9 juillet 2019

Le Bonheur (1965) de Agnès Varda

Le BonheurFrançois est un jeune menuisier heureux qui aime sa femme. Il aime aussi la nature et ses amis. Lorsqu’il rencontre Emilie, une jeune postière, et qu’il en tombe amoureux, il voit là une occasion d’ajouter du bonheur à son bonheur…
Troisième long métrage écrit et réalisé par Agnès Varda, Le Bonheur fit grand scandale à sa sortie et fut interdit aux moins de 18 ans car il montrait l’adultère sans réprobation. Débarrassés de ces considérations morales un demi-siècle plus tard, il nous reste un film plein de vie, joyeux et très beau. Agnès Varda explore la notion de bonheur qu’elle déconnecte des conventions sociales ou morales. « Ce n’est pas le mariage qui mène au bonheur, c’est le bonheur qui mène au mariage » semble-t-elle vouloir nous dire. La réalisatrice montre beaucoup d’inventivité dans ses cadrages et surtout une recherche esthétique et picturale qui est particulièrement visible. De très nombreux plans évoquent des natures mortes ou même des tableaux impressionnistes. Son utilisation des couleurs est enthousiasmante, ses talents de photographe sont manifestes. C’est un régal pour les yeux. Jean-Claude Drouot sait restituer toute la candeur de son personnage. L’acteur joue ici avec sa femme et ses enfants ce qui contribue à la sensation de naturel. Le film a été restauré en 2014, rendant ainsi justice à ses qualités esthétiques. Les couleurs, notamment, sont magnifiques.
Elle: 5 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Jean-Claude Drouot, Marie-France Boyer, Marc Eyraud
Voir la fiche du film et la filmographie de Agnès Varda sur le site IMDB.

Voir les autres films de Agnès Varda chroniqués sur ce blog…
Voir les livres sur Agnès Varda

Le BonheurMarie-France Boyer et Jean-Claude Drouot dans Le Bonheur de Agnès Varda.

Remarques :
* Jean-Claude Drouot était alors le héros de la série TV Thierry La Fronde (1963-1966). Il bénéficiait d’un immense capital de sympathie, y compris auprès des très jeunes enfants, ce qui a certainement exacerbé les oppositions au film d’Agnès Varda.

* L’interdiction aux moins de 18 ans n’a été levée qu’en 2006, lors d’une ressortie au cinéma Saint-André-des-Arts.

* Finalement, le plus étonnant dans ce film d’Agnès Varda est que le propos ne soit pas plus féministe : c’est le bonheur de l’homme qui importe, il est censé déteindre sur le bonheur de la femme… Il faut toutefois garder à l’esprit que nous sommes en 1965. Le propos d’Agnès Varda ne se situe d’ailleurs pas sur le plan homme/femme, la réalisatrice nous incite à réfléchir sur le lien entre bonheur et morale. « Faut-il se cacher pour être heureux? » C’est ce genre de question qu’elle pose.

Voir aussi : Entretien avec Agnès Varda pour la télévision suisse RTS (8’30)…

Le BonheurMarie Drouot, Jean-Claude Drouot et leurs deux enfants dans Le Bonheur de Agnès Varda.

 

Homonymes :
Le Bonheur d’Aleksandr Medvedkin (1935)
Le Bonheur de Marcel L’Herbier (1935) avec Gaby Morlay et Charles Boyer

Le BonheurMarie Drouot, Jean-Claude Drouot et leurs deux enfants dans Le Bonheur de Agnès Varda.

9 avril 2016

L’Inconnu de Shandigor (1967) de Jean-Louis Roy

L'inconnu de ShandigorUn savant fou a inventé un appareil qui rend inopérantes les armes atomiques. Il veut s’en servir pour dominer le Monde. Tous les services secrets ont chargé leurs agents de s’emparer des plans… Réalisé par le suisse Jean-Louis Roy, membre du Groupe des 5, L’Inconnu de Shandigor est une variation parodique sur le thème des films d’espionnage et plus particulièrement les James Bond. Le scénario n’est pas très développé mais, bien entendu, rien n’est sérieux, même si on peut regretter que l’humour n’aille pas plus loin. Le réalisateur a surtout travaillé sur le baroque, l’inattendu. Il utilise à merveille les décors du Parc Güell de Barcelone et la cathédrale de Gaudi et joue aussi très souvent avec l’architecture pseudo-futuriste de lieux très géométriques ou répétitifs. Les dialogues sont minimalistes, le jeu des acteurs est outré. Serge Gainsbourg dirige un petit gang de cinq agents secrets chauves (et nous gratifie d’un morceau joué à l’orgue) et Jacques Dufilho est un chef de l’espionnage russe haut en couleur. La musique d’Alphonse Roy, le père du cinéaste, est un peu trop présente. Original et surprenant, L’Inconnu de Shandigor est une curiosité.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Marie-France Boyer, Ben Carruthers, Jacques Dufilho, Daniel Emilfork, Serge Gainsbourg
Voir la fiche du film et la filmographie de Jean-Louis Roy sur le site IMDB.

L'Inconnu de Shandigor
Marie-France Boyer dans L’inconnu de Shandigor de Jean-Louis Roy.

L'Inconnu de Shandigor
Daniel Emilfork, l’inquiétant savant fou de L’inconnu de Shandigor de Jean-Louis Roy.

L'Inconnu de Shandigor
Serge Gainsbourg (dessinant le plan d’intervention à ses agents secrets…)  dans L’inconnu de Shandigor de Jean-Louis Roy.