2 juin 2010

La rivière rouge (1948) de Howard Hawks

Titre original : « Red River »

La rivière rougeLui :
Ce premier western d’Howard Hawks est basé sur un fait historique : le premier convoyage d’un gigantesque troupeau depuis le Texas jusqu’au Kansas. C’est l’ouverture en 1867 de la piste appelée « Chisholm Trail » qui eut des conséquences économiques importantes en ce lendemain de Guerre Civile : invendable au Texas, le bétail manquait plus au nord. La Rivière Rouge est l’un des premiers westerns qui introduit une bonne dose de psychologie dans son récit. Il y a d’abord ce personnage autoritaire et borné, admirablement personnifié par un John Wayne qui lui donne une vraie dimension (1), les relations d’amour/haine/compétition qu’il entretient avec son fils adoptif (Montgomery Clift dont c’est ici le premier film)(2), ou encore les diverses allusions symboliques. Le western acquiert ainsi une autre dimension. Il faut aussi souligner la très belle photographie de Russell Harlan, en noir et blanc, avec de nombreuses scènes de nuit. Après une sortie retardée (3), La Rivière Rouge fut un beau succès commercial. Il apparaît de façon indéniable comme l’un des westerns majeurs.
Note : 4 étoiles

Acteurs: John Wayne, Montgomery Clift, Joanne Dru, Walter Brennan, John Ireland
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Remarques :
(1) John Ford après avoir vu le film aurait dit à propos de John Wayne : « Je n’aurais jamais cru que ce grand con pouvait vraiment jouer » (« I didn’t know the big son of a bitch could act! »)
(2) On peut penser que la tension entre John Wayne et Montgomery Clift a probablement servi le film car, comme dans le film, tout les oppose dans la vraie vie, que ce soit sur le plan politique ou personnel. John Wayne n’appréciait guère l’homosexualité de Montgomery Clift et aurait même tenté de le faire renvoyer.
(3) Le film fut tourné en 1946 mais ne sortit qu’en 1948.

31 mai 2010

Une idylle aux champs (1919) de Charles Chaplin

Titre original : « Sunnyside »

Une idylle aux champsLui :
(Court-métrage muet de 30 minutes) Avant dernier court-métrage de Chaplin, Sunnyside semble se placer à contre-temps dans sa filmographie, rappelant par certains côtés les films qu’il faisait chez Essanay quatre ans plus tôt. Chaplin délaisse le personnage du vagabond pour mettre en scène un garçon de ferme qui travaille en outre dans l’hôtel/épicerie du village et qui trouve néanmoins le temps pour aller conter fleurette à la voisine. L’humour est plus classiquement « slapstick » Sunnyside (le nombre de coups de pied aux fesses est d’ailleurs impressionnant) ce que ne l’empêche pas d’être très réussi par moments (comme par exemple, la scène du lever matinal, le petit déjeuner où il pose directement la poule sur la poêle pour qu’elle ponde, les scènes dans le hall de hôtel où il lave par terre entre les jambes des clients, etc…). L’ensemble est plaisant mais tout de même inégal, avec d’excellents passages alors que d’autres scènes paraissent bien inutiles : la scène avec les jeunes nymphes paraît aujourd’hui particulièrement superflue, Chaplin essayant bien maladroitement d’introduire une note de poésie qui est bien trop appuyée. Chaplin a eu beaucoup de mal à monter l’ensemble et cela se sent sur le résultat qui paraît assez décousu.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Charles Chaplin, Edna Purviance, Tom Wilson, Henry Bergman
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Remarques :
Sunnyside serait le premier film où Charles Chaplin a composé lui-même la musique.

30 mai 2010

Quoi de neuf, Pussycat? (1965) de Clive Donner

Titre original : « What’s New Pussycat »

Quoi de neuf, Pussycat?Lui :
Un jeune don juan fait tout pour être fidèle à sa fiancée mais toutes les femmes qu’il rencontre s’obstinent à tomber amoureuses de lui… Une aubaine pour le psychiatre farfelu et obsédé qu’il consulte. Quoi de neuf Pussycat? reste dans les annales comme étant le premier film de Woody Allen scénariste et Woody Allen acteur. Si ce dernier a des mots très durs sur ce film, le décrivant comme un massacre de son scénario par les producteurs, le résultat reste très amusant et assez délirant. Situations improbables et bons mots s’enchainent à bon rythme et Peter O’Toole occupe très bien le rôle central de cette histoire passablement mouvementée. Quoi de neuf, Pussycat? Peter Sellers, attifé d’une perruque dans le pur style médiéval, s’en donne à cœur joie dans son rôle de psychiatre obsédé par les femmes. Quoi de neuf Pussycat? fut un gros succès populaire mais fut boudé par la critique de l’époque qui se plaisait à dire que le meilleur du film était le générique… Avec le recul, ce jugement paraît pour le moins assez sévère. Le film fait toujours passer un bon moment, un délire visuel et verbal où l’on sent bien la patte de l’humour de Woody Allen qui montrait à cette époque une forte influence des Marx Brothers.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Peter Sellers, Peter O’Toole, Romy Schneider, Capucine, Paula Prentiss, Woody Allen, Ursula Andress
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Remarques :
1) Au départ, le film devait une gentille comédie basée sur Warren Beatty qui allait tenir le rôle principal. « What’s new Pussycat ? » était d’ailleurs une phrase que Warren Beatty, connu pour ses nombreuses conquêtes féminines, utilisait fréquemment dans la vraie vie. Le scénario tournant au burlesque à ses dépends, Warren Beatty refusa d’y participer. Ce fut le début d’une brouille durable entre Warren Beatty et Woody Allen.
2) Le film fut entièrement tourné en France.
3) Les scènes de karting furent dirigées par Richard Talmage.
4) En apparition fugitive (cameo), on notera la présence de Richard Burton (la vague connaisance croisée dans le bar) et de Françoise Hardy (la secrétaire de mairie).
5) Le film eut un (piètre) remake : Pussycat, Pussycat, I love you de Rod Amateau (1970).
6) On peut rapprocher le film de Casino Royale (1967) du même producteur Charles Feldman (voir nos commentaires sur ce film)

29 mai 2010

Mélodie pour un meurtre (1989) de Harold Becker

Titre original : « Sea of Love »

Mélodie pour un meurtreLui :
L’inspecteur new-yorkais Frank Keller enquête sur une série de meurtres où les victimes ont pour point commun d’avoir passé une petite annonce de rencontre. Il décide de passer lui-même une annonce identique pour rechercher la meurtrière. Le scénario est assez solide et se déroule parfaitement mais Mélodie pour un Meurtre vaut surtout par la belle performance d’Al Pacino en policier solitaire, alcoolique, à la fois solide et vulnérable, sûr de lui et en proie au doute. Il campe ainsi un personnage pour le moins complexe et, plus que jamais, il parvient à exprimer de multiples sentiments avec son regard dont il joue comme peu d’acteurs savent le faire. Face à lui, Ellen Barkin exprime une forte sensualité qui trouve son aboutissement dans plusieurs scènes assez torrides… L’ambiance est new-yorkaise à souhait mais surtout fortement empreinte d’une tension qui ne se relâche que rarement, souvent grâce à la bonhomie rondouillarde de John Goodman. Mélodie pour un Meurtre est un film noir qui ne manque de charme. Plutôt complexe, il nous montre Al Pacino dans l’un des se meilleurs rôles.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Al Pacino, Ellen Barkin, John Goodman, Michael Rooker
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Remarques :
Le titre original Sea of Love peut surprendre. En réalité, il reprend le titre d’un morceau de Phil Philips enregistré en 1959 qui a une place particulière dans cette histoire. Ce morceau a été repris de multiples fois, notamment par Iggy Pop, Tom Waits (sa version illustre le générique de fin) et plus récemment par Cat Power (dont la version est utilisée par le film Juno).

28 mai 2010

Lame de fond (1946) de Vincente Minnelli

Titre original : « Undercurrent »

Lame de fondLui :
Alors qu’il n’a encore tourné pratiquement que des comédies musicales, Vincente Minnelli reçoit de son producteur un scénario de drame psychologique assez puissant, basé sur une nouvelle de Thelma Strabel : La fille d’un chercheur universitaire épouse un jeune et élégant industriel célèbre. D’abord mal à l’aise dans le milieu mondain que fréquente son mari, elle se transforme pour être une épouse parfaite. Elle découvre assez rapidement des zones d’ombre dans le passé de son mari qui semblent le hanter… Si Katharine Hepburn est tout à fait dans le style de rôle qui lui va comme un gant, Robert Taylor, plus habitué aux rôles de séducteur, ne semble pas toujours parfaitement à l’aise avec les aspects noirs et inquiétants de son personnage biface. De son côté, le jeune Robert Mitchum fait une belle prestation avec une délicatesse qui ne lui est pas coutumière (très belle scène dans l’écurie). Si le film a certainement plus souffert que profité de ces décalages, on se laisse facilement captiver par cette histoire sombre et intrigante, grâce à un scénario fort et à une atmosphère prenante. Lame de fond est un film qui paraît plutôt sous-estimé. Il ne manque qu’une étincelle supplémentaire pour en faire un grand film.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Katharine Hepburn, Robert Taylor, Robert Mitchum
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Remarques :
1) Une meilleure alchimie entre les acteurs aurait certainement provoqué l’étincelle manquante. Vincente Minnelli raconte dans son autobiographie comment il était lui-même impressionné par Katharine Hepburn qui, de plus, exerçait son humour cinglant et ravageur sur tout le monde. Elle ne s’est pas du tout entendu avec Robert Mitchum (ce n’est guère gênant dans le sens où ils ont peu de scènes en commun, si ce n’est la scène finale : cette rencontre, qui devrait être poignante, est assez plate, il ne se passe rien !)
2) Robert Mitchum, qui venait d’être nominé pour l’oscar du meilleur second rôle, était à ce moment surexploité par David Selznick qui le payait une misère. Vincente Minnelli raconte dans son autobiographie qu’il tournait trois films en même temps : Undercurrent le matin, Desire Me l’après-midi et The Locket le soir…et Minnelli d’ajouter : « pas étonnant que ses yeux cernés soient devenus si célèbres! »

21 mai 2010

Le trésor de la Sierra Madre (1948) de John Huston

Titre original : « The Treasure of the Sierra Madre »

Le trésor de la Sierra MadreLui :
Adapté du livre d’un mystérieux B. Traven (1), Le Trésor de la Sierra Madre nous fait suivre un trio de chercheurs d’or dont les relations se tendent au fur et à mesure de leurs découvertes. John Houston a tenu à mettre l’accent sur le réalisme en allant tourner sur place au Mexique (2), sa réalisation est absolument parfaite. Les personnages peuvent paraître exagérément typés, surtout le rôle tenu par Bogart qui retrouve ici le jeu dur et cassant qu’il avait dans les années trente, avec des montées de férocité trop brutales. En revanche, Walter Houston, père du réalisateur, est vraiment admirable en vieux briscard, malgré son débit ultra rapide parfois à la limite du grotesque. Le Trésor de la Sierra Madre est généralement plutôt bien considéré, pourtant on peut trouver qu’il manque un peu d’intensité (3).
Note : 3 étoiles

Acteurs: Humphrey Bogart, Walter Huston, Tim Holt, Bruce Bennett
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(1) B. Traven n’a pas voulu se dévoiler pendant le tournage. John Huston raconte dans ses mémoires comment l’écrivain organisait des rendez-vous mystérieux auxquels il ne se montrait pas et comment il a fini par envoyer « son traducteur » pour travailler avec Houston. Le réalisateur a compris qu’il s’agissait de l’écrivain lui-même. La véritable identité est restée incertaine, on a cru qu’il s’agissait d’un émigré allemand, Red Marut, auteur de pamphlets anarchistes dans les années 20 mais Houston explique que rien n’est moins sûr.
(2) Le film est parfois présenté comme étant le premier film américain tourné presque entièrement en extérieurs hors du pays (Houston le présente ainsi dans ses mémoires), affirmation un peu étonnante car il semble qu’il y ait eu d’autres films américains tournés hors des USA (ne serait-ce que les derniers films de Rex Ingram dans les années 20).
(3) The Naked Spur (L’appât) d’Anthony Mann, avec lequel on peut noter certains parallèles dans la situation, est par exemple autrement plus intense.

Remarques :
L’homme en costume blanc auquel Humphrey Bogart demande une petite pièce par trois fois au début du film est John Huston lui-même.

19 mai 2010

Le massacre de Fort Apache (1948) de John Ford

Titre original : « Fort Apache »

Le massacre de Fort ApacheLui :
Premier film de la trilogie de John Ford sur la cavalerie (1), Le Massacre de Fort Apache retrace la défaite du Général Custer à Little Big Horn. John Ford s’attache à la réalité historique, du moins une version de celle-ci (2), tout au plus déplace t-il la scène un peu plus au sud en la plaçant dans le décor majestueux de Monument Valley, son décor préféré. C’est d’ailleurs la beauté des images qui frappent en premier, perfection dans le cadrage, la composition et la position de la caméra. Certains plans vous coupent le souffle par leur perfection. Cette maestria frappe d’autant plus que John Ford entrait alors dans une période où il avait atteint une simplicité qui fait fantasmer tous les réalisateurs depuis 50 ans : c’est parfait et évident. On retrouve cette simplicité dans le déroulement du récit et dans les dialogues, aucune scène ne semble superflue. Sur le fond, John Ford rétablit « la vérité » sur la fin de Custer tout en justifiant son édulcoration : nous avons besoin de héros (3). Avec Le Massacre de Fort Apache, il redonne aussi aux indiens une dignité dans le sens où leur combat nous est montré comme étant légitime, justifié par les faits, pendant que Custer est dépeint comme un raciste et sans respect de la parole donnée. Au final, si on peut, bien entendu, être effarouché par les grandes valeurs d’exaltation véhiculées, Le Massacre de Fort Apache n’en est pas moins un film quasiment parfait par sa force et son évidence.
Note : 5 étoiles

Acteurs: John Wayne, Henry Fonda, Shirley Temple, Pedro Armendáriz, Ward Bond, George O’Brien
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(1) Trilogie sur la cavalerie par John Ford :
Le Massacre de Fort Apache (Fort Apache) (1948)
La Charge Héroïque (She wore a yellow ribbon) (1949)
Rio Grande (1951)
(2) Le sujet fait toujours couler beaucoup d’encre. Plusieurs théories s’affrontent. John Ford adopte celle où c’est l’aveuglement de Custer qui l’a conduit à la défaite.
(3) Cette fin fait penser à celle de l’Homme qui tua Liberty Valance qu’il tournera 13 ans plus tard où le patron de presse dit : « Quand la légende devient si réelle, il faut imprimer la légende » (« When the legend becomes fact, print the legend. »)

18 mai 2010

Le mystère du château noir (1952) de Nathan Juran

Titre original : « The black castle »

Le mystère du château noirLui :
Un intrépide anglais se fait inviter chez un comte qui a fait disparaître deux de ses amis, afin de le démasquer et le faire juger. Le Mystère du Château Noir a tout ce qu’il faut pour nous offrir une atmosphère gothique à souhait : l’époque, le XVIIIe siècle, un château isolé en pleine Forêt-Noire à l’atmosphère épaisse avec portes dérobées, cachots et mécanismes, une chasse au léopard (très bien faite, juste un peu trop courte) dont l’ambiance n’est pas sans rappeler Les Chasses du Comte Zaroff, des crocodiles qui ne semblent pas manger tous les jours, des cercueils, des poisons, un serviteur muet et difforme, homme à vraiment tout faire (surtout le pire), une belle et candide comtesse… la panoplie semble complète mais contrairement à ce que l’on pourrait croire à la lecture de cette liste, le film n’est pas un fourre-tout, tous ces éléments sont à leur juste place et sans excès. Boris Karloff, cette fois, ne joue pas le rôle du méchant mais au contraire désapprouve celui-ci. Son rôle est toutefois assez effacé. L’ensemble est vraiment crédible. Le scénario aurait sans doute gagné à être développé davantage. Le Mystère du Château Noir est surtout un film d’atmosphère, réalisé dans le style des productions Universal des années 30 et 40. C’est réussi.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Richard Greene, Boris Karloff, Stephen McNally, Rita Corday, Lon Chaney Jr.
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17 mai 2010

Little Odessa (1994) de James Gray

Little OdessaElle :
Un premier film d’une grande maturité pour le jeune réalisateur de 25 ans qu’est James Gray en 1994. Un film d’une grande intensité visuelle, dramatique et sensorielle. Le côté polar n’est qu’un des aspects du film; il permet de naviguer dans le sombre Brooklyn de la mafia russe et d’analyser les relations familiales complexes qui unissent les personnages de cette famille au bord de la destruction. En ce sens, le film est âpre, sépulcral, émouvant aussi car les personnages retrouvent de temps à autre des éclairs d’humanité bien qu’ils courent à leur perte. La mort rôde dans chaque plan. Le format cinémascope met en relief la grande beauté des espaces enneigés et désolés de New-York, la solitude des personnages, les rues dans la pénombre. Chaque plan est une magnifique photo.
Note : 5 étoiles

Lui :
A 25 ans, James Gray réalise un premier film vraiment étonnant qui mêle habilement plusieurs genres. A un simple thriller, un tueur à gages forcé de revenir dans son quartier natal pour un contrat, il donne une profondeur remarquable en montrant les relations complexes qu’il entretient avec sa famille. Rancoeurs, haine, connivence, amour, tous les sentiments semblent être réunis au sein de cette famille écartelée. James Grays fait preuve d’une grande maitrise dans tous les aspects de la réalisation de Little Odessa, le plus enthousiasmant étant probablement la qualité graphique de ses plans et sa façon d’utiliser merveilleusement le format large de l’image cinéma. Le montage est assez doux, malgré le thème assez sombre, utilisant des plans assez longs mais jamais avec excès. Le cinéma de James Gray possède également une force, amplifiée par un beau jeu d’acteurs : ce n’est guère étonnant de Vanessa Redgrave mais cela l’est plus de Tim Roth ou Edward Furlong qui sont des acteurs dont le jeu est généralement plus inégal. Little Odessa forme un ensemble complet, complexe et parfaitement maitrisé.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Tim Roth, Edward Furlong, Vanessa Redgrave, Maximilian Schell, Moira Kelly
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16 mai 2010

L’homme qui rétrécit (1957) de Jack Arnold

Titre original : « The incredible shrinking man »

L'homme qui rétrécitLui :
L’homme qui rétrécit est l’un des films de science-fiction les plus remarquables de la décennie des années cinquante (à laquelle on doit plusieurs des plus belles perles du genre). Richard Matheson a écrit lui-même l’adaptation de son second roman de science-fiction (1), l’histoire d’un homme qui rétrécit après avoir traversé un nuage d’insecticide radioactif. Au-delà des trompe-l’œil et des effets spéciaux, remarquables pour l’époque, le film possède une dimension psychologique, l’influence de cette infirmité sur les rapports affectifs et sociaux, une dimension philosophique, puisque qu’il aborde les notions de l’existence de l’Homme et de sa place dans l’univers, et aussi un aspect écologique avec la crainte de l’énergie atomique et cette notion que l’homme doit redéfinir sa place. Toute la seconde partie du film se déroule presque sans parole, seule une voix off nous fait partager les angoisses et raisonnements du héros, ce qui rend le film très intense, une tension qui monte pour ne plus se relâcher. La fin est étonnante, totalement ouverte, très audacieuse pour le Hollywood de cette époque. Un très beau film qui, hélas, ne va pas échapper à l’épidémie du remake (2).
Note : 5 étoiles

Acteurs: Grant Williams, Randy Stuart, April Kent, Paul Langton
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(1) Le premier roman de science-fiction de Richard Matheson est Je suis une Légende qui sera adapté plusieurs fois au grand écran (dont deux fois par Hollywood).
(2) Un remake de L’homme qui rétrécit est prévu pour 2012, réalisé par Brett Ratner (Rush Hour) avec… Eddie Murphy. Au moins, il ne cherchera probablement pas à copier l’original… (nota: il ne s’est finalement pas fait)