15 décembre 2007

La Chatte des Montagnes (1921) de Ernst Lubitsch

Titre original : « Die Bergkatze »

La chatte des MontagnesElle :
(pas vu)

Lui :
La Chatte des Montagnes n’est autre que Pola Negri, actrice polonaise alors en pleine ascension grâce à plusieurs films dirigés par Lubistch. Elle est le pivot central de cette comédie dite « grotesque ». Dans les montagnes enneigées d’un pays imaginaire, une sauvageonne est à la tête d’une petite bande de brigands qui font la guéguerre à une garnison proche. Un jeune lieutenant, Don Juan notoire, vient juste d’y être muté. Cette situation de départ permet à Lubitsch de partir dans une frénésie burlesque. Il joue beaucoup avec les décors, des décors de poupée assez stylisés et extravagants ; il joue aussi avec la multiplication d’objets ou de personnages (il faut voir la foule de milliers de femmes transies venues dire au revoir au bourreau des coeurs!) La chatte des Montagnes Il utilise de façon importante des caches (en rond, en zigzag,…) pour se libérer du cadre carré et l’inventivité est quasi permanente. Il pousse à fond la caricature, appuyant très fort sur l’humour, il ridiculise la guerre de façon vraiment étonnante pour l’époque (au lendemain de la guerre de 14-18) : les soldats se relèvent après avoir pris une balle mais une gifle ou une boule de neige les met en déroute. Tout cela a un petit côté anarchiste ou du moins franchement libertaire ; et c’est sans compter les nombreuses petites notes de sensualité quasi-fétichisante, centrée sur Pola Negri bien entendu. Les cinéastes avaient alors une totale liberté, une liberté qu’ils ne retrouveront jamais plus par la suite. Il n’est donc guère étonnant que, vu aujourd’hui après presque un siècle, La Chatte des Montagnes nous apparaisse comme une comédie totalement débridée.
Note : 4 eacute;toiles

Acteurs: Pola Negri, Paul Heidemann
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14 décembre 2007

La main au collet (1955) de Alfred Hitchcock

Titre original : « To catch a thief »

La main au colletElle :
Malgré les somptueuses images de la Côte d’Azur, je n’ai pas du tout accroché à cette intrigue d’ex-voleur de haut vol qui se voit contraint de chercher à piéger un voleur de bijoux qui se fait passer pour lui. L’intrigue manque d’intérêt.
Note : 1 étoile

Lui :
Dans la filmographie d’Alfred Hitchcock, La Main au Collet a beau être placée au beau milieu de la dizaine de chefs d’œuvre qu’il produisit dans la décennie 50-59, il s’agit certainement l’un de ses films les plus faibles. La Main au Collet n’a ni le suspense ni l’intensité que l’on peut trouver dans ses autres films. Il reste cependant un spectacle léger avec de splendides couleurs (Technicolor en Vistavision), éclatantes et même un peu trop poussées, qui mettent particulièrement bien en valeur les deux grands atouts du film : la Côte d’Azur avec de splendides vues prises du haut de l’arrière-pays (la corniche, Eze, …), rarement la Riviera n’a été si magnifiquement mise en images, et le photogénique couple formé par Cary Grant et la belle Grace Kelly qui, de beauté froide typique à la Hitchcock en début de film, se transforme peu à peu en amoureuse passionnée. Hélas, en dehors des beaux paysages et des belles robes, La Main au Collet est globalement assez décevant.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Cary Grant, Grace Kelly, Jessie Royce Landis, John Williams, Charles Vanel
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13 décembre 2007

Le pressentiment (2006) de Jean-Pierre Darroussin

Le pressentimentElle :
Ce premier film de Jean-Pierre Darroussin adapté d’un roman d’Emmanuel Bove est une jolie surprise pleine de poésie, de fantaisie mais aussi de mélancolie. Cet avocat en pleine recherche sur lui-même, rejette le milieu bourgeois d’où il est sorti et s’installe dans les quartiers populaires du vieux Paris. Darroussin campe ce personnage déphasé et en retraite spirituelle avec retenue. Il observe ce petit monde placidement de façon intériorisée. Il ouvre son appartement aux gens simples et en difficulté ; il donne de sa personne pour soulager la peine. Il couche sur le papier ses observations pour redonner un sens à sa vie, une vie que Jean-Pierre Darroussin fait vaciller avec intensité et émotion dans la dernière partie du film.
Note : 3 étoiles

Lui :
Un avocat qui renonce à une vie qu’il juge trop confortable pour aller vivre dans un quartier populaire et écrire des poèmes, telle est la trame de Le Pressentiment, le premier long métrage de cet excellent acteur Jean-Pierre Darroussin. Cette sorte de retraite spirituelle pour retrouver des fondamentaux en lui sera un peu bousculée par son entourage immédiat et le personnage principal, joué par Darroussin lui-même, semble traverser les évènements sans jamais les pénétrer. Le Pressentiment parvient bien à créer ce personnage en proie à tant de questionnements et la mise en scène, sobre et discrète, n’est pas étrangère à cette réussite. On peut regretter toutefois un certain essoufflement en milieu de film qui ne se retrouve relancé que dans la toute fin. Le Pressentiment est néanmoins un film bien sympathique et qui incite à espérer que Darroussin poursuive dans cette voie.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Jean-Pierre Darroussin, Valérie Stroh, Amandine Jannin, Hippolyte Girardot
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12 décembre 2007

Le fils préféré (1994) de Nicole Garcia

Le fils préféréElle :
Gérard Lanvin incarne avec talent le rôle du fils préféré et découvre peu à peu ses origines. Les déchirures de cette famille composée de trois frères sont dépeintes avec beaucoup de délicatesse et de sensibilité. Les trois frères malgré leurs discordes finissent par se redécouvrir et se retrouver en recherchant leur père disparu. Gérard Lanvin, en dragueur impénitent et chef d’entreprise fauché et roublard, Bernard Giraudeau, en homosexuel provocateur, et Jean-Marc Barr, en bourgeois honteux de ses origines modestes, donnent beaucoup de crédibilité à cette histoire originale.
Note : 5 étoiles

Lui :
Le sujet traité, une famille hétéroclite déchirée par un passé obscur, aurait pu donner un film stressant et déprimant. C’est sans compter le talent de Nicole Garcia, qui depeint le caractère de ces personnages avec délicatesse et beaucoup de demi-teintes tout en laissant de la place à l’ambiguité. Elle est bien-sûr aidée par le talent des acteurs, Gérard Lanvin en tête, mais elle démontre là de réels talents pour la réalisation.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Gérard Lanvin, Bernard Giraudeau, Jean-Marc Barr, Pierre Mondy, Karin Viard
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12 décembre 2007

De l’or en barres (1951) de Charles Crichton

Titre original : The Lavender Hill Mob

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Elle :
Je n’ai vraiment pas accroché à ce film sur le braquage d’un fourgon rempli de lingots d’or par un employé de banque et ses acolytes. La mise en route est laborieuse et l’épilogue n’en finit pas. Mis à part quelques situations amusantes et la prestation d’Alec Guiness, ce film ne me laissera pas un souvenir impérissable.
Note : 2 étoiles

Lui :
Bien que datant de la grande période des Studios Ealing, une période que d’habitude j’apprécie tout particulièrement dans le cinéma anglais, ce film a, me semble-t-il, perdu beaucoup de son charme au fil des ans. Cette impertinence de l’après-guerre et cet humour distillé à petites touches ne produisent ici qu’un charme gentiment désuet après 50 ans. Dommage.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Alec Guinness, Stanley Holloway, Sid James
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11 décembre 2007

La Dame de Shanghai (1947) de Orson Welles

Titre original : « The Lady from Shanghai »

La Dame de Shanghai Elle :
(pas (re)vu)

Lui :
Même si l’on sait maintenant que le film fut en grande partie massacré par un montage effectué à la hussarde par la Columbia, La Dame de Shanghai reste un superbe film noir où la patte de Welles reste bien visible. Au-delà de la trame policière, c’est pour une fois d’une histoire d’amour qu’il traite, ou plus exactement une histoire d’attirances… Il y a beaucoup d’ambiguïté dans ce film et le fait que le cinéaste fut alors en pleine procédure de divorce avec Rita Hayworth n’y est certainement pas étranger. Il prend le contre-pied de son image : il lui coupe les cheveux, la teint en blonde et surtout la transforme en meurtrière machiavélique, la rendant même hideuse dans la scène finale (la filmant avec un grand-angle et en contre-plongée… alors qu’elle est à terre!) Orson Welles casse tout. Le mythe de Gilda et la femme qui fit fantasmer des milliers de G.I. sont bien loin. Est-ce pour cette raison que le jeu de Rita Hayworth est rigide et glacial pendant tout le film? Ou est-elle simplement sclérosée devant son génie de mari? Le wonder boy prend aussi le contre-pied de l’image classique du film noir puisque l’essentiel de La Dame de Shanghai se passe en plein soleil, à bord d’un luxueux yacht (pour la petite histoire, il s’agit du yacht personnel d’Errol Flynn qui a tenu à le piloter lui-même pendant le tournage). Son inventivité sur le placement des caméras reste toujours remarquable (étonnants plans sur les hauteurs d’Acapulco au bord du précipice), il utilise assez largement des plans très serrés et certaines de ses scènes ont été maintes et maintes fois copiées au cinéma : la scène de l’aquarium et, bien entendu, la célèbre scène finale dans la galerie des glaces. Le public n’aimant pas que l’on abîme ses icônes, La Dame de Shanghai fut un échec commercial, mettant à mal la carrière de Rita Hayworth et surtout, hélas, celle d’Orson Welles.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Rita Hayworth, Orson Welles, Everett Sloane, Glenn Anders
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Note: Wong Kar-wai prépare actuellement le tournage d’un remake de The Lady from Shanghai initalement prévu pour sortir en 2009. La rumeur donne Nicole Kidman comme actrice principale. Il est tout de même assez étonnant qu’un cinéaste comme Wong Kar-wai fasse un tel remake, surtout que l’histoire en elle-même, un roman policier de Sherwood King, est somme toute assez banale. Le synopsis semble toutefois un peu différent puisqu’il y est question d’un espion.
[Mise à jour du 16/01/2012] Le projet de remake est constamment repoussé mais ne semble pas abandonné.

10 décembre 2007

La grande ville (1937) de Frank Borzage

Titre original : « Big city »

La Grande VilleElle :
(pas vu)

Lui :
Dans La Grande Ville, Borzage prend comme support la guerre entre les taxis indépendants et une compagnie qui utilise des méthodes de mafia. Bien entendu, ce n’est pour lui qu’un support pour une grande histoire d’amour mais l’ensemble a bien du mal à prendre, sans doute Borzage n’était pas bien à l’aise avec le côté policier de l’histoire (ce n’est d’ailleurs pas lui qui dirigea la scène finale de bagarre générale). Il n’a donc pas vraiment de fusion entre les deux aspects du film. La Grande Ville est l’un des trop rares films avec Luise Rainer, une actrice allemande pour laquelle la MGM nourrissait de grands espoirs, tel prendre la relève de Greta Garbo. Le public ne suivit pas.
Note : 2 eacute;toiles

Acteurs: Luise Rainer, Spencer Tracy
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Homonymes :
La Grande Ville (Mahanagar) film indien de Satyajit Ray (1963)
Big City film français de Djamel Bensalah (2007)

9 décembre 2007

Les amitiés maléfiques (2006) de Emmanuel Bourdieu

Mes amitiés maléfiquesElle :
Ancien professeur de philosophie et fils de Pierre Bourdieu, Emmanuel Bourdieu a le mérite d’approcher des thèmes peu abordés au cinéma. Il nous plonge avec retenue et authenticité dans le milieu estudiantin, les cours de littérature en amphithéâtre et le milieu littéraire parisien. C’est aussi l’occasion pour lui d’évoquer les questionnements adolescents, les plans échafaudés sur l’avenir, les rêves, les vraies rencontres mais aussi les amitiés perverses, les trahisons, les mauvaises influences d’amis en mal de reconnaissance. Bien que parfois un peu confus, on se laisse emporter par cette frénésie de création qui traverse les personnages.
Note : 3 étoiles

Lui :
Avec Les amitiés maléfiques, Emmanuel Bourdieu se penche sur les relations qui peuvent se nouer au moment de la post-adolescence, ici entre quatre jeunes étudiants à la Sorbonne. L’un d’entre eux, plus charismatique et intransigeant, joue le rôle de leader et influence grandement les trois autres. Les amitiés maléfiques a le mérite de nous plonger dans un univers inhabituel, la façon dont ses personnages se passionnent pour la littérature lui donne même un petit côté XIXe très agréable. Il manque toutefois un peu de flamboyance à son histoire pour nous happer totalement. Très belle prestation de Thibault Vinçon (avec un physique à la Jim Morrison) et de Malik Zidi.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Malik Zidi, Thibault Vinçon, Dominique Blanc, Natacha Régnier, Jacques Bonnaffé, Alexandre Steiger, Thomas Blanchard
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8 décembre 2007

Docteur Jekyll et Mr. Hyde (1931) de Rouben Mamoulian

Titre original : « Dr Kekyll and Mr. Hyde »

Docteur Jekyll et Mister HydeLui :
Si la version de Victor Fleming de Docteur Jekyll et Mister Hyde avec Spencer Tracy est certainement la plus connue, celle de Mamoulian 10 années plus tôt est sans aucun doute la plus réussie, avec un caractère brut et sans artifice qui convient si bien au roman de Stevenson. Pourtant la réalisation de Rouben Mamoulian est soignée et fait même preuve d’inventivité (camera subjective, écran coupé en deux, transformations étonnantes du visage, superpositions) mais sans jamais édulcorer le côté sauvage de son Mister Hyde. Plus que sur l’opposition classique entre le Bien et Mal, le propos est ici centré sur la frustration sexuelle de Jekyll, frustration imposée par les convenances d’une bonne société qu’il voudrait tant bousculer. Indéniablement, Rouben Mamoulian parvient à mettre dans son Docteur Jekyll et Mr. Hyde une force que les autres versions n’ont pas.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Fredric March, Miriam Hopkins, Rose Hobart, Halliwell Hobbes, Edgar Norton
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Les adaptations du roman de Robert Stevenson ont été nombreuses.
Les plus notables sont probablement :
> Docteur Jekyll et Mr. Hyde de John Robertson (1920) avec John Barrymore, très belle version (à noter que la même année sortaient trois autres versions dont Der Januskopf de F.W. Murnau)
> Docteur Jekyll et Mister Hyde de Victor Fleming (1941) avec Spencer Tracy, Ingrid Bergman et Lana Turner, une version plus policée.
> Le Testament du Docteur Cordelier de Jean Renoir (1959) pour la télévision avec Jean-Louis Barrault.
> Docteur Jerry et Mister Love (The Nutty Professor) de Jerry Lewis (1963), version étonnante, probablement le meilleur film de ce comique (son Professor a d’ailleurs un air de famille avec le Hyde de Mamoulian…)
>> Voir une liste (incomplète) des autres versions sur IMDB (pour une liste plus complète, voir à Stevenson: le site liste 54 adaptations !)

7 décembre 2007

Plumes de cheval (1932) de Norman McLeod

Titre original : « Horse feathers »

Plume de chevalElle :
(pas vu)

Lui :
Plumes de cheval est le quatrième film des Marx Brothers ; il se révèle être l’un des plus faibles de leur première période à la Paramount. Pourtant le point de départ du scénario a de quoi nous allécher : Groucho est nommé recteur d’un collège…! On s’attend à ce que son mode de direction ne soit pas très orthodoxe. En fait, la situation est bien mal utilisée et l’histoire s’enferre dans une histoire de football pas bien passionnante. Tout cela semble tourné à la hâte, les gags tombent souvent à plat et s’enchaînent plutôt mal. Même la scène de Groucho faisant un cours d’anatomie devant une classe mixte et bien sage (situation qui nous met en joie rien que d’y penser) tourne court et ne tient pas ses promesses. Groucho est d’ailleurs beaucoup moins prolixe en bons mots que d’habitude. Le film peut néanmoins plaire pour son côté déstructuré et anarchique.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Groucho Marx, Harpo Marx, Chico Marx, Zeppo Marx, Thelma Todd
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