26 mai 2011

Tabou (1931) de F.W. Murnau

Titre original : « Tabu: A story of the south seas »

TabouLui :
(film muet/sonore) Sur l’île de Bora Bora, la jeune et jolie Reri est choisie pour incarner une divinité. Elle est donc déclarée « tabou », c’est-à-dire qu’aucun homme ne doit la regarder comme une femme. Elle s’enfuit avec le jeune pêcheur dont elle est amoureuse… Tabou est issu de la rencontre de deux grands créateurs : Robert Flaherty qui a donné au documentaire ses lettres de noblesse au cinéma depuis Nanouk l’esquimau, 10 ans auparavant, et Friedrich Wilhelm Murnau, le réalisateur d’origine allemande, l’un des plus talentueux du cinéma muet. Tabou est tourné entièrement sur les lieux-même de l’action, avec les autochtones jouant leur propre rôle, deux pratiques extrêmement rares à l’époque. Au grand dam de Flaherty (1), Murnau sait parfaitement introduire une belle et forte histoire d’amour sur ces images de paradis naturel encore intact de toute civilisation moderne. Les images, de Floyd Crosby (2), sont très belles ce qui donne au film une grande dimension poétique. Tabou Malgré le drame qui se noue devant nos yeux, il se dégage de Tabou beaucoup d’innocence, d’insouciance, une impression de nature à l’état brut, de paradis. Le film est heureusement muet, la parole semble inutile, les intertitres sont d’ailleurs extrêmement peu nombreux. En revanche, la musique de Hugo Reisenfeld colle parfaitement à l’action et aux images, elle est en parfaite symbiose, modelant l’atmosphère. Tabu fut un grand succès. Ce fut hélas le dernier film de Murnau : quelques jours avant la première, le réalisateur perdait la vie dans un accident automobile en Californie.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Matahi, Anne Chevalier, Bill Bambridge
Voir la fiche du film et la filmographie de F.W. Murnau sur le site IMDB.

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Remarques :
* A l’époque, Paramount avait exigé des coupes pour enlever les scènes de nudité. Le montage initial a été retrouvé dans les années quatre vingts. Cette version dure 82 minutes. Elle a été numérisée et restaurée, image et son, en 2005.
* Bien que Tabou ait l’apparence d’un film muet, il s’agit en réalité d’un film sonore : la musique est donc sur la pellicule. La musique (et sa synchronisation avec l’image) est telle que Murnau l’a voulue.

(1) Avant même de commencer à tourner, plusieurs désaccords entre les deux réalisateurs les empêchèrent de co-réaliser le film comme il était prévu. Flaherty désirait préserver avant tout l’aspect documentaire et le fait de faire jouer les habitants était, à ses yeux, trahir la réalité. Il préféra donc s’effacer et laisser Murnau réaliser seul. De plus, il y avait des tensions personnelles. Floyd Crosby raconte : « Murnau aimait Flaherty mais Flaherty haïssait Murnau, en partie parce que Murnau était assez prussien dans ses manières, très sûr de lui et aussi par jalousie : Murnau en savait dix fois plus sur la réalisation que Flaherty ».
(2) Floyd Crosby est le père de David Crosby (Crosby, Stills & Nash). Tabou était son premier film. Il fut ensuite directeur de la photographie sur plus d’une centaine de films dont Le train sifflera trois fois et de nombreux documentaires.

Murnau sur le tournage de TabouF.W. Murnau, entouré de Reri et Matahi, pendant le tournage de Tabou (1931)

Homonyme :
Tabou (Tabu) du portugais Miguel Gomes (2012)

21 mai 2011

The Man I Married (1940) de Irving Pichel

The Man I MarriedLui :
Peu avant la Seconde Guerre mondiale, une américaine se rend avec son mari d’origine allemande en vacances en Allemagne. Elle découvre un pays enflammé par la propagande nazie… Produit par Darryl Zanuck, The Man I Married est un film destiné à faire prendre conscience du risque que faisait peser l’Allemagne nazie sur le monde. Tourné au printemps 1940, soit peu après le début de la guerre, le film place son action en 1938 car il se concentre plus sur l’endoctrinement et la fanatisation d’un peuple que sur la guerre proprement-dite. On peut noter quelques images réelles de rassemblements nazis. Le film évoque en outre l’enrôlement de force des autrichiens dans les usines et les camps de concentration. The Man I Married a visiblement été produit rapidement mais il est intelligemment construit et bien fait. L’histoire est simple mais efficace. Le film est facile d’abord et, donc, a du avoir une certaine efficacité. Le discours sous-jacent est étonnamment lucide et clairvoyant.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Joan Bennett, Francis Lederer, Lloyd Nolan, Anna Sten, Otto Kruger
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4 mai 2011

L’école des auteurs (1933) de Germain Fried

L'école des auteursLui :
(Court métrage de 28 minutes) Un auteur timoré va chez son éditeur pour la énième fois afin d’obtenir une petite avance. L’éditeur est absent. En attendant le retour du patron, son secrétaire entreprend d’expliquer à l’auteur comment s’y prendre pour obtenir ce qu’il désire, en usant d’audace et de fermeté… Ce court métrage récemment redécouvert était initialement prévu pour être passé en première partie de soirée. Cette comédie hilarante repose sur d’excellents dialogues d’Henri Jeanson, qui était alors au tout début de sa carrière d’écrivain pour le cinéma. Le texte est remarquablement servi par un duo d’acteurs que l’on a plus souvent l’habitude de voir dans des seconds rôles : Armand Bernard et Pierre Larquey. L’école des auteurs est une petite merveille d’humour. Une véritable petite pépite.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Armand Bernard, Pierre Larquey, Rognoni, Nane Germon
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19 avril 2011

La Marseillaise (1938) de Jean Renoir

Sous-titre : « Chronique de quelques faits ayant contribué à la chute de la Monarchie »

La MarseillaiseLui :
Ce film de Jean Renoir a été souvent critiqué pour ses partis-pris idéologiques et sa construction. Réalisé dans l’enthousiasme du Front Populaire, il est vrai que La Marseillaise présente un tableau idyllique de la Révolution Française où le sang ne coule que très peu. Il exalte la fraternité, le sentiment d’union de tous les français qui doit permettre de voir la fin des querelles. Il est vrai aussi que sa construction peut surprendre : un enchaînement d’assez courts tableaux qui aboutit sur la marche des 500 marseillais sur Paris (apportant avec eux ce « chant de l’armée du Rhin » qui deviendra La Marseillaise) et se termine par une grande reconstitution : l’attaque des Tuileries de 1792. Jean Renoir dit avoir voulu montrer « les petits côtés des grands moments ». Ainsi, le film ne montre point de grands héros mais des gens ordinaires. La Marseillaise Si certaines scènes paraissent un peu faibles, surtout en début de film, d’autres montrent beaucoup de force, telles ces scènes de tribune populaire ouverte avec le discours d’une couturière… La Marseillaise n’est pas en tout cas un film de propagande dans le mauvais sens du terme : il n’est en rien simplificateur, le roi est par exemple présenté comme un monarque plutôt intelligent mais dépassé par les évènements ; le propos n’est jamais dichotomique. Non, c’est un film attachant, assez beau, qui acquiert sa force par un assemblage subtil, un peu naïf sans doute mais joliment poétique. Le film fut un échec commercial.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Andrex, Edmond Ardisson, Pierre Renoir, Lise Delamare, Louis Jouvet, Paul Dullac
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Remarques :
L’idée au départ était de financer le film par une souscription de parts lancée dans le public par les militants de gauche, notamment la C.G.T. Les fonds recueillis se révélèrent largement insuffisants et la production fut reprise par une société de production de type classique.

11 avril 2011

Tarzan s’évade (1936) de Richard Thorpe

Titre original : « Tarzan escapes »

Tarzan s'évadeLui :
Pour une nébuleuse histoire d’héritage, la cousine de Jane arrive avec son frère en Afrique dans l’espoir de ramener Jane à Londres. Une expédition est entreprise pour aller dans ces régions de hauts plateaux inaccessibles où ils pensent la trouver… Tarzan, le personnage créé par Edgar Rice Burroughs, a été adapté de nombreuses fois au cinéma mais c’est la série de films avec Johnnie Weissmuller, champion olympique de natation, qui eut le plus d’impact, créant une véritable image populaire. Tarzan s’évade est le troisième film de cette série. C’est un film plus sage que deux précédents ; il repose sur un dosage d’aventures et d’exotisme que l’on retrouvera dans les films suivants. Malgré ce début de standardisation, la magie opère toujours, le film reste agréable et prenant, très divertissant. Le code Hays étant alors pleinement en vigueur, la belle Jane (Maureen O’Sullivan) a du troquer son bikini deux-pièces en peau de léopard pour une robe courte, nettement plus couvrante. Johnny Weissmuller conserve le droit de montrer toute sa musculature. On pourra s’amuser de voir reproduit le confort à l’américaine : Jane et Tarzan se sont aménagé un ascenseur, l’eau courante, un tourne broche et même un ventilateur. Dans le film suivant, il se verra affublé d’un fils, ce qui achèvera la reproduction de la cellule familiale américaine.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Johnny Weissmuller, Maureen O’Sullivan, John Buckler, Benita Hume, William Henry, Herbert Mundin
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Remarques :
Tarzan s'évade * La production fut difficile. Le réalisateur initial était James C. McKay. Hélas, le premier montage reçut un accueil très mitigé des publics-test, notamment en raison de la brutalité des scènes d’action. Le réalisateur fut renvoyé sur le champ et la MGM appela John Thorpe à la rescousse qui aurait (dit-on) tout repris à zéro…
* Tarzan s’évade réutilise certaines images tournées pour Trader Horn de W.S. Van Dyke (1931), film qui avait été tourné sur place en Afrique pendant près d’un an. Il réutilise également certaines scènes des deux précédents Tarzan, telle la scène du combat avec le crocodile.

La série des Tarzan avec Johnny Weissmuller :
Avec Maureen O’Sullivan dans le rôle de Jane (les deux premiers sont les plus remarquables et mettent en place tous les codes de la série, dont le fameux cri de Tarzan):
1. Tarzan, l’homme-singe (Tarzan the Ape Man) de W.S. Van Dyke (1932)
2. Tarzan et sa compagne (Tarzan and His Mate) de Cedric Gibbons (1934)
3. Tarzan s’évade (Tarzan Escapes) de Richard Thorpe (1936)
4. Tarzan trouve un fils (Tarzan Finds a Son) de Richard Thorpe (1939)
5. Le trésor de Tarzan (Tarzan’s Secret Treasure) de Richard Thorpe (1941)
6. Les aventures de Tarzan à New-York (Tarzan’s New York Adventure) de Richard Thorpe (1942)

Sans Jane (« partie visiter sa famille en Europe »)
7. Le triomphe de Tarzan (Tarzan Triumphs) de Wilhelm Thiele (1943)
8. Le mystère de Tarzan (Tarzan’s Desert Mystery) de Wilhelm Thiele (1943)

Avec Brenda Joyce dans le rôle de Jane
9. Tarzan et les amazones (Tarzan and the Amazons) de Kurt Neumann (1945)
10. Tarzan et la femme leopard (Tarzan and the Leopard Woman) de Kurt Neumann (1946)
11. Tarzan et la chasseresse (Tarzan and the Huntress) de Kurt Neumann (1947)
12. Tarzan et les sirènes (Tarzan and the Mermaids) de Robert Florey (1948).

A lire sur le mythe de Tarzan adapté au cinéma :
« Tarzan ou la chute d’un mythe » de Francis Lacassin dans Cinéma 62 n°65 d’avril 62, texte repris dans son (excellent) livre « Pour une contre histoire du cinéma ». Et du même auteur : « Tarzan ou le chevalier crispé ».

26 mars 2011

L’appel de la forêt (1935) de William A. Wellman

Titre original : « The call of the wild »

L'appel de la forêtLui :
En pleine fièvre de l’or dans le Yukon, en Alaska, Jack Thornton part avec une vieille connaissance à la recherche d’une mine d’or découverte par un prospecteur qui est mort avant d’avoir pu la déclarer. Pour ce faire, il achète plusieurs chiens dont un gros saint-bernard réputé in-dressable, Buck… Parmi les différentes adaptations du roman de Jack London L’appel de la forêt, le film de Wellman est n’est pas le plus fidèle, loin de là. Bien peu du livre a été conservé ! Le climat est néanmoins bien rendu malgré une utilisation un peu trop marquée du tournage en studios. Certaines scènes ont toutefois été tournées en décors naturels dans l’état de Washington. Clark Gable a une prestance naturelle qui lui permet d’être très crédible. L’appel de la forêt est un film de commande.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Clark Gable, Loretta Young, Jack Oakie, Reginald Owen, Frank Conroy
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Remarques :
* Le happy-end un peu béat a été ajouté après les premières projections aux publics-test qui étaient déçus de voir mourir Shorty.
* Pendant le tournage du film, une idylle s’est développée entre Loretta Young et Clark Gable, idylle qui est allé assez loin puisqu’est née Judy Lewis quelques mois plus tard. Clark Gable étant marié par ailleurs et les deux acteurs ayant une clause de moralité dans leur contrat, Loretta Young a déclaré avoir adopté un bébé abandonné. Judy Lewis a révélé ses vraies origines dans son livre, dans les années quatre-vingt. Judy Lewis a été actrice à Broadway et dans certaines séries télévisées.
Autres versions :
Call of the Wild de David W. Griffith (1908)
Call of the Wild de Fred Jackman (1923) avec Jack Mulhall
L’appel de la forêt (Call of the Wild) de Ken Annakin (1972) avec Charlton Heston
+ plusieurs adaptations TV

3 mars 2011

Aller et retour (1935) de Wesley Ruggles

Titre original : « The Gilded Lily »

Aller et retourLui :
Quand Marilyn est une jeune femme qui rêve du grand amour. Elle finit par le rencontrer sous les traits de Charles, un anglais en réalité membre la famille royale, venue incognito à New York. Le journaliste Peter, ami de Marilyn et aussi secrètement amoureux, montre l’affaire en épingle. Marilyn devient célèbre… Aller et retour fait partie de ces films qui tentèrent de surfer sur le succès colossal (et inattendu) de New York-Miami (1). Les rôles sont inversés puisque Claudette Colbert joue ici le rôle d’un jeune secrétaire, simple et désintéressée. La comparaison entre les deux films n’est pas à l’avantage de celui-ci. Certes Wesley Ruggles n’a pas la brillance de Capra, sa mise en scène est moins vive, Aller et retourmoins rythmée mais c’est surtout au niveau des dialogues que la différence se fait sentir, bien plus ternes ici. Alors que le film de Capra semble doté d’une éternelle jeunesse, celui-ci paraît aujourd’hui plus convenu. Aller et Retour n’est pas sans quelques bonnes scènes cependant, notamment lors de son premier numéro de cabaret, assez hilarant. Le film rencontra un certain succès.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Claudette Colbert, Fred MacMurray, Ray Milland, C. Aubrey Smith
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Aller et retour (1) La publicité de l’époque annonçait d’ailleurs : « Claudette Colbert dans le genre de rôle qui vous fait adorer New York-MiamiIt happened one night »). Comme on peut le constater, la publicité jouait aussi beaucoup sur la popularité et le glamour de Claudette Colbert. On peut d’ailleurs remarquer une certain similitude entre la robe ci-contre (que l’on voit 4 secondes 1/2 dans le film) et celle qu’elle porte dans Cléopâtre.

Remarques :
* Wesley Ruggles a fait un peu de figuration dans les films de Chaplin des années dix (Essanay) avant de passer à la réalisation.

* Homonyme (sans autre lien) :
The Gilded Lily de Robert Z. Leonard (1921) avec Mae Murray

24 février 2011

Nick joue et gagne (1939) de W.S. Van Dyke

Titre original : « Another thin man »

Nick joue et gagneLui :
Une fois de plus, Nora et Nick Charles ne peuvent mener à bien leur projet de prendre quelques jours au calme (avec le petit Nickie et la chienne Asta) : un ex-associé du père de Nora les appelle car il est l’objet de menaces. Ils se rendent au manoir et trouve effectivement une situation au bord du drame… Nick, joue et gagne est le troisième film de la série des Thin Man. On ne retrouve pas ici toute la magie des deux premiers films, l’équilibre entre intrigue et comédie n’est plus là. Les dialogues sont bien moins vifs et n’ont que très rarement la brillance qui avait fait le succès de la série. Les gags et mots d’esprit semblent davantage routiniers, tout le monde semble moins enjoué. L’intrigue policière est un peu alambiquée voire peu crédible sur sa résolution. Le film reste agréable à regarder mais sans ce charme supplémentaire qui nous avait auparavant enthousiasmé.
Note : 3 étoiles

Acteurs: William Powell, Myrna Loy, Virginia Grey, Otto Kruger
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Remarques :
* William Powell avait arrêté de tourner après la mort prématurée en 1937 de l’actrice Jean Harlow avec laquelle il s’était fiancé. Jean Harlow avait 26 ans. William Powell fut très affecté par ce décès et Myrna Loy également car les deux actrices étaient devenues très amies. Another thin man est ainsi le premier film de William Powell après presque deux années d’interruption.
* Dashiell Hammett commençait à être fatigué des personnages qu’il avait créés. Comme le rapporte Jon Tuska, l’écrivain sera très heureux que la MGM fasse écrire les films ultérieurs par quelqu’un d’autre.
* Le succès de la série Thin Man était tel que beaucoup de copies ont fleuri à partir de 1936.

23 février 2011

Nick, Gentleman détective (1936) de W.S. Van Dyke

Titre original : « After the thin man »

Nick, Gentleman détectiveLui :
Alors qu’ils rentrent de voyage et aspirent au calme, Nora et Nick sont invités, pour le 31 décembre, par la tante riche et guindée de Nora. Le mari de la cousine de Nora a disparu et cette invitation est un prétexte pour demander à Nick de le retrouver. Il s’agit en réalité bien plus qu’une simple fugue et l’affaire va se révéler plus complexe que prévue… Deux ans après l’énorme succès de L’Introuvable (The thin man), la MGM décide de lui donner une suite. Dashiell Hammett est appelé pour écrire l’histoire de base et bien entendu le couple Myrna Loy / William Powell est reformé. Ce deuxième film se révèle plus travaillé et plus abouti que le premier : l’histoire est plus complexe, les situations plus inventives, les dialogues mieux finis, l’humour plus fin. Le rythme est soutenu, sans aucune faiblesse à mi-parcours. L’intrigue devient de plus en plus obscure au fur et à mesure que le film avance jusqu’au dénouement final qui est assez surprenant. Parmi les seconds rôles, on remarque la présence de James Stewart, grand acteur en devenir, ici dans l’un de ses premiers rôles. Très frais, très relevé, Nick, Gentleman Détective est incontestablement le meilleur de la série des Thin Man.
Note : 4 étoiles

Acteurs: William Powell, Myrna Loy, James Stewart, Elissa Landi, Sam Levene, Joseph Calleia
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Remarques :
* Le couple Loy / Powell fonctionnait si bien (et la MGM axait sa communication sur la grande entente entre les deux acteurs/personnages) qu’une bonne partie du public était persuadé que les deux acteurs étaient mari et femme. Il avait une grande confusion entre les acteurs et leurs personnages.
* En réalité, les rapports étaient un peu tendus. Myrna Loy était notamment mécontente du peu de scènes où elle apparaissait comparativement à William Powell. L’actrice avait d’ailleurs engagé dès 1935 une procédure pour tenter de casser son contrat avec la MGM.

22 février 2011

L’introuvable (1934) de W.S. Van Dyke

Titre original : « The thin man »

L'introuvableLui :
Pour son dernier roman policier, Dashiell Hammett adopte un ton plus léger, puisant en partie l’inspiration dans sa vie personnelle (1). Nick Charles est un ancien détective qui a épousé Nora, une riche héritière. Tous deux mènent une vie assez oisive, sorte de soirée mondaine permanente, toujours un verre à la main, faisant preuve d’un grand détachement et de désinvolture vis-à-vis de tout, y compris le danger. Presque sans avoir l’air d’y toucher, le gentleman-détective va résoudre une énigme difficile : retrouver un savant introuvable et démasquer son meurtrier. Le couple William Powell / Myrna Loy fonctionne à merveille, plein d’humour, de charme et de sensualité. Le casting n’était pas évident, Louis B. Mayer était contre ce choix, préférant cantonner Myrna Loy à des rôles d’orientales et Powell à des rôles plus sérieux. Van Dyke dut promettre de tout tourner en douze semaines (2). Les seconds rôles apportent beaucoup de substance et surtout d’humour L'introuvable avec des personnages très typés. L’Introuvable rencontra un grand succès : en ces années post-Dépression, cette comédie policière se déroulant dans un monde où semblait facile apportait une bouffée de légèreté et d’insouciance dont tout le monde avait besoin. Ce fut le premier d’une longue série de « Thin Man ».
Note : 4 étoiles

Acteurs: William Powell, Myrna Loy, Maureen O’Sullivan, Nat Pendleton, Minna Gombell, Porter Hall
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(1) Jon Tuska le souligne dans son excellent livre Détective in Hollywood (1978), Dashiell Hammett fréquentait alors très assidûment Lillian Hellman, qui présente bien des points communs avec la Nora de son livre. Elle a d’ailleurs introduit l’écrivain à une certaine oisiveté. Beaucoup pensent que Hammett n’aurait certainement pas arrêté d’écrire s’il n’avait pas rencontré Lillian Hellman.

L'introuvable (2) En réalité, il tourna tout en dix-huit semaines, ce qui est extrêmement rapide. Il avait parfois deux décors dans la même pièce, l’un face à la caméra, l’autre dans son dos. Quand la première scène était dans la boîte, tout le monde se retournait et on tournait une autre scène pendant que des techniciens démontaient le premier décor ! W.S. Van Dyke est réputé pour avoir été l’un des réalisateurs les plus rapides à tourner.

Voir aussi : ce site d’un collectionneur d’affiches de Thin Man