30 mars 2010

Le 49ème parallèle (1941) de Michael Powell

Titre original : « 49th parallel »
Titre (USA) : « The invaders »

Le 49ème parallèle Lui :
Un sous-marin allemand, maraudant près de Terre Neuve, est forcé de fuir par le Détroit d’Hudson au nord du Canada. Il est alors coulé par l’aviation canadienne mais un groupe de six allemands réussit à mettre pied à terre. Ils vont s’efforcer de rejoindre les Etats-Unis pour s’y réfugier…
Le 49e Parallèle a été financé par le Ministère de l’Information britannique. C’est la première grande fiction de propagande de la seconde Guerre Mondiale, le scénario ayant été écrit par Emeric Pressburger. Le film a été tourné en 1940/41, à une époque où le Canada avait déclaré la guerre à l’Allemagne mais où les Etats-Unis restaient neutres. Le 49e Parallèle milite donc en faveur d’une prise de position des USA, le propos étant ici de démontrer que personne n’est à l’abri de l’envahisseur nazi et de faire bien prendre conscience de la notion de civilisation en danger. Sur le plan cinématographique, nous sommes très loin du film précédent de Powell, Le lion a des ailes, assemblé à la hâte. Le 49e parallèle bénéficie d’un scénario solide et riche et Powell eut tous les moyens nécessaire pour aller tourner en grande partie sur place au Canada ce qui lui permet de nous gratifier de superbes images extérieures. Quelques stars comme Laurence Olivier, Raymond Massey ou Leslie Howard apportèrent un surcroît de stature, mais le plus remarquable est Eric Portman qui interprète l’officier allemand. Son discours dans la communauté rurale est un moment extrêmement fort. Le film doit également beaucoup à David Lean qui en assura entièrement le montage. Le rythme est enlevé et le film ne comporta aucun temps mort pendant ses deux heures. Le 49e parallèle remportât un vif succès, y compris aux Etats-Unis où il fut distribué sous le nom encore plus explicite de The Invaders (les envahisseurs).
Note : 4 étoiles

Acteurs: Eric Portman, Laurence Olivier, Finlay Currie, Anton Walbrook, Leslie Howard, Raymond Massey
Voir la fiche du film et la filmographie de Michael Powell sur le site IMDB.

Voir les autres films de Michael Powell chroniqués sur ce blog…

Remarques :
Le 49e parallèle marque la frontière entre la Canada et les Etats-Unis sur toute sa moitié ouest, soit plus de 2000 kms.

29 mars 2010

Le Mozart des pickpockets (2006) de Philippe Pollet-Villard

Le Mozart des pickpocketsLui :
(Court-métrage de 31 mn) Un oscar, un césar, grand prix du festival du court-métrage de Clermont-Ferrand, Le Mozart des pickpockets s’est fait remarquer par son humour et son ton très juste. Deux pickpockets, rois des mauvais plans, se retrouvent avec un garçon de dix ans, apparemment sourd et muet, sur les bras. Philippe Pollet-Villard a lui-même écrit cette histoire et la filme dans un style qui évoque à la fois les Pieds Nickelés et certaines comédies italiennes des années cinquante et soixante. Malgré la brièveté du film, il prend le temps d’asseoir ses personnages, de leur donner une certaine épaisseur et enrobe le tout avec quelques bonnes trouvailles d’humour. Il trouve ainsi le bon équilibre et signe un petit film très convaincant.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Philippe Pollet-Villard, Richard Morgiève, Matteo Razzouki-Safardi, Samir Guesmi
Voir la fiche du film et la filmographie de Philippe Pollet-Villard sur le site IMDB.

27 mars 2010

Le Cantique des Cantiques (1933) de Rouben Mamoulian

Titre original : « The Song of Songs »
Autre titre français (vidéo) : « Cantique d’amour »

Song of songsLui :
Déçus par le maigre succès du film précédent Blonde Venus, les Studios Paramount impose à Marlene Dietrich de tourner avec un autre réalisateur que son Von Sternberg préféré : pour Le Cantique des Cantiques ce sera donc Rouben Mamoulian. Personne n’est satisfait de cette association forcée, d’autant plus que le scénario est jugé par tous épouvantable. Il s’agit d’un roman, déjà adapté en pièce puis par deux fois à l’écran, dont l’histoire tient, il est vrai, plus du roman-photo que d’un grand roman d’amour : une jeune paysanne arrive à Berlin et y rencontre un jeune sculpteur dont elle tombe amoureuse. Cantique des cantiques A la vision du film, on perçoit sans peine que le courant n’est pas passé entre le réalisateur et Marlene dont le jeu est assez inconsistant, avec des sautes d’expression d’un plan à l’autre comme si elle semblait prendre des poses. Rouben Mamoulian parvient tout de même à créer de très belles scènes, notamment dans l’atelier du sculpteur avec la statue pour troisième personnage. Il parvient également à magnifier Marlene dans une ou deux scènes, même s’il est délicat de savoir si le crédit doit en être donné à la star ou au réalisateur qui n’a pas pu montrer ici tout son talent. Le Cantique des Cantiques n’eut que peu de succès, il est même devenu assez peu courant aujourd’hui.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Marlene Dietrich, Brian Aherne, Lionel Atwill, Alison Skipworth, Hardie Albright
Voir la fiche du film et la filmographie de Rouben Mamoulian sur le site IMDB.

Voir les autres films de Rouben Mamoulian chroniqués sur ce blog…

Remarques :
A) Malgré les affirmations des services de publicité de Paramount, Marlene Dietrich n’a pas posé nue comme modèle pour la création de la statue utilisée dans le film. Elle a catégoriquement refusé pour plusieurs raisons dont une fort simple qui est dévoilée par sa fille dans son livre (mais qu’en homme bien élevé, je n’aurai pas la muflerie de répéter…)
B) Si le courant n’est pas vraiment passé entre Rouben Mamoulian et Marlene Dietrich (sans qu’il y ait eu d’hostilité franche, Mamoulian sachant arrondir les angles), il en fut tout autrement entre Marlene et Brian Aherne qui eurent une liaison le temps du tournage, ce qui a du apporter un peu de chaleur au film qui en manque singulièrement.
C) Après cet intermède, Marlène sera « redonné » à von Sternberg qui fera L’impératrice Rouge (The Scarlet Empress) tandis que Rouben Mamoulian fera tourner Greta Garbo (la bête noire et grande rivale de Marlene Dietrich) dans La Reine Christine (Queen Christina). Ils signeront là deux des plus grands films hollywoodiens de toute la décennie.

Précédentes versions :
The Song of Songs de Joseph Kaufman (1918) avec Elsie Ferguson
Lili of the Dust de Dimitri Buchowetzki (1924) avec Pola Negri

26 mars 2010

Le lion a des ailes (1939) de Michael Powell, Adrian Brunel et Brian Desmond Hurst

Titre original : « The Lion has wings »

Le lion a des ailesLui :
Comme il l’avait promis (1), le producteur anglais Alexander Korda a mis tout son studio à contribution pour réaliser un film de propagande dès les premiers jours qui suivirent la déclaration de guerre contre l’Allemagne en 1939. Le Lion a des ailes fut ainsi tourné et monté en à peine un mois ; dix jours plus tard, le film sortait dans une soixantaine de pays… La première moitié du film est un montage d’actualités des cinq années précédentes montrant l’appétit de conquêtes d’un Hitler qui ne tient jamais ses promesses. Est ensuite montrée comment l’industrie anglaise s’est déjà reconvertie dans une production de guerre (2). La reconstitution d’un raid de la Royal Air Force sur des bateaux de guerre allemands qui suit est la moins édulcorée de ce film qui s’achève par la démonstration de la capacité de l’Angleterre à repousser une attaque aérienne allemande, grâce notamment à un nouvel outil non nommé et non montré (le radar). Cinématographiquement parlant, Le Lion a des ailes n’a pas vraiment de valeur autre qu’historique. C’est un film de propagande, fourre-tout assemblé à la hâte, destiné d’une part à exalter l’esprit patriotique anglais et d’autre part à montrer à tous la force de l’Angleterre. Avec le recul, il nous montre le rôle que s’apprêtait à tenir le cinéma anglais pendant la guerre.
Note : 1 étoile

Acteurs: Merle Oberon, Ralph Richardson, June Duprez
Voir la fiche du film et la filmographie de Adrian Brunel & Brian Desmond Hurst sur le site imdb.com.
Voir les autres films de Michael Powell chroniqués sur ce blog…

Remarques :
Les scènes montrant Elizabeth I s’apprêtant à repousser l’Armada sont extraites du film Fire over England de William Howard (1937) avec Flora Robson (autre produit des Denham Studios d’Alex Korda).

(1) En 1938, Alexander Korda avait promis à Churchill, en échange d’aide à la création, de tout mettre en œuvre pour faire un grand film de propagande anti-nazie le jour où la guerre serait déclarée. On considère aujourd’hui qu’Alex Korda a ainsi sauvé l’industrie cinématographique anglaise en montrant qu’elle pouvait être une arme de guerre.
(2) Michael Powell reconnaît dans ses mémoires que cette partie ne correspond pas du tout à la réalité de l’époque et qu’elle est le résultat d’un montage habile.

25 mars 2010

Tonnerre sous les tropiques (2008) de Ben Stiller

Titre original : « Tropic thunder »

Tonnerre sous les tropiquesLui :
Ben Stiller est à la fois devant et derrière la caméra dans cette satire délirante des films de guerre. La trame en est assez simple : des acteurs vedettes du box-office, censés tourner un grand film d’action, se retrouvent lâchés en pleine jungle dans un terrain… réellement hostile. En premier, ce sont donc les acteurs qui sont brocardés, des acteurs déconnectés de la réalité, obnubilés par leur plan de carrière et parfois prêts à tout pour décrocher un oscar. C’est aussi un système de production qui est sur le grill avec un Tom Cruise presque méconnaissable en producteur grossier, brutal et cynique, probablement le personnage le plus réussi (et le plus délirant) du film. Ajoutez à cela un faux héros de guerre, un responsable des effets spéciaux un peu trop passionné et surtout une bande de vrais trafiquants d’héroïne et vous aurez une idée du cocktail explosif qui compose Tonnerre sous les tropiques. Si tout n’est pas du même niveau, il y a de beaux moments d’humour et Ben Stiller, pour une fois, ne reste pas cantonné dans un humour potache et ne fait pas durer les gags ; le rythme est même assez enlevé. L’ensemble est amusant, un humour mordant avec des moments joliment délirants.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Ben Stiller, Robert Downey Jr., Jack Black, Jay Baruchel, Steve Coogan, Tom Cruise, Nick Nolte
Voir la fiche du film et la filmographie de Ben Stiller sur le site IMDB.

Remarques :
Le Etan Cohen qui a co-signé le scénario avec Ben Stiller et Justin Théroux n’a aucun lien avec Ethan Coen des frères Coen (notez la position du « h »…)

24 mars 2010

Frozen River (2008) de Courtney Hunt

Frozen RiverLui :
Une femme, qui a bien du mal à faire vivre décemment ses deux enfants depuis que son mari l’a quittée, en vient à faire passer la frontière proche à des immigrés clandestins dans le coffre de sa voiture. Pour son premier long métrage, Courtney Hunt parvient à trouver un bel équilibre entre drame social et un certain suspense, imbriquant parfaitement l’un dans l’autre. Le ton est particulièrement juste, porté par la belle prestation des deux actrices principales Melissa Leo et Misty Upham. Si l’ensemble n’est guère optimiste, Courtney Hunt ne laisse pas tomber son film dans le misérabilisme, elle se concentre sur ses deux portraits de femmes, leur donne beaucoup de force et de vie et parvient même à achever sur une note revitalisante. Frozen River fait partie de ces films qui ne s’oublient pas facilement.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Melissa Leo, Misty Upham, Charlie McDermott, Michael O’Keefe
Voir la fiche du film et la filmographie de Courtney Hunt sur le site IMDB.

23 mars 2010

L’homme de Londres (2007) de Béla Tarr

Titre original : « A Londoni férfi »

L'homme de LondresLui :
L’homme de Londres est un roman de Georges Simenon qui a déjà été porté à l’écran par deux fois dans les années quarante. On comprend que Béla Tarr l’ait choisi car cette histoire de meurtre dans un port ferroviaire offre au réalisateur hongrois un support idéal pour le cinéma qu’il affectionne. Il s’applique donc à créer une ambiance empreinte d’une lenteur extrême qui devient hypnotique et à explorer les tréfonds de l’âme de ses personnages. Désireux de calquer le rythme de son film sur la vie monotone de son personnage principal, Bela Tarr lui donne hélas trop d’importance et s’éloigne de la recherche d’une rythmique propre. De ce fait, le caractère hypnotique de son cinéma ne joue pas ici pleinement, c’est d’autant plus dommage que les images sont très belles (l’affiche du film en donne une idée). On peut bien entendu parler alors de « recherche formelle »… mais quand on commence à employer ces mots-là pour parler d’un film, ce n’est généralement pas bon signe!
Note : 2 étoiles

Acteurs: Miroslav Krobot, Tilda Swinton, István Lénárt
Voir la fiche du film et la filmographie de Béla Tarr & Ágnes Hranitzky (co-directeur) sur le site imdb.com.

Voir les autres films de Béla Tarr chroniqués sur ce blog :
Les Harmonies Werckmeister

Autres adaptations du roman de Simenon :
L’Homme de Londres (1943) d’ Henri Decoin avec Fernand Ledoux, Jules Berry et Suzy Prim (lire nos commentaires)
Le port de la Tentation (Temptation harbour) de l’anglais Lance Comfort (1947) avec Robert Newton et Simone Simon.

22 mars 2010

The Fire Raisers (1934) de Michael Powell

The Fire RaisersLui :
The Fire Raisers fait partie de ces petits films, des « quota-quickies » (1), que l’anglais Michael Powell réalisa au tout début de sa carrière. Cette fois, il bénéficiait d’un casting de choix avec d’excellents acteurs comme Leslie Banks (l’inquiétant comte des Chasses du Comte Zaroff), Francis L. Sullivan à la voix caressante (2) et même une actrice américaine Carol Goodner. L’histoire met en scène un agent d’assurance qui devient incendiaire dans le but de monter des escroqueries à l’assurance. Si The Fire Raisers n’est pas un grand film, il est néanmoins bien fait, avec un bon rythme et une bonne présence des personnages à l’écran. Il se laisse regarder sans déplaisir.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Leslie Banks, Anne Grey, Carol Goodner, Frank Cellier, Francis L. Sullivan, Lawrence Anderson
Voir la fiche du film et la filmographie de Michael Powell sur le site IMDB.
Voir les autres films de Michael Powell chroniqués sur ce blog…

(1) « Quota » parce que les compagnies de cinéma en Angleterre devaient respecter un quota de 10% de films anglais (l’industrie cinématographique anglaise avait alors bien du mal à résister à la déferlante hollywoodienne après l’avènement du parlant) et « quickie » parce ces films devaient être réalisés très rapidement, le budget standard d’un « quota-quickie » étant défini au mètre de pellicule (1 livre par pied, soit environ 6000 livres pour un film de 75 mn).
Pour le jeune réalisateur Michael Powell qui n’avait pas encore trente ans, ces « quota-quickies » lui permirent de se faire la main. Alfred Hitchcock (dans une moindre mesure) a lui aussi réalisé quelques « quota-quickies ».
(2) Francis L. Sullivan est un merveilleux acteur anglais qui a l’apparence physique de Sydney Greenstreet et une voix délicate et profonde, un peu dans le style James Mason. Quand il joue un personnage retors comme ici, le résultat est enchanteur.

21 mars 2010

Le pirate noir (1926) de Albert Parker

Titre original : « The Black Pirate »

Le pirate noirLui :
(film muet) Le pirate noir reste dans l’histoire du cinéma comme le premier long métrage tourné entièrement en Technicolor (1). Alors au sommet de sa gloire, Douglas Fairbanks a mis d’énormes moyens pour produire ce projet dont il écrivit lui-même le scénario (sous le pseudonyme d’Elton Thomas). L’histoire est celle d’un duc qui, pour venger son père tué par les pirates, prend la tête de la bande pour mieux les livrer à la justice. Cette histoire permet d’utiliser les formidables qualités acrobatiques de Douglas Fairbanks, l’acteur le plus athlétique avec Buster Keaton du cinéma muet (et même de toute l’histoire du cinéma). Certaines cascades sont époustouflantes, notamment quand il prend un navire d’assaut à lui tout seul (2). Le pirate noirLe Pirate Noir est « Le » film du Douglas Fairbanks légendaire, bondissant, plein d’ardeur, de charme et d’optimisme, qui accomplit des prouesses qui nous soulèvent le coeur. Ce qu’il fait ici est unique dans l’histoire du cinéma. Les couleurs sont assez belles, à part dans quelques passages qui ont moins bien vieilli où les teintes brun-rouges dominent. Le Pirate Noir est surtout un grand spectacle, le scénario en lui-même est assez simple et se déroule dans peu de lieux (3). Le côté animal du comportement des pirates est bien rendu, que ce soit dans leurs actes ou dans leur multitude grouillante. Grâce à ses qualités spectaculaires, le film rencontra un grand succès. United Artists sortit également une copie en noir et blanc qui fut longtemps la seule visible. Ce n’est qu’en 1975 que la version couleur, restaurée,  fut à nouveau visible. Le Pirate Noir est un film qu’il faut voir en couleurs (4).
Note : 4 étoiles

Acteurs: Douglas Fairbanks, Billie Dove, Anders Randolf, Donald Crisp, Sam De Grasse
Voir la fiche du film et la filmographie de Albert Parker sur le site IMDB.

(1) D’autres films comportaient des séquences en Technicolor avant lui toutefois et Toll of the Sea (1922) est le premier film moyen-métrage entièrement en Technicolor. Il s’agit d’un Technicolor à 2 composantes (ici vert et brun) obligeant à utiliser deux pellicules qui étaient ensuite fusionnées. La pellicule finale étant plus épaisse, les difficultés de projection firent que le procédé fut provisoirement abandonné malgré le succès populaire. La possibilité de ne travailler qu’avec une seule pellicule vint plus tard. Le premier film en Technicolor à 3 composantes (rouge, vert, bleu) fut Becky Sharp de Robert Mamoulian en 1935.
Pour en savoir plus, voir le (passionnant) site WidescreenMuseum
(2) 80 ans plus tard, on se perd encore en conjectures pour deviner comment a été réalisée l’une des cascades les plus célèbres de Douglas Fairbanks : tout en haut du mât, il plante son épée dans la toile de la voile et se laisse glisser jusqu’au bas, éventrant ainsi la voile sur toute sa hauteur.
(3) A noter que tout le film a été tourné en studio pour avoir une meilleure stabilité des couleurs.
(4) Certaines scènes perdent d’ailleurs leur impact en noir et blanc : par exemple, au début du film, une des victimes des pirates avale une bague plutôt que d’avoir à la livrer. Le chef des pirates l’ayant réperé ordonne à l’un de ses hommes d’aller la récupérer. L’homme revient quelques secondes plus tard avec la bague. En noir et blanc, la scène n’est pas très frappante. En couleurs, l’homme revient avec le sabre, le bras et même le torse couverts de sang rouge… C’est épouvantable!

Anecdote (ou légende…) :
Mary Pickford refusa de laisser Billie Dove tourner la scène du baiser avec Douglas Fairbanks. Ce serait donc elle qui aurait joué la scène après avoir endossé le costume de Billie Dove… (Cette anecdote peut toutefois avoir été inventée de toutes pièces pour la promotion du film car rien n’est visible à l’écran.)

20 mars 2010

Le testament d’Orphée (1960) de Jean Cocteau

Titre complet: « Le testament d’Orphée, ou ne me demandez pas pourquoi! »

Le testament d'Orphée, ou ne me demandez pas pourquoi!Lui :
Dernier long métrage de Jean Cocteau, Le Testament d’Orphée est aussi son ultime message comme il le définit lui-même en exergue de son film : « Voici le legs d’un poète aux jeunesses successives qui l’ont toujours soutenu » (1). Tourné dans les carrières des Baux-de-Provence, il s’agit d’une introspection où Cocteau se met lui-même en scène pour une série de variations poétiques et philosophiques sur les thèmes qu’il a explorés toute sa vie durant. « Ma grande affaire est de vivre une actualité qui m’est propre et qui abolit le temps. Ayant découvert que cet état était mon privilège, je m’y suis perfectionné et enfoncé davantage. » Il meurt et renaît plusieurs fois tel un phénix poétique. Il joue avec le temps, mêlant les époques et les mythologies, créant aussi de jolis effets visuels de plans retournés et de trucages audacieux. Il faut certainement être très familier de l’œuvre de Cocteau pour apprécier ce film à sa juste valeur. Beaucoup d’acteurs différents (dont Jean-Pierre Léaud à l’âge de quatorze ans!) et quelques apparitions de ses amis (2).
Note : 3 étoiles

Acteurs: Jean Cocteau, Henri Crémieux, María Casares, François Périer, Edouard Dermithe, Jean Marais, Yul Brynner, Daniel Gélin
Voir la fiche du film et la filmographie de Jean Cocteau sur le site IMDB.

Voir les autres films de Jean Cocteau chroniqués sur ce blog…

(1) Cocteau a été soutenu par la Nouvelle Vague, y compris matériellement : apprenant que Cocteau avait des problèmes pour boucler son budget, François Truffaut lui apporta les toutes premières recettes de son premier film Les 400 coups ce qui permit à Cocteau de tourner.
(2) Les amis : Picasso, le danseur Serge Lifar, le torero Luis Miguel Dominguín, Charles Aznavour, Françoise Sagan, Jacqueline Roque (Jacqueline Picasso), Alice Sapritch
Francine Weisweiller a produit le film dont certaines scènes ont été tournées dans sa villa de Saint-Jean-Cap-Ferrat, villa décorée de fresques par Cocteau aujourd’hui classée monument historique. Elle joue également la femme élégante qui s’est trompée d’époque.

Remarque :
Un livre de photographies (jusque là inédites) prises pendant le tournage du Testament d’Orphée par Lucien Clergue est sorti chez Actes Sud en 2003 : Phénixologie.