2 décembre 2007

La dernière séance (1971) de Peter Bogdanovich

Titre Original : The last picture show

The last picture showElle :
Un paysage désolé, un bled perdu au fin fond du Texas et quelques habitants aux illusions déçues qui survivent. Dans cet univers bridé, Timothy Bottoms et Jeff Bridges tentent de donner un sens à leur vie d’adolescents esseulés. Les filles et les femmes victimes des conventions les enfoncent dans la solitude. Bogdanovich nous livre de façon très touchante des scènes de la vie ordinaire de gens simples. Le noir et blanc accentue magnifiquement cet effet de désolation.
Note : 5 étoiles

Lui :
Quelques maisons plantées au beau milieu d’une plaine aride, c’est Anarene, Texas dans les années 50. Nous sommes loin d’American Graffiti : les adolescents y trainent leur vide existentiel, enchaînant déceptions sur déceptions en amour, sexe, sport et renaclant à prendre exemple sur leur aînés qui ruminent leurs rêves brisés. L’art de Bogdanovich est de nous faire partager leurs sentiments, de nous les faire prendre en amitié, évitant de générer une pitié simplificatrice. À noter : une omniprésente mais excellente musique, Hank Williams et Bob Wills en tête. Peter Bogdanovitch tournera une suite en 1990 : Texasville.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Timothy Bottoms, Jeff Bridges, Cybill Shepherd, Ben Johnson, Cloris Leachman, Ellen Burstyn
Voir la fiche du film et la filmographie de Peter Bogdanovich sur le site imdb.com.

23 novembre 2007

Le grand sommeil (1978) de Michael Winner

Titre original : « The big sleep »

Le Grand Sommeil (Winner)Elle :
(pas vu)

Lui :
Même sans être le remake du remarquable Le Grand Sommeil d’Howard Hawks, cette version de Michael Winner paraîtrait bien fade, techniquement irréprochable mais sans l’étincelle nécessaire. L’histoire originale de Raymond Chandler est, on le sait, compliquée à souhait, certainement l’une des plus absconses des films noirs et cette version, tout en la respectant à la lettre, la rend presque trop compréhensible. A l’univers nocturne et sombre de Hawks, Winner oppose la clarté et la netteté d’un univers anglais : tout y semble propre… en apparence du moins. Robert Mitchum, qui avait déjà interprété Marlowe dans un autre remake quelques années auparavant Adieu Ma Jolie, lui donne un style rigide, un roc inébranlable certes toujours incorruptible mais bien moins humain que Bogart (oui, il est difficile de ne pas chercher à comparer, c’est le lot des remakes). Les personnages féminins sont plus neutres ; il ne se passe rien entre Sarah Miles et Mitchum. Il manque la magie, l’ambiguité, l’atmosphère électrique. Ce Grand Sommeil se laisse néanmoins regarder sans déplaisir mais on peut s’interroger sur cet entêtement des studios à toujours vouloir refaire ce qui était quasiment parfait…
Note : 3 étoiles

Acteurs: Robert Mitchum , Sarah Miles, Candy Clark, Joan Collins, James Stewart, Oliver Reed
Voir la fiche du film et la filmographie de Michael Winner sur le site imdb.com.

Voir nos commentaire sur la version originale : Le Grand Sommeil d’Howard Hawks (1946) avec Humphrey Bogart et Lauren Bacall…

21 novembre 2007

Sérieux comme le plaisir (1975) de Robert Benayoun

Sérieux comme le plaisirElle :
Plongée en légèreté dans l’atmosphère des années 70 avec toute une pléiade d’acteurs encore méconnus. Un voyage de vacances sur les routes de France entrecoupé de scènes frôlant l’absurde et le décalé et un triangle amoureux entre Ariane (Jane Birkin) et ses deux amours. Le film reflète bien l’insouciance, la fantaisie, l’audace, les nouvelles libertés conquises de ces années-là. En revanche, le scénario est un peu vide et on finit par s’ennuyer.
Note : 2 étoiles

Lui :
A l’heure où les années 70 sont récupérées par des marketeurs en panne d’idées qui n’en donnent qu’une image bien évidemment totalement fausse, il est rafraîchissant de voir un film comme Sérieux comme le Plaisir, un film qui capture si bien l’esprit de cette époque. Sur le thème du trio débridé et libéré (une fille et deux garçons), l’écrivain et critique de cinéma Robert Benayoun s’amuse à retourner les situations avec de nombreuses petites saynètes qui jouent sur le burlesque, le non-sens, le farfelu. Il y place aussi quelques hommages en clin d’œil à WC Fields, Laurel et Hardy, Buster Keaton. La pléiade d’acteurs présents est d’ailleurs assez impressionnante, chacun faisant une petite apparition, un petit coucou. Mais Sérieux comme le Plaisir est surtout plein de vie, nous baignant dans cette insouciance, avec ce sentiment de liberté et d’absence d’entrave, donnant ainsi une des images les plus vraies de l’esprit des années 70. C’est un vrai délice. On ne s’ennuie pas une seule seconde.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Jane Birkin, Richard Leduc, Georges Mansart, Michael Lonsdale, Isabelle Huppert, Francis Perrin
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12 novembre 2007

Deux hommes dans l’Ouest (1971) de Blake Edwards

Titre original : « Wild Rovers »

Deux hommes dans l'OuestElle :
(pas vu)

Lui :
Bien que Deux Hommes dans l’Ouest soit le seul western qu’il ait réalisé, Blake Edwards n’est pas totalement étranger au genre puisqu’il a écrit plusieurs scénarios au début de sa carrière. Ici, il nous offre un film d’un grand classicisme où tous les grands thèmes du western et de la vie du cow-boy sont bien là : grands espaces avec de superbes paysages, grande propriété avec ses innombrables têtes de bétail, bagarre au saloon, femmes de petite vertu, attaque de banque (assez peu orthodoxe toutefois, très calme), poursuites à cheval, capture d’une cheval sauvage, partie de poker qui tourne mal,… oui tout est là, mais sans ce côté spectaculaire habituel qui rend tout artificiel. Avec Blake Edwards tout semble couler de source, un naturel qui donne à Deux Hommes dans l’Ouest une grande authenticité. Celle-ci est d’ailleurs accentuée par l’absence d’acteurs trop connus. Nous avons simplement l’impression de partager leurs vies dont la rudesse trouve écho dans le drame qui se déroule devant nous. Oui, Deux Hommes dans l’Ouest est un western peu spectaculaire, certes, mais vraiment très beau et très authentique.
Note : 4 étoiles

Acteurs: William Holden, Ryan O’Neal, Karl Malden, Tom Skerritt
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Note : Le film a été amputé de 30 minutes par les distributeurs qui, en outre, ont cru bon que rajouter les scènes (parfaitement inutiles et un peu ridicules) de ralentis.

18 octobre 2007

Intérieurs (1978) de Woody Allen

Titre original : Interiors

IntérieursElle :
Woody Allen surprend avec ce film aux forts accents bergmaniens qui tranche avec son cinéma comique et romantique de l’époque. Il se lance avec gravité dans l’analyse des rapports familiaux qui font suite à l’abandon d’une femme et de ses trois filles par son mari. Ce départ suscite interrogations, espérance et introspection. C’est presque une leçon de psychanalyse. C’est avec délicatesse et finesse que le réalisateur met peu à peu à jour les fêlures, les blessures, les manques affectifs, les erreurs, les regrets et la profonde culpabilité qui ronge les personnages. Cette confrontation de personnalités fragiles est émouvante, sobre et intéressante. Elle interroge sur le sens et la valeur de la vie.
Note : 5 étoiles

Lui :
En tournant un drame bergmanien juste après Annie Hall, Woody Allen prit tout le monde à contre-pied. Les critiques furent globalement mauvaises et il en fut assez mortifié. Avec Intérieurs, il avait voulu à la fois explorer de nouvelles voies, mettre l’humour de côté et rendre hommage à son réalisateur préféré. Certains parlèrent même de mimétisme tant les éclairages, l’utilisation du décor et bien entendu le propos du film évoque Ingmar Bergman. Cette vision est assez injuste car Intérieurs a d’indéniables qualités propres et s’inscrit parmi les films les plus profonds de Woody Allen. Ce drame familial se transmet au spectateur avec une force certaine et pour un premier film dramatique, c’est un coup de maître. Le film n’est toutefois pas exempt d’imperfections techniques et on peut juger l’interprétation un peu inégale.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Diane Keaton, Geraldine Page, Mary Beth Hurt, Kristin Griffith, E.G. Marshall, Maureen Stapleton
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25 septembre 2007

Manhattan (1979) de Woody Allen

ManhattanElle :
Revoir ce film tant d’années après sa sortie m’a procuré un grand plaisir mêlé de nostalgie. Il y a beaucoup de fraîcheur et de légèreté dans les dialogues bien que les sujets abordés soient graves. Woody Allen et Diane Keaton forment un formidable duo à l’écran.
Note : 5 étoiles

Lui :
Manhattan est souvent cité comme l’un des films les plus importants de Woody Allen, à juste titre tant il semble plus abouti qu’Annie Hall qu’il avait tourné deux ans auparavant (entre les deux, il a tourné Intérieurs, un très beau film empreint de tristesse qui prit hélas tout le monde à contre-pied). Manhattan est avant tout une ode à la ville fétiche de Woody Allen et il suffit de regarder les premières minutes pour s’en rendre compte. L’image est d’un superbe noir et blanc signée Gordon Willis ; tourner en noir et blanc un film intimiste était d’ailleurs un pari assez osé. A cela s’ajoute cette magnifique utilisation de la musique de Gerschwin qui magnifie et rend ces images encore plus majestueuses. Mais Manhattan c’est aussi cette vision sur le microcosme intellectuel new-yorkais avec ces longues discussions dont on ne lasse jamais. Il présente aussi beaucoup plus de profondeur qu’Annie Hall : sous ses faux airs de comédie et de légèreté, Manhattan est film assez tragique. Et c’est cet équilibre qui fait de Manhattan un film vraiment superbe.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Woody Allen, Diane Keaton, Michael Murphy, Mariel Hemingway, Meryl Streep
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24 septembre 2007

Annie Hall (1977) de Woody Allen

Annie HallElle :
Film culte et couple mythique. Annie Hall marque un tournant dans la filmographie de Woody Allen car c’est le premier de ses films où il développe ses thèmes favoris qui feront le Woody Allen que l’on connaît maintenant. Les relations amoureuses sont complexes, les psy sont là mais n’y peuvent pas grand chose. Woody Allen et Diane Keaton incarnent parfaitement deux New-Yorkais intellectuels absorbés par mille problèmes insignifiants. Un vrai délice d’humour qui n’est pas sans provoquer une certaine nostalgie (quand on a suivi depuis tous les films de Woody Allen).
Note : 5 étoiles

Lui :
Après Guerre et Amour, Woody Allen a eu envie de passer à un autre niveau et de réaliser des films plus profonds, plus réalistes également. Il délaisse donc le comique pur à la Marx Brothers ou Bob Hope pour montrer plus profondément des personnages en proie à des problèmes sentimentaux et métaphysiques, parfois futiles. Il garde tout de même ce côté dérision qui constitue la base de son comique existentialiste. Ce milieu intellectuel new-yorkais, il le décrit parfaitement car c’est le sien, il en fait partie ; il y a d’ailleurs une part d’autobiographie dans Annie Hall, notamment au niveau de l’enfance de son personnage principal. Dès ce film, Woody Allen parvient à une osmose parfaite entre un humour omniprésent et une profondeur des dialogues qui sont abondants sans jamais lasser le spectateur. Le psy, les juifs, la mort, tous les thèmes chers à Woody Allen sont déjà là, et il ajoute même une pique (assez savoureuse) à la vie californienne. Le couple Allen/Keaton est fabuleux (à noter que le vrai nom de Diane Keaton est Diane Hall). Annie Hall marque aussi un pas en avant sur le plan technique et artistique. C’est le premier film où Gordon Willis intervient pour apporter une image superbe.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Woody Allen, Diane Keaton, Tony Roberts, Carol Kane, Paul Simon
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Anecdote : Deux acteurs qui deviendront très célèbres ensuite font une courte figuration dans Annie Hall : Sigourney Weaver (la nouvelle fiancée d’Alvy à la fin, devant un cinéma) et Jeff Goldblum (dans la « petite » soirée californienne). Cette anecdote fait penser à cette courte figuration de Sylvester Stallone dans Bananas (un voyou dans le métro), sa première apparition au cinéma…

23 septembre 2007

Guerre et Amour (1975) de Woody Allen

Titre original : Love and Death

Guerre et amourElle :
Cette parodie de Guerre et Paix de Tolstoï devient entre les mains de Woody Allen un film aux dialogues hilarants et décalés. Une fois de plus, le tandem formé par Diane Keaton et Woody Allen est particulièrement efficace. On rit souvent et franchement.
Note : 5 étoiles

Lui :
Parmi les films de la première période de Woody Allen (sa période comique),  Guerre et Amour est, à mon avis, le plus drôle et le plus abouti. Ce n’est pas, en tout cas, une construction plus marquée qui donne cette impression car le film est en fait une avalanche de gags très courts et de répliques hilarantes un peu à la manière des Marx Brothers. Non, c’est plutôt que Guerre et Amour semble synthétiser tout l’humour de Woody Allen. Parvenant parfaitement à manier l’absurde, il aborde tous les sujets (même politiques) et son humour existentiel est de plus en plus présent. En plus du roman de Tolstoï, il parodie allègrement des cinéastes comme Bergman ou Eisenstein.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Woody Allen, Diane Keaton
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22 septembre 2007

Woody et les robots (1973) de Woody Allen

Titre original : Sleeper

Woody et les robotsElle :
Une agréable surprise pour cette nouvelle vision de Woody et les robots. J’en avais gardé le souvenir d’un film un peu ennuyeux et cette fois-ci j’ai trouvé cette comédie futuriste réjouissante, inventive et pleine de fraîcheur. Woody Allen et Diane Keaton sont tout jeunes et très drôles.
Note : 5 étoiles

Lui :
Cryogénisé, un commerçant américain se réveille 200 ans plus tard, se retrouvant ainsi projeté dans le futur. Cette farce futuriste permet à Woody Allen d’affiner son humour : d’une part on sent de plus en plus l’importance du « comique existentialiste » qui deviendra sa marque de fabrique et le type de scénario lui permet de glisser une bonne dose de dérision politique : les coups de griffes sont nombreux. Woody et les Robots, le quatrième film de Woody Allen, fut un échec commercial et c’est dommage car la construction du scénario et la mise en scène en font à mon avis un film plus abouti que Bananas. Par la suite, il fut aussi victime d’une tendance à dédaigner les premiers films de Woody Allen, films de comique pur qui ne sont pas sans évoquer l’humour des Marx Brothers ou de Charlie Chaplin. Comme cela a souvent été mentionné, Woody et les Robots fait d’ailleurs penser aux Temps Modernes de Chaplin transposé dans le futur. On notera aussi que c’est le premier film où Woody Allen fait tourner Diane Keaton qu’il connaît depuis le tournage de Play it again Sam deux ans plus tôt.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Woody Allen, Diane Keaton
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21 septembre 2007

Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le sexe (sans jamais oser le demander) (1972) de Woody Allen

Titre original : Everything you always wanted to know about sex * but were afraid to ask

Tout ce que vous avez toujours voulu savoir...Elle :
En bref : Film à sketches dont le propos est tout de même assez étonnant pour l’époque. Le premier sketch est le moins bon. Les autres sont beaucoup plus drôles et dédramatisent au passage le thème des perversions sexuelles.
Note : 4 étoiles

Lui :
Dans son troisième film, Woody Allen parodie à la fois les films de vulgarisation scientifique et aussi certains films de science-fiction. Comme pour ses films précédents, la mise en scène est toujours un peu brouillonne mais le film vaut surtout par son contenu. Les sketches sont toutefois assez inégaux mais on a tout de même là quelques sketches d’anthologie, telle la fameuse scène où Woody Allen interprète un spermatozoïde ou encore Gene Wilder avec son mouton chez le psychanalyste.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Woody Allen, John Carradine, Anthony Quayle, Tony Randall, Lynn Redgrave, Burt Reynolds, Gene Wilder
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