Titre original : « The prisoner of Shark Island »
Quelques heures après l’assassinat du président Abraham Lincoln, le docteur Samuel Mudd soigne la jambe cassée d’un homme qui a frappé à sa porte. Il ne sait pas qu’il s’agit de John Wilkes Booth, l’assassin du président. Mudd est arrêté peu après et jugé comme complice… Basé assez librement sur des faits historiques, Je n’ai pas tué Lincoln est une commande de Darryl Zanuck qui avait fait travailler l’une de ses scénaristes, Nunnally Johnson. Le film prend de façon très partisane le parti du docteur Mudd, le présentant comme un innocent complet (1). Le film est intéressant car il montre un certain tournant dans la carrière de John Ford qui était en train de se forger un vrai style. Alors que son film précédent Steamboat Round the Bend était une comédie somme toute assez légère, Je n’ai pas tué Lincoln est un film empreint de gravité, qui traite du plus grand sujet qui soit : l’Histoire des Etats-Unis. On peut déjà y percevoir nettement cet antagonisme nord/sud qui caractérise nombre de ses films : les grandes valeurs de l’Amérique sont portées par le Nord, tandis que la chaleur et l’humanité sont du côté du Sud. La mise en scène est d’une grande expertise, très efficace par sa simplicité ; Ford se concentre sur l’essentiel et crée des sentiments forts.
Elle: –
Lui :
Acteurs: Warner Baxter, Gloria Stuart, Harry Carey, John Carradine
Voir la fiche du film et la filmographie de John Ford sur le site IMDB.Voir les autres films de John Ford chroniqués sur ce blog…
Remarques :
C’est le premier film de John Ford avec John Carradine.
(1) La réalité est plus complexe et le cas de Samuel Mudd divise encore les historiens aujourd’hui. Il semble que Mudd avait rencontré Booth à deux reprises auparavant et que Booth aurait passé la nuit chez Mudd et non quelques minutes. Le film contient également plusieurs faits inexacts ou inventés. Samuel Mudd fut gracié mais jamais réhabilité malgré les tentatives de ses descendants.
Remake :
Hellgate de Charles Marquis Warren (1952) avec Sterling Hayden et Joan Leslie.
Ford sous influence de l’expressionnisme allemand ! Cela est moins frappant que dans The Informer, mais demeure, indubitablement, même si le style personnel de l’Américain s’affine petit à petit. Comme il est intéressant de mesurer cette évolution !
L’ensemble est très équilibré, très juste. Comme d’ailleurs pour The Informer, l’œuvre fait partie des indispensables qu’il convient de connaître. Très beau film !