15 mai 2009

La fabrique des sentiments (2008) de Jean-Marc Moutout

La fabrique des sentimentsElle :
Comme dans Violence des échanges en milieu tempéré que j’avais bien apprécié, Jean-Marc Moutout pose son regard acide et ironique sur les failles de notre société contemporaine qui isole et brise les gens. Drame de la solitude d’une jeune femme bien élevée qui espère trouver l’âme sœur dans le speed-dating, lieu de drague des temps modernes où il faut se valoriser en 7 minutes, comme dans un entretien d’embauche pour espérer un rendez-vous amoureux. Questionnements, doutes, dévalorisation de soi taraudent les personnages qui ne trouvent jamais leur place. Elsa Zylberstein est lumineuse. On reste un peu sur sa faim dans la dernière partie qui s’éternise. Un film sans prétention qui se laisse regarder.
Note : 3 étoiles

Lui :
Si Eloise a bien réussi dans sa vie professionnelle, elle vit seule et la vacuité de sa vie sentimentale va la pousser à employer une méthode un peu artificielle pour rencontrer l’âme soeur. A la lecture de cette base de scénario, on pourrait penser que La fabrique des sentiments est un film français de plus sur le mal-être des trentenaires. Il paraît cependant un peu différent de ses semblables. Jean-Marc Moutout base son film sur son personnage central, à la fois simple et complexe, et y ajoute une réflexion sur la fabrication des sentiments : Eloise a recours au speed-dating pour rencontrer un homme, technique qui applique les méthodes des entretiens d’embauche pour forcer l’éclosion de relations sentimentales. Si Jean-Marc Moutout semble vouloir orienter sa réflexion dans ce sens, on peut probablement lui reprocher de ne pas aller suffisamment loin ce qui laisse une impression d’inachevé. La seconde moitié de La fabrique des sentiments s’étire parfois en longueur et la fin semble franchement bâclée.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Elsa Zylberstein, Jacques Bonnaffé, Bruno Putzulu
Voir la fiche du film et la filmographie de Jean-Marc Moutout sur le site IMDB.

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7 mai 2009

Le voyage du ballon rouge (2007) de Hou Hsiao-hsien

Le voyage du ballon rougeElle :
Tout comme L’Heure d’Eté d’Olivier Assayas, Le voyage du ballon rouge est issu d’une commande du Musée d’Orsay. C’est une fable poétique pleine de charme dans laquelle il faut se laisser porter comme ce ballon rouge qui flotte dans les rues de Paris aux côtés d’un enfant. Hou Hsiao-hsien nous transporte dans le quotidien d’une marionnettiste débordée qui s’entoure d’une nounou chinoise, étudiante en cinéma pour s’occuper de son jeune fils. Nous voici spectateurs de leur vie avec ses aléas et ses petites joies. Un regard simple et humain sur ce qui nous rattache à nos racines familiales que l’on veut garder au travers de photos ou de bobines de films en 8mm. Juliette Binoche est remarquable de justesse. L’art poétique de la rue devient une passerelle vers le tableau du ballon du Musée d’Orsay dans lequel les enfants plongent en imaginaire. Il faut noter aussi la très belle mise en scène de Hsiao-hsien Hou axée sur les reflets de visages dans les vitrines, les jeux de flous, la fluidité de la caméra. Un beau voyage.
Note : 4 étoiles

Lui :
Le voyage du ballon rouge est une balade poétique qui ne manque ni de charme ni d’intérêt. Sous une apparence de film en partie improvisé (les dialogues n’ont d’ailleurs pas été écrits), le film de Hou Hsiao Hsien est aussi une réflexion sur le dédoublement, la séparation. Le film se déroule dans trois univers : celui de la mère, survoltée, accablée de problèmes pratiques, celui de l’enfant et de sa baby-sitter, univers privilégié, en construction, et celui du ballon rouge, onirique, presque irréel. Ces univers ne se rencontrent que rarement au cours du film, la mère et son fils pendant le doublage des marionnettes, l’enfant et la ballon au début et à la fin du film. Le cinéaste accentue cette notion de plusieurs univers en utilisant très fréquemment des reflets, des doubles reflets, des triples reflets, ou en jouant avec la profondeur de champ pour créer des flous de premier plan ou d’arrière plan. C’est superbe. La séparation tient aussi beaucoup de place dans la vie de la mère : un conjoint injoignable, un appartement coupé en deux dont la meilleure partie est squattée par une vague connaissance, des impératifs qui l’empêchent de passer du temps avec son fils, alors que son métier est d’interpréter plusieurs personnages à la fois (encore un dédoublement)… Etonnante Juliette Binoche qui parvient à rendre son personnage, de prime abord irritant (une véritable tornade), finalement attachant. Elle charge son personnage mais ne sur joue à aucun moment. Enfin Le voyage du ballon rouge est aussi une réflexion sur l’Art, ou plus exactement sur le regard de l’artiste, qu’il soit cinéaste ou peintre. C’est un film étonnant, dans lequel on ne s’ennuie pas une seconde malgré l’absence de trame scénaristique traditionnelle. Un très beau film.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Juliette Binoche, Simon Iteanu, Song Fang, Hippolyte Girardot
Voir la fiche du film et la filmographie de Hou Hsiao-hsien sur le site IMDB.
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La peinture que les enfants vont voir à la fin du film est Le Ballon de Félix Vallonton (1899), un tableau qui contient deux angles de vues, deux univers différents… Voir ce tableau sur le site du Musée d’Orsay
Le voyage du ballon rouge est au départ une commande du Musée d’Orsay, premier film d’une série pour fêter les 20 ans du musée.

Le film fait référence et rend hommage au court métrage Le Ballon Rouge d’Albert Lamorisse (1956), primé à Cannes.

6 mai 2009

L’heure d’été (2008) de Olivier Assayas

L'heure d'étéElle :
L’heure d’été est une œuvre subtile et originale qui effleure en délicatesse des sujets graves et profonds sans tomber dans la dramaturgie exacerbée. Olivier Assayas entre avec bonheur dans d’autres registres d’expression. Il analyse les relations familiales confrontées au problème du temps qui passe, de la mort, de la disparition d’une mère et de la transmission d’un héritage composé d’une superbe maison et d’œuvres d’art très précieuses. Que deviennent tous ces objets tant aimés dans la sphère intime lorsqu’ils passent le pas de la porte et se retrouvent au musée d’Orsay ? Peu de larmes, pas de déchirures entre frères et sœurs suite à la décision de tout vendre mais des touches de mélancolie, de regret enfouis au travers de ces personnages pleins de respect les uns pour les autres. Le cinéaste ouvre la fin du film vers l’avenir et les enfants qui viennent passer un dernier week-end dans la maison en vente. Ils resteront marqués eux aussi par les bons moments passés à cet endroit aux côtés de leur grand-mère.
Note : 4 étoiles

Lui :
A la disparition de leur mère, trois frères et sœurs doivent décider s’ils doivent ou non garder la grande demeure familiale et une petite collection d’œuvres d’art issue d’un grand oncle, peintre connu. En fait L’heure d’été aborde deux sujets principaux : d’une part, la transmission entre générations d’un patrimoine chargé de vécus mais aussi de valeurs et d’autre part, la place de l’Art, une œuvre d’art qui a pris un sens dans la vraie vie peut-elle continuer d’exister dans un musée ? (1) Comme dans ses autres films, Assayas montre dans L’heure d’été une très grande maîtrise dans la mise en scène, maîtrise qui frise parfois la virtuosité, avec une caméra très mobile qui fait corps avec les mouvements de ses personnages (la scène finale avec les enfants est sur ce point remarquable). Il montre aussi une belle maîtrise du déroulement du récit, pratiquant de larges ellipses sans laisser apparaître de discontinuité. Son cinéma est vraiment convaincant. Il est de plus servi ici par une excellente interprétation, notamment de Charles Berling qui sait parfaitement traduire tous les questionnements de son personnage.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Juliette Binoche, Charles Berling, Jérémie Renier, Edith Scob, Dominique Reymond, Valérie Bonneton, Isabelle Sadoyan
Voir la fiche du film et la filmographie de Olivier Assayas sur le site IMDB.

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(1) À ce sujet, il est intéressant de savoir qu’au tout départ, il y avait une commande du Musée d’Orsay pour une série de courts métrages autour de la place de l’Art, projet qui ne vit pas le jour mais inspira ce film à Assayas.

3 mai 2009

Peau de banane (1963) de Marcel Ophüls

Peau de bananeElle :
(pas vu)

Lui :
Peau de Banane est le premier long métrage de Marcel Ophüls (fils de Max Ophüls). C’est une histoire de d’arnaques où une jolie veuve (Jeanne Moreau) s’adjoint les services d’un de ses anciens amoureux (Jean-Paul Belmondo) pour aller dépouiller les ex-associés peu scrupuleux de feu son mari. L’histoire est bien mise en place et se déroule sur le ton de la comédie légère, joliment menée par un duo plein de charme et de vitalité. L’ensemble est plaisant. A noter la présence de Costa-Gavras en assistant-réalisateur, de Claude Sautet en co-scénariste et aussi de Claude Pinoteau et Claude Zidi.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Jeanne Moreau, Jean-Paul Belmondo, Claude Brasseur, Jean-Pierre Marielle, Gert Fröbe, Paulette Dubost, Alain Cuny
Voir la fiche du film et la filmographie de Marcel Ophüls sur le site IMDB.

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21 avril 2009

Les Dames du Bois de Boulogne (1945) de Robert Bresson

Les Dames du Bois de BoulogneLui :
Les Dames du Bois de Boulogne, le deuxième long métrage de Robert Bresson, est d’un style plus classique et même sous certains aspects en opposition avec ses films suivants. Librement adaptée d’un conte de Diderot contenu dans Jacques le fataliste et son maître, l’histoire est une variation machiavélique du triangle amoureux : délaissée par son amant, une dame du monde décide de se venger en faisant en sorte qu’il tombe amoureux d’une ex-danseuse sans connaître son passé. L’histoire est transposée en 1943, ce qui crée parfois un léger décalage mais les très beaux dialogues de Jean Cocteau assurent la liaison par leur grand classicisme. Le producteur imposa Paul Bernard pour le rôle de l’homme-victime, acteur plutôt connu pour ses rôles de personnages cyniques, ce qui enlève une partie de la force du film. La présence d’Alain Cuny, initialement pressenti pour le rôle, aurait certainement élargi la dimension dramatique des Dames du Bois de Boulogne en nous rendant son personnage sympathique et aurait ainsi intensifié les tensions. Robert Bresson se concentre avant tout sur ses personnages, décors, costumes et lieux sont très simples sans que cette sobriété n’entrave une certaine élégance de ton. Si elle fut partiellement imposée par l’époque (Les Dames du Bois de Boulogne a été tourné sous l’Occupation), cette sobriété préfigure le style que développera Robert Bresson.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Paul Bernard, María Casares, Elina Labourdette, Lucienne Bogaert
Voir la fiche du film et la filmographie de Robert Bresson sur le site imdb.com.

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Autre adaptation du même conte de Diderot :
Mademoiselle de Joncquières d’Emmanuel Mouret (2018) avec Cecile de France et Edouard Baer.

10 avril 2009

Ça se soigne? (2008) de Laurent Chouchan

Ça se soigne?Elle :
(…)
1 étoile

Lui :
Avec Ça se soigne ? nous sommes franchement dans le style comédie bien française assez laborieuse. L’idée d’aborder la dépression nerveuse sous l’angle humoristique n’était pas forcément mauvaise mais l’ensemble est vraiment bâclé et manque de substance. Thierry Lhermitte ne se donne vraiment pas beaucoup mal pour nous faire croire à son personnage de chef d’orchestre brillant soudainement dépressif. Il fait vraiment le minimum syndical… Comme pour contrebalancer ce vide, Julie Ferrer en rajoute beaucoup : malgré quelques excès, elle est toute de même bien plus convaincante. Mais cela ne remplit pas le vide du scénario et il faut faire preuve de bonne volonté pour rire lors des meilleurs moments. Ça se soigne ? baigne vraiment dans la facilité. Laurent Chouchan est ici bien loin de son film précédent Vertiges de l’Amour.
Note : 1 étoile

Acteurs: Thierry Lhermitte, Julie Ferrier, Michel Vuillermoz, Isabelle Gélinas, Stéphane Freiss
Voir la fiche du film et la filmographie de Laurent Chouchan sur le site IMDB.

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5 avril 2009

Le Tueur (2007) de Cédric Anger

Le TueurElle :
Face à un titre comme Le Tueur, on se dit qu’on va avoir affaire à un polar de plus. Et bien non, Cédric Anger qui fut le scénariste de Xavier Beauvois nous offre un premier film d’une grande maîtrise, qui sort des codes classiques du film policier. Le scénario se distingue par l’originalité de son sujet qui se situe autour de la confrontation inattendue d’un tueur glacial et d’un homme de la finance qui se sent menacé. Originalité également de la mise en scène qui nous plonge dans de très beaux univers de la nuit et dans des musiques intrigantes. Cédric Anger fait monter la tension progressivement ; l’angoisse et la perte des repères finissent par nous gagner, tout en subtilité. Enfin, le film révèle des personnages touchants, mal dans leur peau, au bord de la fêlure. Gilbert Melki, Grégoire Colin et Mélanie Laurent sont très convaincants.
Note : 4 étoiles

Lui :
Ce film noir, premier long métrage de Cédric Anger, met en scène les liens ambigus qui se tissent entre un homme et un tueur à gages venu pour le tuer. Rapidement, on s’aperçoit que cette histoire casse les codes du genre et son originalité se dévoile peu à peu. Sous l’apparente froideur, se cache une humanité qui ressurgit là où on l’attend le moins. Gérard Melki est un acteur qui déçoit rarement et ici il ne faillit pas à la règle face à un Grégoire Colin qui parvient bien à traduire l’ambiguïté et les désirs de son personnage. Très belle photographie de Caroline Champetier. Assez remarquable pour une première réalisation, Le Tueur est un film original et parfaitement maîtrisé.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Gilbert Melki, Grégoire Colin, Mélanie Laurent, Xavier Beauvois, Sophie Cattani
Voir la fiche du film et la filmographie de Cédric Anger sur le site IMDB.

Homonymes :
Le Tueur de Denys de La Patellière (1972) avec Jean Gabin (et le jeune Gérard Depardieu)
Le Tueur du mexicain Juan López Moctezuma (1985) sur un scénario co-ecrit par Rafael Buñuel (fils de Luis Buñuel),
et aussi :
Les Tueurs de Robert Siodmak (1946), très beau film noir avec Burt Lancaster et Ava Gardner.

3 avril 2009

Les yeux bandés (2007) de Thomas Lilti

Les Yeux bandésElle :
(pas vu…)

Lui :
Un jeune routier apprend que celui avec qui il a été élevé comme un frère est accusé d’être un meurtrier en série dans le Nord de la France. Il se rend sur place. Les Yeux Bandés n’est pas vraiment un polar, ni une quête identitaire. Non il s’agit plutôt d’un film psychologique car cet homme se demande jusqu’à quel point il est responsable de son frère, pourquoi après une jeunesse plus que turbulente, lui s’en est sorti et pas son demi-frère ? Alors que sa femme attend un enfant, doit-il sacrifier sa vie pour le sauver ? La mise en place est hélas trop confuse, Thomas Lilti ayant voulu entremêler des flashbacks qui ne dévoilent que peu de choses à chaque fois. Ces circonvolutions n’apportent rien si ce n’est qu’elles retardent notre pénétration dans l’histoire. Une fois passées ces 20-30 premières minutes, le film prend toute sa force avec une présence assez intense de Jonathan Zaccaï. Guillaume Depardieu n’a qu’un rôle assez court mais il met beaucoup de force dans son personnage rétif. L’environnement sombre des quartiers ouvriers du Nord ajoutent à la dramatisation de l’ensemble et à une sensation d’enfermement que le réalisateur ne relâche que lors de quelques scènes de bord de mer, en contraste total. Pour un premier long métrage, Les Yeux Bandés montre une belle intensité dans son récit.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Jonathan Zaccaï, Guillaume Depardieu, Lionel Abelanski, Frédérique Meininger
Voir la fiche du film et la filmographie de Thomas Lilti sur le site imdb.com.

26 mars 2009

Occupe-toi d’Amélie..! (1949) de Claude Autant-Lara

Occupe-toi d'Amélie..!Elle :
(pas vu)

Lui :
Voir pour la première fois un film de 1949 quasiment inédit de Claude Autant-Lara est une expérience rare et en l’occurrence particulièrement réjouissante. Occupe-toi d’Amélie est l’adaptation d’une pièce de Feydeau et les héritiers de ce dernier s’opposèrent à toute nouvelle sortie du film, estimant qu’il trahissait l’œuvre originale. Pourtant les scénaristes Jean Aurenche et Pierre Bost ont fait des merveilles en réécrivant cette histoire autour d’un faux mariage pour toucher l’héritage du grand oncle. C’est du Feydeau, donc du vaudeville léger et joyeux, mais le film va beaucoup plus loin dans la satire sociale et semble repousser les limites de l’humour et du réalisme. Les personnages sont hauts en couleur et quiproquos, rebondissements et coups d’éclats se succèdent à un rythme effréné dès le début du film, pour aller en s’intensifiant. La scène du mariage à la Mairie est absolument délirante (dans le vrai sens du terme), un véritable foutoir que n’auraient certainement pas renié les Marx Brothers. Cette scène est incroyable! Et ce qui est tout aussi étonnant dans Occupe-toi d’Amélie, c’est la façon dont Autant-Lara fait éclater la séparation acteurs/spectateurs. A certains moments, un rideau s’ouvre ou se ferme et l’on découvre que nous étions sur une scène face à des spectateurs (Buñuel le fera de façon presque identique plus tard dans Le charme discret de la bourgeoisie), des ouvriers finissent d’arranger les décors juste avant que n’arrive un personnage, des spectateurs entrent dans l’histoire pour influer sur les évènements… On est loin du théâtre filmé, Autant-Lara fait exploser le cadre du spectacle, de la représentation : il n’y plus de frontière, tout est faux ou tout est vrai, on ne sait plus très bien… Les acteurs sont tous parfaitement dans le ton et Danielle Darrieux est vraiment charmante en Amélie. Les décors, quant à eux, sont somptueux dans le style fin XIXe (il ne faut pas oublier que Claude Autant-Lara a débuté dans le cinéma comme décorateur). On se demande comment un tel film a pu moisir dans des cartons pendant toutes ces années. Occupe-toi d’Amélie est un petit bijou.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Acteurs: Danielle Darrieux, Jean Desailly, Louise Conte, Victor Guyau, Grégoire Aslan, Julien Carette, André Bervil
Voir la fiche du film et la filmographie de Claude Autant-Lara sur le site imdb.com.

La pièce de Feydeau avait déjà été adaptée 2 fois en France :
Occupe-toi d’Amélie d’Emile Chautard (1912), version muette donc… (!)
Occupe-toi d’Amélie de Marguerite Viel et Richard Weisbach (1932) avec Renée Bartout
A noter aussi une adaptation italienne muette (1925) et une autre plus récente de Flavio Mogherini en 1982 avec Barbara Bouchet.

24 mars 2009

Didine (2008) de Vincent Dietschy

DidineElle :
Malgré certaines longueurs et quelques maladresses, Didine est une comédie sentimentale sans prétention toute en humour et tendresse, centrée sur une jeune femme en recherche d’amour, d’une vie à construire et animée d’un désir de servir les autres. Autour d’elle, gravitent une vieille dame acariâtre et son neveu, une association d’aide aux personnes âgées, une amie suicidaire et son ami amoureux d’elle. Les personnages sont un peu hors norme et changent des habituels portraits traités au cinéma. Didine est portée par une Géraldine Pailhas délicate et indécise qui reflète d’une certaine manière les incertitudes et les doutes de notre société contemporaine.
Note : 3 étoiles

Lui :
Cette comédie sentimentale est plus intéressante que son titre ne le laisserait supposer. Géraldine Pailhas aurait d’ailleurs tout d’abord refusé le rôle entre autres parce qu’elle disait « avoir passé sa vie à éviter qu’on l’appelle Didine » ! Elle a cependant fini par accepter d’incarner cette femme qui se laisse porter par les évènements, indécise mais solide au fond d’elle-même. Sa meilleure amie est l’opposé exact, sûre d’elle et entreprenante mais très fragile au fond. L’histoire en elle-même est assez conventionnelle, avec des personnages probablement un peu trop typés, et pourtant Vincent Dietschy parvient à lui donner une coloration particulière, un soupçon d’originalité qui lui donne un certain charme. Il est servi par l’excellente interprétation de Didine Pailhas (pardon, Géraldine Pailhas) qui montre ici une forte présence à l’écran. En revanche, Benjamin Biolay est certainement meilleur compositeur qu’acteur… Parvenant à faire oublier ses petits défauts, Didine est au final une comédie sentimentale délicate plutôt réussie.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Géraldine Pailhas, Julie Ferrier, Benjamin Biolay, Christopher Thompson, Edith Scob, Élodie Bollée
Voir la fiche du film et la filmographie de Vincent Dietschy sur le site IMDB.