7 décembre 2005

Our Song (2000) de Jim McKay

Our Song Elle :
Chronique sensible de la vie de trois adolescentes au coeur de Brooklyn. Une fanfare joyeuse dont font partie ces jeunes filles et qui est le point de ralliement de tout un quartier qui se délite. Jim McKay n’utilise pas d’images léchées pour décrire leur quotidien. Désoeuvrement, solitude, manque de perspectives, amours déçues, sorties, grossesses non désirées, parents séparés. Sa caméra frôle ces visages avec tendresse et sincérité. Ces jeunes femmes semblent davantage subir leur sort que de prendre en main leur destin. Our Song est un film d’auteur sur l’adolescence qui sort des sentiers battus.
Note : 3 étoiles

Lui :
Jim McKay parvient à nous faire partager la vie et surtout les interrogations de trois jeunes filles de quinze ans. Ce ne sont pas les problèmes raciaux ou ethniques qui sont soulevés ici, même s’ils sont sous jacents, mais plutôt de leur façon de voir la vie qui s’offre devant elles et de traverser certaines situations qui vont certainement influencer le reste de leur existence. C’est bien fait, très authentique, malgré quelques longueurs dans certains dialogues en apparence un peu futiles.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Kerry Washington, Anna Simpson, Melissa Martinez
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6 décembre 2005

Calendar (1993) de Atom Egoyan

Calendar Elle :
Abandon rapide à cause de la forme répétitive et même hoquetante. Atom Egoyan met en scène deux photographes qui prennent des photos d’églises pour mettre dans un calendrier.
Note : pas d'étoile

Lui :
Au premier abord, la forme de Calendar surprend, rebute même : insertions de plans amateurs, dialogues décalés, confusion… Puis, petit à petit, on se laisse gagner par ce ballet de scènes qui reviennent comme une ritournelle. Ce photographe d’églises arméniennes est à la fois le personnage principal et le plus effacé du film : on ne le voit que dans les scènes « à posteriori » où il tente de rechercher une remplaçante à sa petite amie, partie avec son guide. Le fond n’est forcément pas très profond, mais le film est plein de charme et aussi d’humour, et extrêmement original.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Atom Egoyan, Arsinée Khanjian, Ashot Adamyan
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5 décembre 2005

L’ île (2000) de Kim Ki-duk

Titre original : « Seom »

L' île Elle :
Un grand lac immobile parsemé de petites cabanes de pêche colorées. C’est en barque qu’une jeune femme muette alimente en victuailles et en amour ces pêcheurs esseulés. Elle se fait maltraiter par les hommes et veut se venger. C’est peu à peu que ce cadre de rêve se transforme en cauchemar quasi insoutenable. Kim Ki-duk met en parallèle la chair ensanglantée des poissons avec les plaies humaines, les hameçons de pêche qui attrapent les poissons mais torturent aussi les humains qui les ingèrent. L’atmosphère est très glauque, sanglante presque malsaine ; certaines scènes sont très difficiles à regarder. On est bien loin de la poésie de Printemps, été, automne, hiver… et printemps que j’ai de loin préféré.
Note : 2 étoiles

Lui :
Dès le début, le film paraît original et séduit par sa forme : Kim Ki-duk a réussi à créer un huis clos en plein air et la quasi absence de paroles (l’héroïne est muette) lui donne une couleur très particulière. En revanche, plus le film avance et plus le malaise grandit et aboutit presque sur un rejet tant le cinéaste joue sur le parallèle entre la dureté des sentiments et la meurtrissure des chairs… Les scènes sont crues, par moments assez insoutenables. On peut reprocher au film de n’aboutir sur pas grand-chose et d’être plus à considérer comme un exercice de style.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Jung Suh, Yoosuk Kim
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4 décembre 2005

Rich and strange (1932) d’ Alfred Hitchcock

Titre français : « A l’est de Shanghaï »

Rich and Strange Elle :
Film de la période anglaise d’Hitchcock auquel on finit par adhérer malgré la bande son hésitante et les leçons de morale que le metteur en scène donne. Un couple part en croisière en Orient avec l’argent d’un héritage pour rompre la monotonie de sa vie mais est confronté à de si nombreux périls qu’il finit par regretter le cocon familial. Hitchcock mêle habilement la comédie au drame avec multiples rebondissements et se moque acidement de la haute bourgeoisie.
Note : 3 étoiles

Lui :
Sous des airs de comédie, Hitchcock (ici dans sa toute première période) brosse un portrait assez mordant de la bourgeoisie, ou plus exactement des nouveaux riches. Le scénario est assez étoffé tout en étant au fond extrêmement simple, ce qui rend le film assez plaisant.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Henry Kendall, Joan Barry
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4 décembre 2005

Petites coupures (2003) de Pascal Bonitzer

Petites coupures Elle :
Pascal Bonitzer nous entraîne dans une histoire originale et étrange agrémentée de savoureux dialogues et de bons acteurs. Daniel Auteuil incarne un homme paumé au niveau de son couple qui se laisse entraîner sans aucune résistance dans des aventures sans lendemain. Il aime les femmes et passe de l’une à l’autre sans en envisager les conséquences. Ludivine Sagnier joue la gamine énamourée, Kristin Scott-Thomas, la bourgeoise éplorée et Pascal Buisières la collègue de travail passionnée. Malgré le côté dramatique de l’histoire de cet homme, on est amené à rire franchement de la cocasserie de certaines situations et dialogues.
Note : 4 étoiles

Lui :
Petites Coupures, c’est un peu une série de portraits de femmes qui traversent la vie d’un quadragénaire à la vie sentimentale instable. Ces portraits sont particulièrement bien brossés en seulement quelques mises en situation, mais l’ensemble du film a un peu du mal à décoller de son aspect anecdotique. On reste tout de même assez loin de L’homme qui aimait les femmes de Truffaut, film auquel il a été parfois comparé.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Daniel Auteuil, Kristin Scott Thomas, Pascale Bussières, Ludivine Sagnier
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3 décembre 2005

La Fleur du Mal (2003) de Claude Chabrol

La Fleur du Mal Elle :
Chabrol est toujours au mieux de sa forme quand il nous fait le portrait acidulé de la bourgeoisie locale. Dans La Fleur du Mal, il s’agit d’une famille bordelaise dont l’histoire familiale au passé pétainiste, aux meurtres inexpliqués et aux mariages consanguins se transmet de génération en génération dans la plus pure hypocrisie. Grande maison bourgeoise, week-ends au Cap Ferret, réceptions mondaines, vie politique locale corrompue, adultère, sourires et comportements de façade, tous les symboles du notable passent à la moulinette Chabrol. Et c’est avec grand plaisir qu’on pénètre ce monde factice dont les pans finissent par s’effondrer. Suzanne Flon joue à merveille la tante gâteau qui a vécu les pires horreurs, Nathalie Baye, la bourgeoise autoritaire qui veut construire sa carrière politique, Bernard Le Coq, le mari pourri et menteur.
Note : 5 étoiles

Lui :
Avec cette Fleur du Mal, Claude Chabrol parvient bien à nous faire pénétrer cette famille de la haute bourgeoisie bordelaise dont les membres ont tissé des rapports pour le moins étranges entre eux. Il parvient bien à nous intriguer, même si l’on se sent assez étranger, spectateur, à cette famille. Les esprits chagrins pourraienht lui reprocher de broder toujours sur le même thème mais force est de constater que cela fonctionne toujours bien.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Benoît Magimel, Nathalie Baye, Mélanie Doutey, Bernard Le Coq, Suzanne Flon
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2 décembre 2005

La mémoire dans la peau (2002) de Doug Liman

Titre original : « The Bourne identity »

La mémoire dans la peau Elle :
J’avais passé un bon moment à la lecture du roman de Robert Ludlum et ai trouvé l’adaptation du livre très moyenne et conventionnelle. Mat Dammon interprète le rôle d’un homme devenu amnésique après s’être fait tirer deux balles dans le dos. Il cherche à retrouver son identité et bien sûr tombe sur de gros bras. Les scènes de course-poursuite dans Paris sont assez inattendues et fonctionnent bien.
Note : 3 étoiles

Lui :
Cette adaptation d’un roman de Ludlum est assez bien réussie, le climat étrange qui entoure ce super-agent à la recherche de son identité est bien recréé et surtout le film ne sombre jamais dans l’excès. Les scènes d’action restent très bien maîtrisées, sans surenchère visuelle, les effets technologiques restent à bien à leur place. Au final, c’est un thriller de pur divertissement, qui se regarde avec plaisir.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Matt Damon, Franka Potente
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Lire nos commentaires sur la suite : « La mort dans la peau ».

1 décembre 2005

La Cité de Dieu (2002) de Fernando Meirelles et Kátia Lund

Titre original : « Cidade de Deus »

La Cité de Dieu Elle :
Quel film fascinant et quel cinéma ! Du grand art. Cela faisait longtemps que je n’avais pas vu un film si fort de par son sujet, ses interprètes et ses images. Une réelle expérience forte en émotions. C’est à travers la voix off d’un gosse de la favella de la Cité de Dieu qu’on voit de l’intérieur la vie et l’évolution de la favella sur une période de vingt ans. Un montage savant dont aucune image n’est gratuite rythme en accélérés, ralentis, pauses, fondus le coeur de la cité avec tout son lot de malheurs, de pauvreté et de crimes commis par des enfants et adolescents. On est happé par la brutalité et crudité des situations sans jamais voir une goutte de sang. C’est dans ce choix réaliste de montrer la violence sans jamais tomber dans le voyeurisme sanguinolent que les deux réalisateurs excellent. La bande-son mâtinée de rythmes brésiliens et de percussions ponctue sourdement tous ces destins sans avenir. Un film à ne manquer sous aucun prétexte.
Note : 5 étoiles

Lui :
La cité de Dieu La Cité de Dieu est un film assez étonnant qui parvient à nous plonger dans l’univers d’une favella brésilienne et de la guerre des gangs qui y perdure. La mise en scène est très innovante, que ce soit dans le déroulement narratif, avec ses flash-back tout en douceur, ou dans le jeu de caméra, une caméra qui se fait très véloce ou avec de brusques accélérations ; ces effets, loin d’être gratuits, viennent accentuer le climat créé. La mise en scène est aussi extrêmement réaliste, authentique même. Un film vraiment convaincant.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Alexandre Rodrigues, Leandro Firmino, Phellipe Haagensen
Voir la fiche du film et la filmographie de Kátia Lund et de Fernando Meirelles sur le site imdb.com.

30 novembre 2005

Sommaire de novembre 2005

No Direction Home: Bob Dylan

(2005) de Martin Scorsese (TV)

Effroyables jardins

(2003) de Jean Becker

Comment tuer le chien de son voisin

(2000) de Michael Kalesniko

Un petit cas de conscience

(2002) de Marie-Claude Treilhou

The Magdalene Sisters

(2002) de Peter Mullan

Pas si grave

(2003) de Bernard Rapp

Ecarts de conduite

(2001) de Penny Marshall

Goldmember

(2002) de Jay Roach

Minority Report

(2002) de Steven Spielberg

5×2

(2004) de François Ozon

Land and Freedom

(1995) de Ken Loach

Le Papillon

(2002) de Philippe Muyl

La femme modèle

(1957) de Vincente Minnelli

Mon père est ingénieur

(2004) de Robert Guédiguian

The assassination of Richard Nixon

(2004) de Niels Mueller

Genesis

(2004) de C. Nuridsany et M. Pérennou

Stupeur et tremblements

(2003) d’ Alain Corneau

Un Mariage à Boston

(1947) de Joseph L. Mankiewicz

Monsieur N.

(2003) de Antoine de Caunes

Les Neuf Reines

(2000) de Fabián Bielinsky

La Mauvaise Education

(2004) de Pedro Almodóvar

Band of Brothers

(2001) (TV : série de 10 épisodes)

The Safety of Objects

(2001) de Rose Troche

Les Chevaux de Feu

(1964) de Sergei Parajanov

Un homme sans l’Occident

(2002) de Raymond Depardon

Caught

(1949) de Max Ophüls

Swimming Pool

(2003) de François Ozon

Les Lundis au soleil

(2002) de Fernando León de Aranoa

Quand la mer monte…

(2004) de Yolande Moreau

Rachida

(2002) de Yamina Bachir

Ten

(2002) de Abbas Kiarostami

Les Sentiers de la perdition

(2002) de Sam Mendes

Tristan

(2003) de Philippe Harel

Just a Kiss

(2004) de Ken Loach

Nombre de billets : 34

30 novembre 2005

No Direction Home: Bob Dylan (2005) de Martin Scorsese (TV)

Bob Dylan Elle :
Formidable documentaire sur Bob Dylan dont on découvre avec émotion la vie et les facettes du personnage. C’est avec des documents d’archives rares et extraordinaires que Martin Scorsese raconte l’enfance du chanteur et les cinq années de sa carrière musicale qui s’arrêtera en 1966 pour un long moment à cause d’un grave accident de moto. Ce parcours est ponctué de passages d’une interview récente de Dylan qui se livre comme il ne l’a jamais fait. C’est absolument incroyable. Scorsese a l’intelligence de mettre en parallèle la fulgurante ascension de Dylan avec le background historique (restes du mac-carthisme, discrimination des noirs, guerre du Vietnam, désir de révolte contre les injustices et le puritanisme au sein de la jeunesse, bouleversement artistique). On découvre le Dylan qui puise son inspiration chez Woodie Guthrie et Pete Seeger, le Dylan engagé aux côtés de Joan Baez dans les protests songs et enfin Dylan le rebelle qui refuse de prendre la tête de la contestation de la gauche américaine. C’est à partir de ce moment qu’il bifurque, crée son groupe de rock électrique qui fera hurler de rage les puristes du folk. Il refuse les étiquettes et le rôle qu’on veut lui faire jouer. Le superbe répertoire de Dylan accompagne cette plongée très émouvante dans l’Amérique des années 60.
Note : 5 étoiles

Lui :
Bob DylanCe documentaire signé Martin Scorcese est assez fabuleux, Bob Dylan s’y livre beaucoup plus qu’il ne le fait dans son autobiographie (qui m’avait un peu laissé sur ma faim). Les documents visuels sont nombreux, notamment sur la scène folk de Greenwich Village de 1960 et le parcours de Dylan est bien suivi, décrit ici sans ellipse… Beaucoup de petits interviews aussi, passionnants et même parfois amusants (entendre par exemple Alan Kooper raconter benoîtement son intervention à l’orgue sur « Like a rolling stone » est assez savoureux). L’ensemble se regarde avec beaucoup de plaisir et d’intérêt. Ce documentaire nous montre Dylan comme on ne l’avait vu. J’espère qu’il y aura une suite…
Note : 5 étoiles

Acteurs: Bob Dylan
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