3 mars 2008

Daratt, saison sèche (2006) de Mahamat-Saleh Haroun

DarattElle :
Envoyé par son grand-père pour aller tuer l’assassin de son père, Atim trouve le meurtrier qui est boulanger et travaille pour lui. Ecartelé, le jeune homme observe, jauge son ennemi, le découvre humainement mais pense aussi à remplir la mission de son grand-père. Le réalisateur montre incontestablement des talents de mise en scène photographique. Les couleurs de l’Afrique et les belles compositions des scènes illuminent le film. Cependant, le rythme est si lent que l’intérêt s’émousse au fil des minutes.
Note : 2 étoiles

Lui :
Un jeune tchadien de 20 ans se voit confier par son grand-père aveugle la mission d’aller tuer l’assassin de son père qui ne sera pas jugé du fait de la proclamation d’une amnistie. Darrat, Saison Sèche est un long face à face entre ce jeune te l’homme qu’il est venu tuer et qu’il voit de plus en plus en tant qu’homme. Le film soulève le problème de la difficulté d’accepter une amnistie pour clore une guerre civile ; le jeune Atim voudrait tant pouvoir tourner la page, vivre sa vie sans avoir porter le poids du passé. Darrat, Saison Sèche n’est pas sans défaut, probablement un peu trop lent, mais porte un humanisme assez fort.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Ali Barkai, Youssouf Djaoro, Aziza Hisseine
Voir la fiche du film et la filmographie de Mahamat-Saleh Haroun sur le site imdb.com.

2 mars 2008

Fast Food Nation (2006) de Richard Linklater

Fast Food NationElle :
Ce film documentaire inspiré d’un best seller et produit par un des Sex Pistols montre comment l’industrie du fast food a envahi toute la société américaine. Pour ce faire, on suit en parallèle le parcours des personnes qui participent aux fonctionnement de cette économie : les industriels qui ne pensent qu’à leur chiffre d’affaires, les gérants qui couvrent les anomalies et les scandales, le personnel sous-payé des fast food, les clandestins mexicains exploités et embauchés sans qualification pour faire les basses besognes, les consommateurs qui continuent d’acheter et d’avaler gloutonnement sans réfléchir, les étudiants qui tentent vainement de changer le cours de choses avec le Patriot Act comme menace. Un circuit sanglant, glauque et sans espoir. On peut reprocher au film la présence de scènes un peu confuses et inutiles qui n’apportent pas grand-chose de plus au message du film.
Note : 3 étoiles

Lui :
Dans Fast Food Nation, Richard Linklater aborde deux problèmes : la qualité déplorable de la viande servie dans les fast-food et l’exploitation des mexicains immigrés clandestins. Nous sommes dans le Colorado près d’une gigantesque entreprise d’abattage et de découpe des bovins. Un cadre d’une chaîne de fast-food est là pour enquêter : des analyses ont montré la présence de matière fécale dans la viande hachée… (bon appétit). Sous des airs de documentaire, Fast Food Nation s’appuie en fait sur une adaptation d’un livre de Eric Schlosser pour pointer du doigt des situations assez révoltantes. La démonstration est toutefois un peu trop diluée dans une bonne dose de verbiage qui lui ôte un peu de sa force mais cela ne donne pas franchement envie d’aller se prendre un hamburger au fast-food du coin.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Greg Kinnear, Catalina Sandino Moreno, Wilmer Valderrama, Bruce Willis, Patricia Arquette, Kris Kristofferson
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28 février 2008

Coeurs (2006) de Alain Resnais

CoeursElle :
C’est toujours avec émotion que je retrouve les acteurs fétiches d’Alain Resnais que sont Sabine Azéma, Pierre Arditi et André Dussollier. Atmosphère théâtrale, jeux de fenêtres et de miroirs, ambiance de neige, touches atemporelles pour des personnages qui aspirent à devenir mieux que ce qu’ils sont dans leur vie quotidienne. Des personnages en recherche d’amour qui se dévoilent au-delà des apparences et laissent apparaître des tourments, des fantasmes, des névroses. La mise en scène est éblouissante tant au niveau des éclairages, des mouvements de caméra, de la musique choisie, des ambiances intimistes restituées. On passe du tragique à des situations très cocasses et pleines de fantaisie. C’est un film très abouti. Alain Resnais souffle le chaud et le froid avec bonheur du haut de ses 83 ans.
Note : 5 étoiles

Lui :
Cœurs nous plonge dans une atmosphère atemporelle à la limite de l’onirique, comme coupée du réel à l’image de ses 6 personnages principaux que la solitude semble avoir placés dans une bulle. Car c’est bien la solitude, le célibat forcé qui est au centre de Cœurs : les cœurs ne battent que pour un temps. Le film d’Alain Resnais n’est pas triste, loin de là, puisqu’il est constellé de touches d’humour, le cinéaste semble s’amuser beaucoup notamment avec le personnage joué par Sabine Azéma. Mais cet humour ne prend jamais le pas, il vient soulager la tension et la formidable intensité des personnages. La neige, omni présente, apporte une note froide de pureté et vient accentuer le sentiment de renfermement. Il y a une richesse remarquable dans Cœurs ; Alain Resnais ne nous livre pas toutes les clés, il nous laisse certaines latitudes pour remplir les trous. L’interprétation, quant à elle, est parfaite et sans faille, les acteurs fétiches du cinéaste parvenant à insuffler beaucoup d’humanité dans le récit. A 80 ans, Resnais nous livre une fois de plus un film d’une intensité remarquable.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Sabine Azéma, Isabelle Carré, Laura Morante, Pierre Arditi, André Dussollier, Lambert Wilson
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25 février 2008

The Last Show (2006) de Robert Altman

Titre original : « A Prairie Home Companion »

The last ShowElle :
Nostalgie d’une époque… Pour son dernier film, Robert Altman explore avec virtuosité et tendresse les coulisses d’un show radiophonique émaillé de réclames à l’ancienne, de musique country, de chanteurs sur le retour et de blagues un peu lourdes. La mort y rôde sous les traits d’une belle jeune femme. La palette des sentiments humains et de l’Amérique profonde s’y dévoile en simplicité à travers des personnages hauts en couleur et attachants. Des scènes, parfois longues, se laisse hélas échapper une impression d’ennui.
Note : 3 étoiles

Lui :
Robert Altman était un grand amateur de radio et de country music, musique qui lui avait inspiré Nashville, l’un de ses films les plus aboutis. Pour son dernier film, c’est à une plongée nostalgique dans l’univers des émissions de radio de la grande époque. Il prend comme support une véritable émission hebdomadaire de 2 heures qui existe toujours à l’heure actuelle, A Prairie Home Companion, enregistrée en public dans le Midwest et diffusée par les public radios dans tous les Etats-Unis. C’est le véritable animateur de l’émission, Garrison Keillor, qui a écrit le scénario du film ; il y joue son propre rôle. Ceci explique en partie la grande authenticité qui se dégage du film, Altman ayant su parfaitement filmer cela avec tout son professionnalisme sans en altérer la fraîcheur. L’émission de radio est un petit monde où les personnes ont tissé des liens de connivence et d’amitié. Le problème principal de The Last Show réside dans son scénario : les discussions apparaissent assez futiles et le personnage de l’Ange de la Mort est parfaitement superfétatoire. L’intérêt s’émousse trop rapidement et il ne reste que l’aspect spectacle pour nous retenir.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Garrison Keillor, Meryl Streep, Lily Tomlin, Kevin Kline, Lindsay Lohan, Virginia Madsen, Woody Harrelson, Tommy Lee Jones
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Voir le site internet de la véritable émission de radio : A Prairie Home Companion

17 février 2008

Babel (2006) de Alejandro González Iñárritu

BabelElle :
Dernier volet de la trilogie après Amours chiennes et 21 grammes, Babel est un très beau film, d’une grande force. Un simple coup de fusil accidentel tiré par un petit marocain tisse un lien très fort entre quatre histoires universelles, fortes de solitude et d’incommunicabilité au Mexique, aux Etats-Unis, au Maroc et à Tokyo. Le cinéma d’Iñárritu est planétaire. Il met en scène avec une grande beauté visuelle, humaine et émotionnelle des personnages au bord de la rupture tout en leur laissant une issue pour renaître et se retrouver. Le scénario est très bien équilibré et ne laisse jamais la sensation d’être manipulé par les effets faciles liés à l’émotion. On passe subtilement d’une histoire à l’autre et à aucun moment, on ne ressent l’artifice ou l’ennui. Iñárritu émaille son film de toute la palette des sentiments. On peut passer d’un seul coup de la plus grande douceur à la crudité la plus violente. Son cinéma ne peut laisser insensible ; on en ressort bouleversé. C’est en plus un incontestable maître de l’image, de la composition et de l’éclairage. Il filme les paysages et les villes avec une rare beauté qui touche profondément. Les plans d’un Tokyo uniformisé et déshumanisé sont absolument somptueux.
Note : 5 étoiles

Lui :
Babel du réalisateur mexicain Alejandro González Iñárritu nous dévoile quatre histoires, très éloignées géographiquement puisqu’elles se déroulent sur trois continents. C’est un incident tragique qui relie ces histoires entre elles. Babel nous plonge dans des fragments de vie qui révèlent beaucoup, dressant des portraits empreints d’une profonde humanité. Mis en scène sans esbroufe, Babel est un très beau film dont le titre reflète la hauteur de l’ambition du réalisateur : mettre toute l’humanité dans un film… Certes, le but est trop élevé pour être atteint mais c’est incontestablement une réussite.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Brad Pitt, Cate Blanchett, Adriana Barraza, Gael García Bernal, Rinko Kikuchi, Kôji Yakusho
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15 février 2008

Ne le dis à personne (2006) de Guillaume Canet

Ne le dis à personneElle :
(pas vu)

Lui :
Huit ans après que sa femme ait été assassinée par un tueur en série, Alex reçoit un email anonyme accompagné d’images prétendument prises en temps réel de sa femme dans une rue. Tel est globalement le point de départ de Ne le dis à Personne, adapté d’un roman d’Harlan Coben, une histoire qui nous intrigue vraiment et qu’il est bien difficile de percer à jour. A l’instar de son personnage principal, on ne comprend absolument pas la raison des évènements auxquels on assiste et il faut attendre les dix dernières minutes pour que la vérité se dévoile à nos yeux. Sachant parfaitement profiter de la richesse du scénario, Guillaume Canet réussit à trouver le bon équilibre, nous ficelant un thriller à la française qui ne cherche pas à singer les productions américaines : son film a une personnalité certaine, y compris dans les scènes d’action, privilégiant toujours les personnages qui sont assez nombreux mais très bien cernés. Ne le dis à Personne semble avoir été globalement mal reçu par la Critique, en tout cas pas aussi bien qu’il le méritait car, bien entendu, on peut toujours reprocher ici et là quelques petites maladresses. C’est un peu dommage car il sait prolonger, voire même renouveler, la tradition du bon polar à la française. Moi, je dis : bravo !
Note : 5 étoiles

Acteurs: François Cluzet, Marie-Josée Croze, André Dussollier, Kristin Scott Thomas, François Berléand, Nathalie Baye, Jean Rochefort, Marina Hands
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11 février 2008

Azur et Asmar (2006) de Michel Ocelot

Azur et AsmarElle :
(pas vu)

Lui :
Azur et Asmar est un très beau film d’animation. Une fois encore, le plus remarquable est que, Michel Ocelot a beau cibler en tout premier les enfants (à partir de 3 ans), son film reste non seulement regardable mais même assez passionnant pour un adulte… C’est un joli conte, avec une fée à délivrer, des obstacles à franchir et des méchants qui nous veulent du mal, un conte qui parvient bien a restituer toute la magie d’un certain orientalisme teinté d’aventures. De plus, Azur et Asmar véhicule indéniablement un message de tolérance : la xénophobie est ridiculisée de façon vraiment amusante et le fond de l’histoire met en valeur l’amitié de deux jeunes garçons au delà des races et des frontières. On retrouve le très bon équilibre du premier Kirikou avec un dessin pur et stylisé et une animation, certes très simple, mais qui donne une impression de souplesse et d’élasticité. Une réussite.
Note : 4 étoiles

Acteurs: (voix) Cyril Mourali, Hiam Abbass, Patrick Timsit
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10 février 2008

Black Book (2006) de Paul Verhoeven

Titre original : « Zwartboek »

Black BookElle :
Ce film, qui met en avant les turpitudes de la guerre avec ses trahisons et bassesses, ne m’a pas procuré beaucoup d’émotion malgré la gravité du sujet. Son côté trop léché, trop romanesque, trop sulfureux, trop aventurier, trop thriller, trop spectaculaire m’a beaucoup gêné.
Note : 2 étoiles

Lui :
Paul Verhoeven a beau avoir quitté Hollywood pour rejoindre sa Hollande natale, il a gardé en grande partie son style et donc, quand il traite de l’action de la Résistance hollandaise en 1944, il le fait avec tous les ingrédients du cinéma de spectacle. Son Black Book fonctionne toutefois parfaitement bien, en premier lieu parce qu’il s’appuie sur un solide scénario, extrêmement riche à la manière d’un film d’espionnage, et aussi grâce à un rythme extrêmement soutenu, qui ne laisse pas beaucoup de temps de respirer, à la manière d’un film d’aventures à la Indiana Jones. En outre, Verhoeven peut aussi s’appuyer sur son actrice principale, Carine van Houten, qui montre beaucoup de tempérament pour camper une jeune fille fonceuse et prête à tout pour survivre. Il me paraît vain de chercher dans Black Book un quelconque message, c’est avant tout un spectacle mais, par sa facilité d’abord, c’est aussi une façon de garder à l’esprit cette période sombre de notre Histoire. En tout cas, c’est à mes yeux le meilleur film de Verhoeven.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Carice van Houten, Sebastian Koch, Thom Hoffman, Halina Reijn
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9 février 2008

Tideland (2005) de Terry Gilliam

TidelandElle :
(pas vu)

Lui :
Livrée à elle-même après la mort de ses parents par abus de drogues dures, une petite fille se réfugie dans un monde imaginaire. Telle est la trame globale de Tideland dans lequel Terry Gilliam crée une atmosphère cauchemardesque et assez terrifiante. Les rares moments de poésie sont noyés dans un océan morbide et hystérique. Tideland met très mal à l’aise, un film franchement éprouvant à regarder.
Note : 1 étoiles

Acteurs: Jodelle Ferland, Jeff Bridges, Janet McTeer, Brendan Fletcher
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5 février 2008

Le héros de la famille (2006) de Thierry Klifa

Le Héros de la familleElle :
Une comédie familiale bien conventionnelle et sans grande surprise qui ne laissera pas de traces malgré une belle pléiade d’acteurs. Une histoire d’héritage autour d’un vieux cabaret attribué aux enfants plutôt qu’aux parents donne lieu à quantité de trahisons, rébellions, règlements de compte. Cependant, le scénario reste bien téléphoné et inintéressant malgré le désir du réalisateur de nous attendrir sur une certaine époque.
Note : 2 étoiles

Lui :
Malgré la présence de plusieurs acteurs de premier plan, Le Héros de la Famille ne parvient pas vraiment à nous intéresser. Comme c’est souvent le cas, l’effet est même plutôt inverse : un trop grand nombre d’acteurs connus dans un film donne une impression d’irréalité et on s’intéresse plus aux acteurs qu’aux personnages eux-mêmes. Pour ne rien arranger, l’histoire n’est guère palpitante et, assez rapidement, on se surprend à avoir de petits moments d’absence. Le Héros de la Famille est un film qui mise tout sur l’apparence, un peu racoleur donc, et qui ne nous apporte rien de bien nouveau… Ah si : Géraldine Pailhas chante très bien, une voix très pure.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Gérard Lanvin, Catherine Deneuve, Emmanuelle Béart, Miou-Miou, Michaël Cohen, Géraldine Pailhas, Claude Brasseur, Valérie Lemercier
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