10 mars 2006

Les démons à ma porte (2000) de Jiang Wen

Titre original : « Guizi lai le »

Les Démons à   ma porte Elle :
Beau film chinois en noir et blanc où le réalisateur incarne le rôle d’un villageois chargé de garder deux prisonniers japonais. Tout ce village de paysans simples participe à cette mission. Wen Jiang utilise beaucoup les gros plans sur les visages angoissés pour mieux mettre en avant les doutes, les hésitations et la peur qu’inspire l’envahisseur japonais. En pleine tragédie, il utilise également l’humour au travers des trognes qu’il choisit, de scènes cocasses pour mieux se moquer des japonais. Malgré quelques longueurs, ce film témoigne d’un réel talent de mise en scène et d’originalité du scénario.
Note : 5 étoiles

Lui :
Les démons à ma porte est un film assez étonnant, basé sur une situation très particulière de paysans forcés de garder deux prisonniers, et dans un style tout aussi particulier fait de gesticulations, d’éructations. Tout le film est parsemé de touches d’humour, même dans les moments les plus tragiques ou intenses. C’est aussi une réflexion sur les rapports geôliers/prisonniers, sur le décalage entre cette guerre et le monde paysan chinois. Un film assez fort, qui souffre un peu d’une fin plutôt abracadabrante, assez terrible par ce qu’elle sous-entend, comme un dernier pied de nez du réalisateur.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Jiang Wen, Hongbo Jiang, Teruyuki Kagawa
Voir la fiche du film et la filmographie de Jiang Wen sur le site IMDB.

7 mars 2006

Les anges déchus (1995) de Wong Kar-wai

Titre original : « Duo luo tian shi »

Les Anges   Déchus Elle :
Toujours une grande maîtrise de la mise en scène mais un univers dans lequel je ne parviens pas à entrer d’où mon abandon rapide.
Note : pas d'étoile

Lui :
Initialement prévu pour constituer le troisième volet de Chungking Express, Wong Kar-wai en fait un film à part entière de crainte d’allonger exagérément son film. Tout en traitant du même thème, l’incommunicabilité, l’attirance/répulsion, des personnages qui se cherchent sans parvenir à se rencontrer, il est toutefois assez différent dans le sens où la forme prend très nettement le pas. Wong Kar-wai pousse la stylisation assez loin, toujours en utilisant d’une façon très personnelle les ralentis et les accélérés, les contrastes de mouvement entre parties d’une même image. Il filme le tout en grand angle et la légère déformation des visages accentue le sentiment d’étrangeté de ce monde nocturne. Cette omniprésente esthétisation finit par nous saturer quelque peu et n’est pas assez soutenue par un scénario qui permettrait au film d’être autre chose qu’un très bel exercice de style, un peu mode mais où je me suis personnellement un peu ennuyé.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Takeshi Kaneshiro, Leon Lai Ming, Karen Mok, Michelle Reis, Charlie Yeung
Voir la fiche du film et la filmographie de Wong Kar-wai sur le site IMDB.

Voir les autres films de Wong Kar-wai chroniqués sur ce blog…

26 février 2006

Chungking Express (1994) de Wong Kar-wai

Titre original : « Chung hing sam lam »

Chungking Express Elle :
Wong Kar Waï filme les aventures amoureuses de deux flics qui se croisent dans le même bar. Sa caméra à l’épaule nous emmène la nuit à la lumière des néons dans les sous-sols, les couloirs sombres, les appartements étriqués. La mise en scène aux superbes éclairages mêle les ralentis, les accélérés, les effets de flou et est soutenue par du reggae ou de la musique pop. On pense aussi à certains films de Godard ou à Jean Seberg quand on voit la délicieuse Faye Wong. A la fois grave et léger mêlant la tristesse des ruptures à la fantaisie des rencontres avec des scènes pleines de sensualité, ce film est une réussite mis à part quelques passages que j’ai trouvés ennuyeux. C’est une chronique amoureuse dans laquelle il faut se laisser aller.
Note : 4 étoiles

Lui :
Dans la même veine que Nos Années Sauvages, ce film de Wong Kar-waï est une chronique sentimentale, urbaine et poétique dans lequel il semble s’interroger sur les occasions manquées : que se serait-il passé si on avait pris telle décision, si l’on avait fait telle chose? Dans les deux histoires qu’il nous propose, les personnages se cherchent mais ne se trouvent pas. Il filme tout cela d’une façon très personnelle, avec une caméra à l’épaule bien utilisée, des ralentis audacieux (avec des ralentis et des accélérés dans la même image !). On peut sentir des références à la nouvelle vague française, Louis Malle, Godard, … Bien que le scénario en lui-même ne soit pas vraiment très développé, on suit avec intérêt ses personnages. Tourné en quelques semaines (pendant le montage du film « Les cendres du temps »), il y a une spontanéité et une liberté que l’on ne rencontre qu’assez rarement.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Faye Wong, Tony Leung Chiu Wai, Takeshi Kaneshiro, Brigitte Lin
Voir la fiche du film et la filmographie de Wong Kar-wai sur le site IMDB.

Voir les autres films de Wong Kar-wai chroniqués sur ce blog…

19 février 2006

Il était une fois en Chine (1991) de Hark Tsui

Titre original : « Wong Fei Hung »

Il était une fois en Chine Elle :
Peu de choses à dire vu que j’ai abandonné très vite. Ambiance et musique bizarres, scénario confus. L’ensemble ne me convainc pas.
Note : pas d'étoile

Lui :
Après avoir vu Time and Tide du même Hark Tsui, j’ai eu envie de revoir celui-ci. Si on retrouve une certaine invention, voire une certaine audace, dans sa façon de filmer, le film est trop basé sur les combats pour que je puisse y accrocher vraiment. (Abandon).
Note : pas d'étoile

Acteurs: Jet Li, Biao Yuen, Rosamund Kwan, Jacky Cheung
Voir la fiche du film et la filmographie de Hark Tsui sur le site IMDB.

Voir les autres films de Hark Tsui chroniqués sur ce blog…

18 février 2006

Time and Tide (2000) de Hark Tsui

Titre original : « Seunlau ngaklau »

Time and Tide Elle :
(pas vu)

Lui :
Dans le cinéma de Hong Kong, Hark Tsui tient certainement une place à part, grâce à l’aboutissement de ses films, une inventivité assez permanente dans la façon de filmer et un esthétisme personnel. Il a un certain sens pour la mise en scène des mouvements qui rend certaines scènes quasiment envoûtantes. Le scénario de ce film d’action est par contre presque inexistant et finalement sans grande importance. L’ensemble est tout de même un peu long, le film semble s’essouffler et faiblir assez nettement vers la fin.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Nicholas Tse, Wu Bai, Candy Lo, Cathy Tsui
Voir la fiche du film et la filmographie de Hark Tsui sur le site IMDB.

Voir les autres films de Hark Tsui chroniqués sur ce blog…

14 février 2006

All tomorrow’s parties (2003) de Yu Lik-wai

All Tomorrow's Parties Elle :
(Abandon)

Lui :
All tommorrow’s parties, c’est au départ une chanson assez sombre du Velvet Underground, c’est aussi un livre de William Gibson et c’est maintenant un film chinois futuriste de Yu Lik-wai, le cinéaste de Love will tear us apart. Il situe ce futur proche dans un univers post-apocalyptique, peuplé surtout d’usines à l’abandon et où règne une secte totalitaire, référence à la fois au passé et au présent de la Chine. S’il parvient bien à créer une atmosphère pesante et lourde, emplie d’une certaine semi menace permanente, le film souffre de son manque de scénario, les personnages ne faisant qu’errer dans cet univers peu engageant et l’on assiste à de petits fragments de vie sans réels liens entre eux. Le film reste intéressant par son originalité et son caractère assez nouveau dans le cinéma chinois.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Yong Won-cho, Diao Yi-nan, Wei Wei Zhao
Voir la fiche du film et la filmographie de Yu Lik-wai sur le site IMDB.

Lire aussi: une analyse assez intéressante du film.

27 janvier 2006

Balzac et la petite tailleuse chinoise (2002) de Dai Sijie

Balzac et la petite tailleuse chinoise Elle :
Dai Sijie adapte son propre roman à l’écran et nous transporte dans un camp de rééducation chinois où deux jeunes hommes lisent en cachette des romans occidentaux interdits dans la Chine communiste. Ils tombent amoureux de la petite tailleuse que la lecture de Balzac transforme à jamais. Même si la première partie du film a un peu de mal à se mettre en place et à impliquer le spectateur, la seconde partie est nettement plus riche et émouvante. Le thème du pouvoir des livres sur le destin des êtres humains est original. La disparition sous les eaux de cette région reculée aux paysages impressionnants est également bouleversante.
Note : 4 étoiles

Lui :
C’est une histoire à la fois simple et aussi assez forte du séjour de deux jeunes chinois dans un camp de rééducation. Aucune scène spectaculaire, tape à l’oeil ou image d’Epinal : il s’agit au contraire d’un récit empreint d’une grande authenticité, racontée simplement mais joliment, une histoire assez forte et surtout touchante. Un très beau film.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Zhou Xun, Chen Kun, Liu Ye
Voir la fiche du film et la filmographie de Dai Sijie sur le site IMDB.

Voir les autres films de Dai Sijie chroniqués sur ce blog…

24 janvier 2006

Après la pluie (1999) de Takashi Koizumi

Titre original : « Ame agaru »

Après la Pluie Elle :
Dernier scénario de Kurosawa mis en scène fidèlement par son assistant réalisateur après sa mort. On se trouve plongé au XVIe siècle parmi les samouraïs, les seigneurs, les paysans dans des paysages et décors de toute beauté. C’est l’exaltation de la nature, des sens et de la sagesse. Le style est épuré et sobre. Ce samouraï qui fait l’admiration de sa femme, des pauvres gens et du seigneur du fief est très humain et manifeste une maîtrise impressionnante de son corps pour les arts martiaux. Point de violence de sa part mais une grande générosité et sagesse qu’il souhaite mettre au service des autres. Après la pluie est un film très zen…
Note : 5 étoiles

Lui :
Très beau film, héritage de Kurosawa, un film empreint d’une grande noblesse à l’image de son personnage principal, à mi-chemin entre le guerrier samouraï au sabre implacable et le bienfaiteur philosophe qui recherche la paix de son âme. Les très belles images contribuent fortement à nous envoûter. Tout le film se passe dans un univers très réduit (une auberge et un “château”) mais c’est étonnant de voir comment on peut y retrouver tant de choses, tant d’enseignements. Un film d’une grande humanité.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Akira Terao, Yoshiko Miyazaki, Shiro Mifune
Voir la fiche du film et la filmographie de Takashi Koizumi sur le site IMDB.

23 janvier 2006

Fleurs d’Equinoxe (1958) de Yasujiro Ozu

Titre original : « Higanbana »

Fleurs d'Equinoxe Elle :
Premier film couleur d’Ozu. Bien qu’il fut un célibataire endurci qui vivait chez sa mère, il traite souvent des mêmes thèmes : le mariage des enfants et leur départ de la cellule familiale, la nostalgie d’une jeunesse qui s’enfuit, la rigidité des rapports entre hommes et femmes. Dans ce film, il bouleverse les conventions en donnant le beau rôle aux femmes qui refusent de se soumettre au bon vouloir des hommes. Ces fleurs d’équinoxe sont des jeunes femmes espiègles qui veulent prendre leur indépendance et choisir elles-mêmes leur mode de vie. Comme toujours, on retrouve de très beaux cadrages très photographiques avec une caméra fixe et basse, de nombreux rectangles dans les décors comme si cette société japonaise des années cinquante était prisonnière de codes sociaux inflexibles.
Note : 4 étoiles

Lui :
Si ce film Ozu conserve intact tout son charme plastique et photographique, je dois avouer avoir pris moins de plaisir à le revoir. Cette histoire de père qui a tant de mal à accepter le mariage de sa fille est assez monolithique (un peu à l’image du personnage du père) et finalement assez longue. Il reste tout de même tout l’art de la mise en scène d’Ozu, et la qualité de ces longs plans fixes et de ces merveilleux cadrages.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Shin Saburi, Kinuyo Tanaka, Ineko Arima
Voir la fiche du film et la filmographie de Yasujiro Ozu sur le site IMDB.

Voir les autres films de Yasujiro Ozu chroniqués sur ce blog…

Lire aussi nos commentaires sur une nouvelle vision de Fleurs d’équinoxe quelques années plus tard…

 

12 janvier 2006

Beijing bicycle (2001) de Wang Xiaoshuai

Titre original : « Shiqi sui de dan che »

Beijing bicycle Elle :
Film chinois contemporain qui nous propose un regard intéressant et interrogateur sur la société chinoise à Pékin. On se sent plein de curiosité pour cette ville en activité. Le réalisateur filme les mutations à l’occidentale, la rigidité des codes, l’écart de niveau de vie entre les plus aisés et les pauvres. Le vélo y est roi et représente un trésor inestimable pour les plus mal lotis. C’est le cas pour ce jeune chinois qui se le fait voler et cherche à le récupérer à tout prix. On assiste à ses recherches, ses confrontations houleuses avec son patron et ses clients, ses combats de rue avec d’autres adolescents. Ce périple urbain qui donne l’occasion de nous plonger au coeur de cette société en mutation est malgré tout un peu lent. Il y a peu de dialogues. Le réalisateur mise sur les silences, les regards, les cadrages fixes pour faire comprendre la situation.
Note : 3 étoiles

Lui :
Si on suit avec grand intérêt le début du film qui nous plonge dans l’univers d’une grande ville chinoise, le scénario s’enlise hélas un peu ensuite, avec des histoires de règlements de compte assez extravagants. C’est d’autant plus dommage que de nombreuses facettes du scénario sont laissées à l’abandon et le réalisateur reste sur l’obstination de son héros. On sent qu’il y aurait pu avoir là un très beau film.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Lin Cui, Li Bin, Zhou Xun
Voir la fiche du film et la filmographie de Wang Xiaoshuai sur le site IMDB.