30 mai 2015

Complot de famille (1976) de Alfred Hitchcock

Titre original : « Family Plot »

Complot de familleBlanche Tyler passe pour avoir des talents de médium auprès de vieilles dames crédules. L’une d’elles, secouée par l’une de ses séances, lui confie la charge de retrouver le fils de sa soeur abandonné par sa faute à sa naissance. Blanche et son ami se mette à sa recherche… Complot de famille est le dernier film d’Alfred Hitchcock qui avait 76 ans au début du tournage et fêtait ses 50 ans de réalisation (son premier film date de 1925). C’est l’adaptation d’un roman de Victor Canning. Il est de bon ton de prendre Complot de famille de haut et d’annoncer que le Maitre du suspense avait perdu la main. Pourtant, c’est un film très réussi. Certes il n’est pas très hitchcockien : c’est une comédie policière où l’atmosphère est plutôt détendue, les scènes de suspense y sont moins intenses qu’à l’accoutumée et l’histoire n’est pas centrée sur un personnage principal mais sur plusieurs. L’intrigue est un peu tortueuse avec deux histoires juxtaposées mais Hitchcock adopte un style très limpide, il prend tout son temps pour nous l’expliquer ce qui rend le film très accessible. La musique de John Williams contribue à rendre Complot de famille particulièrement plaisant. Hitchcock s’amuse et nous aussi. Sa filmographie se clôt ainsi joliment sur une petite note espiègle.
Elle: 4 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Karen Black, Bruce Dern, Barbara Harris, William Devane, Ed Lauter
Voir la fiche du film et la filmographie de Alfred Hitchcock sur le site IMDB.

Voir les autres films de Alfred Hitchcock chroniqués sur ce blog…

Voir les livres sur Alfred Hitchcock

Complot de famille
Barbara Harris et Bruce Dern dans Complot de famille de Alfred Hitchcock

Complot de famille
Karen Black et William Devane dans Complot de famille de Alfred Hitchcock

Remarques :
* Cameo d’Alfred Hitchcock : (très visible) en ombre chinoise, dans la porte du bureau du registre des naissances et des décès.

* Très inhabituel pour le cinéaste : le passage d’une histoire à l’autre à la 12e minute à la façon « cadavres exquis » (ou façon Fantôme de la Liberté ?).

2 octobre 2013

Le jour du fléau (1975) de John Schlesinger

Titre original : « The Day of the Locust »

Le jour du fléauDans les années trente, un jeune directeur artistique, fraichement diplômé de l’université, arrive à Hollywood pour travailler à la Paramount. Il tombe amoureux de sa voisine, une jeune blonde qui rêve de gloire et d’argent mais doit se contenter de petits rôles de figuration… En adaptant le court roman satirique Nathanael West (1), John Schlesinger en a modifié le propos pour donner une vision apocalyptique d’Hollywood. La reconstitution est très minutieuse, appliquée même. Le scénario se disperse et s’essouffle sur quelques personnages plutôt mal définis. Le film est très inégal, le plus souvent long et ennuyeux avec toutefois quelques grandes scènes plus marquantes : citons le tournage de Waterloo qui se transforme en désastre et surtout, bien entendu, la scène finale, la première d’un film où la foule est prise de folie, sorte de Gomorrhe moderne. Cette dernière scène a assuré la renommée de ce Jour du fléau.
Elle:
Lui : 1 étoile

Acteurs: Donald Sutherland, Karen Black, Burgess Meredith, William Atherton, Geraldine Page
Voir la fiche du film et la filmographie de John Schlesinger sur le site IMDB.

Voir les autres films de John Schlesinger chroniqués sur ce blog…

Remarques :
* Le titre original, littéralement « le jour des sauterelles », fait référence à l’une des dix plaies d’Égypte de la Bible (les sauterelles couvrirent toute la terre, bloquant le soleil et dévorant toutes les plantes).
* La première du film The Bucaneer (Les Flibustiers) de Cecil B. DeMille eut lieu en janvier 1938 à La Nouvelle Orléans (et non à Hollywood). Cette première attira effectivement une foule de 15 000 personnes ce qui engendra de gigantesques embouteillages paralysant la ville (mais il n’y eut pas d’émeute…)
* On peut reprocher à l’acteur jouant le rôle de Dick Powell (arrivant à la première) de ne pas vraiment lui ressembler. Il s’agit pourtant de son fils : Dick Powell Jr.

(1) Nathanael West a écrit le roman The Day of the Locust (en français : L’Incendie de Los Angeles) en 1939. Il a été lui-même scénariste pour la Columbia et connaît donc bien le milieu du cinéma à Hollywood. Le livre décrit toutefois plus les personnes qui gravitent autour des gens de cinéma que les gens de cinéma eux-mêmes.

6 février 2012

Cinq pièces faciles (1970) de Bob Rafelson

Titre original : « Five Easy Pieces »

Cinq pièces facilesCinq pièces faciles est un film important du cinéma indépendant américain. Bob Rafelson nous montre un jeune trentenaire, issu d’une famille bourgeoise artiste, en rupture avec son milieu. Après avoir quitté le domicile familial, il a fait toutes sortes de métiers. Au début du film, on le voit au Texas, travaillant sur des puits de pétrole et vivant avec une jeune serveuse. Il va ensuite retourner chez lui après avoir appris que son père est très malade… Aujourd’hui Cinq pièces faciles est souvent décrit comme un film sur l’opposition de deux classes sociales mais il faut se replacer dans le contexte de l’époque : le propos est bien plus sur le refus d’une voie, d’un schéma pré-tracé et imposé la famille. Le personnage joué par Jack Nicholson n’a que faire de changer de classe sociale ou pas. Il ne sait pas d’ailleurs ce qu’il cherche ; il sait par contre ce qu’il refuse. Analyser sa position comme étant égoïste ou suffisante est faire fausse route. Il s’aperçoit simplement que tous ceux qu’il rencontre ne lui apportent pas de réponse, que ce soit son copain de chantier, sa petite amie bimbo, la lesbienne nihiliste ou encore les intellos amis de la famille. A noter que pour symboliser la rigidité du cadre familial, Bob Rafelson les affuble d’une infirmité : son père est paralysé et muet, le dialogue étant ainsi définitivement impossible, le frère violoniste a une minerve. Jack Nicholson donne au film toute sa force par son charisme, ses excès de hargne. Le scénario a été écrit pour lui. Easy Rider et Cinq pièces faciles sont les deux films qui ont vraiment révélé l’acteur.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Jack Nicholson, Karen Black, Susan Anspach, Billy Green Bush, Lois Smith
Voir la fiche du film et la filmographie de Bob Rafelson sur le site IMDB.

Voir les autres films de Bob Rafelson chroniqués sur ce blog…