21 septembre 2014

Billy le menteur (1963) de John Schlesinger

Titre original : « Billy Liar »

Billy le menteurEmployé dans une entreprise de pompes funèbres, Billy vit toujours chez ses parents. Pour s’évader de sa morne existence, il s’invente un monde imaginaire, déforme la réalité, raconte qu’il va partir à Londres pour travailler comme scénariste pour l’humoriste Danny Boon (1)
Adaptation d’un roman de Keith Waterhouse déjà porté au théâtre, Billy le menteur nous offre le portrait assez attachant d’un jeune anglais assez désillusionné par le monde qui l’attend. Il est le reflet de cette jeunesse du début des années soixante qui aspirait à autre chose que la vie étriquée donnée en modèle par leurs parents. C’est un portrait sans complaisance toutefois car Billy est loin d’être parfait : s’il présente un mélange de naïveté et d’idéalisme, Billy est hélas incapable de s’engager vraiment pour faire aboutir ses projets et esquive tout par le mensonge. Il n’a pas l’audace de franchir le pas. L’humour est constant, par petites touches et l’interprétation de Tom Courtenay donne un certain charme à l’ensemble.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Tom Courtenay, Helen Fraser, Julie Christie
Voir la fiche du film et la filmographie de John Schlesinger sur le site IMDB.

Voir les autres films de John Schlesinger chroniqués sur ce blog…

Remarque :
* Billy le menteur est le premier film de Julie Christie avec John Schlesinger, celui qui va vraiment lancer sa carrière.

(1) Aucun lien bien entendu avec l’acteur et humoriste français Dany Boon qui n’était d’ailleurs pas encore né…

Billy le menteur (Billy Liar)Tom Courtenay et Julie Christie dans Billy le menteur (Billy Liar) de John Schlesinger.

1 avril 2014

Mariage à l’anglaise (2013) de Dan Mazer

Titre original : « I Give It a Year »

Mariage à l'anglaiseJosh et Nat viennent de se marier et nagent dans le bonheur. Pourtant, personne dans leur entourage ne croit que cela durera. Arriveront-ils à passer leur première année de mariage, celle que l’on dit la plus délicate ? … L’anglais Dan Mazer, connu pour avoir travaillé sur Borat avec Sacha Baron Cohen, a écrit ce Mariage à l’anglaise, une comédie pour laquelle il dit s’être beaucoup inspiré de sa propre vie. Son intention est de bousculer les stéréotypes des comédies romantiques. Il y parvient indéniablement même si on peut lui reprocher d’alimenter son non-conformisme avec un humour parfois un peu trash. Il ne sombre jamais dans la facilité toutefois. Pour les rôles principaux, il bénéficie de la vitalité d’un bon quatuor de comédiens et ses seconds rôles sont assez croustillants. Mariage à l’anglaise n’a pas l’air d’être apprécié. Est-ce parce qu’il bouscule trop les codes ? Qu’il ne comporte aucun personnage auquel s’identifier ? En tous cas, pour l’apprécier, il est nécessaire de ne pas s’attendre à une comédie romantique classique…
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Rose Byrne, Rafe Spall, Simon Baker, Stephen Merchant, Anna Faris
Voir la fiche du film et la filmographie de Dan Mazer sur le site IMDB.
Voir la fiche du film sur AlloCiné.

Remarque :
Paul McCartney et Jane Asher* La mère de Nat est jouée par Jane Asher, actrice qui fut la petite amie et la muse de Paul McCartney dans les années soixante. Beaucoup de chansons furent composées pour elle, la plus souvent citée avec certitude étant « Here, There And Everywhere » (l’une des plus belles déclarations d’amour qui soient…)
But to love her is to need her everywhere
Knowing that love is to share 
Each one believing that love never dies
Watching her eyes and hoping I’m always there
I will be there and everywhere
Here, there and everywhere

15 septembre 2012

Le lauréat (1967) de Mike Nichols

Titre original : « The graduate »

Le lauréatDiplômé de fraîche date, le jeune Benjamin revient pour les vacances chez ses parents qui ont organisé une réception qui le met mal à l’aise. Il accepte de raccompagner chez elle Mrs Robinson qui lui fait alors des avances… Il est des films qui arrivent juste au bon moment. Sorti cinq ans plus tôt, Le lauréat serait peut-être passé inaperçu, catalogué comme une gentille bleuette. Mais fin 1967, c’est une bonne fraction de toute une génération qui se reconnaît dans cet étudiant bien sage qui hésite à se fondre dans le moule social de ses parents. Le fossé des générations est creusé. Les adultes cherchent soit à imposer leur propre schéma, soit à profiter de leur désarroi comme le fait Mrs Robinson ; ils n’apportent pas de réponses. Le lauréat démystifie le modèle de réussite sociale de la classe moyenne américaine et, quand on gratte, l’envers du décor n’est pas reluisant (cf. la discussion dans le lit sur la rencontre des parents Robinson). Mike Nichols réussit à mêler beaucoup d’humour à son film, distillé par petites touches pratiquement dans toutes les scènes, ce qui le rend le film très abordable. L’épilogue, très gentillet, reste ainsi jubilatoire et donc efficace. C’est le premier grand rôle au cinéma pour Dustin Hoffman qui, à 29 ans, n’a aucun problème pour paraître en avoir 21. Sa légère gaucherie colle parfaitement au personnage auquel il donne une certaine profondeur. Et il y a la musique de Simon & Garfunkel, superbe, qui enrobe et apporte douceur et candeur. Le film connut un très grand succès qui dépasse largement, il faut bien le reconnaître, ses qualités intrinsèques. Il a marqué une génération.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Anne Bancroft, Dustin Hoffman, Katharine Ross, William Daniels
Voir la fiche du film et la filmographie de Mike Nichols sur le site IMDB.
Voir les autres films de Mike Nichols chroniqués sur ce blog…

Remarques :
* Le film Le lauréat est basé sur un roman de Charles Webb, paru en 1963. Il était alors lui aussi un jeune diplômé de 23 ans. Les droits furent achetés pour une bouchée de pain. Charles Webb n’a pas profité du succès du film, ce succès l’a même gêné dans sa carrière d’écrivain « sérieux ».
* « Plastics ! », le conseil que donne l’ami de la famille au jeune Benjamin, est devenu une réplique très célèbre aux Etats-Unis. L’industrie du plastique a connu un boom peu après la sortie du film et, d’après certains, la popularité du film (et de cette réplique) n’y serait pas étranger (ce qui paraît peu probable tout de même!)
* Mike Nichols voulait confier le rôle de Mrs Robinson à Jeanne Moreau, pensant que l’image de la permissivité française sur l’amour allait rendre l’ensemble plus crédible. Les producteurs étaient fermement opposés à ce choix. Ils étaient aussi opposés à l’idée de confier la musique à Simon & Garfunkel. Mike Nichols conclut un marché avec eux : Jeanne Moreau est écartée si on garde Simon & Garfunkel.
* 20 ans après Le lauréat, Mike Nichols tournera un film totalement contraire, Working Girl avec Melanie Griffith et Sigourney Weaver (1988), une histoire où les personnages principaux recherchent par dessus tout la réussite matérielle. Une génération chasse l’autre…

The GraduateDustin Hoffman et Anne Bancroft, photo publicitaire pour Le Lauréat de Mike Nichols