28 octobre 2006

Les forbans de la nuit (1950) de Jules Dassin

Titre original : « Night and the city »

Les forbans de la nuitElle :
Revoir ce film noir mythique m’a plutôt déçu car le scénario sur les rivalités entre clubs de boxe ne m’a pas beaucoup intéressée. Certes, Richard Widmark interprète admirablement cet homme cynique constamment sur le film du rasoir. L’image, l’éclairage et les cadrages inquiétants sont également particulièrement réussis et beaux. La fuite éperdue et vaine de Richard Widmark est filmée de façon magistrale sur un fond musical jazz presque moderne.
Note : 2 étoiles

Lui :
Considéré à juste titre comme un classique du film noir, Night and the City a conservé tout son attrait après 50 ans. Jules Dassin filme merveilleusement le Londres de la nuit avec ses clubs un peu louches. La photographie est superbe. Malgré tous ses défauts (menteur, tricheur, voleur, etc…), son héros parvient à attirer notre sympathie : obnubilé par son idée de la réussite, il ne sait que plonger dans des mauvais plans, prêt à toutes les bassesses. Widmark interprète à merveille ce personnage en intensifiant son côté anxieux. Gene Tierney n’a qu’un tout petit rôle, presque anecdotique. Certes, la fin est un peu longue mais Les Forbans de la Nuit reste parmi les plus remarquables du genre.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Richard Widmark, Googie Withers, Gene Tierney, Hugh Marlowe, Francis L. Sullivan
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12 octobre 2006

« La fille de Ryan » (1970) de David Lean

Titre original : « Ryan’s daughter »

Ryan's daughterElle :
Beau film de 3h sur fond de mer déchaînée dans un petit village irlandais apparemment tranquille. La fille de Ryan, un patron du bar qui traite avec les révolutionnaires irlandais, sème la zizanie en trompant son mari avec un jeune commandant anglais. Le village se ligue contre elle et la répudie. David Lean prend plaisir à mettre en scène les immenses plages irlandaises ainsi que la nature dans tous ses états. Un pur régal visuel et une vision très photographique. Certes, le film est peu long mais c’est pour mieux pénétrer l’atmosphère désolée et pesante des lieux, les longs silences des amants maudits, les mensonges du père, le déchaînement d’une foule en colère. Robert Mitchum en mari maussade, Trevor Howard en curé infatigable et John Mills en quasimodo irlandais sont excellents.
Note : 5 étoiles

Lui :
Le film n’est pas sans charmes mais ses deux défauts principaux en limitent la portée: le scénario est assez conventionnel et prévisible, et le film est terriblement long. David Lean sait néanmoins créer un spectacle en utilisant parfaitement la nature irlandaise pour nous offrir de superbes images. La scène de la tempête est très impressionnante. En revanche, il est dommage que le contexte historique ne soit ici qu’anecdotique (alors qu’il avait une force terrible dans Dr Jivago par exemple) et il ne reste qu’une histoire d’amourette qui ne parvient pas vraiment à nous émouvoir.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Robert Mitchum, Trevor Howard, John Mills, Sarah Miles
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8 octobre 2006

« High fidelity » (2000) de Stephen Frears

High fidelityElle :
Ce film, adapté d’un roman de Nick Hornby, ne m’a que moyennement plu. La forme du film est plus originale et intéressante que le fond. John Cusack, reconverti en disquaire et collectionneur de disques averti, nous narre en aparté tous ses déboires amoureux sous forme de Top Five. Toute sa vie professionnelle et privée tourne autour du monde des disques. Cette façon intimiste et humoristique de nous associer à son histoire est sympathique. Néanmoins, l’énumération de ses liaisons qui tournent court finit par lasser et nous laisser de marbre. Bonne prestation de John Cusack.
Note : 3 étoiles

Lui :
Le film est un peu déroutant au premier abord, mais petit à petit on se laisse gagner par le charme. L’histoire est des plus banales mais c’est le traitement, l’ambiance, le style de Stephen Frears qui nous remplit d’aise. Un style très original. Il parvient à créer une forte connivence entre le spectateur et son personnage principal, et nous fait partager son petit monde de collectionneur de disques… et les « Top 5 » qu’il fait pour tout, y compris pour ses sentiments ! Il y a beaucoup d’humour dans ce film.
Note : 5 étoiles

Acteurs: John Cusack, Iben Hjejle, Todd Louiso, Jack Black, Catherine Zeta-Jones
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4 octobre 2006

« Il suffit d’une nuit » (2000) de Philip Haas

Titre original : « Up at the Villa »

Il suffit d’une nuitElle :
Très beau film sur les hésitations et faux-pas d’une jolie veuve face au choix de vie qu’elle doit faire. Kristin Scott Thomas incarne avec beaucoup de sensibilité le portrait de cette femme généreuse qui doute. Cette adaptation d’un roman de Somerset Maugham se passe dans les merveilleux paysages et châteaux de la Toscane qui finissent par devenir hostiles comme la période de la montée du fascisme en Italie qui est décrite.
Note : 5 étoiles

Lui :
Très beau film qui, toutefois, doit une grande partie de sa réussite au talent de Kristin Scott Thomas : remarquable actrice, elle parvient à exprimer une multitude de sentiments tout en restant très sobre dans son jeu. Sans elle, cette histoire de femme à la veille d’un mariage sans amour aurait pu paraître terne et convenue. La mise en scène met l’accent sur la richesse des décors florentins.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Kristin Scott Thomas, Sean Penn, Anne Bancroft, James Fox, Jeremy Davies
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1 octobre 2006

« Fantôme à vendre » (1935) de René Clair

Titre original : « The ghost goes west »

Fantôme à vendre Elle :
Un château écossais vendu à un américain avec un fantôme en prime. Personnellement, cette comédie ne m’a pas beaucoup passionnée. Le film a pas mal vieilli.
Note : 2 étoiles

Lui :
Fantôme à vendre Amusante comédie anglaise de Réné Clair basée sur une histoire de château hanté écossais, démonté puis reconstruit aux Etats-Unis. La mise en place est un peu longue mais l’humour fonctionne encore parfaitement. La satire des américains est sans doute un peu caricaturale mais amusante et quelques scènes sont vraiment mémorables. Un film dans le meilleur style des comédies des années 30.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Robert Donat,Jean Parker, Eugene Pallette, Elsa Lanchester
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17 septembre 2006

Chez les heureux du monde (2000) de Terence Davies

Titre original : « The House of Mirth »

Chez les heureux du monde
Elle :
Ce film adapté d’un roman d’Edith Wharton dresse un portrait sans complaisance de la haute société new-yorkaise obnubilée par le pouvoir et l’argent au début du XXe siècle. Lily, une jeune femme admise au sein de cette élite de par sa tante qui l’a recueillie, finit par se faire une réputation sulfureuse de par ses maladresses et sa naïveté. Elle se fait rejeter de ce cercle oisif, avide de ragots et de manigances et se voit obligée de travailler ce qui est impensable à l’époque pour une personne de son rang. Malgré certaines longueurs, le film se laisse déguster surtout quand on voit le grand décalage qui pouvait exister entre les riches et les classes laborieuses.
Note : 4 étoiles

Lui :
Chez les heureux du monde Après une mise en place un peu confuse, le film fonctionne bien dans un premier temps, notamment grâce à la qualité de la reconstitution historique, assez minutieuse. Ensuite, hélas, ces histoires de haute bourgeoisie new-yorkaise du début du XXe siècle deviennent un peu lassantes. De plus, le choix des acteurs n’est pas très réussi : Gillian Anderson n’est absolument pas convaincante et Dan Aykroyd ne semble pas à sa place. Tout ceci fait que l’on a bien du mal à éprouver un tant soit peu de compassion pour cette jeune femme, Lily, qui a bien du mal à trouver sa place dans cette société engoncée dans ses principes.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Gillian Anderson, Dan Aykroyd, Eleanor Bron, Terry Kinney
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8 septembre 2006

« Bread and Roses » (2000) de Ken Loach

Bread and rosesElle :
Très belle leçon de dignité de la part de ces employés immigrés qui font le ménage dans les immeubles les plus luxueux de Los Angeles. Ken Loach nous emmène avec beaucoup de naturel au coeur du combat de ces salariés exploités. On assiste, comme si on était à leurs côtés, à leur lente prise de conscience que leurs droits sont bafoués. C’est Maya, une jeune mexicaine et un jeune syndicaliste qui mènent cette rude bataille. Elle est émaillée des trahisons d’une soeur elle-même exploitée par sa famille, des angoisses et humiliations des vieilles femmes qui craignent le licenciement, des rêves universitaires d’un collègue qui veut s’en sortir. Les acteurs sont très touchants et authentiques.
Note : 5 étoiles

Lui :
C’est un film assez touchant sur une lutte syndicale de mexicains clandestins aux Etats-Unis. Ken Loach a su trouver la bonne approche pour faire un film émotionnellement fort, évitant ainsi l’âpreté de certains de ses films, et parvient à nous passionner. La mise en scène est très enlevée et brillante. Un beau film humaniste.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Pilar Padilla, Adrien Brody, Elpidia Carrillo, Jack McGee
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5 septembre 2006

« Kingdom of Heaven » (2005) de Ridley Scott

Kingdom of HeavenElle :
(pas vu)

Lui :
L’action de « Kingdom of Heaven » se situe aux alentours de la seconde croisade (XIIe siècle). Le sujet peut être assez explosif… Pour éviter de donner une couleur politique à son film, Ridley Scott a empâté son scénario d’un humanisme qui semble déborder de partout. Ses personnages semblent se livrer à un concours d’altruisme. C’est l’Histoire revue par Hollywood : un beau héro au grand cœur, des scènes épiques, de grands moments de bravoure et une bonne dose d’humanisme. Le scénario se déroule sans surprise et l’ennui n’est pas loin. Mais c’est sans compter l’efficacité d’une machine bien rodée, surtout entre les mains d’un Ridley Scott : les scènes de bataille sont massives et assez impressionnantes, privilégiant les scènes larges, sans abuser des gros plans faciles. Les scènes du siège de Jérusalem sont particulièrement remarquables. Judicieusement, la production (anglaise) a su éviter les acteurs trop connus et les choix faciles pour aller puiser dans le formidable creuset anglais.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Orlando Bloom, Liam Neeson, Jeremy Irons, Eva Green
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29 août 2006

« Les Larmes d’un homme » (2000) de Sally Potter

Titre original : « The man who cried »

The Man Who CriedElle :
Sur fond de nazisme et de discrimination juive, une jeune russe émigre en Europe et rêve de retrouver son père juif en Amérique. Malgré ce thème pourtant fort, Sally Potter ne parvient pas à nous attacher à ses personnages et préfère faire du remplissage lyrique avec des scènes esthétisantes et artificielles sur fond de musique d’opéra.
Note : 2 étoiles

Lui :
On sent que la réalisatrice a recherché le côté purement esthétique, le spectacle un peu facile. Le scénario est très mince et le film est bourré d’images superficielles et surtout d’images d’Epinal : les français portent un bérêt (c’est pratique pour les reconnaître), les gitans font du cheval et de la musique, les italiens chantent de l’opéra… et les russes émigrent.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Christina Ricci, Cate Blanchett, Johnny Depp, Harry Dean Stanton, John Turturro
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13 août 2006

« Rome » (2005) série

Créateurs : John Milius, William J. MacDonald et Bruno Heller

RomeElle :
(pas vu)

Lui :
Certes, « Rome » est une série TV… mais une série de TV d’une rare ampleur. Il s’agit ni plus ni moins de relater la naissance de l’Empire romain, plus exactement les 5 années où Jules César, de retour de Gaule, va s’opposer à Pompée avant de se nommer dictateur. Le résultat est une grande réussite, remarquable d’authenticité et, qui plus est, assez fidèle à l’Histoire.

Rarement Rome n’a été ainsi recréé avec tant de minutie, non pas simplement le Forum mais aussi Rome dans sa vie quotidienne, celle du peuple, de la plèbe. L’originalité des créateurs de la série a été en effet de faire vivre tous ces évènements en suivant deux plébéiens, deux ex-légionnaires aux caractères fort différents. Cette approche est certainement l’un des éléments de la réussite de cette série.

L’équilibre est lui aussi remarquable, tous les ingrédients sont bien dosés et bien utilisés. Il s’agit d’une production américaine (HBO) mais la réalisation est anglaise et le résultat montre plus de subtilités qu’attendu, sans surenchère d’effets malgré le budget colossal. On peut se demander si Hollywood serait capable de tourner Rome avec tant de vérité… Tout a été tourné en Italie, à Cinecittà. L’absence d’acteurs trop connus accroît encore l’impression d’authenticité. S’ils ne sont pas connus, les acteurs choisis n’en sont pas moins remarquables de justesse dans leur jeu (du moins en version originale).

Cette série de 12 épisodes de 50 minutes est particulièrement prenante, c’est un réel plaisir de s’immerger totalement dans son univers. Elle comporte bien quelques moments plus faibles, mais ils sont relativement rares. Une grande réussite.
Note : 5 étoiles

Réalisateurs : Michael Apted, Julian Farino, Allen Coulter, Alan Poul, Tim Van Patten, Steve Shill, Jeremy Podeswa, Alan Taylor, Michael Salomon

Acteurs: Kevin McKidd, Ray Stevenson, Polly Walker, Ciarán Hinds, Kenneth Cranham, Lindsay Duncan, Tobias Menzies, Indira Varma

Notes :
1. « Rome » ayant rencontré un vif succès, une seconde saison est en préparation. Elle couvrira certainement la période assez agitée qui suivit l’assassinat de César.
2. Le personnage d’Atia of the Julii (délicieusement intrigante et vénéneuse, formidablement interprétée par Polly Walker) est probablement le personnage le plus éloigné de la vérité. Atia Balba Caesonia n’avait rien d’une femme fatale…
3. Titus Pullo et Lucius Vorenus sont réellement cités par César dans la Guerre des Gaules : deux centurions qui rivalisaient de bravoure.

Liens :
Jules César sur Wikipedia
Rome sur Wikipedia (en anglais)
Rome sur le site d’HBO (en anglais)