16 décembre 2005

Comme une image (2004) d’ Agnès Jaoui

Comme une image Elle :
Etienne, un écrivain égocentrique et célèbre (Jean-Pierre Bacri) attire tous les regards et les envies. Sa fille Lolita, complexée par ses rondeurs, enrage qu’il ne la regarde pas. Karine, un professeur de chant interprété par Agnès Jaoui, s’intéresse soudainement à la voix de Lolita quand elle apprend que Lolita est la fille d’un écrivain célèbre. Enfin, Pierre, écrivain raté et mari de Karine devient célèbre à son tour quand il fréquente Etienne. Au sein de son propre milieu, Agnès Jaoui fustige avec ironie toutes les relations d’intérêt et de pouvoir qui permettent d’accéder à la célébrité. Elle s’attaque également aux canons de la beauté qui privilégie l’image de la femme mannequin au détriment de la beauté intérieure. Agnès Jaoui parvient à un faire un film beaucoup plus abouti que Le Goût des Autres. La partition est bien équilibrée. La mise en scène est fluide, les dialogues sont justes et croustillants et le film est sensible. On passe un bon moment.
Note : 4 étoiles

Lui :
Pour son second film, Agnès Jaoui parvient à trouver un bel équilibre entre une certaine réflexion sur la célébrité et un humour certain dans les situations et les dialogues. Comme une image est d’ailleurs plutôt une réflexion sur la façon dont la célébrité vient modifier profondément les relations entre les personnes. Le film nous en montre plusieurs facettes en se servant de plusieurs personnages : le père célèbre devenu égoïste et peu sociable, la fille qui aimerait exister, le souffre-douleur et bien entendu ceux qui cherchent aussi à atteindre la même célébrité. Peu de place pour les vrais sentiments dans tout cela. Agnès Jaoui aime démystifier cette célébrité qui fascine et que tout le monde recherche… et elle le fait bien, avec beaucoup d’humour parsemé tout au long d’un scénario très bien écrit, sans temps mort. Cela nous donne un film que l’on prend grand plaisir à regarder. Comme une image est bien plus convaincant que son précédent film.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Jean-Pierre Bacri, Agnès Jaoui, Marilou Berry, Laurent Grévill
Voir la fiche du film et la filmographie de Agnès Jaoui sur le site IMDB.

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14 décembre 2005

Un monde presque paisible (2002) de Michel Deville

Un monde presque paisible Elle :
1946, un atelier de couture juif et la vie quotidienne d’après-guerre mêlant les blessures dues à la mort des siens dans les camps et la joie de vivre pleine de promesses et d’insouciance. C’est avec une délicatesse empreinte de gravité que Michel Deville brosse ce tableau d’après-guerre plein de nostalgie. Ce récit autobiographique a sans aucun doute des résonances avec la vie du cinéaste.
Note : 4 étoiles

Lui :
Il y a beaucoup de vie dans ce film de Michel Deville et c’est une vision plutôt optimiste de ces années d’après guerre dans le petit monde presque paisible d’un petit atelier juif. La guerre a laissé des traces profondes et chacun semble un peu perdu, tentant à la fois sur le plan affectif et amoureux de se raccrocher aux branches qui se présentent. Cette vision d’un monde qui redémarre est aussi pleine d’espoir et de fraîcheur.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Simon Abkarian, Zabou, Vincent Elbaz, Lubna Azabal, Denis Podalydès, Malik Zidi, Stanislas Merhar, Clotilde Courau
Voir la fiche du film et la filmographie de Michel Deville sur le site IMDB.

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13 décembre 2005

Irma Vep (1996) d’ Olivier Assayas

Irma Vep Elle :
Olivier Assayas choisit de nous plonger avec tendresse dans le monde du cinéma d’auteur qu’il a l’habitude de côtoyer en faisant un film dans un film. Peut-être un implicite hommage à La nuit américaine de Truffaut. Le remake d’Irma Vep, un feuilleton de Louis Feuillade, un réalisateur caractériel interprété par Jean-Pierre Léaud, une héroïne en combinaison de latex incarnée par la fascinante Maggie Cheung, des assistants et costumières qui se crêpent le chignon pendant le tournage, des rires et frustrations, peu de moyens financiers, une pure fabrication artisanale sans dialogues qui sera finalement reprise par un autre réalisateur. Les dialogues semblent spontanés et les acteurs sont très naturels dans leur jeu, notamment Nathalie Richard. La caméra se faufile agilement entre les personnages et magnifie Maggie Cheung, l’observatrice placide de toute cette agitation. Assayas épousera Maggie Cheung à la fin du film. C’est un bel hommage au cinéma mais qui m’a un peu moins captivé que Clean ou Les destinées sentimentales ou encore Paris s’éveille.
Note : 3 étoiles

Lui :
Le sujet, le tournage d’un film, peut évoquer La Nuit américaine de Truffaut, sentiment accentué par la présence de Jean-Pierre Léaud (qui joue, cette fois, le rôle du metteur en scène). Olivier Assayas parvient néanmoins à réaliser un film assez personnel en nous exposant sa vision de la réalisation d’un film, où la magie et le plaisir sont dévorés par le stress, mille détails envahissants et de mesquines querelles personnelles. Et ce n’est pas pour rien qu’il choisit comme sujet virtuel un remake des Vampires de Louis Feuillade : son héroïne, Irma Vep, est tout à fait le genre de personnage parfaitement fantasmatique que le cinéma sait si bien créer. Tout n’est qu’illusion… Il filme avec une caméra extrêmement vive mais sans jamais d’excès ou d’inutilité dans les mouvements. Très belle interprétation de Nathalie Richard, avec beaucoup d’authenticité dans son jeu, et de la placide Maggie Cheung.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Maggie Cheung, Nathalie Richard, Jean-Pierre Léaud
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Lire aussi nos commentaires sur Les Vampires de Louis Feuillade (1915-16)

10 décembre 2005

Aram (2002) de Robert Kechichian

Aram Elle :
Polar esthétisant à la sauce terroriste arménienne. Le scénario est assez confus. On ne sait pas qui fait quoi et qui tue qui. Les situations et dialogues sonnent faux. Aram, cet ex-terroriste arménien qui, pour venger son frère, tue sans scrupules, est froid comme un glaçon. Difficile dans ce cas d’approuver ou seulement de comprendre ses mobiles.
Note : 2 étoiles

Lui :
Sous couvert de contexte politique arménien, Aram est un polar et un polar assez banal avec son lot de clichés, à commencer par le héros, tueur très froid, qui ne parle pas, qui zigouille beaucoup de monde sans ciller. L’histoire est assez confuse et les personnages meurent avant que l’on comprenne qui ils sont… Quand ils ne tuent pas, ils vendent des armes (ce qui a au moins le mérite d’être plus calme…)
Note : 2 étoiles

Acteurs: Simon Abkarian, Lubna Azabal, Mathieu Demy
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4 décembre 2005

Petites coupures (2003) de Pascal Bonitzer

Petites coupures Elle :
Pascal Bonitzer nous entraîne dans une histoire originale et étrange agrémentée de savoureux dialogues et de bons acteurs. Daniel Auteuil incarne un homme paumé au niveau de son couple qui se laisse entraîner sans aucune résistance dans des aventures sans lendemain. Il aime les femmes et passe de l’une à l’autre sans en envisager les conséquences. Ludivine Sagnier joue la gamine énamourée, Kristin Scott-Thomas, la bourgeoise éplorée et Pascal Buisières la collègue de travail passionnée. Malgré le côté dramatique de l’histoire de cet homme, on est amené à rire franchement de la cocasserie de certaines situations et dialogues.
Note : 4 étoiles

Lui :
Petites Coupures, c’est un peu une série de portraits de femmes qui traversent la vie d’un quadragénaire à la vie sentimentale instable. Ces portraits sont particulièrement bien brossés en seulement quelques mises en situation, mais l’ensemble du film a un peu du mal à décoller de son aspect anecdotique. On reste tout de même assez loin de L’homme qui aimait les femmes de Truffaut, film auquel il a été parfois comparé.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Daniel Auteuil, Kristin Scott Thomas, Pascale Bussières, Ludivine Sagnier
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3 décembre 2005

La Fleur du Mal (2003) de Claude Chabrol

La Fleur du Mal Elle :
Chabrol est toujours au mieux de sa forme quand il nous fait le portrait acidulé de la bourgeoisie locale. Dans La Fleur du Mal, il s’agit d’une famille bordelaise dont l’histoire familiale au passé pétainiste, aux meurtres inexpliqués et aux mariages consanguins se transmet de génération en génération dans la plus pure hypocrisie. Grande maison bourgeoise, week-ends au Cap Ferret, réceptions mondaines, vie politique locale corrompue, adultère, sourires et comportements de façade, tous les symboles du notable passent à la moulinette Chabrol. Et c’est avec grand plaisir qu’on pénètre ce monde factice dont les pans finissent par s’effondrer. Suzanne Flon joue à merveille la tante gâteau qui a vécu les pires horreurs, Nathalie Baye, la bourgeoise autoritaire qui veut construire sa carrière politique, Bernard Le Coq, le mari pourri et menteur.
Note : 5 étoiles

Lui :
Avec cette Fleur du Mal, Claude Chabrol parvient bien à nous faire pénétrer cette famille de la haute bourgeoisie bordelaise dont les membres ont tissé des rapports pour le moins étranges entre eux. Il parvient bien à nous intriguer, même si l’on se sent assez étranger, spectateur, à cette famille. Les esprits chagrins pourraienht lui reprocher de broder toujours sur le même thème mais force est de constater que cela fonctionne toujours bien.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Benoît Magimel, Nathalie Baye, Mélanie Doutey, Bernard Le Coq, Suzanne Flon
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30 novembre 2005

Effroyables jardins (2003) de Jean Becker

Effroyables jardins Elle :
Cette adaptation très libre du très court roman de Michel Quint a été très étoffée notamment par l’ajout de personnages pour alimenter la reconstitution de la vie d’un village pendant la guerre. Il fallait bien tenir 1h30… Après un sabotage, les allemands prennent quatre otages jusqu’à ce que les coupables se dénoncent. André Dussolier et Jacques Villeret interprètent des français moyens un peu lâches mais finissent par trop jouer dans le registre comique. Il vaut mieux lire le livre.
Note : 3 étoiles

Lui :
Effroyables Jardins balance un peu trop entre le côté bon enfant, essentiellement donné par le jeu d’acteurs du tandem Dussollier/Villeret, et le côté extrêmement tragique de cette situation de quatre otages sur le point d’être fusillés. Le film se sort toutefois assez bien de cette inconfortable ambivalence et Jean Becker parvient à nous toucher avec cette histoire.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Jacques Villeret, André Dussollier, Thierry Lhermitte, Benoît Magimel
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29 novembre 2005

Un petit cas de conscience (2002) de Marie-Claude Treilhou

Un petit cas de conscience Elle :
Aucun intérêt pour ce film qui semble vouloir imiter la spontanéité et la fraîcheur des films de Rohmer. Ce quarteron de femmes cinquantenaires sur le retour est assez indigeste. Le jeu des acteurs ne paraît guère naturel et les dialogues finissent par être fatiguants.
Note : 2 étoiles

Lui :
La forme est assez rebutante de prime abord et il faut se forcer un peu pour s’intéresser au scénario. Ensuite, on se laisse prendre un peu par cette peinture sociale, même si les mécanismes de pensées de ces trois intellectuelles parisiennes sont assez caricaturaux. Par le jeu des acteurs, la forme fait penser à Rohmer mais le film a loin d’en avoir la pétillance, le naturel et la légèreté. Au contraire, il est assez lourd et finalement assez long.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Ingrid Bourgoin, Dominique Cabrera, Marie-Claude Treilhou, Claire Simon
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27 novembre 2005

Pas si grave (2003) de Bernard Rapp

Pas si grave Elle :
Ce troisième film de Bernard Rapp semble vraiment raté. Alors que ses deux précédents films étaient adaptés de polars, ici, c’est Bernard Rapp en personne qui a écrit un scénario, hélas assez pauvre et bourré de clichés. Ce périple de trois frères en Espagne pour retrouver la statue d’une vierge afin de la ramener à leur père adoptif frise parfois le ridicule.
Note : 1 étoiles

Lui :
L’histoire ne s’avère pas très passionnante et, de ce fait, le film reste englué dans une suite de scènes assez complaisantes où les héros sont jeunes et beaux et la musique agréable. On finit par s’ennuyer ferme…
Note : 1 étoiles

Acteurs: Sami Bouajila, Romain Duris, Jean-Michel Portal
Voir la fiche du film et la filmographie de Bernard Rapp sur le site IMDB.

Voir aussi notre commentaire sur « Un petit jeu sans conséquence » de Bernard Rapp, son film suivant, bien plus réussi.

24 novembre 2005

« 5×2 » (2004) de François Ozon

5×2 Elle :
De cette histoire simple et presque banale de divorce, François Ozon réussit à faire un récit intéressant et touchant dans lequel on essaie de reconstituer le puzzle de ce naufrage conjugal. Il nous fait remonter en arrière dans le temps en cinq épisodes (divorce, vie de couple, naissance, mariage, rencontre) et ouvre des pistes sans vraiment en donner les clefs. A nous de recoller les morceaux. Veut-il tout simplement nous signifier que l’échec d’une histoire d’amour est une accumulation de détails imperceptibles qui s’entrechoquent. Il filme avec talent les corps, les visages de Valeria Bruni-Tedeschi et Stéphane Freiss qui parviennent à exprimer avec émotion leurs doutes, fêlures, fantasmes et perversités.
Note : 4 étoiles

Lui :
Certes, la construction du film est intéressante : essayer de comprendre pourquoi un couple est arrivé à la rupture en revivant quatre moments importants où quelque chose a basculé. Cette construction ‘à l’envers’ donne toujours un petit côté ‘puzzle’ qui aiguise l’attention. Cependant, l’ensemble m’a semblé rester à un stade assez superficiel, les caractères des personnages sont peu développés et tout semble axé sur la présence, assez classique et prévisible, de non-dits, de mensonges. Les cinq scènes (4 + le divorce, ça nous fait bien cinq) paraissent au final un peu longues.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Valeria Bruni Tedeschi, Stéphane Freiss, Antoine Chappey, Françoise Fabian, Michael Lonsdale
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Voir les autres films de François Ozon chroniqués sur ce blog…