9 février 2009

De l’autre côté (2007) de Fatih Akin

Titre original : « Auf der anderen Seite »

De l’autre côtéElle :
Entre Brême et Istanbul, sur fond de répression politique, le film donne lieu à un chassé croisé émouvant de destins fragiles qui se cherchent, se croisent parfois sans se voir, attendent sans fin l’être aimé. La mort d’êtres chers ouvre d’autres portes et permet la renaissance. Renaissance d’un fils qui pour expier le crime de son père part en Turquie à la recherche d’Ayten. Renaissance d’une mère pleine de remords après avoir perdu sa fille partie sauver Ayten de la prison. Sur une histoire assez complexe, Fatih Akin parvient à introduire une belle fluidité dans ses images et beaucoup de délicatesse dans les portraits de ses personnages brisés.
Note : 4 étoiles

Lui :
Avec De l’autre côté, Fatih Akin nous propose un film dense, avec deux histoires qui sont entremêlées sans vraiment l’être. Elles semblent se croiser, se répondre l’une à l’autre, se compléter. Le scénario est extrêmement riche, peut-être même un peu trop, et se situe à cheval entre l’Allemagne et la Turquie. La construction est assez originale avec une utilisation particulière des ellipses et des flashbacks. Ces deux histoires sont assez puissantes et dotées d’une forte dimension humaine. Fatih Akin dit considérer De l’autre côté comme faisant partie d’un triptyque : Head-On traite de l’amour, De l’autre côté de la mort et son prochain film du Mal.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Nurgül Yesilçay, Baki Davrak, Tuncel Kurtiz, Hanna Schygulla, Patrycia Ziolkowska
Voir la fiche du film et la filmographie de Fatih Akin sur le site imdb.com.

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8 février 2009

Le voyage de la peur (1953) de Ida Lupino

Titre original : The hitch-hiker

The Hitch-HikerElle :
(pas vu)

Lui :
Ida Lupino est probablement plus connue en tant qu’actrice qu’en tant que réalisatrice. De ses quelques longs métrages du tout début des années 50, Le Voyage de la Peur est son seul film policier, les autres étant plutôt des mélodrames sociaux. Ce film est particulier sur plusieurs plans : il est considéré comme le seul film noir réalisé par une femme, il est essentiellement basé sur trois personnages et surtout il se déroule en un lieu unique et inhabituel, une voiture, véhicule qui symbolise normalement la liberté de mouvement et qui se transforme ici en quelque sorte en prison. L’histoire serait inspiré de faits réels : deux amis partis pêcher sont pris en otage par un auto-stoppeur, criminel en fuite, qui va les forcer à le conduire à un certain endroit. Ida Lupino filme cette histoire de façon très réaliste, de telle sorte que nous sommes immergés dans cet univers aride et presque désertique de la péninsule mexicaine de la Basse Californie. Les kidnappés réagissent avec pragmatisme, sans héroïsme, face à ce tueur psychopathe (belle prestation de William Talman). La tension reste très forte tout au long du film qui reste pourtant simple dans son déroulement. C’est sans doute cette simplicité et ce réalisme qui donne à ce Voyage de la Peur toute sa force.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Edmond O’Brien, Frank Lovejoy, William Talman
Voir la fiche du film et la filmographie de Ida Lupino sur le site IMDB.

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7 février 2009

City Girl (1930) de F.W. Murnau

Autre titre : Our daily bread

City GirlElle :
(pas vu)

Lui :
(Film muet) City Girl est un film plutôt rare de Murnau que l’on a pu voir récemment dans sa meilleure version grâce à Patrick Brion. Le réalisateur allemand voulait originellement tourner un grand drame dans le milieu paysan céréalier, qu’il voulait appeler « Notre pain quotidien », mais il fut bridé par ses producteurs. Le film sortit en deux version : l’une muette, l’autre partiellement parlante, reniée par Murnau. City Girl se déroule dans deux univers successifs, placés en opposition. La partie se déroulant en ville, à Chicago, paraît très conventionnelle, alourdie par la romance naissante du jeune rural et de la « city girl » qui se déroule dans peu de lieux. Il faut attendre leur retour dans les plaines céréalières du Minnesota pour que le film montre son meilleur visage. Les scènes de moisson sont assez remarquables, avec une belle brochette de moissonneurs hauts en couleur (lorgnant tous la jeune fille bien entendu) et de très beaux plans dans les champs, grandioses, réalistes, presque documentaires. La tension entre les personnages est aussi bien plus forte dans cette partie.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Charles Farrell, Mary Duncan, David Torrence, Richard Alexander
Voir la fiche du film et la filmographie de F.W. Murnau sur le site imdb.com.

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6 février 2009

Comme une épouse, comme une femme (1961) de Mikio Naruse

Titre original : « Tsuma to shite onna to shite »

Comme une épouse, comme une femmeElle :
Comme dans tous les films de Mikio Naruse, les femmes sont ici très émouvantes tant elles sont à la merci des traditions, des codes et de la loi des hommes. L’adultère est une institution que les épouses sont obligées de subir et les maîtresses, hôtesses de bar, se résignent à accepter. Aucune d’entre elles ne peut construire une vie épanouie et les maris vivent en véritable état de bigamie sans se poser davantage de questions. C’est étonnant de voir ce réalisateur rivé à ce thème des femmes soumises et bafouées tout au long de sa carrière alors que les personnages masculins de ses films sont si lâches et égoïstes. Dans ce film, il nous plonge tragiquement au coeur d’une famille vivant dans le mensonge le plus total depuis de longues années tant sur le plan de l’amour que de la naissance des enfants.
Note : 4 étoiles

Lui :
Comme une épouse, comme une femmeComme une épouse, comme une femme débute par la vision d’une famille en apparence heureuse et classique mais plus le film avance et plus la réalité nous apparaît bien plus complexe et, à mi film, nous percevons toute la cruauté et le tragique de la situation. Cette progression dans la mise en place de la tragédie est assez remarquable et témoigne de la grande maîtrise du réalisateur japonais. Mikio Naruse traite une fois de plus de la place de la femme dans la société japonaise, en l’abordant cette fois par l’opposition/complémentarité femme légitime / maîtresse. Une fois de plus, les hommes sont particulièrement lâches, et une fois de plus, ce sont au final des vies gâchées. Comme une épouse, comme une femme est un film fort tout en restant très simple.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Hideko Takamine, Chikage Awashima, Masayuki Mori, Yuriko Hoshi, Tatsuya Nakadai, Kumi Mizuno
Voir la fiche du film et la filmographie de Mikio Naruse sur le site IMDB.
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5 février 2009

Les méduses (2007) de Shira Geffen et Etgar Keret

Titre original : « Meduzot »

Les MédusesElle :
Un film subtil, touchant et riche en symboles sur la solitude, le manque d’affection et d’amour, le voyage, les bateaux, la mer fédératrice et réconciliatrice. Trois histoires se déroulent en même temps avec des passerelles entre des personnages solitaires qui n’attendent qu’une main tendue pour se sentir exister : une petite fille abandonnée sur la plage suite à la querelle de ses parents, une jeune femme ignorée de sa famille qui la recueille, une jeune mariée à la jambe cassée qui passe sa lune de miel dans un hôtel de Tel-Aviv à défaut de pouvoir partir aux Caraïbes. Malgré la gravité du sujet, les deux réalisateurs adoptent un ton décalé parfois comique et usent de situations absurdes qui donnent une vraie touche personnelle au film. Les images sont belles et semblent déconnectées du réel. En jouant entre le net et le flou, elles marquent l’instabilité des personnages, un peu comme ces méduses qui flottent sans trop savoir où elles vont.
Note : 4 étoiles

Lui :
Le couple israélien Etgar Keret et Shira Geffen a réalisé un film assez surprenant et attachant. Lui est un romancier célèbre, elle est metteuse en scène et auteur de livres pour enfants. Dans Les Méduses, ils entrecroisent trois histoires qui n’ont en apparence aucun lien entre elles mais qui illustrent le même sujet, le même besoin de communication, la même recherche d’attaches. Ils le font de manière très originale, nous plaçant presque hors de la réalité, du moins en décalage avec celle-ci, non sans humour parfois. Les personnages, féminins pour la plupart, ont bien du mal à orienter leur vie, d’où cette analogie avec les méduses dans le titre. Le film apparaît un peu fragmentaire au premier abord mais la cohérence de l’ensemble apparaît ensuite, petit à petit mais avec une certaine force par les nombreux liens qui relient ces trois histoires. Les Méduses est un film très original, à découvrir.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Sarah Adler, Nikol Leidman, Gera Sandler, Noa Knoller
Voir la fiche du film et la filmographie de Shira Geffen et Etgar Keret sur le site imdb.com.

4 février 2009

Un secret (2007) de Claude Miller

Un secretElle :
Une histoire et un secret bouleversants qu’il vaut bien mieux découvrir avec le roman de Philippe Grimbert. La construction du film est confuse voire ennuyeuse ; les personnages secondaires sont mal exploités. Et voir Patrick Bruel, cinquantenaire dans la peau d’un trentenaire, n’aide pas vraiment à nous faire adhérer à l’histoire.
Note : 2 étoiles

Lui :
De cette adaptation du roman autobiographique de Philippe Grimbert, Un secret, Claude Miller a probablement cherché à faire un film pour un large public. C’est du moins ce que le casting un peu « people » peut nous laisser supposer. Le film est à l’image de son affiche, c’est-à-dire inutilement racoleur. C’est d’autant plus dommage que cette histoire est très forte en soi mais l’émotion a bien du mal à passer ici. Une construction confuse, le jeu impersonnel ou effacé des acteurs (mise à part Julie Depardieu, toujours convaincante), tout concoure à rendre Un secret assez plat. Le roman de Philippe Grimbert aurait certainement mérité mieux.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Cécile De France, Patrick Bruel, Ludivine Sagnier, Julie Depardieu, Mathieu Amalric
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3 février 2009

Le deuxième souffle (2007) de Alain Corneau

Le Deuxième souffleElle :
(pas vu)

Lui :
Plus de 40 ans après Le Deuxième Souffle de Jean-Pierre Melville, Alain Corneau choisit de sortir de la réalité : image hyper-saturée, couleurs fluos, filtres jaunes utilisés à l’excès, musiques grandiloquentes placées à contre-emploi, bruitages avec  forte réverbération… Le résultat paraît bancal, totalement étranger et inamical (ce qui était sans doute recherché), mais aussi factice et artificiel. On peut certes parler d’exercice de style, et si l’on regarde le film dans ce sens Alain Corneau est franchement audacieux, mais hélas ces parti pris, tout originaux qu’ils puissent être, n’aboutissent sur rien de convaincant. Si l’on rajoute à cela quelques effets faciles et racoleurs, tels les ralentis pseudo-esthétisants dans les fusillades, et le jeu étonnamment forcé des acteurs, ce Deuxième Souffle déçoit franchement. L’histoire perd en tout cas son intensité.
Note : 1 étoile

Acteurs: Daniel Auteuil, Monica Bellucci, Michel Blanc, Jacques Dutronc, Eric Cantona, Daniel Duval, Gilbert Melki, Nicolas Duvauchelle, Jacques Bonnaffé
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Version précédente :
Le deuxième souffle de Jean-Pierre Melville (1966) avec Lino Ventura

31 janvier 2009

Sommaire de janvier 2009

Chercheuses d'or de 1935L'heure zéroCeux qui restentLes amours d'Astrée et de CéladonLe grand attentatLa félineSecret SunshineHello, Sister!

Chercheuses d’or de 1935

(1935) de Busby Berkeley

L’heure zéro

(2007) de Pascal Thomas

Ceux qui restent

(2007) de Anne Le Ny

Les amours d’Astrée et de Céladon

(2007) de Eric Rohmer

Le grand attentat

(1951) de Anthony Mann

La féline

(1942) de Jacques Tourneur

Secret Sunshine

(2007) de Lee Chang-dong

Hello, Sister!

(1936) de Erich von Stroheim, Alan Crosland, Alfred Werker et Raoul Walsh

Paranoid ParkAu fil de l'eauLa vengeance dans la peauSérénade à troisL'ennemi intimeUn nom pour un autreDeux vies... plus uneLes cent pas

Paranoid Park

(2007) de Gus Van Sant

Au fil de l’eau

(1950) de Fritz Lang

La vengeance dans la peau

(2007) de Paul Greengrass

Sérénade à trois

(1933) de Ernst Lubitsch

L’ennemi intime

(2007) de Florent Emilio Siri

Un nom pour un autre

(2006) de Mira Nair

Deux vies… plus une

(2007) de Idit Cebula

Les cent pas

(2000) de Marco Tullio Giordana

Winchester 73Par effractionLes démons de la libertéSwing voteL'éclipseQuand une femme monte l'escalierUNos retrouvailles

Winchester 73

(1950) de Anthony Mann

Par effraction

(2006) de Anthony Minghella

Les démons de la liberté

(1947) de Jules Dassin

Swing vote

(2008) de Joshua Michael Stern

L’éclipse

(1962) de Michelangelo Antonioni

Quand une femme monte l’escalier

(1960) de Mikio Naruse

U

(2006) de Serge Elissalde

Nos retrouvailles

(2007) de David Oelhoffen

Piège de cristal58 minutes pour vivreUne journée en enfer

Piège de cristal

(1988) de John McTiernan

58 minutes pour vivre

(1990) de Renny Harlin

Une journée en enfer

(1995) de John McTiernan

Nombre de billets : 27

25 janvier 2009

Chercheuses d’or de 1935 (1935) de Busby Berkeley

Tiotre original : Gold diggers of 1935

Gold Diggers of 1935Elle :
(pas vu)

Lui :
Par rapport à son illustre prédécesseur Chercheuses d’Or 1933, ce Gold Diggers of 1935 paraît plus conventionnel, avec moins de « mordant ». L’histoire en soi n’est pas très originale : dans un hôtel de grand luxe, une jeune fille, étouffée par sa mère richissime et avare, va se dévergonder avec un jeune homme sans le sou. Nous sommes sur le terrain de la comédie et l’ensemble est plaisant, un peu idiot sans doute, assez amusant tout de même grâce à un bon jeu d’acteurs (qui ont tendance quelquefois à surjouer mais sans excès). L’ensemble reste néanmoins un peu banal. Ce n’est que vers la fin du film que surviennent les morceaux de choix, deux numéros musicaux qui portent la patte de Busby Berkeley. Ils sont très différents l’un de l’autre : The Words are in my Heart est un envoûtant ballet où Berkeley fait littéralement danser plusieurs dizaines de pianos à queue d’un blanc immaculé (il y en a 56), une vision assez spectaculaire et gracieuse. L’autre est le célèbre Lullaby of Broadway, dans une veine plus sociale, avec une histoire propre assez développée pour un numéro musical et dont le clou chorégraphique est un ensemble de plus de 100 danseurs et danseuses qui font les mêmes mouvements de claquette avec une précision extrême. Busby Berkeley a déclaré que Lullaby of Broadway était ce qu’il avait fait de mieux de toute sa carrière. En tout cas, ce Chercheuses d’Or de 1935 serait bien banal sans ces deux numéros. 
Note : 3 étoiles

Acteurs: Dick Powell, Adolphe Menjou, Gloria Stuart, Alice Brady, Hugh Herbert, Glenda Farrell, Frank McHugh
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Le troisième numéro musical de Chercheuses d’or de 1935, situé au milieu du film, est I’m going shopping with you. Ce n’est pas un ballet mais plutôt une chanson illustrée et apparaît comme étant bien moins notable, si ce n’est pour la belle voix de Dick Powell…

24 janvier 2009

L’heure zéro (2007) de Pascal Thomas

L'Heure zéroElle :
Un jeu d’acteur inégal, souvent trop poussé et une mise en place confuse et laborieuse me font abandonner. L’ensemble sonne faux.
Note : 0 étoile

Lui :
Pascal Thomas adapte une nouvelle fois un roman d’Agatha Christie, une histoire qu’il place dans une grande demeure bourgeoise au bord de la belle côte rocheuse de la Bretagne Nord. L’Heure Zéro a beaucoup de mal à se mettre en place et il faut attendre le tiers du film pour le voir enfin prendre son envol. Cela ne dure pas hélas, le soufflé retombe vite, principalement du fait d’une interprétation forcée et des personnages bien trop typés : Laura Smet est trop vulgaire, Chiara Mastroianni trop froide, Melvil Poupeau trop propret. Rien ne passe entre les personnages. Les personnages secondaires sont en revanche insignifiants mis à part un excellent couple de domestiques à qui l’on doit les meilleurs moments. François Morel n’est pas crédible une seule seconde en enquêteur, sorte de Colombo déguisé en Jacques Tati. Il reste le scénario, une solide énigme policière et familiale qui finalement nous sauve de l’ennui. L’Heure Zéro est un divertissement hélas bien moins réussi que l’adaptation précédente de Pascal Thomas Mon petit doigt m’a dit.
Note : 3 étoiles

Acteurs: François Morel, Danielle Darrieux, Melvil Poupaud, Laura Smet, Chiara Mastroianni, Alessandra Martines
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Remarque :
Il faut tout de même saluer la prestation parfaite de Danièlle Darrieux, qui montre toujours une belle présence à l’écran.