8 décembre 2010

Les fils du Cid (1964) de Vittorio Cottafavi

Autre titre français : « Les cent cavaliers »
Titre original : « I cento cavalieri »

Les fils du CidLui :
En l’an 1000, alors que les Maures sont installés en Espagne, un petit village isolé de Castille voit arriver un cheikh et cent cavaliers. Ils demandent asile en apportant des cadeaux mais rapidement deviennent des occupants tyranniques. La résistance s’installe… Vittorio Cottafavi est un réalisateur italien surtout connu pour les péplums qu’il a tournés dans les années cinquante. Il signe ici une épopée moyenâgeuse qui est étonnamment riche de plusieurs aspects : un réel fond dramatique, un humour très présent, un contenu idéologique et une petite idylle romantique discrète. Bien qu’il présente en apparence le combat comme noble avec des adversaires capables de se respecter, le fond de son propos est nettement anti-guerre comme le prouve sa scène finale assez terrible. Ses images montrent un certain raffinement esthétique qui renforce l’attrait du film. Cinéma populaire de qualité, Les Cent Cavaliers (ou Les Fils du Cid) ne rencontra pourtant pas le succès.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Mark Damon, Antonella Lualdi, Gastone Moschin, Wolfgang Preiss
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18 novembre 2010

Les garçons (1959) de Mauro Bolognini

Titre original : « La notte brava »

Les garçonsLui :
Les Garçons montre une journée et une nuit de deux jeunes, un peu voyous, un peu bohêmes, qui écoulent de la marchandise volée et tentent de rouler deux jeunes prostituées. Bolognini dresse le portrait d’une certaine jeunesse dans l’Italie de l’après-guerre qui semble enfermée dans l’oisiveté et condamnée à une errance physique et morale, où même l’amitié n’est plus vraiment une valeur. Seul l’argent compte, pour être toute de suite flambé. Les lieux utilisés par Bolognini font écho à ce désert moral, de grandes étendues entre terrains vagues périurbains et zones champêtres sableuses. Le scénario, tiré d’un roman qui avait fait scandale, est adapté par Pier Paolo Pasolini (qui tournera son premier film deux ans plus tard). L’ambiance du film est assez riche d’une certaine latence d’évolution ; le portrait de ces garçons est aussi celui de l’Italie en cette fin des années cinquante. Belle prestation de Jean-Claude Brialy et de Laurent Terzief, ici dans l’un de ses premiers grands rôles au cinéma.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Rosanna Schiaffino, Elsa Martinelli, Laurent Terzieff, Jean-Claude Brialy, Anna-Maria Ferrero, Franco Interlenghi, Tomas Milian, Mylène Demongeot
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13 novembre 2010

La strada (1954) de Federico Fellini

Titre original : « La strada »

La stradaLui :
Une jeune fille est vendue par sa famille très pauvre à un lutteur de foire. Elle l’accompagne sur les routes pour l’aider dans son numéro de briseur de chaîne. La Strada met face à face deux caractères totalement différents : la jeune Gelsomina, lunaire, innocente, fragile, avide de découvertes et Zamparo, colosse, assez brute, hâbleur, rustre à la vue courte qui refuse de montrer ses sentiments. Fellini crée des personnages presque caricaturaux tant il pousse loin cette opposition. La strada Le personnage de la jeune fille emprunte visuellement beaucoup de traits à Chaplin ; Giulietta Masima (1), avec peu de paroles, met beaucoup d’humanité dans son personnage en jouant avec les expressions enfantines de son visage. Car au-delà de la polémique (2), La Strada est un film plein d’humanité que Fellini transmet en évitant tout misérabilisme. Il trouve ici l’équilibre parfait et le film remportera un succès qui le propulsera au devant de la scène. Et grâce à la présence d’un acteur américain, ce succès sera international.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Anthony Quinn, Giulietta Masina, Richard Basehart
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(1) Giulietta Masina est l’épouse de Fellini.
(2) La Strada a été vivement attaqué à sa sortie par certains critiques européens pour l’introduction de certaines valeurs religieuses, notamment au travers du personnage Il Matto, le Fou, dans la scène du caillou. Certains critiques virent là une trahison du néoréalisme.

9 octobre 2010

I nostri sogni (1943) de Vittorio Cottafavi

Titre français parfois utilisé : « Nos rêves »

I nostri sogniLui :
Beau parleur et ne manquant pas d’imagination, Leo vivote en vendant à la sauvette des produits douteux. Un concours de circonstance va l’amener à jouer pour un soir le rôle d’un richissime fils à papa auprès d’une modeste employée. I Nostri Sogni (traduction : Nos rêves) est une fable sur l’attrait du luxe et de l’argent, chimère qui nous empêche de voir notre propre bonheur. La démonstration est assez originale car les deux principaux protagonistes (la modeste jeune fille et le faux riche) subissent tous deux le même attrait mais auront une prise de conscience différente. Il s’agit du premier film de Vittorio Cottafavi, réalisateur italien qui se fera davantage connaître ensuite par ses péplums. Vittorio De Sica a ici un beau rôle, charmeur, roublard mais droit au fond de son cœur, pris à son propre piège. Le futur réalisateur du Voleur de Bicyclette a, ne l’oublions pas, tourné dans de très nombreux films. Tourné sous Mussolini, le film avait certainement aussi pour vocation de glorifier les petites gens et montrer les riches comme étant plutôt inconstants et snobs. Quoiqu’il en soit, I Nostri Sogni est une charmante comédie.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Vittorio De Sica, María Mercader
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8 octobre 2010

Fellini Roma (1972) de Federico Fellini

Titre original : « Roma »

Fellini Roma Lui :
Avec Roma, Fellini donne sa vision, ou plus exactement sa représentation (1), de la ville de Rome, entremêlant principalement deux époques : celle où il est arrivé de sa province en 1939 et l’époque actuelle, celle du film, c’est-à-dire 1972. Il s’affranchit de toute ligne narrative pour former une série de tableaux, d’évocations, de variations. Roma est, avec Amarcord, le film de Fellini le plus spectaculaire et le plus inventif sur le plan des images, tous ses tableaux ont une force visuelle indéniable, aucun ne semble plus faible. Par delà toute la richesse des thèmes évoqués, deux sentiments ressortent : une certaine nostalgie, Fellini idéalise, brode, édulcore ses souvenirs de l’époque de 1939, la Trattoria, le spectacle de music-hall, les bordels, tout évoque la vie, l’exubérance italienne (de façon symptomatique, Fellini met son propre personnage de 1939 en jeune homme tout de blanc vêtu et coiffé à la mode des années 70 : ce personnage, c’est non seulement le Fellini d’hier mais aussi le Fellini d’aujourd’hui). Fellini Roma L’autre sentiment, c’est une certaine angoisse qui se dégage de la période actuelle : une ville paralysée par les embouteillages qui la transforment en un fouillis sans âme, l’incapacité à conserver son passé (la découverte lors des travaux du métro de superbes fresques qui s’effacent aussitôt sous l’action de l’air), l’incompréhension face aux hippies, l’intellectualisme, la tristesse de la fête du quartier Trastevere et bien entendu la horde de motards qui clôt le film, sorte d’anges de la mort qui rôdent autour des grands monuments. Et totalement à part, il y a cette scène incroyable, délirante, magique : le défilé de mode ecclésiastique. Une de ces féeries visuelles dont Fellini avait le secret.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Peter Gonzales Falcon, Fiona Florence, Britta Barnes, Marne Maitland
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(1) Federico Fellini décrit son film ainsi : « Roma est l’histoire d’une ville vue par les yeux de celui qui la raconte. C’est un ensemble de fantaisies, souvenirs, évidences, notations, affections et ressentiments comme ils peuvent affleurer dans l’âme de qui se propose une représentation de cette cité composite, contradictoire et somme toute inépuisable. » (Dramma, février-mars 72 / Ecran n°6 juin 72)

Versions :
Le film dans sa version pour l’Italie dure 128 min, avec une voix off peu présente de Fellini lui-même, et aussi une scène avec Mastroianni et Sordi. La version pour l’export dure 120 minutes avec une voix off plus développée et dite en anglais.

30 septembre 2010

Juliette des esprits (1965) de Federico Fellini

Titre original : « Giulietta degli spiriti »

Juliette des espritsLui :
Tourné après 8 ½, Juliette des esprits est en quelque sorte son pendant : après l’homme, c’est au tour de la femme. Guilietta découvre soudainement que son mari la trompe et va entreprendre un cheminement intérieur pour trouver un nouvel équilibre. Pour se libérer de son carcan, elle devra faire ressurgir les angoisses, les oppressions familiales qui l’ont marquée mais aussi ses rêves et aspirations. C’est l’occasion pour Fellini de créer à nouveau un spectacle bariolé et haut en couleur où il crée des tableaux avec moult personnages très typés. On pourra sans doute objecter qu’il s’agit plutôt du portrait intérieur d’une femme telle que le voit un homme. C’est le premier long métrage en couleurs du cinéaste et il utilise beaucoup le blanc et le rouge, et aussi le vert (ce sont les trois couleurs du drapeau italien…) Les costumes sont assez exubérants (avec une mention spéciale pour les chapeaux!) et la maison de poupée de Guilietta tranche joliment avec le délire visuel qu’offre la maison de sa voisine avec ses fêtes pseudo-païennes. Le rôle principal est tenu par la propre femme de Fellini qui adopte un jeu très terne, probablement à la demande du cinéaste. Juliette des esprits a plutôt été mal accueilli à sa sortie et il reste sans doute un peu sous-estimé. Tout au plus, peut-on l’accuser de quelques longueurs…
Note : 3 étoiles

Acteurs: Giulietta Masina, Sandra Milo, Mario Pisu, Valentina Cortese, José Luis de Villalonga
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10 juin 2010

Le mauvais chemin (1961) de Mauro Bolognini

Titre original : « La viaccia »

Le mauvais cheminLui :
A la fin du XIXe siècle, une famille tente de maintenir entière la petite ferme familiale La Viaccia. Le jeune fils Amerigo est envoyé chez son oncle malade à Florence dans l’espoir de bénéficier du futur héritage. Mais, une fois en ville, il tombe amoureux de la belle Bianca qui travaille dans une maison close. Le mauvais chemin est adapté d’un roman de Mario Pratesi. Sur cette trame qui évoque Zola, le film de Mauro Bolognini est à la fois un grand drame passionnel sans espoir et une peinture sociale qui met en relief les différences entre la grande pauvreté des campagnes et la relative aisance de la bourgeoisie des villes. C’est aussi le triomphe de la passion sur la raison. Filmé en noir et blanc, La Viaccia restitue parfaitement l’atmosphère du tournant du siècle, avec ses décors de maisons closes, lourdement chargés de tentures et de colifichets. Jean-Paul Belmondo (ici doublé en italien) apporte beaucoup de fraîcheur et de candeur tandis que Claudia Cardinale donne une belle interprétation, surmontant parfaitement la relative rigidité du texte. On lui doit les plus belles et les plus émouvantes scènes du film.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Jean-Paul Belmondo, Claudia Cardinale, Pietro Germi, Romolo Valli
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7 mai 2010

Drame de la jalousie (1970) de Ettore Scola

Titre original : « Dramma della gelosia (tutti i particolari in cronaca) »

Drame de la jalousieElle :
Dans l’Italie des années 70 en pleine mutation avec ses no man’s land, ses chantiers de construction, ses exclus face aux grands patrons de l’industrie, Ettore Scola réalise une comédie sociale populaire truculente. Cette histoire d’amour intense qui tourne mal entre deux hommes et une femme oscille en permanence entre la drôlerie, l’humour et le drame des amants trompés et de l’indécise amante. Le film est pétulant et plein de vie tout en révélant à la fois la réalité de la misère de ces années là. Le trio d’acteurs, dont font partie Marcello Mastroianni et Monica Vitti, est brillant.
Note : 5 étoiles

Lui :
Drame de la Jalousie débute comme un film grave, en apparence assez cru et sans embellissement mais, peu à peu, les quelques notes d’humour se font de plus en plus nombreuses et l’on se rend compte que cette histoire dramatique est en réalité une comédie. Et quelle comédie ! C’est l’une des plus réussies du cinéma italien des années soixante-dix, dans le sens où elle nous apparaît multi- facettes : c’est un film social avec des gens ordinaires qui vivent difficilement dans des conditions proches de l’insalubre, c’est un film politique qui dénonce le laxisme et la corruption en montrant, de façon insistante et non sans humour, des tas d’ordures envahissants (où l’on se conte fleurette) et des plages envahies de détritus, et c’est (surtout) une comédie qui transforme le drame issu d’un périlleux triangle amoureux en un spectacle haut en couleur, plein de cris, de gesticulations et de situations cocasses… la tragi-comédie dans toute sa splendeur. C’est du grand art. Drame de la Jalousie est le premier « grand film » d’Ettore Scola, il débute ainsi brillamment une décennie qui verra le meilleur de la comédie sociale italienne. S’il n’est pas toujours considéré à sa juste valeur, Drame de la Jalousie fait toutefois partie des plus grandes d’entre elles.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Marcello Mastroianni, Monica Vitti, Giancarlo Giannini
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3 mars 2010

Le grand embouteillage (1979) de Luigi Comencini

Titre original : « L’ingorgo – Una storia impossibile »

Le grand embouteillageElle :
Une autoroute bordée de carcasses de voitures et des usines… Un grand embouteillage qui dure si longtemps que les automobilistes deviennent prisonniers de leur voiture. Non seulement, ils y mangent et dorment mais ils laissent échapper leurs pulsions et leurs fantasmes. C’est l’ère du chacun pour soi sans toutefois que quiconque ne se révolte contre le système qui les a bloqués à jamais sur cette autoroute. Le regard de Comencini est à la fois féroce et cocasse. Ce film préfigure notre société de consommation qui gaspille et détruit.
Note : 4 étoiles

Lui :
A la périphérie de Rome, un gigantesque embouteillage se forme et contraint des milliers de voitures à une immobilité durable… Il y a deux niveaux de lecture de ce Grand Embouteillage : le premier est celui de montrer une société arrivée à un point de non-retour dans sa fuite en avant, asphyxiée par la prolifération des automobiles et gangrenée par la corruption, le second concerne plus les défauts profonds de l’homme dans ses rapports humains. Luigi Comencini saute de voiture en voiture pour nous montrer des situations très variées qui vont évoluer différemment selon les individualités et les interactions dues à la promiscuité. Certaines de ces situations sont cocasses mais, au final, la plupart dévoilent une part plutôt sombre de la nature humaine, une part mesquine, corruptible ou corruptive, ou même bestiale. Comencini a réuni toute une pléiade d’acteurs italiens et français, ces derniers étant doublés (c’était l’époque des co-productions européennes). Le film est assez sombre sur le fond, pas vraiment optimiste dans son propos tout en restant très facile d’accès. C’est en tout cas un film qui interpelle.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Ugo Tognazzi, Marcello Mastroianni, Alberto Sordi, Annie Girardot, Fernando Rey, Patrick Dewaere, Miou-Miou, Gérard Depardieu, Ángela Molina, Stefania Sandrelli
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Remarque :
Bruegel - Les aveuglesComencini a précisé avoir eu l’inspiration pour faire Le Grand Embouteillage en regardant un tableau de Bruegel « La Parabole des aveugles ».
La Parabole est issue de l’Evangile : « Si un aveugle conduit un aveugle, tous deux tomberont dans une fosse ». Bruegel a illustré cette Parabole en peignant six aveugles se guidant l’un l’autre. Le premier est déjà tombé dans la fosse entraînant dans sa chute le second qui entraînera les suivants. Les aveugles semblent avoir le pressentiment de ce qui les attend mais se laissent néanmoins guider vers leur mort…

28 octobre 2009

Il marito (1958) de Nanni Loy et Gianni Puccini

Il maritoElle :
(pas vu)

Lui :
Romain beau parleur, plutôt combinard, le fraîchement marié Alberto se laisse submerger par une femme possessive, une belle soeur envahissante et une belle mère dirigiste. Ainsi énoncé, le sujet d’Il Marito (= « le mari ») pourra paraître un peu misogyne et pas tout à fait politiquement correct à nos yeux actuels… mais c’est une comédie légère, plus amusante que mordante. Tout le film repose sur Alberto Sordi qui, en vieux routard de la comédie, occupe tout l’espace ; toujours aussi volubile et gesticulateur, il est absolument parfait dans ce rôle d’italien ordinaire qui tente de garder la tête haute et de faire face à l’adversité qui arrive de tous bords. La réalisation est un peu fade, il s’agit du second film de Nanni Loy qui se spécialisera ensuite dans les comédies napolitaines. Sans être remarquable, Il Marito nous fait passer un bon moment. Il est d’ailleurs rare qu’une comédie avec Alberto Sordi génère l’ennui.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Alberto Sordi, Aurora Bautista, Luigi Tosi
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Remarque :
La version espagnole d’Il Marito liste un certain Fernando Palacios comme unique réalisateur.