1 mai 2011

Les surprises de l’amour (1909) de Max Linder

Les surprises de l'amourLui :
(Film muet, 6 minutes) Une famille est à table pour le déjeuner. Il y a là le père, la mère et les deux grands fils. Prétextant un malaise, le premier fils (Max Linder) se retire pour se reposer. En réalité, nous le voyons prendre un bouquet de fleurs précédemment caché et se réajuster pour sortir. Le second fils en fait autant quelques minutes après et le père également. Sans le savoir, tous trois vont chez la même femme… Les surprises de l’amour repose sur un excellent mécanisme de comédie : un scénario simple autour d’une situation saugrenue. Ce type d’humour est typique de Max Linder, avec toujours ce petit côté mondain dont il est coutumier. Les surprises de l’amour paraît aujourd’hui toujours très amusant.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Max Linder, Jacques Vandenne
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Remarques :
Le nom du réalisateur n’est pas connu.

27 avril 2011

Coco Chanel et Igor Stravinsky (2009) de Jan Kounen

Coco Chanel & Igor StravinskyElle :
Note : 2 étoiles

Lui :
En 1920, la couturière Coco Chanel invite l’exilé russe Igor Stravinsky avec femme et enfants dans sa grande maison de Garches. Une liaison naît entre eux… Adapté d’un roman de Chris Greenhalgh, le film de Jan Kounen joue plus sur les apparences et le glamour que sur le contenu. L’histoire est en effet très terne, incapable de générer la moindre émotion. Il nous reste le spectacle : la reconstitution est superbe, Anna Mouglalis fait une belle interprétation d’une Coco Chanel glaciale et déterminée… et il y a heureusement la musique de Stravinsky. Un peu ennuyeux, c’est un film qui ne laissera hélas que peu de traces dans nos esprits.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Anna Mouglalis, Mads Mikkelsen, Elena Morozova
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26 avril 2011

La baie des anges (1963) de Jacques Demy

La baie des angesLui :
Employé de banque très sage, Jean se laisse entraîner par son collègue et ami Caron(1) au casino d’Enghein. La chance lui sourit. Il décide alors d’aller passer ses vacances sur la Côte d’Azur pour jouer. Il y rencontre la belle Jackie… La baie des anges est le deuxième long métrage de Jacques Demy, tourné alors qu’il avait des difficultés à financer son projet de comédie musicale Les Parapluies de Cherbourg. Sur le thème du télescopage entre l’amour et l’enfer du jeu, Demy signe un très beau film, fluide, vif et rythmé, délicat. La photographie en noir et blanc signée Jean Rabier est superbe, la musique de Michel Legrand souligne certaines scènes avec flamboyance et nous emporte… La baie des anges est aussi porté par Jeanne Moreau, en blonde platine, dans un personnage d’ange déchu qui se complexifie joliment au fur et à mesure de l’avancée du film.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Jeanne Moreau, Claude Mann, Paul Guers
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Remarques :
On remarquera aussi la présence au générique de Costa-Gavras en assistant-réalisateur et de Claude Zidi en assistant-cameraman.

(1) A noter que Caron (ou Charon) est, dans la mythologie grecque, le passeur vers l’Enfer. Avec sa barque, il conduit les âmes vers le séjour des morts.

21 avril 2011

Une histoire immortelle (1968) d’ Orson Welles

Une histoire immortelleLui :
Un riche marchand se souvient d’une histoire qu’un marin lui a racontée : un vieil homme paie grassement un marin trouvé dans la rue pour coucher avec sa femme afin de lui donner un héritier. Lorsque son secrétaire lui affirme que cette histoire est en réalité une fable que tous les marins du monde racontent, le riche marchant décide de mettre en scène cette histoire afin qu’elle devienne authentique : « Si cette histoire n’est jamais arrivée, moi je la ferai arriver »… Une Histoire immortelle est adapté d’une nouvelle de Karen Blixen qu’Orson Welles admirait. Le film a été produit par l’ORTF, il est sorti simultanément en salles et à la télévision (1). Il s’agit du premier film en couleurs d’Orson Welles (2). Le film est court (58 minutes) mais l’histoire est assez riche, multi-facettes et très évocatrice. C’est à la fois une réflexion sur le mensonge de la mise en scène, sur le rapport entre l’Art et la réalité, sur la jeunesse perdue, sur le passé réel ou imaginé Une histoire immortelle que l’on fait revivre, sur le passé que l’on veut faire revivre et celui que l’on fait revivre. L’histoire se déroule au XIXe siècle dans la colonie portugaise de Macao mais elle est atemporelle et non marquée par le lieu. Hélas, le film est doublé en français et l’image n’est aujourd’hui plus parfaite : les blancs sont brûlés dans les scènes les plus lumineuses.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Jeanne Moreau, Orson Welles, Roger Coggio, Norman Eshley, Fernando Rey
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Remarques :
Ecrivaine danoise et authentique baronne, Karen Blixen a signé ses livres sous le nom d’Isak Dinesen. Parmi ses autres livres adaptés au cinéma, on notera Out of Africa et Le festin de Babette. L’adaptation française d’Une Histoire Immortelle est signée Louise de Vilmorin.

(1) Une Histoire immortelle a été diffusé pour la première fois à la télévision française le 24 mai 1968, certainement pas la période idéale pour ce genre d’histoire (24 mai est d’ailleurs le jour où le Général De Gaulle a fait une intervention télévisée pour proposer un référendum).
(2) Orson Welles avait toutefois tourné certaines scènes de son film (inachevé) de 1942 It’s all true en couleurs. Il a un jour déclaré que seuls les cinéastes japonais savaient utiliser au mieux la couleur.

19 avril 2011

La Marseillaise (1938) de Jean Renoir

Sous-titre : « Chronique de quelques faits ayant contribué à la chute de la Monarchie »

La MarseillaiseLui :
Ce film de Jean Renoir a été souvent critiqué pour ses partis-pris idéologiques et sa construction. Réalisé dans l’enthousiasme du Front Populaire, il est vrai que La Marseillaise présente un tableau idyllique de la Révolution Française où le sang ne coule que très peu. Il exalte la fraternité, le sentiment d’union de tous les français qui doit permettre de voir la fin des querelles. Il est vrai aussi que sa construction peut surprendre : un enchaînement d’assez courts tableaux qui aboutit sur la marche des 500 marseillais sur Paris (apportant avec eux ce « chant de l’armée du Rhin » qui deviendra La Marseillaise) et se termine par une grande reconstitution : l’attaque des Tuileries de 1792. Jean Renoir dit avoir voulu montrer « les petits côtés des grands moments ». Ainsi, le film ne montre point de grands héros mais des gens ordinaires. La Marseillaise Si certaines scènes paraissent un peu faibles, surtout en début de film, d’autres montrent beaucoup de force, telles ces scènes de tribune populaire ouverte avec le discours d’une couturière… La Marseillaise n’est pas en tout cas un film de propagande dans le mauvais sens du terme : il n’est en rien simplificateur, le roi est par exemple présenté comme un monarque plutôt intelligent mais dépassé par les évènements ; le propos n’est jamais dichotomique. Non, c’est un film attachant, assez beau, qui acquiert sa force par un assemblage subtil, un peu naïf sans doute mais joliment poétique. Le film fut un échec commercial.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Andrex, Edmond Ardisson, Pierre Renoir, Lise Delamare, Louis Jouvet, Paul Dullac
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Remarques :
L’idée au départ était de financer le film par une souscription de parts lancée dans le public par les militants de gauche, notamment la C.G.T. Les fonds recueillis se révélèrent largement insuffisants et la production fut reprise par une société de production de type classique.

12 avril 2011

Stavisky (1974) d’ Alain Resnais

Stavisky...Lui :
Alain Resnais retrace le parcours de Serge Alexandre Stavisky, escroc de l’entre-deux-guerres dont la mort, maquillée en suicide, créa un scandale aux profondes implications politiques (1). Le cinéaste désire surtout montrer comment cet homme, charmeur et enjôleur, avait su se créer des amitiés dans la classe politique dirigeante avant d’être lâché et exécuté (2). Au lieu d’adopter une structure narrative chronologique et continue, Alain Resnais éclate son récit en morceaux épars. Cette construction, très originale et particulièrement audacieuse dans une histoire complexe, s’adapte en réalité très bien à cette affaire aux multiples ramifications et implications : elle permet de nous délivrer de la nécessité de compréhension totale pour mieux nous nous concentrer sur les caractères. Par la même, son film s’écarte franchement du documentaire censé rapporter objectivement les faits. Il adopte une approche plus émotionnelle, s’intéressant à l’image que l’escroc donne de lui, images multiples et attirantes. Et Stavisky est aussi un spectacle : décors somptueux, personnage semi-irréel de la femme (Anny Duperey, superbe en élégante des années trente), il se dégage presque un certain lyrisme des superbes images d’Alain Resnais. Le film fut généralement assez mal reçu (3), souvent mal compris. C’est vraiment regrettable.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Jean-Paul Belmondo, François Périer, Anny Duperey, Charles Boyer, Michael Lonsdale, Roberto Bisacco, Claude Rich
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(1) Largement récupérée par l’extrême-droite, l’Affaire Stavisky provoqua un grand scandale en France en 1934. Des émeutes antiparlementaires éclatèrent. Camille Chautemps, Président du Conseil de la Troisième République, démissionna car son beau-frère, Procureur Général, était directement impliqué pour avoir protégé l’escroc. L’Affaire Stavisky provoqua également un fort regain d’antisémitisme puisqu’il était juif.
Notons qu’Alain Resnais introduit aussi par petites touches, sans le relier directement, l’autre évènement qui mit en effervescence l’opinion publique de l’époque, plutôt l’extrême gauche cette fois : l’exil de Trotski en France.

(2) « Ce qui nous intéressait, c’étaient les mécanismes d’une société qui commence par flatter, sous couvert de libéralisme, ce que l’on pourrait appeler le clown dans l’arène et qui, à partir du moment où ce dernier en fait trop, le supprime froidement. » (interview d’Alain Resnais et Jorge Semprún par Claude Beylie, Ecran 74 n°27)

(3) Beaucoup des critiques furent centrées sur le choix de Jean-Paul Belmondo et sur le fait qu’il ne colle pas vraiment avec l’époque des années trente…. C’est justement pour cela qu’il était un très bon choix : il apparaît ainsi totalement hors-normes, hors du commun, un personnage qui attire par un charisme qui ne lui fait jamais défaut. En outre, Belmondo a produit le film… A propos d’acteurs, il faut noter la présence du merveilleux Charles Boyer, ici dans l’un de ses tous derniers rôles.

L’affaire Stavisky a été précédemment mise en scène au cinéma par Michael Curtiz en 1937 : Stolen Holiday avec Kay Francis et Claude Rains.

3 avril 2011

L’oeil du malin (1962) de Claude Chabrol

L'oeil du malinLui :
Un jeune homme s’immisce dans la vie d’un couple bourgeois dont l’ostensible bonheur l’exaspère… L’œil du Malin est un film assez peu connu du début de carrière de Claude Chabrol. Son aspect le plus remarquable est de préfigurer certains de ses films ultérieurs, notamment La femme infidèle. On retrouve ici en effet la même peinture d’un couple bourgeois qui, sous des apparences parfaites, recèle une bonne part de mensonge. L’ensemble est toutefois beaucoup maladroit ici, le point faible étant essentiellement le personnage du trublion, ce jeune homme qui va briser la carapace : le problème n’est pas tant qu’il soit parfaitement odieux et détestable mais qu’il soit odieux et rien d’autre. Très certainement, Jacques Charrier est un acteur qui possède un registre insuffisamment large pour ce rôle mais il y a aussi une certaine carence au niveau du scénario qui reste en surface du personnage et de ses motivations. La photographie est assez belle avec, en intérieurs, des éclairages travaillés. Film d’auteur, imparfait, L’œil du malin est un film qu’il est intéressant de regarder aujourd’hui avec la perspective des films ultérieurs du cinéaste.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Jacques Charrier, Stéphane Audran, Walter Reyer
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1 avril 2011

Rien de personnel (2009) de Mathias Gokalp

Rien de personnelLui :
La société Muller organise une réception avec des jeux de rôles pour tester les cadres de l’entreprise… Rien de personnel est un film assez original. Original par la forme tout d’abord, puisque se déroulant en un seul lieu et montrant plusieurs fois les mêmes évènements pour nous en dévoiler un peu plus à chaque fois. Original par le fond puisque, pour observer les rapports humains dans l’entreprise, Mathias Gokalp choisit d’intensifier la fausseté de ces rapports : dans cette soirée, tout n’est que faux-semblants, les personnes ne sont pas toutes ce qu’elles semblent être ou ce qu’elles devraient être, on cache, on travestit la réalité. Le réalisateur nous plonge habilement au cœur de la situation en ne nous dévoilant pas tout d’emblée, nous sommes nous-mêmes trompés et découvrons peu à peu les vrais enjeux. Il parvient à mettre en place une atmosphère étrange qui met un peu mal à l’aise, où tout semble en équilibre instable. Et finalemnt, cette soirée aura exacerbé les tensions et laissé de nombreuses plaies ouvertes. Rien de personnel est un premier long métrage assez réussi.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Jean-Pierre Darroussin, Denis Podalydès, Mélanie Doutey, Pascal Greggory, Zabou Breitman, Bouli Lanners, Frédéric Bonpart
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30 mars 2011

Tant qu’on a la santé (1966) de Pierre Étaix

Tant qu'on a la santéLui :
Tant qu’on a la santé est le troisième long métrage de Pierre Etaix. C’est un film en quatre tableaux ou quatre actes (Pierre Etaix refusait le terme de « film à sketches ») avec de multiples variations burlesques sur les objets et la vie quotidienne moderne. Pierre Etaix va ici beaucoup plus loin que Tati dans la satire de la vie moderne. S’il y a quelques passages plus faibles (notamment les scènes de vampires du premier acte), la plupart des scènes sont de très haut niveau, reposant sur une écriture très précise du scénario (coécrit avec Jean-Claude Carrière) : il faut voir, par exemple, la scène millimétrée du restaurant où le malheureux voisin de table de Pierre Etaix va ingurgiter un repas un peu particulier… un vrai petit bijou. Le film est ainsi parsemé de superbes trouvailles de gag. Pratiquement sans paroles, Tant qu’on a la santé est une petite merveille d’invention.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Pierre Étaix, Denise Péronne, Simone Fonder
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Remarques :
Les quatre actes :
1. L’insomnie : un homme, ne pouvant dormir, lit un livre racontant une histoire de vampires.
2. Le cinématographe : dans une salle de cinéma bondée, un spectateur a bien des déconvenues pour trouver une bonne place assise.
3. Tant qu’on a la santé : variations sur le stress du monde moderne
4. Nous n’irons plus au bois : un chasseur du dimanche, un couple cherchant un emplacement pour piqueniquer, un paysan qui met en place une clôture… tous se retrouvent dans le même petit bois…

Tant qu’on a la santé est sorti en 1966 dans une version avec, comme fil conducteur, le personnage interprété par Pierre Etaix. En 1971, Pierre Etaix l’a remonté comme il le désirait initialement, en l’articulant en quatre actes en ajoutant L’insomnie qu’il avait initialement tourné en court métrage en 1962 et qui n’avait pas été exploité. En contrepartie, une séquence est retirée du film : En pleine forme qui ressort en court métrage aujourd’hui.

30 mars 2011

En pleine forme (1966) de Pierre Étaix

En pleine formeLui :
(Court métrage 13 min) Initialement intégré à Tant qu’on a la santé, cette séquence a été retirée par Pierre Etaix du long métrage lors d’un nouveau montage en 1971. En pleine forme nous montre un jeune campeur adepte du camping sauvage qui s’éveille et tente de se faire un café avec une cafetière électrique… Délogé ensuite par un agent, il est envoyé dans un camping officiel… L’humour joue sur les objets et sur la reproduction des codes de la vie sociale au sein du camping. Pierre Etaix et Jean-Claude Carrière jouent aussi beaucoup avec les situations saugrenues pour créer l’humour, tel ce couple qui dort dans une toute petite tente parce que la grande abrite l’auto…
Note : 3 étoiles

Acteurs: Pierre Étaix
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