22 mars 2011

Charlot au music-hall (1915) de Charles Chaplin

Titre original : « A night in the show »

A Night in the ShowLui :
(Muet, 23 minutes) Charlot se rend au music hall. Tout d’abord, il change plusieurs fois de place avec, à chaque fois, beaucoup d’interactions avec les autres spectateurs ou même les musiciens de l’orchestre qui sont juste devant lui. Ensuite, il perturbe parfois malgré lui le bon déroulement du spectacle… En réalité, Chaplin joue deux rôles différents : celui d’un spectateur mondain alcoolique et celui, un peu moins reconnaissable car plus moustachu, d’un spectateur plus populaire à l’étage, encore plus éméché. L’ensemble est bien enlevé, le bon rythme venant d’un enchaînement assez rapide des gags qui sont nombreux et assez variés. A noter qu’Edna Purviance n’a ici qu’un tout petit rôle.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Charles Chaplin, Edna Purviance
Voir la fiche du film et la filmographie de Charles Chaplin sur le site IMDB.

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20 mars 2011

The Box (2009) de Richard Kelly

The BoxLui :
Dans les années soixante-dix, un homme apporte à un jeune couple une boîte avec un gros bouton. L’inconnu leur explique que s’ils appuient sur le bouton, on leur donnera un million de dollars mais en même temps un humain, inconnu d’eux, mourra quelque part. Ils ont 24 heures pour se décider… Cette histoire, adaptée d’une courte nouvelle de Richard Matheson, est donc une réflexion sur l’individualisme, la conscience, la nature humaine. Richard Kelly a bien su développer et enrichir cette base de scénario. Il parvient à mettre en place un climat très particulier entre suspense angoissant et puissances supérieures. Malgré quelques effets probablement superflus, The Box montre beaucoup de retenue dans son déroulement et évite le spectaculaire. Le choix de Cameron Diaz pour le rôle principal est, ceci dit, assez… inattendu. Toujours est-il qu’à l’heure où les scénarios de science-fiction sont de plus en plus simples, il est assez courageux de proposer un film potentiellement bien plus complexe… la preuve en est que le film n’a pas été particulièrement bien accueilli par le public. En fait, The Box s’inscrit plutôt dans la ligne des films de science-fiction des années cinquante et soixante et c’est une très bonne chose.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Cameron Diaz, James Marsden, Frank Langella, James Rebhorn, Holmes Osborne
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Remarques :
Richard Matheson a écrit la nouvelle Button, Button (Le jeu du bouton) en 1970. L’histoire était plus réduite puisque la personne qui mourrait n’était autre que le mari. A l’étonnement de la femme, il était répondu : « Pensiez-vous vraiment connaître votre mari ? »
Richard Matheson a ensuite développé légèrement l’histoire pour un épisode de la série Twilight Zone (celle des années 80 bien entendu, pas celle des années 50), version qu’il a désavouée et finalement signée d’un pseudonyme. C’est Richard Kelly qui a considérablement développé le personnage du messager/ange organisateur.

18 mars 2011

L’ombre de l’introuvable (1941) de W.S. Van Dyke

Titre original : « Shadow of the Thin Man »

L'ombre de l'introuvableLui :
Par pur hasard, Nora et Nick Charles se retrouvent par deux fois à l’endroit où un crime est commis. L’enquête va les entraîner dans le milieu des paris sur les courses hippiques et les combats de catch… L’ombre de l’introuvable est le quatrième film de la série des Introuvable et force est de constater que la formule continue de très bien fonctionner. Mêlant humour et enquête, le film forme un cocktail très divertissant, les scénaristes ayant l’intelligence de ne trop appuyer leurs effets. Les personnages de Nick et Nora restent égaux à eux-mêmes, lui en alcoolique mondain qui aborde les pires situations avec grand flegme, elle en épouse frivole mais audacieuse ; on remarquera que le personnage de Nora est moins mis en avant, il faut dire que Myrna Loy ruait dans les brancards et d’ailleurs quittera la MGM pour quelque temps après ce film. Le scénario de L’ombre de l’introuvable est assez peu vraisemblable mais on ne s’en soucie guère car l’ensemble est on ne peut plus plaisant.
Note : 4 étoiles

Acteurs: William Powell, Myrna Loy, Barry Nelson, Donna Reed, Sam Levene
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15 mars 2011

3h10 pour Yuma (2007) de James Mangold

Titre original : « 3:10 to Yuma »

3h10 pour YumaLui :
Exactement cinquante ans après sa sortie, James Mangold réalise un remake d’un western de Delmer Daves. Un fermier, acculé par la sécheresse et les dettes, accepte la mission d’escorter un bandit de grand chemin jusqu’à une ville voisine pour le placer dans un train… Le réalisateur parvient à garder toute la force de l’original, c’est-à-dire un subtil mélange de tension et d’action soutenu par un face à face psychologique assez complexe. On pouvait craindre que cette nouvelle version ne tombe dans les travers du cinéma moderne, c’est-à-dire de privilégier le spectaculaire et de simplifier les situations, mais il n’en est rien : le 3h10 pour Yuma de James Mangold reste subtil, jouant avec les incertitudes et les ambigüités. Belle prestation de Christian Bale. C’est un remake réussi, ce qui est de plus en plus rare… 
Note : 4 étoiles

Acteurs: Russell Crowe, Christian Bale, Logan Lerman, Dallas Roberts, Ben Foster, Peter Fonda
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Original :
Voir la présentation de 3h10 pour Yuma de Delmer Daves (1957) avec Glenn Ford et Van Heflin

14 mars 2011

L’amour en quatrième vitesse (1964) de George Sidney

Titre original : « Viva Las Vegas »
Autre titre : « Love in Las Vegas »

L'amour en quatrième vitesseLui :
Il faut faire preuve d’une certaine indulgence en regardant Viva Las Vegas : si les films faits sur mesure pour Elvis Presley ne brillent généralement pas par la profondeur de leur scénario, celui-ci atteint le vide sidéral et le film fait preuve d’un machisme assez évident… Et pourtant, le film a tout de même un certain charme grâce à l’alchimie entre ses deux acteurs principaux qui semblent s’aimanter l’un l’autre. L'amour en quatrième vitesse Il n’est guère surprenant d’apprendre que l’aventure entre Elvis Presley et Ann-Margret s’est prolongée à la ville, au-delà de l’écran. A 23 ans, la jeune actrice d’origine suédoise était alors en train d’exploser : danseuse et chanteuse, elle déploie sa grâce féline et exhale une sensualité charmeuse. Musicalement, le morceau de choix est le C’mon Everybody de la scène de l’Université du Nevada, surtout pour sa chorégraphie pleine de punch où Ann-Margret éclipse assez nettement son partenaire. On notera aussi un très beau duo The lady loves me, plein d’humour et, bien entendu, le morceau-titre, Viva Las Vegas, malheureusement gâché par un play-back épouvantable.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Elvis Presley, Ann-Margret, Cesare Danova, William Demarest
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L'amour en quatrième vitesse L'amour en quatrième vitesse L'amour en quatrième vitesse L'amour en quatrième vitesse

Homonyme :
Viva Las Vegas de Roy Rowland (1956) avec Cyd Charisse

13 mars 2011

Les mines du roi Salomon (1950) de Compton Bennett et Andrew Marton

Titre original : « King Solomon’s mines »

Les mines du roi SalomonLui :
A la fin du XIXe siècle, en Afrique Noire, une anglaise engage le guide de chasse Allan Quatermain pour monter une expédition à la recherche de son mari disparu depuis deux ans. Celui-ci était parti vers des contrées inexplorées, à la recherche des mythiques mines du roi Salomon, des mines de diamants… Ce film a en quelque sorte  marqué un tournant dans le film d’aventures car il a été très largement tourné en décors naturels. Le producteur Sam Zimbalist (qui avait déjà produit plusieurs Tarzan) a en effet emmené réalisateurs et acteurs pour un long voyage de 40 000 kilomètres en Afrique. Les tribus présentes sont donc de vraies tribus, notamment les énigmatiques Watutsi. Même la bande son (aucune musique, seulement les tambours et chants des tribus) est authentique. Les images en Technicolor sont superbes et souvent impressionnantes, mêlant habilement l’aspect presque documentaire des nombreux plans d’animaux sauvages à l’histoire de cette expédition pleine de péripéties et de dangers. Le film ouvrit ainsi de nouveaux horizons au public et fut un très grand succès. Il n’a pas perdu de sa magie, bien que nous soyons aujourd’hui largement gavés d’images, grâce à son subtil mélange d’aventures et d’exotisme.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Deborah Kerr, Stewart Granger, Richard Carlson, Hugo Haas
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Remarques :
* Le film a été tourné au Congo, Kenya, Ouganda, Tanzanie avec quelques scènes additionnelles tournées dans des parcs nationaux américains. Les images tournées ont été réutilisées pour d’autres films, notamment pour Mogambo de John Ford.

* Notons que la MGM avait déjà tenté précédemment d’envoyer une équipe tourner en Afrique : c’était pour le film Trader Horn de W.S. Van Dyke en 1931. Le voyage avait duré une année entière, coûté une fortune et le film, sorti en pleine dépression, avait été un échec. Il aura fallu donc presque 20 ans pour que l’aventure soit enfin retentée.

* Les Mines du roi Salomon est adapté du roman homonyme de l’anglais Rider Haggard (1856-1925), auquel on doit aussi She.
Ce livre a été adapté plusieurs fois au cinéma :
Les mines du roi Salomon (King Solomon’s Mines) de l’anglais Robert Stevenson (1937)
Les mines du roi Salomon (King Solomon’s Mines) de 1950 (ce film)
Watusi (King Solomon’s Mines) de Kurt Neumann (1959)
Allan Quatermain et les mines du roi Salomon (King Solomon’s Mines) de J. Lee Thompson (1985)
+ le personnage d’Allan Quatermain a également été utilisé pour créer des pâles copies d’Indiana Jones, à la télévision et au cinéma.

12 mars 2011

Charlot marin (1915) de Charles Chaplin

Titre original : « Shanghaied »

Charlot marinLui :
(Muet, 27 minutes) Un armateur demande à son capitaine de faire sauter son bateau en mer pour toucher l’assurance. Charlot se retrouve enrôlé de force à bord… Précision : le film n’a rien d’oriental (1). Charlot Marin a bien quelques longueurs mais ce onzième court métrage pour Essanay a aussi de très bonnes scènes. Les meilleures sont situées au milieu du film à partir du moment où Chaplin est assigné à la cuisine. Il doit d’abord faire la vaisselle (pendant que le cuisinier prépare la soupe, hum…) puis servir le capitaine. Le bateau se met à tanguer fortement : visiblement dans les scènes d’intérieur, Chaplin a utilisé un système de décor sur des rondins comme il le fera pour l’Emigrant afin de faire tanguer la pièce devant une camera fixe. Pour les scènes d’extérieurs, Shanghaied il fait tanguer la caméra et l’effet paraît bien moins réussi car les mouvements sont trop rapides. Ceci dit, on acquiert, nous aussi, assez rapidement le mal de mer… La scène du repas est aussi pleine de gags. Une petite idylle entre Chaplin et la fille de l’armateur est insérée, sans qu’elle soit vraiment développée mais elle permet de finir en beauté sur un baiser.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Charles Chaplin, Edna Purviance, Wesley Ruggles, Bud Jamison
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(1) En anglais, le verbe « to shanghai » est un terme de marine qui signifie « enivrer ou endormir un homme pour l’embarquer sur un navire à court d’équipage ».

11 mars 2011

Clones (2009) de Jonathan Mostow

Titre original : « Surrogates »

ClonesLui :
Dans un avenir proche, les humains ne sortent plus de chez eux, ils contrôlent un clone à distance qui va travailler et vivre à leur place… Sur cette idée de base assez alléchante et prometteuse de beaux développements, Clones reste sur une histoire assez abracadabrante d’arme secrète, de gros vilains méchants et de courses-poursuites. Clones est donc un film d’action, doté d’une histoire assez simple (adaptée d’un comix), un film très formaté, qui suit une recette. Il peut donc se laisser regarder mais peine à déclencher l’intérêt. Nous sommes loin de I, Robots par exemple.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Bruce Willis, Radha Mitchell, Rosamund Pike, Boris Kodjoe, James Cromwell
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9 mars 2011

No country for old men – Non, ce pays n’est pas pour le vieil homme (2007) de Joel Coen et Ethan Coen

Titre original : « No country for old men »

No country for old men - Non, ce pays n'est pas pour le vieil hommeLui :
Au sud du Texas, dans le désert proche de la frontière mexicaine des années 80, un chasseur tombe par hasard sur le résultat d’un sanglant règlement de compte entre trafiquants de drogue. Il s’empare d’une mallette pleine de dollars. Un tueur psychopathe se lance à ses trousses… No Country for Old Men repose donc sur le jeu du chat et de la souris, avec des passages de fortes tensions ; globalement assez angoissant, il n’est pas dénué d’humour. Le film rappelle quelque peu Fargo, tourné 10 ans plus tôt, il est toutefois beaucoup plus violent. Cette violence est justement le fond du propos puisque toute l’histoire est vue sous l’angle d’un sheriff en fin de carrière qui ne reconnaît plus le monde où il vit, effaré par cette violence toujours plus déraisonnable. On peut d’ailleurs reprocher au film des frères Coen de jouer avec la fascination de cette violence qu’ils prétendent dénoncer (c’est d’ailleurs bien souvent le cas avec ce genre de propos). Les frères Coen font preuve d’une grande maîtrise du déroulement du récit et de l’image, dosant parfaitement leurs effets, jouant avec la tension qu’ils parviennent à créer et à maintenir pendant 120 minutes.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Tommy Lee Jones, Javier Bardem, Josh Brolin, Woody Harrelson, Kelly Macdonald
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Remarques :
* Le film est adapté d’un livre de Cormac McCarthy (ce qui est inhabituel pour les frères Coen qui écrivent leurs scénarios)
* La phrase No Country for Old Men est tirée d’un poème de William Butler Yeats intitulé Sailing to Byzantium, qui est en fait une réflexion sur la vieillesse et le passage à un état de conscience pure, proche de l’immortalité.
Lire le poème (en V.O.)…

8 mars 2011

Boire et déboires (1987) de Blake Edwards

Titre original : « Blind date »

Boire et déboiresLui :
Pour faire bonne figure lors d’une soirée d’affaires, Walter doit venir accompagné. Son frère le met en contact avec Nadia, une amie de sa femme. Walter ne fait pas assez attention à la seule recommandation qui lui est donnée : ne jamais la faire boire d’alcool car elle peut devenir incontrôlable… Et effectivement, comme on peut s’en douter, elle va devenir franchement incontrôlable ; telle une tornade, elle va détruire rapidement le petit monde bien réglé de cet accro du boulot. Les catastrophes s’accumulent. Avec Boire et Déboires, Blake Edwards prend plaisir à saper les fondements de l’American way of life, de la yuppie culture des années 80 et du machisme. Bien qu’un peu inégal, l’ensemble est bien rythmé et comporte de très bons gags. Assez étonnamment, Blake Edwards change de style au deux tiers du film, à partir de la scène du procès. Si le début était déjà bien mené, le derniers tiers est du grand Blake Edwards, avec un humour bien plus subtil. Toute la scène dans la maison du juge est une petite merveille avec un ballet de portes, de mouvements croisés et de belles trouvailles. Bruce Willis (qui n’avait fait précédemment que de la figuration au cinéma )(1) joue avec retenue. Le film repose aussi sur de très bons seconds rôles, en tête le formidable John Larroquette en ex-amoureux forcené. Bizarrement, Boire et Déboires n’est généralement pas très apprécié. Serait-il trop farfelu…?
Note : 4 étoiles

Acteurs: Kim Basinger, Bruce Willis, John Larroquette, William Daniels, George Coe, Mark Blum, Phil Hartman
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(1) A cette époque, Bruce Willis jouait également dans une série TV, Clair de lune (Moonlighting), qui a connu une certaine notoriété entre 1985-1989.