27 novembre 2010

Max célibataire (1910) de Max Linder

Max célibataireLui :
(Muet, 8 mn) A la suite d’une petite querelle de ménage, la femme de Max retourne chez sa mère. Il se voit contraint de faire les tâches ménagères ce qui ne va pas se passer sans casse… Il faut bien avouer que cet humour qui repose sur les maladresses d’un homme forcé de faire la vaisselle, la cuisine ou les courses fonctionne beaucoup moins bien aujourd’hui. La toute dernière partie où Max retourne toute la maison pour trouver sa cravate est toutefois assez amusante.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Max Linder
Voir la fiche du film et la filmographie de Max Linder sur le site IMDB.

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Remarques :
Le nom du réalisateur n’est pas connu de façon certaine.

14 novembre 2010

Daddy-Long-Legs (1919) de Marshall Neilan

Titre français parfois utilisé : « Papa-Longues-Jambes »

Daddy-Long-LegsLui :
(Film muet) Dans un orphelinat, une jeune fille vive et dégourdie est envoyée au collège par un mystérieux bienfaiteur dont elle n’aperçoit que l’ombre déformée. Elle le surnommera « Papa Longues Jambes ». Cette histoire est tirée d’un roman de Jean Webster qui avait déjà été adapté sur les planches dans une veine dramatique. Avec Mary Pickford, Daddy-Long-Legs devient plutôt une comédie surtout dans la première moitié du film qui se concentre sur ses facéties dans l’orphelinat : par moment, nous ne sommes pas loin de Chaplin ou de Keaton, il faut voir par exemple la scène du chien saoul…! Mary Pickford et Marshall Neilan se sont connus chez Griffith au début des années dix, ils s’entendent parfaitement. L’actrice parvient sans mal à traverser les âges : elle débute le film en jouant une fillette de douze ans pour le finir en jeune femme. Elle est étonnante par la façon dont elle adapte son jeu, ses mimiques, ses inflexions avec toujours ce charme plein d’innocence. Daddy-Long-Legs parvient à trouver un équilibre parfait entre drame et comédie.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Mary Pickford, Milla Davenport, Percy Haswell, Mahlon Hamilton
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Remarques :
Marshall Neilan joue le rôle du jeune soupirant, Jimmie McBride. Quand il est devant la caméra, c’est Mary Pickford qui dirige.

Autres adaptations notables :
Daddy Long Legs (Papa Longues Jambes) d’Alfred Santell (1931) avec Janet Gaynor
Curly Top (Boucles d’or) d’Irving Cummings avec Shirley Temple
Daddy Long Legs (Papa Longues Jambes) de Jean Neguslesco avec Fred Astaire et Leslie Caron

25 octobre 2010

Le roman d’un mousse (1914) de Léonce Perret

Le roman d'un mousseLui :
(Muet, 95 mn) Le Roman d’un Mousse est le troisième long métrage de Léonce Perret. Il s’agit à nouveau d’un scénario construit sur plusieurs épisodes mis bout à bout. Un marquis ruiné et un usurier auquel il doit beaucoup d’argent concluent un pacte secret : le marquis va tout faire pour épouser une riche comtesse, veuve avec un enfant, dans le but d’hériter de sa fortune. Après le mariage, l’usurier parvient à se faire passer pour un précepteur et fait embarquer de force l’enfant sur un terre-neuva en route vers l’Islande dont il ne doit pas revenir… Le film ayant été tourné quelques mois après L’Enfant de Paris, il est bien entendu tentant de les comparer. Si Le Roman d’un Mousse paraît plutôt moins riche sur l’utilisation de gros plans et de cadrages originaux, il bénéficie en revanche d’un scénario bien plus travaillé qui ménage un suspense qui rend le film très prenant. Là encore, Léonce Perret prend le temps d’asseoir ses personnages et de placer la situation de départ ; il parvient ainsi à bien mettre en relief toute la perfidie de l’usurier et du marquis. Une grande partie du film est tournée en extérieurs, la ville de Saint-Malo est l’occasion de belles images sur les remparts. La scène de la tempête tire parti de petites prouesses techniques qui semblent être de la double exposition. D’une manière générale, toutes les scènes en haute mer sont convaincantes et si on les compare avec celles du Mystère des Roches de Kador, tourné un peu plus d’un an auparavant, on mesure les progrès accomplis. Le final dans le Palais de Justice est admirablement construit et maîtrisé. Les évènements des deux derniers tiers du film maintiennent une tension qui ne faiblit pas. Cette tension permet à ce Roman d’un Mousse de traverser les époques.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Adrien Petit, Maurice Luguet, Louis Leubas, Armand Dutertre, Angèle Lérida
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24 octobre 2010

L’enfant de Paris (1913) de Léonce Perret

L'enfant de ParisLui :
(Muet, 2h04) Sur un scénario conçu comme un film à épisodes, Léonce Perret réalise un long métrage d’une durée inhabituellement longue pour son époque. Après le décès de ses parents, une fillette de bonne naissance est placée dans un pensionnat dont elle s’échappe. Elle est alors kidnappée par un petit malfrat qui voit là la possibilité de demander une rançon. En attendant, il la place chez un cordonnier ivrogne. Tel est le point de départ de L’enfant de Paris, une intrigue policière qui verra quelques rebondissements. Le scénario se déroule parfaitement, Léonce Perret prenant le temps de bien asseoir ses personnages et d’intensifier les situations. Sur le plan technique, le film est étonnant de modernisme : nombreux plans différents entremêlés par un montage assez enlevé, gros plans, contre-plongées et même des mouvements de caméra. L'enfant de Paris Ce film est la preuve manifeste de l’avance du cinéma français d’alors sur le cinéma américain. Perret tourne beaucoup en extérieurs, à Paris d’abord puis à Nice où, avec son opérateur Georges Specht, il fait de superbes plans de la ville et de la baie depuis les hauteurs. La semi-errance du Bosco à la recherche de la fillette est vraiment très belle, poétique même. Le jeu des acteurs est bien retenu, ce qui est remarquable pour l’époque, sauf celui de la fillette qui appuie beaucoup trop l’expression de sa tristesse et son désarroi. Plus que tout autre de ses films, L’enfant de Paris montre la maîtrise et le sens artistique de Léonce Perret. Il est bien plus que le simple « second réalisateur de la Gaumont » (derrière Feuillade).
Note : 4 étoiles

Acteurs: Louis Leubas, Maurice Lagrenée, Émile Keppens, Marc Gérard
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23 octobre 2010

Le mystère des roches de Kador (1912) de Léonce Perret

Le mystère des roches de KadorLui :
(Muet, 45 minutes) Le mystère des roches de Kador fait partie des films les plus remarquables de Léonce Perret, réalisateur de plus de 300 films pour Gaumont entre 1910 et 1916. Le film montre en effet un degré de qualité technique et scénaristique assez unique pour un film de 1912. Il s’agit d’une intrigue où un homme (joué par Léonce Perret lui-même) tente de se débarrasser de sa cousine (la toute jeune Suzanne Grandais) afin de toucher son héritage. Le drame se déroule en Bretagne au bord de la mer et c’est là la première nouveauté du film : de nombreuses scènes sont tournées en extérieurs et, malgré quelques approximations (les scènes censées être de nuit en haute mer ont de toute évidence été tournées en plein jour au bord de la plage), le résultat est remarquable. La photographie est d’une qualité rare pour l’époque, qualité d’autant plus évidente aujourd’hui que le film a été merveilleusement restauré. Ce même niveau de qualité se retrouve au niveau du scénario et surtout du découpage et du montage. A noter également, une utilisation originale du « film dans le film » qui nous permet de voir une petite caméra de l’époque à l’œuvre.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Suzanne Grandais, Léonce Perret, Max Dhartigny
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21 octobre 2010

L’agonie de Byzance (1913) de Louis Feuillade

L'agonie de ByzanceLui :
(Muet 29 mn) Louis Feuillade met en scène l’un des évènements les plus importants de l’Histoire : la chute de Constantinople en 1453 par laquelle les Ottomans mirent fin à la domination chrétienne. Le film est particulièrement ambitieux pour l’époque : certaines scènes comportent des centaines de figurants, plusieurs décors sont utilisés et les costumes sont très travaillés. Une musique symphonique avait même été composée par Henri Février pour être jouée par un orchestre de cent musiciens et de grandes orgues pendant la projection au Gaumont Palace (1). Feuillade parvient parfaitement à maitriser cette grande production, y compris dans les scènes de combat. Tout est filmé à hauteur d’homme et en caméra fixe (principale limitation technique à cette époque) ce qui forçait à utiliser beaucoup d’astuces afin que toute l’action se déroule dans le cadre. Certains points historiques importants sont présents comme ces gigantesques canons (dont on ne voit que l’extrémité) qui permirent aux assaillants de percer les murailles. L’Agonie de Byzance est l’un des films historiques les plus fastueux de son époque.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Luitz-Morat, Georges Melchior, Albert Reusy, Renée Carl
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(1) Pour en savoir plus sur les orchestres au Gaumont Palace :
voir cette page sur le site de la Cinémathèque Française

10 octobre 2010

La fille des monts (1919) de Joseph De Grasse et Sidney Franklin

Titre original : « Heart o’ the Hills »

Heart o' the HillsLui :
L’histoire de Heart of the Hills est assez difficile à résumer car elle comporte plusieurs aspects. Nous sommes dans les montagnes du Kentucky, à une époque où des hommes d’affaires venus des plaines cherchent à en exploiter les filons de charbon. Là vit une jeune fille qui, malgré ses 13 ans, a juré de retrouver l’assassin de son père. Elle est amoureuse de son petit voisin. L’histoire est adaptée d’un roman assez complexe de John Fox Jr. En plus de son histoire très riche qui ne laisse aucun temps mort, La Fille des Monts nous donne une vision très réaliste de la vie rurale dans les montagnes isolées. Certaines scènes montrent même la vie de la communauté, comme l’amusante scène de la danse. Mary Pickford y est parfaite, toujours pleine de vie, le scénario a été manié et remanié pour la mettre en valeur. On notera aussi la présence de John Gilbert dans un second rôle, un John Gilbert très jeune… et sans moustache, mais qui montre déjà une belle présence. Heart of the Hills mérite bien de figurer parmi les meilleurs films de Mary Pickford.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Mary Pickford, Harold Goodwin, Sam De Grasse, John Gilbert, Claire McDowell 
Voir la fiche du film et la filmographie de Joseph De Grasse et Sidney Franklin sur le site imdb.com.

Remarque :
Dans une scène, un groupe d’une vingtaine d’habitants revêtent de grands costumes blancs et une cagoule pour aller intimider l’homme d’affaires venus s’emparer des terres. Même si les déguisements sont vierges de tout insigne, l’allusion au Ku Klux Klan est évidente. Nous sommes ici quatre ans après Naissance d’une Nation, film qui a fortement contribué au renouveau de cette organisation.

4 octobre 2010

Forfaiture (1915) de Cecil B. DeMille

Titre original : « The Cheat »

ForfaitureLui :
(Film muet, 59 minutes) Certains films muets ressurgissent tout à coup alors qu’ils étaient considérés comme perdus à jamais. Dans le cas de Forfaiture, seuls des fragments subsistaient, au grand dam des cinéphiles car sa réputation était fort grande (1). Miracle : une copie complète refit surface il y a une quinzaine d’années, issue des propres archives de Cecil B. DeMille (2). Elle est aujourd’hui parfaitement restaurée avec même les teintures d’époque. L’histoire est un grand drame teinté d’orientalisme (à légère tendance xénophobe) : pour se tirer d’un mauvais pas, une jeune femme mondaine, frivole et dépensière, accepte une forte somme d’argent d’un riche japonais qui lui faisait la cour. Il exige en retour qu’elle se donne à lui. Quand elle refuse, il la marque au fer rouge comme il le fait pour les bibelots qu’il collectionne… Fanny Ward La jeune femme, c’est l’étonnante ex-actrice de music-hall Fannie Ward qui, à 43 ans, semble n’en avoir que la moitié grâce à son visage juvénile (et un peu de paraffine pour cacher les rides…) Le japonais est le jeune Sessue Hayakawa qui deviendra une grande (et quasiment unique) vedette japonaise à Hollywood (3). Le rythme de Forfaiture est très soutenu grâce à un montage soigné et une tension assez continue. Cecil B. DeMille fait ici un large usage des gros plans, ce qui était assez nouveau pour l’époque. De nombreuses scènes sont superbement éclairées avec un jeu d’ombre et de lumière particulièrement esthétique. La fin, avec cette scène de foule, est assez étonnante. Forfaiture est un film très complet. Ce fut un immense succès, le premier succès pour Cecil B. DeMille qui tournait à l’époque un film par mois. Aux Etats-Unis et même en France, le film fut largement salué par la critique.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Fannie Ward, Sessue Hayakawa, Jack Dean
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(1) L’écrivain et critique de cinéma Léon Moussinac écrivait en 1925 que Forfaiture était la seule date qui méritait d’être retenue dans l’histoire du cinéma avec La Sortie des Usines Lumière de 1895.
(2) La copie correspond à la version de 1918. Après les protestations d’associations japonaises, Paramount refit en effet une version en 1918 où le personnage japonais Hishuru Tori est présenté comme le birman Haka Arakau… En outre, les dates sur le chèque et sur la une du journal furent modifiées pour indiquer 1918.
(3) Entre 1914 et 1961, Sessue Hayakawa aura tourné près de 100 films. Quarante ans après Forfaiture, il sera notamment le colonel Saito du Pont de la Rivière Kwaï (1957).

Remakes :
La flétrissure (The Cheat) de George Fitzmaurice (1923) avec Pola Negri
The Cheat de George Abbott (1931) avec Tallulah Bankhead
Forfaiture de Marcel L’Herbier (1937) avec… Sessue Hayakama (qui joue à nouveau le même rôle), Lise Delamare et Louis Jouvet.

17 septembre 2010

L’orgie romaine (1911) de Louis Feuillade

HéliogabaleLui :
(Muet, 8 mn) Entre 1908 et 1913, Louis Feuillade a réalisé un certain nombre de petits films historiques et cette Orgie Romaine en est un bon exemple. En 218 après J.C., l’empereur romain Elagabal mène une vie décadente qui va se retourner contre lui. Précisons tout de suite que l’érotisme promis implicitement par le titre (si on le lit dans le sens moderne du terme) est totalement absent, les danseuses restent très habillées pendant la fameuse orgie. Cependant pour l’époque, la vision de cette vie de plaisirs avait de quoi choquer les esprits par ce qu’elle évoque et sous-entend… Le film est intéressant par ses costumes, nombreux et très travaillés, et aussi par l’utilisation de lions, d’abord dans une fosse où l’on jette un maladroit puis… en liberté dans la scène de l’orgie et donc sur le plateau(!) Etonnant. On peut noter aussi l’évidente cruauté de l’ensemble, même si les scènes dures se déroulent juste en dehors du champ de la caméra. A cette époque, le cinéma français (et aussi, dans une certaine mesure, italien) était bien en avance sur le cinéma américain, en particulier dans le genre du film historique.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Jean Aymé, Louise Lagrange, Luitz-Morat
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16 septembre 2010

Le coeur et l’argent (1912) de Louis Feuillade

Le coeur et l'argentLui :
(Muet, 18mn) Bien qu’elle soit amoureuse d’un jeune batelier sans le sou, une jeune femme accepte d’épouser un homme riche et âgé sous la pression de sa mère. Le Cœur et l’Argent présente quelques particularité intéressantes : il a été tournée presqu’entièrement en extérieurs en banlieue (qui était encore très champêtre à cette époque), l’image est assez travaillée dans sa composition, Suzanne Grandais dans Le coeur et l'argent il présente une belle utilisation de l’écran partagé (ou split-screen, certainement obtenu ici à l’aide d’une double exposition avec cache) et il nous montre la jeune et fraîche Suzanne Grandais âgée de 19 ans, actrice qui allait devenir une grande vedette avant de périr tragiquement, à l’âge de 27 ans, dans un accident automobile pendant un tournage.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Suzanne Grandais, Renée Carl, Paul Manson
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