste avant l’indépendance. Mehdi Charef a vécu cette période étant enfant et donc c’est à travers les yeux d’un enfant qu’il nous montre la réalité quotidienne de cette guerre finissante. Distributeur de journaux, l’enfant se faufile partout et voit beaucoup de choses. Mehdi Charef réussit à faire un film comportant des scènes révoltantes tout en gardant un œil plein de tendresse : il trouve un équilibre entre la gravité des évènements et l’insouciance de l’enfance. Cartouches gauloises (le titre a bien entendu un double sens) a le mérite de lever le voile sur la réalité de la guerre d’Algérie et de la présence française, sans manichéisme et sans volonté de règlement de compte. Le jeune Ali Hamada est merveilleux avec un jeu tout en douceur et en délicatesse.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Ali Hamada, Thomas Millet
Voir la fiche du film et la filmographie de Mehdi Charef sur le site imdb.com.

31 octobre 2008

Judex (1963) de Georges Franju

JudexElle :
(pas vu)

Lui :
Georges Franju rend hommage au sérial muet, ces séries à épisodes qui eurent un grand succès entre 1915 et 1920 et plus particulièrement au Fantomas, Judex et Les Vampires de Louis Feuillade. Georges Franju désire en retrouver l’esprit, avec ce mélange fascinant d’aventure et de romanesque. Il tourne bien entendu en noir en blanc, avec une image très contrastée. On se fait enlever, on se glisse furtivement dans le noir pour cambrioler, on escalade des murs d’immeuble à mains nues, on se déguise pour tromper… Tout le climat de ces séries à épisodes est bien là et les rebondissements sont nombreux. Francine Bergé rappelle fortement Musidora et Franju parvient à créer quelques scènes qui marquèrent les imaginations autant que les apparitions de Musidora : le « strip-tease » de la religieuse est resté célèbre. C’est donc l’esprit qui est plaisant ici, plus que l’histoire en elle-même, un peu obscure, qui suit cependant d’assez près l’original. Ce Judex de Franju est bien plus qu’un pur exercice de style et c’est un vrai délice de se laisser glisser dans son atmosphère mystérieuse, magique et poétique.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Channing Pollock, Francine Bergé, Edith Scob, Michel Vitold, Jacques Jouanneau
Voir la fiche du film et la filmographie de Georges Franju sur le site IMDB.

L’original :
Judex (1916) de Louis Feuillade avec Musidora et René Cresté
La nouvelle mission de Judex (1917) de Louis Feuillade (tentative de suite)
Précédent remake :
Judex 34 (1933) de Maurice Champreux avec Paule Andral et Blanche Bernis

27 octobre 2008

Stand-by (2000) de Roch Stéphanik

Stand-byElle :
Belle découverte que ce premier long métrage. Une rupture amoureuse brutale juste au moment d’embarquer pour l’Argentine change totalement le destin d’Hélène. L’aéroport de verre devient son lieu de résidence ; elle s’y prostitue pour subvenir à ses moyens. Le scénario est simple, bien construit et plein d’intensité. Rendez-vous étonnants parfois amusants mais aussi rencontres violentes font que l’on s’attache à cette jeune femme déstabilisée. Elle revendique à sa manière sa liberté et son indépendance après avoir été sous la coupe d’un compagnon trop égoïste. Dominique Blanc joue une subtile partition entre la femme fragile et la femme fatale. L’aéroport d’Orly est formidablement bien filmé. Le film est jalonné de beaux et chauds éclairages, de jeux de flous et de reflets qui donnent l’illusion d’une bulle de verre dans laquelle on se sent bien.
Note : 5 étoiles

Lui :
Stand-by est un film vraiment étonnant. La base de départ est somme toute assez simple mais assez dramatique : en partance pour une nouvelle vie à l’étranger, une jeune femme se fait « plaquer » malproprement par son compagnon en plein aéroport. Sous le choc, elle reste à Orly dans l’aérogare. Ce qui est remarquable dans Stand-by, c’est tout d’abord l’apparente maturité et la maîtrise de Roch Stephanik alors qu’il s’agit de son premier long métrage. Il utilise les travellings originaux et audacieux, des effets de ralentis, sans jamais en abuser et joue admirablement avec la profondeur de champ ; il a en tout cas une façon très personnelle d’utiliser le décor de l’aérogare d’Orly Sud et le résultat est franchement séduisant. Ensuite, il y a la formidable prestation de Dominique Blanc dans ce rôle multi facettes et lui donne une profondeur mélancolique. Stand-by est un très beau film et on peut se demander pourquoi le film est passé à ce point inaperçu (malgré 2 Césars) et surtout pourquoi, diable, Roch Stéphanik n’a pas tourné de long métrage après celui-ci.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Dominique Blanc, Roschdy Zem, Patrick Catalifo, Jean-Luc Bideau
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26 octobre 2008

Laissons Lucie faire! (2000) de Emmanuel Mouret

Laissons Lucie faire!Elle :
Inconstance de l’amour pour un jeune homme lunaire aux allures de Fernandel et son amie Lucie. Ce badinage sentimental gentillet est un peu trop léger et est loin de la qualité des films de Rohmer.
Note : 2 étoiles

Lui :
Il y a beaucoup de bonnes choses dans Laissons Lucie Faire… à commencer par une rare fraîcheur. A 30 ans, le jeune Emmanuel Mouret apporte un ton différent, à contre-courant du cinéma français actuel. Pourtant il semble s’inscrire dans la droite lignée des Rohmer, de la nouvelle vague, de Woody Allen mais il semble aussi s’en affranchir totalement. Son cinéma est léger, semblant effleurer son sujet, faussement futile. Il parsème son film d’un humour multi facettes, parfois absurde, souvent farfelu, de nombreux gags de situations ou de dialogues pas toujours parfaitement mis en valeur. Emmanuel Mouret interprète lui-même le personnage principal, un jeu homme candide, timide et gauche, utilisant à merveille son faux air de Fernandel. Bien entendu on pourra reprocher à Laissons Lucie Faire d’être trop léger mais il y a un beau style en puissance dans le cinéma d’Emmanuel Mouret et, en attendant, on passe un bon moment car tout cela est vraiment très drôle.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Marie Gillain, Emmanuel Mouret, Dolores Chaplin, Georges Neri
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25 octobre 2008

Grand bonheur (1993) de Hervé Le Roux

Grand bonheurElle :
(En bref) En plein mois de juillet dans un Paris déserté, une bande d’une vingtaine d’étudiants se sépare. J’avoue avoir décroché très rapidement.
Note : 0 étoiles

Lui :
(En bref) Je n’ai pas vraiment accroché à ces déambulations sentimentales et professionnelles d’un groupe d’étudiants. Le film semble un peu partir dans tous les sens et manque de direction.
Note : 1 étoile

Acteurs: Charlotte Léo, Pierre Gérard, Lucas Belvaux
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17 octobre 2008

La fille coupée en deux (2007) de Claude Chabrol

La Fille coupée en deuxElle :
Une vision acérée et mordante de la bourgeoisie de province comme aime le faire Claude Chabrol. La bourgeoisie des notables et des gens de médias avec ses vices, ses perversités, ses obsessions. Et au milieu de ces hommes imbus d’eux même et assoiffés de sexe, une jeune femme innocente, pure comme la neige qui se laisse séduire et embarquer dans des aventures et des milieux sociaux qui ne lui ressemblent pas.
Note : 3 étoiles

Lui :
La Fille coupée en deux est inspirée d’un fait divers qui secoua l’Amérique du tout début du XXe siècle : l’affaire Thaw-Stanford White, un drame de la jalousie que Chabrol transpose à notre époque dans la haute bourgeoise lyonnaise (Richard Fleischer avait déjà adapté ce fait divers à l’écran en 1955, La fille sur la balançoire (The girl in the red velvet swing, un film qui avait eu à l’époque des problèmes avec la censure). L’ensemble n’est guère passionnant. On retrouve bien le milieu de prédilection de Chabrol, une bourgeoisie de type ‘panier de crabes’, mais les personnages semblent cette fois assez survolés. On se désintéresse, de ce fait, assez rapidement de l’intrigue. Un Chabrol en petite forme.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Ludivine Sagnier, Benoît Magimel, François Berléand, Mathilda May
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14 octobre 2008

La race des seigneurs (1974) de Pierre Granier-Deferre

La race de seigneursElle :
(pas vu)

Lui :
Adapté du roman Creezy de Félicien Marceau, La race des seigneurs nous plonge dans le monde de la politique et du pouvoir : un homme de gauche, sur le point d’accepter un portefeuille de ministre dans un gouvernement de droite, doit choisir entre sa carrière politique et son amour pour une jeune femme mannequin…(!) Le film de Granier-Deferre offre à Alain Delon un rôle qui semble avoir été fait sur mesure pour lui. Il colle merveilleusement à son personnage, une « bête politique », hyperactif, qui vise son but ultime ignorant les méandres et déconvenues en chemin. Delon occupe logiquement tout le terrain mais il est bien épaulé par de beaux seconds rôles bien définis et surtout remarquablement interprétés (Claude Rich, Jeanne Moreau, …) La plastique de Sidne Rome est bien mise en valeur par une belle photographie, le côté légèrement sulfureux du film (plans assez appuyés sur sa poitrine nue) ayant bien entendu disparu avec le temps. Le film de Granier-Deferre fait partie de ces grands films commerciaux français de qualité des années 70. Le fond du propos de La race des seigneurs, sur les sacrifices nécessaires à faire pour réussir sa carrière politique, est toujours aussi actuel et le film n’a donc pas vieilli.
Note : 3 eacute;toiles

Acteurs: Alain Delon, Sydne Rome, Jeanne Moreau, Claude Rich, Jean-Marc Bory, Jean-Pierre Castaldi
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8 octobre 2008

Un héros très discret (1996) de Jacques Audiard

Un héros très discretElle :
Un cinéaste que j’aime bien, de bons acteurs, un sujet a priori intéressant et original, une bonne réalisation et pourtant, je ne parviens pas à entrer dans le film. Le montage haché et confus finit par m’irriter.
Note : 1 étoiles

Lui :
Un héros très discret est adapté du livre homonyme de Jean-François Deniau : en 1944, un jeune provincial part à Paris où il s’invente un passé de résistant. Il parvient à être promu dans l’armée et à jouer un rôle dans l’après-guerre. Au-delà de la spectaculaire imposture, Un héros très discret est une réflexion sur le mensonge et sur la reconstruction. Que peut-on bâtir sur le mensonge ? Pour traiter cette histoire surprenante, Jacques Audiard utilise une construction particulièrement brillante et enlevée qui alterne entre scènes de l’époque et témoignages actuels de personnes qui ont croisé ce prétendu héros de la Résistance. Ces témoignages donnent un parfum de réalité à l’ensemble alors que (bien entendu) ce personnage n’a jamais existé… Deux niveaux de mensonges donc. Au centre du film, Mathieu Kassovitz livre une interprétation à la fois fragile et puissante de cet imposteur brillant.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Mathieu Kassovitz, Anouk Grinberg, Sandrine Kiberlain, Jean-Louis Trintignant, Albert Dupontel
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3 octobre 2008

Après lui (2007) de Gaël Morel

Après luiElle :
Après Lui est un film douloureux sur le travail de deuil d’une mère après le décès de son fils dans un accident de voiture. Celle-ci est interprétée par une Catherine Deneuve émouvante et habitée par sa douleur. Au lieu de se réfugier auprès sa famille et ses amis, elle les repousse. Elle préfère entretenir une relation ambiguë avec le meilleur ami de son fils qui conduisait la voiture. Elle le harcèle, tente d’en faire son deuxième fils alors qu’il faudrait le laisser oublier ce tragique accident pour qu’il déculpabilise. Est-ce pour mieux vivre les derniers instants de son fils, pour mieux le connaître ou pour mieux se chercher…. Tout est possible. Le réalisateur ne donne pas de clé. Il montre une belle maîtrise de sa caméra, de son scénario troublant et révèle une grande sensibilité.
Note : 4 étoiles

Lui :
Sur un sujet qui peut faire peur, Gaël Morel réussit à faire un film assez surprenant. Le comportement déroutant de cette mère noyée de chagrin tourne presque à l’obsession sans que l’on puisse vraiment comprendre ses motivations, ce qui la pousse réellement à se rapprocher de l’ami de son fils. Catherine Deneuve fait une interprétation assez riche et restitue bien toute l’ambiguïté et la détresse de son personnage.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Catherine Deneuve, Guy Marchand, Thomas Dumerchez, Elodie Bouchez
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29 septembre 2008

Justin de Marseille (1934) de Maurice Tourneur

Justin de MarseilleElle :
(pas vu)

Lui :
Justin de Marseille met en scène un petit caïd des quartiers populaires de Marseille. Maurice Tourneur s’est inspiré d’un vrai personnage, Carbone, qui était à l’époque le roi de pègre marseillaise. Pour éviter tout problème, il est même allé le voir pour lui demander l’autorisation avant de tourner. Est-ce pour cela que le portrait qu’il nous en fait est assez flatteur ? Quand il ne réceptionne pas ses paquets d’opium qui arrivent par bateau, ce Justin de Marseille a tout d’un gentlemen, il défend la veuve et l’orphelin dans la rue, sauve une jeune suicidée de la noyade. Tout le monde l’adore. C’est un peu idyllique mais peu importe car l’attrait du film de Maurice Tourneur réside surtout dans le climat qu’il a réussi à recréer. On retrouve toute l’atmosphère du vieux port, avec l’accent chantant des gens qui s’interpellent, une atmosphère qui tranche avec les scènes de nuit (superbe éclairage) et les scènes d’action. Le montage est particulièrement vif avec un rythme qui évoque les films de gangster américains de la Warner de la même époque. Sur ce plan, Justin de Marseille est une vraie surprise, un petit bijou du cinéma français.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Antonin Berval, Pierre Larquey, Alexandre Rignault, Ghislaine Bru
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