16 janvier 2009

Au fil de l’eau (1950) de Fritz Lang

Titre original : « House by the river »

Au fil de l’eauElle :
A la fin de l’ère victorienne, un écrivain, qui éprouve des difficultés à placer ses manuscrits, habite une maison à l’embouchure d’une rivière. Alors que sa femme s’est absentée pour la journée, il tente de séduire la jeune servante et l’étrangle accidentellement. Au même moment, on sonne à la porte… Tel est le point de départ de cet Au fil de l’eau, film très prenant sur l’arrivisme et la culpabilité. Sans acteur connu, Fritz Lang parvient à nous tenir en haleine en nous dévoilant peu à peu toutes les facettes de la personnalité de cet écrivain particulièrement prêt à tout.
Note : 3 étoiles

Lui :
House by the River fait partie des films mal connus de la filmographie de Fritz Lang. C’est compréhensible puisqu’il n’est jamais sorti en salles en France et qu’il a fallu attendre les années 80 pour qu’il soit diffusé à la télévision. Ce n’est en aucun cas un film mineur cependant. Dans l’esprit, il est assez proche du Secret derrière la porte qu’il a tourné deux ans plus tôt. On y retrouve en effet une atmosphère très forte, sombre et noire, qui donne l’impression de tendre parfois vers le fantastique. En fait, Fritz Lang nous plonge en quelque sorte dans les tourments de cet homme, les tourments du désir tout d’abord puis les tourments de la culpabilité. La photographie est superbe avec des plans simples mais très forts, tout au service du récit. House by the River est très prenant et particulièrement puissant.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Louis Hayward, Jane Wyatt, Lee Bowman
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9 janvier 2009

Winchester 73 (1950) de Anthony Mann

Titre original : « Winchester ’73 »

Winchester 73Elle :
(pas vu)

Lui :
Winchester 73 est le premier des cinq superbes westerns qu’Anthony Mann a tourné avec James Stewart. Le fil rouge du film est l’exemplaire parfait d’un fusil qui change plusieurs fois de main mais le fond du scénario est celui de la traque d’un homme et d’une vengeance. La construction du récit est donc remarquable et, de plus, Anthony Mann parvient à y intégrer toutes les scènes qui constituent le grand classicisme du western : longues chevauchées, confrontations, attaque d’indiens hostiles, hold-up de banque, duel final. Il contient aussi deux forts symboles de l’Amérique : on connaît la fascination des américains pour les armes à feu, comment ils en ont fait un symbole de liberté individuelle, et ici cette Winchester parfaite (« il y en a une sur 10 000 ») représente non seulement l’objet convoité de tous mais aussi la récompense ultime qui vient marquer le devoir accompli une fois justice faite. L’autre symbole, c’est James Stewart qui fait partie de ces quelques grands acteurs auxquels tous les américains s’identifient : un homme réservé mais brillant et surtout particulièrement obstiné quand il est persuadé de défendre une cause juste. Il est particulièrement remarquable ici, dans un rôle qui tranche quelque peu avec les comédies qu’il a tournées dans les années 40. La réalisation d’Anthony Mann est particulièrement riche tout en restant sobre, avec de très beaux mouvements de caméra qui dynamisent les scènes d’action. Winchester 73 est vraiment un western particulièrement brut, jusque dans son manichéisme,  remarquable dans son classicisme.
Note : 5 étoiles

Acteurs: James Stewart, Shelley Winters, Dan Duryea, Stephen McNally, Millard Mitchell
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Les 5 (superbes) westerns d’Anthony Mann avec James Stewart :
Winchester ‘73 (1950) Winchester 73
Bend of the river (1952) Les affameurs
The Naked Spur (1953) L’appât
The Far Country (1955) Je suis un aventurier
The Man from Laramie (1955) L’homme de la plaine

22 décembre 2008

La belle de Moscou (1957) de Rouben Mamoulian

Titre original : « Silk stockings »

La belle de Moscou Elle :
(pas vu)

Lui :
La Belle de Moscou est la seconde adaptation à l’écran du roman de l’hongrois Melchior Lengyel et il est inévitable de la comparer à la version que Lubitsch avait tourné presque 20 ans plus tôt, le merveilleux Ninotchka. La comparaison n’est pas du tout à l’avantage du film de Mamoulian. Certes, Cyd Charisse n’a pas le magnétisme de Greta Garbo mais ce n’est pas sa performance qui pose problème :  elle se tire très bien de ce rôle à deux facettes, une femme soviétique rigide et froide qui va peu à peu succomber aux charmes de Paris. On lui doit même les meilleures scènes. La transformation en comédie musicale est, en revanche, loin d’être réussie (1) : d’une part, Fred Astaire avait alors 57 ans et donc montrait tout de même moins de grâce dans son jeu et ensuite, les numéros musicaux ne sont dans l’ensemble pas franchement réussis, souvent précipités et assez fades. La belle de Moscou Le clou du film est incontestablement le numéro de danse Silk Stockings où Cyd Charisse effectue une véritable mutation, passant de son habit austère à une robe de soirée du plus bel effet, scène qui a flirté de très près avec les limites de la censure. Au chapitre des curiosités, on pourra noter un Peter Lorre empâté en apparatchik empoté et un numéro musical rock’n roll de Fred Astaire, le seul de sa carrière (numéro pas très convaincant, assez poussif). On pourra aussi s’amuser de l’anticommunisme caricatural, à prendre au second degré. La Belle de Moscou sera le dernier film (achevé) de Rouben Mamoulian. Les meilleurs réalisateurs ne finissent pas toujours en beauté…
Note : 1 eacute;toiles

Acteurs: Fred Astaire, Cyd Charisse, Janis Paige, Peter Lorre
Voir la fiche du film et la filmographie de Rouben Mamoulian sur le site IMDB.
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(1) Le film de Mamoulian est en fait l’adaptation à l’écran d’une pièce à succès de Broadway qui était elle-même une transposition chantée du Ninotchka de Cole Porter (500 représentations à l’Imperial Theater avec Hildegarde Neff et Don Ameche).

25 novembre 2008

Le fleuve (1951) de Jean Renoir

Titre original : « The River »

Le fleuve Lui :
Jean Renoir a tourné Le Fleuve en anglais avec une production indienne, aucun studio américain n’ayant voulu financer le projet. Il s’agit de son premier film en couleurs. Et quelle couleur! Le directeur de la photographie, son neveu Claude Renoir et le décorateur Eugène Lourié jouèrent sur les demi-teintes de la végétation pour un résultat splendide, à la fois éclatant et tout en nuances. On pense inévitablement à l’influence du père de Jean, Auguste Renoir. Le Fleuve est un film d’occidental : Le Fleuve Jean Renoir ne connaît absolument pas l’Inde quand il découvre le roman de l’anglaise Rumer Godden sur l’éveil à l’amour d’une jeune fille dans une famille de colons britanniques. Renoir semble fasciné par ce pays et nous transmet cette attirance : détaillant précisément certaines coutumes, le film mêle documentaire et fiction si étroitement qu’ils semblent fusionner parfaitement. Au-delà de l’histoire sentimentale, le fond du propos est justement sur l’harmonie, chaque personne chaque objet faisant partie d’un tout pour parvenir à une certaine plénitude. Le récit est majestueux. Le Fleuve peut être vu comme un des beaux hymnes à la vie.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Thomas E. Breen, Patricia Walters, Radha, Adrienne Corri
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Homonymes :
The River de Frank Borzage (1929), avec Charles Farrell
The River (La Rivière) de Mark Rydell (1984) avec Mel Gibson et Sissi Spacek.

14 novembre 2008

La belle espionne (1953) de Raoul Walsh

Titre original : « Sea devils »

La belle espionneElle :
(pas vu)

Lui :
Lointainement inspiré du roman de Victor Hugo Les travailleurs de la mer, La belle espionne est un film d’aventures en technicolor comme les studios en étaient friands en ce début des années 50. C’est même un superbe exemple du genre, Raoul Walsh réussissant à mêler étroitement intrigue, suspense et romance. Yvonne de Carlo est cette belle espionne que des marins doivent convoyer de Guernesey aux côtes françaises ; elle illumine le film de son charme et de sa présence. Raoul Walsh a lui-même défini le film comme une ode à la beauté surnaturelle de son actrice et aussi à la mer. Face à elle, Rock Hudson est hélas peu crédible en marin, paraissant même un peu emprunté. Yvonne De Carlo dans La Belle Espionne La photographie est superbe, avec notamment une belle opposition entre les extérieurs toujours en clair-obscur et les scènes d’intérieur très lumineuses. Avec son climat envoûtant, La Belle Espionne est un délicieux spécimen de ces grands films d’aventure des années 50 et 60. A noter la présence de deux futurs réalisateurs : Gérard Oury joue Napoléon et Bryan Forbes interprète Willie (le compagnon de Rock Hudson).
Note : 4 étoiles

Acteurs: Yvonne De Carlo, Rock Hudson, Maxwell Reed, Bryan Forbes, Michael Goodliffe
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Homonyme :
Sea devils de Benjamin Stoloff (1937), avec Victor McLagen et Ida Lupino

11 novembre 2008

Boulevard du Crépuscule (1950) de Billy Wilder

Titre original : « Sunset Blvd. »

Boulevard du CrépusculeElle :
(pas revu)

Lui :
Billy Wilder n’a sans doute pas toujours été considéré à sa juste valeur par les cinéphiles (1) et pourtant il a signé plusieurs très grands films. Boulevard du Crépuscule est probablement celui à mettre en premier. Sunset Boulevard, c’est le nom de la rue bien connue de Los Angeles où vivent nombre de stars du cinéma ; Sunset Blvd., le film, met en scène une grande star oubliée du muet qui vit recluse, au bord de la folie, persuadée que le monde entier attend son retour. Un jeune scénariste désargenté va devenir son gigolo.

Erich von Stroheim et Gloria SwansonBoulevard du Crépuscule est un film très original et particulier, par le fond et par la forme. Il donne une vision d’Hollywood et de la starisation qui est peu commune, une vision un peu cruelle sur l’envers du décor. Le fait que Billy Wilder fasse jouer les rôles des « déchus » par des acteurs qui sont eux-mêmes très proches de leur personnage donne un climat particulier au film : Gloria Swanson est elle-même une grande star du muet qui a vu sa carrière se terminer brutalement à l’avènement du parlant. Le film que l’héroine regarde avec son gigolo n’est autre que Queen Kelly de 1928 avec… Gloria Swanson et dirigé par… Erich von Stroheim, dont la carrière en tant que réalisateur s’est arrêtée, justement après avoir été renvoyé par Gloria Swanson (2). Et Billy Wilder lui fait jouer 20 ans plus tard le rôle d’un ex-metteur en scène devenu le maître d’hôtel de son ex-star… Quelle ironie ! Cette audace, cette liberté de ton donne au film un caractère unique. La scène finale de l’escalier est mémorable, on y voit l’espace de quelques instants Von Stroheim l’acteur redevenir Von Stroheim le réalisateur. Lui et Gloria Swanson se donnent en tous cas entièrement à leur rôle, semblant tous deux accepter et assumer pleinement leur personnage de « déchu ».

Boulevard du Crépuscule est aussi original sur la forme, ne serait-ce que par sa construction : le film est un flash-back et c’est un cadavre qui raconte son histoire, ce qui n’est pas si courant (3). Le film de Billy Wilder est un regard sur le monde du cinéma à la fois porteur de rêve et profondément cruel. Un film très intense, un petit chef d’œuvre qui fait partie de ces films qui vous marque durablement.
Note : 5 étoiles

Acteurs: William Holden, Gloria Swanson, Erich von Stroheim, Nancy Olson
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(1) Dans leur livre 50 ans de cinéma américain, Jean-Pierre Coursodon et Bertrand Tavernier explique ce dédain de la critique cinéphilique envers Billy Wilder par le fait qu’il écrivait ses scénarios : un véritable auteur de films est censé être un « pur » metteur en scène…

(2) Gloria Swanson, qui était productrice sur le film Queen Kelly, a renvoyé Erich von Stroheim au tiers du tournage. Cela mit fin à la carrière de metteur en scène de Von Stroheim, déjà très mal vu par les studios. A noter que, bien que tourné en 1928, Queen Kelly n’était toujours pas sorti en 1950. Il n’est vraiment sorti qu’en… 1985 !
Parmi les autres « vrais acteurs », on notera les 3 joueurs de bridge : l’un est facile à reconnaître, c’est Buster Keaton, les deux autres beaucoup moins : il s’agit de Anna Q. Nilsson et H.B. Warner, deux acteurs du muet. En outre, Cecil B. DeMille joue bien entendu son propre rôle, tout comme la journaliste à potins Hedda Hopper.

(3) C’est même une règle de ne jamais faire parler les cadavres. Initialement, le cadavre était transporté à la morgue et racontait son histoire aux autres cadavres… Cette scène faisant rire le public dans les premières projections, elle fut enlevée du montage final.

24 octobre 2008

Le prisonnier de Zenda (1952) de Richard Thorpe

Titre original : « The prisoner of Zenda »

Le prisonnier de ZendaElle :
(pas vu)

Lui :
Le Prisonnier de Zenda de Richard Thorpe est la quatrième adaptation du roman d’Anthony Hope. C’est probablement la meilleure alors qu’elle est calquée sur la précédente version de Cromwell, parfois identique plan par plan. Le scénario est assez riche en aventures : un anglais venu se délasser dans un petit pays imaginaire, la Ruritanie, se révèle être le sosie du futur roi. Le prisonnier de ZendaPour déjouer un complot, il va accepter de prendre la place du monarque lors du couronnement. La suite allie aventure, romance et rebondissements en un cocktail habilement dosé ; bien que se déroulant au XIXe siècle, Le Prisonnier de Zenda est un superbe film de cape et d’épée. Cette version de Richard Thorpe est très efficacement réalisée, reposant sur un rythme parfait, avec un Stewart Granger qui insuffle beaucoup d’énergie à l’ensemble : il interprète donc ici deux rôles et se révèle particulièrement fascinant dans son personnage d’aventurier.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Stewart Granger, Deborah Kerr, James Mason, Louis Calhern, Jane Greer
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Les principales adaptations du roman d’Anthony Hope :
The prisoner of Zenda de George Loane Tucker (1915), avec Henry Ainley
The prisoner of Zenda de Rex Ingram (1922), avec Lewis Stone et Alice Terry
The prisoner of Zenda de John Cromwell (1937), avec Ronald Coleman, Maleine Carroll et Douglas Fairbanks Jr
The prisoner of Zenda de Richard Thorpe (1952), avec Stewart Granger et Deborah Kerr (cette version)
The prisoner of Zenda de Richard Quine (1979), avec Peter Sellers et Lynne Frederick

A noter que Lewis Stone, acteur principal de la version de Rex Ingram en 1922 joue un petit rôle (le cardinal) dans la version de Thorpe, quelque 30 ans plus tard…
Et aussi : IMDB liste une version encore antérieure (1913) attribuée à Edwin S. Porter (le réalisateur du Great Train Robbery de 1903) dont une seule copie subsisterait.

Le roman Le Prisonnier de Zenda eut une suite, Rupert of Hentzau, qui fut adapté à la télévision par 2 fois.

23 octobre 2008

Au gré du courant (1956) de Mikio Naruse

Titre original : « Nagareru »

Au Gré du CourantElle :
Les femmes des films de Naruse sont toujours très touchantes. Non seulement leur visage laisse souvent transparaître la tristesse mais leur destin est tragique et sans espoir. Naruse nous plonge au coeur d’une maison de geishas qui n’ont qu’un sombre horizon devant elles car elles se font exploiter ou abandonner par leurs amants vociférants et lâches. Cette vision traditionnelle au son du shamisen côtoie un Japon en mutation dans lequel les jeunes femmes s’interrogent sur leur avenir et rêvent de fonder une famille et d’exercer un vrai métier. Dans les petites ruelles, les kimonos et sabots de bois de ces femmes soumises cohabitent avec les tailleurs et les hauts talons à l’occidentale de femmes qui tentent de s’émanciper. Un film fort et émouvant en bordure d’un fleuve qui emportent les rêves.
Note : 4 étoiles

Lui :
Au Gré du Courant se situe entièrement à l’intérieur d’une maison de geishas, sans qu’il ne s’y déroule beaucoup d’évènements ; nous les regardons vivre mais Naruse s’attarde plus particulièrement sur deux femmes : la maîtresse de maison, criblée de dettes, qui ne peut qu’assister impuissante à la lente disparition de sa maison sans pouvoir la transmettre à sa fille, et la nouvelle bonne, une femme veuve arrivée de sa province pour pouvoir subvenir seule à ses besoins. La caméra de Naruse semble faire corps avec la maison, offrant à chaque fois un angle parfait. Le jeu très naturel des acteurs (ou plus exactement actrices puisque les hommes sont quasiment inexistants) contribue à nous faire pénétrer ce microcosme si particulier. Rien de futile dans tout cela, Naruse dresse le portrait de femmes dont le monde s’écroule et Au Gré du Courant semble s’achever sur un chant du cygne.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Kinuyo Tanaka, Isuzu Yamada, Hideko Takamine, Mariko Okada
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21 octobre 2008

Qu’est-ce que maman comprend à l’amour? (1958) de Vincente Minnelli

Titre original : « The reluctant debutante »

The reluctant debutanteElle :
(pas vu)

Lui :
The Reluctant Debutante, qui n’est guère servi par une traduction puérile de son titre en Qu’est-ce que maman comprend à l’amour?, n’est sans aucun doute pas l’un des films majeurs de Minelli mais cela ne l’empêche pas d’être un vrai petit bijou. Une toute jeune fille, élevée en Amérique, rentre à Londres. Sa mère décide de la « faire débuter dans le monde ». Rien ne va se passer comme prévu… Ce scénario, adapté d’une pièce par son auteur, William Douglas-Home, permet à Minelli de concocter une comédie vive et brillante qui se moque sans équivoque des rites de la vieille Angleterre Qu'est-ce que maman comprend à l'amour? et de sa haute société engoncée dans ses principes et ses apparences. Le rythme est très enlevé avec un humour omniprésent et de nombreux moments vraiment jubilatoires. Les personnages sont vraiment hauts en couleur à commencer par la mère, formidablement interprétée par Kay Kendall qui insuffle beaucoup de vivacité à l’ensemble et aussi beaucoup de charme avec son petit nez retroussé… Plusieurs scènes évoquent la perfection, tout semblant parfaitement en place au service de la comédie. Oui, Qu’est ce que Maman comprend à l’amour? est certainement mésestimé, un vrai petit bijou.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Rex Harrison, Kay Kendall, John Saxon, Sandra Dee, Angela Lansbury
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Note :
Au moment du tournage, Rex Harrisson et Kay Kandall étaient depuis peu mari et femme et leur complicité est évidente dans le film. L’actrice devrait être emportée un an plus tard par une leucémie à l’âge de 33 ans.

Remake :
Ce dont rêvent les filles (2003, What a girl wants) de Dennis Gordon avec Amanda Bynes et Colin Firth.

6 octobre 2008

Nuages flottants (1955) de Mikio Naruse

Titre original : « Ukigumo »

Nuages FlottantsElle :
Une histoire forte pleine d’intensité dramatique et une femme au visage de porcelaine qui est victime de la muflerie des hommes. Naruse nous invite comme souvent à entrer dans un scénario construit autour de flash back. On remonte ici dans la vie d’une jeune femme qui tombe amoureuse pour toujours d’un homme qui profite d’elle quand il en a besoin et l’abandonne quand il va bien. Elle se sacrifie totalement pour lui. Le cinéaste dénonce la lâcheté et l’égoïsme des hommes. Il nous fait également découvrir la vie des petites rues, l’atmosphère de pauvreté qui règne en cette année 1946. Un film riche et poignant d’une grande beauté visuelle.
Note : 4 étoiles

Lui :
Juste après la fin de la guerre, une jeune femme tente de revoir un homme dont elle s’est éprise alors qu’elle était secrétaire. Cet homme marié lui avait alors promis de vivre avec elle. Nuages Flottants nous montre la vie d’une femme qui ne recherche qu’une chose : vivre avec l’homme qu’elle aime. Hélas, elle se heurtera à son égoïsme. Hideko Takamine est assez bouleversante dans ce rôle, avec ce mélange de candeur et de détermination qui rend son personnage attachant. Beaucoup de résignation aussi et ce, dans tous les personnages féminins. Les hommes, eux, ne sont guère à la fête, lâches, manipulateurs ou pire encore. Sans insister, Mikio Naruse aborde de nombreux sujets difficiles : le viol, la prostitution, l’avortement, les difficultés de l’après-guerre. Très belle (et intense) scène finale.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Hideko Takamine, Masayuki Mori, Mariko Okada, Isao Yamagata
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