12 janvier 2006

Beijing bicycle (2001) de Wang Xiaoshuai

Titre original : « Shiqi sui de dan che »

Beijing bicycle Elle :
Film chinois contemporain qui nous propose un regard intéressant et interrogateur sur la société chinoise à Pékin. On se sent plein de curiosité pour cette ville en activité. Le réalisateur filme les mutations à l’occidentale, la rigidité des codes, l’écart de niveau de vie entre les plus aisés et les pauvres. Le vélo y est roi et représente un trésor inestimable pour les plus mal lotis. C’est le cas pour ce jeune chinois qui se le fait voler et cherche à le récupérer à tout prix. On assiste à ses recherches, ses confrontations houleuses avec son patron et ses clients, ses combats de rue avec d’autres adolescents. Ce périple urbain qui donne l’occasion de nous plonger au coeur de cette société en mutation est malgré tout un peu lent. Il y a peu de dialogues. Le réalisateur mise sur les silences, les regards, les cadrages fixes pour faire comprendre la situation.
Note : 3 étoiles

Lui :
Si on suit avec grand intérêt le début du film qui nous plonge dans l’univers d’une grande ville chinoise, le scénario s’enlise hélas un peu ensuite, avec des histoires de règlements de compte assez extravagants. C’est d’autant plus dommage que de nombreuses facettes du scénario sont laissées à l’abandon et le réalisateur reste sur l’obstination de son héros. On sent qu’il y aurait pu avoir là un très beau film.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Lin Cui, Li Bin, Zhou Xun
Voir la fiche du film et la filmographie de Wang Xiaoshuai sur le site IMDB.

11 janvier 2006

Nos années sauvages (1991) de Wong Kar-wai

Titre original : « A fei jing juen »

Nos Années Sauvages Elle :
C’est par une mise en scène brillante que Wong Kar-wai porte son regard sur une jeunesse désoeuvrée, sans but et sans amour. Le jeune Yuddy passe d’une femme à l’autre après avoir assouvi ses désirs et rêve de retrouver la mère qu’il n’a jamais connue. Ses proies dont l’une est interprétée par la belle Maggie Cheung préfèreraient le mariage. Ces personnages se font face sans jamais se comprendre et expriment leurs frustrations dans la torpeur de petits appartements vétustes, dans les couloirs et passages sombres ou sous la pluie de la mousson. Les éclairages de mi-obscurité sont superbes; la caméra est fluide et donne l’impression de voler. Elle frôle des visages pour mieux exprimer les tourments qui les animent. Le montage subtil est rythmé par des accélérations, des gros plans. C’est du grand cinéma malgré parfois l’impression d’attendre on ne sait quoi.
Note : 4 étoiles

Lui :
Ce film est à la fois une chronique de fin d’adolescence, sur la difficulté de passer à l’âge adulte (ce qui lui a valu d’être parfois surnommé La Fureur de Vivre asiatique) mais aussi et surtout sur les difficultés de communication : les personnages se croisent sans se rencontrer, se cherchent sans se trouver, questionnent sans obtenir de réponse. Wong Kar-wai a su créer un climat qui se révèle épais sans être lourd, noir sans être sombre, grâce à une mise en scène assez délicate. Au désoeuvrement de ses personnages, il oppose une caméra mobile et douce qui semble parfois effleurer les corps. Très belle photographie, avec un jeu sur les éclairages et des clairs-obscurs que l’on aurait cru réservés au noir et blanc.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Leslie Cheung, Maggie Cheung, Andy Lau
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5 décembre 2005

L’ île (2000) de Kim Ki-duk

Titre original : « Seom »

L' île Elle :
Un grand lac immobile parsemé de petites cabanes de pêche colorées. C’est en barque qu’une jeune femme muette alimente en victuailles et en amour ces pêcheurs esseulés. Elle se fait maltraiter par les hommes et veut se venger. C’est peu à peu que ce cadre de rêve se transforme en cauchemar quasi insoutenable. Kim Ki-duk met en parallèle la chair ensanglantée des poissons avec les plaies humaines, les hameçons de pêche qui attrapent les poissons mais torturent aussi les humains qui les ingèrent. L’atmosphère est très glauque, sanglante presque malsaine ; certaines scènes sont très difficiles à regarder. On est bien loin de la poésie de Printemps, été, automne, hiver… et printemps que j’ai de loin préféré.
Note : 2 étoiles

Lui :
Dès le début, le film paraît original et séduit par sa forme : Kim Ki-duk a réussi à créer un huis clos en plein air et la quasi absence de paroles (l’héroïne est muette) lui donne une couleur très particulière. En revanche, plus le film avance et plus le malaise grandit et aboutit presque sur un rejet tant le cinéaste joue sur le parallèle entre la dureté des sentiments et la meurtrissure des chairs… Les scènes sont crues, par moments assez insoutenables. On peut reprocher au film de n’aboutir sur pas grand-chose et d’être plus à considérer comme un exercice de style.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Jung Suh, Yoosuk Kim
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31 octobre 2005

Ivre de femmes et de peinture (2002) d’ Im Kwon-Taek

Titre original : « Chihwaseon »

Ivre de femmes et de peinture Elle :
Très beau film sur la signification de l’Art au sein de la société coréenne du XIXe siècle. Les images sont aussi belles que les peintures que réalise cet artiste talentueux dont on suit le parcours chaotique depuis l’enfance jusqu’à la mort. Les paysages ressemblent à ceux que réalise le peintre. Par son art, il apporte du bonheur aux gens qui l’entourent mais en même temps il doit résister aux pressions pour trouver sa voie artistique, peindre ce qu’il aime, ne pas céder aux codes stéréotypés de la peinture coréenne classique et atteindre l’éternité et l’universel. Ce génie de la peinture ne doit plus se contenter de copier les maîtres mais doit faire émerger l’énergie créatrice qui l’anime et le singularise. L’alcool et les femmes accompagnent son cheminement intérieur. Avec Ivre de femmes et de peinture, on est transporté dans une autre dimension imaginaire bien loin du monde réel et de ses normes.
Note : 5 étoiles

Lui :
Très beau film, qui nous plonge dans la vie d’un peintre à la vie un peu nébuleuse de la fin du XIXe siècle en Corée. On semble toucher sa quête permanente de l’absolu grace à une mise en scène assez gracieuse et aérienne, tout en petites touches. La beauté de sa peinture, sa pureté et sa grande expressivité ne sont bien sûr pas étrangères à la faculté d’envoûtement du film.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Choi Min-Sik, Ahn Sung-Ki, Yu Ho-Jeong, Kim Yeo-Jin
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26 octobre 2005

Returner (2003) de Takashi Yamazaki

Titre original : « Ritaanaa »

Returner Elle :
(pas vu)
Lui :
Le scénario de ce film japonais ne cherche pas à cacher ses inpirations, on peut citer Terminator, E.T., Matrix et d’autres… C’est indéniable qu’il pêche par son manque de développement, la part dévolue aux “scènes d’action” étant hélas assez importante. Le film se laisse néanmoins regarder sans déplaisir, il a même un petit côté authentique : Le même film tourné par Hollywood utiliserait la grosse cavalerie, alors que le réalisateur japonais Yamazaki parvient à garder une certaine simplicité, voire même une certaine fraîcheur. Les effets spéciaux sont plutôt convaincants et bien utilisés, sans excès. Oui, il est dommage que le scénario ne soit pas plus fourni.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Takeshi Kaneshiro, Anne Suzuki
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12 juillet 2005

Les Sept Samouraïs (1954) de Akira Kurosawa

Titre original : « Shichinin no samurai »

Shichinin no samuraiElle :
Ce film mythique, vu ici dans sa version intégrale de 3h20, illustre la venue de sept samouraïs venus défendre un village de paysans pauvres dans le japon du 16ème siècle. Kurosawa fait une mise en scène somptueuse aux multiples facettes et bourrée de symboles chers à la philosophie japonaise. Il utilise les symboles de la pluie, de la terre, du feu pour mettre en avant les thèmes de la fertilité, la sexualité, la violence qui animent ses personnages. Il met en constante opposition le monde paysan synonyme de vie et celui des guerriers symbole de mort même si temporairement ils parviennent à communier. Les batailles et combats sont filmées avec audace en utilisant des ralentis novateurs pour l’époque. Et surtout, il parvient à nous tenir en haleine pendant ces trois heures grâce à ses personnages attachants et cocasses tel le samouraï fantasque.
Note : 5 étoiles

Les Sept Samouraïs Lui :
Vu dans sa version intégrale, Les sept samouraïs prend une tout autre dimension, mettant en avant plus le monde paysan que les samouraïs eux-mêmes et la stratégie qu’ils mettent en oeuvre. On peut ainsi se rendre compte à quel point la version courte de 2h10 était réductrice, trop centrée sur les scènes d’actions. La version complète semble mieux équilibrée, plus entière et complète dans les thèmes abordés. Le film est toujours aussi puissant, avec des plans fortement symboliques, hautement lyriques. Kurosawa montre une grande précision dans la mise en scène, une mise en scène qui servira de source d’inspiration à de nombreux metteurs en scène. « Film éternel » par excellence, le temps ne semble pas avoir de prise sur Les Sept Samouraïs.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Toshirô Mifune, Takashi Shimura, Yoshio Inaba, Seiji Miyaguchi
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3 juin 2005

La ballade de Narayama (1983) de Shohei Imamura

Titre original : « Narayama bushiko »

La ballade de Narayama Elle :
Un petit village miséreux au coeur de la montagne, ses habitants aux croyances et aux mœurs primitives, une vieille femme de 70 ans qui veut se faire conduire en haut de la montagne de Narayama pour y mourir et laisser la place au bébé qui va naître. Imamura met en scène les cycles de la vie : la naissance, l’amour, le sexe, la quête de nourriture, la maladie, la vieillesse et la mort. Il fait le parallèle en montrant les animaux dans les divers stades de l’existence. La nature accompagne le parcours des hommes. Cette vieille femme animée d’une grande force intérieure sacrifie sa vie pour que les plus jeunes puissent survivre. C’est un film assez dur avec quelques scènes un peu longues toutefois. La scène finale est si macabre et glaçante qu’on a hâte d’en finir.
Note : 3 étoiles

Lui :
Palme d’Or à Cannes en 1983, La Ballade de Narayama est en fait un remake car Keisuke Kinoshita avait déjà adapté ce livre en 1958. C’est une chronique rurale et historique qui décrit la vie et le fonctionnement social d’un village de quelques maisons isolées dans la montagne. Imamura parvient parfaitement à transcrire par ses images les sentiments de base, à l’état brut, qui régissent leurs vies. Tout est orienté vers la survie et surtout le maintien de la cellule familiale ou du groupe. Les règles sont acceptées par les personnages, même si une certaine humanité en eux les pousserait parfois à les remettre en cause. Les images (en noir et blanc) ont une beauté brute et une puissance peu commune.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Ken Ogata, Sumiko Sakamoto, Aki Takejo
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30 mai 2005

La Femme est l’avenir de l’homme (2004) de Hong Sangsoo

Titre original : « Yeojaneun namjaui miraeda »

La Femme est l’avenir de l’homme Elle :
Cette vision désenchantée de la jeunesse coréenne met en scène deux jeunes intellectuels désoeuvrés qui se raccrochent aux souvenirs d’une jeune femme. C’est une vision assez sombre de la jeunesse. Les années ont passé, les corps se sont alourdis, les rêves se sont enfuis. Restent le sexe mécaniquement consommé et l’alcool. Ils vivent au présent et sans projet d’avenir. Le réalisateur imbrique les allers et retours dans le temps et crée une atmosphère un peu pesante. On assiste avec un peu d’ennui à la décomposition des relations entre les membres de ce trio. No future.
Note : 3 étoiles

Lui :
La femme est l’avenir de l’homme : Deux amis se retrouvent et vont rendre visite à une jeune femme dont ils étaient tous deux amoureux. Ce scénario, Hong Sangsoo choisit de le traiter uniquement sous l’angle du rendez-vous manqué : ces deux garçons semblent avoir raté leur vie qui est devenue parfaitement vide et sans intérêt malgré les apparences (ils font tous deux un travail plutôt intéressant à priori). Le film ne regarde que vers le passé, on vivote dans le présent et l’avenir n’est pas à l’ordre du jour. Le problème est que cette vacuité, ce désenchantement se ressent un peu trop en tant que spectateur, il n’y a franchement pas d’élément auquel se raccrocher. Le seul personnage un tant soit peu positif (la jeune femme) est en fait peu développé.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Yu Ji-tae, Tae-woo Kim, Hyeon-a Seong
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22 mai 2005

« Eureka » (2000) de Shinji Aoyama

EurekaElle :
Cette longue errance de 3h 30 nous entraîne aux côtés de trois survivants d’une prise d’otage sanglante dans un bus. Un frère et sa jeune sœur sont pris sous la protection du chauffeur de ce bus. Cet évènement dramatique marque à jamais leur existence sous le sceau de la malédiction. Les enfants devenus autistes et le chauffeur malade et dépressif ne parviennent pas à sortir de leur traumatisme. Le réalisateur travaille beaucoup ses images et l’environnement sonore pour provoquer l’émotion. Il utilise des palettes noir et banc, sépia avec de subtils passages à la couleur quand l’espoir renaît. Les panoramiques offrent de beaux cadrages et éclairages. Les paysages encombrés de pylônes, de poteaux, de verticales accentuent l’effet d’emprisonnement. Les dialogues peu nombreux, le son ambiant ponctué parfois de musique répétitive contribuent à restituer cette ambiance de désolation et de solitude. Ce voyage intérieur immobile au début puis itinérant ensuite mérite le détour malgré quelques petites longueurs.
Note : 4 étoiles

Lui :
EurekaC’est le récit d’une lente reconstruction de trois personnages qui ont subi un véritable cataclysme dans leur vie, le genre de catastrophe qui balaie tout sur son passage et bouleverse à jamais la personnalité. Shinji Aoyama adopte un rythme très lent à l’image des évolutions de ses personnages. Jouant habilement avec le noir et blanc (ou sépia) et avec des images très composées, il parvient à traduire par une beauté assez crue le dénuement intérieur de ses personnages et une grande mélancolie. Même si le propos est au fond assez sombre (tendant à démontrer que l’on recommence avec les mêmes schémas), il n’est jamais franchement négatif ou désespéré. Un très beau film.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Kôji Yakusho, Aoi Miyazaki, Masaru Miyazaki, Yoichiro Saito
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4 mai 2005

Printemps, été, automne, hiver… et printemps (2003) de Kim Ki-duk

Titre original : « Bom yeoreum gaeul gyeoul geurigo bom »

Printemps, été, automne, hiver... et printemps Elle :
Voici un film coréen d’une grande poésie et d’une étonnante beauté. Les cinq saisons du titre correspondent aux cinq étapes de la vie d’un moine vivant à l’écart du monde dans une drôle de maison qui flotte sur un lac entouré de montagnes boisées. Il vit là en compagnie de son vieux maître à penser. Kim Ki-duk filme la cruauté de l’enfance, le premier éblouissement amoureux, la colère de l’adulte trompé, les réprimandes plus ou moins sévères du vieux sage. Avec peu de dialogues, il parvient à exprimer les sentiments et émotions qui habitent ces personnages. Il filme en gros plan leurs animaux familiers (chat, poisson, coq, tortue, poisson), Il fait tout un travail autour du thème de l’eau, alterne son récit de sons de la forêt et d’une musique délicate. Les images sont insolites et envoûtantes telles cette maison qui donne l’impression de flotter au-dessus de l’eau, ce paysage magnifique qui évolue au cours des saisons, cette barque qui dérive, cette brume qui enveloppe les scènes. Printemps, été, automne, hiver… une atmosphère très zen et paisible pour retrouver la sérénité.
Note : 5 étoiles

Lui :
Le réalisateur coréen Kim Ki-duk nous propose ici de partager 5 moments importants de la vie du disciple d’un religieux bouddhiste, dans un mini temple perdu, hors du monde et du temps. C’est justement sa confrontation avec le monde extérieur qui sera délicate, voire douloureuse et il devra dominer et dompter ses sentiments. Malgré le sujet traité, le film ne semble aucunement lent, le réalisateur parvenant à nous immerger totalement dans ce monde de simplicité et de dénuement, nous faisant partager l’émotion ressentie à la contemplation de cette nature qui les entoure. Les images de Printemps, été, automne, hiver sont souvent magnifiques et même surprenantes. Un film empreint de calme et qui apporte un certain regard sur quelques sentiments simples.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Kim Ki-duk, Oh Yeong-su, Seo Jae-kyeong, Ha Yeo-jin
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