3 juin 2005

La ballade de Narayama (1983) de Shohei Imamura

Titre original : « Narayama bushiko »

La ballade de Narayama Elle :
Un petit village miséreux au coeur de la montagne, ses habitants aux croyances et aux mœurs primitives, une vieille femme de 70 ans qui veut se faire conduire en haut de la montagne de Narayama pour y mourir et laisser la place au bébé qui va naître. Imamura met en scène les cycles de la vie : la naissance, l’amour, le sexe, la quête de nourriture, la maladie, la vieillesse et la mort. Il fait le parallèle en montrant les animaux dans les divers stades de l’existence. La nature accompagne le parcours des hommes. Cette vieille femme animée d’une grande force intérieure sacrifie sa vie pour que les plus jeunes puissent survivre. C’est un film assez dur avec quelques scènes un peu longues toutefois. La scène finale est si macabre et glaçante qu’on a hâte d’en finir.
Note : 3 étoiles

Lui :
Palme d’Or à Cannes en 1983, La Ballade de Narayama est en fait un remake car Keisuke Kinoshita avait déjà adapté ce livre en 1958. C’est une chronique rurale et historique qui décrit la vie et le fonctionnement social d’un village de quelques maisons isolées dans la montagne. Imamura parvient parfaitement à transcrire par ses images les sentiments de base, à l’état brut, qui régissent leurs vies. Tout est orienté vers la survie et surtout le maintien de la cellule familiale ou du groupe. Les règles sont acceptées par les personnages, même si une certaine humanité en eux les pousserait parfois à les remettre en cause. Les images (en noir et blanc) ont une beauté brute et une puissance peu commune.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Ken Ogata, Sumiko Sakamoto, Aki Takejo
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30 mai 2005

La Femme est l’avenir de l’homme (2004) de Hong Sangsoo

Titre original : « Yeojaneun namjaui miraeda »

La Femme est l’avenir de l’homme Elle :
Cette vision désenchantée de la jeunesse coréenne met en scène deux jeunes intellectuels désoeuvrés qui se raccrochent aux souvenirs d’une jeune femme. C’est une vision assez sombre de la jeunesse. Les années ont passé, les corps se sont alourdis, les rêves se sont enfuis. Restent le sexe mécaniquement consommé et l’alcool. Ils vivent au présent et sans projet d’avenir. Le réalisateur imbrique les allers et retours dans le temps et crée une atmosphère un peu pesante. On assiste avec un peu d’ennui à la décomposition des relations entre les membres de ce trio. No future.
Note : 3 étoiles

Lui :
La femme est l’avenir de l’homme : Deux amis se retrouvent et vont rendre visite à une jeune femme dont ils étaient tous deux amoureux. Ce scénario, Hong Sangsoo choisit de le traiter uniquement sous l’angle du rendez-vous manqué : ces deux garçons semblent avoir raté leur vie qui est devenue parfaitement vide et sans intérêt malgré les apparences (ils font tous deux un travail plutôt intéressant à priori). Le film ne regarde que vers le passé, on vivote dans le présent et l’avenir n’est pas à l’ordre du jour. Le problème est que cette vacuité, ce désenchantement se ressent un peu trop en tant que spectateur, il n’y a franchement pas d’élément auquel se raccrocher. Le seul personnage un tant soit peu positif (la jeune femme) est en fait peu développé.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Yu Ji-tae, Tae-woo Kim, Hyeon-a Seong
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22 mai 2005

« Eureka » (2000) de Shinji Aoyama

EurekaElle :
Cette longue errance de 3h 30 nous entraîne aux côtés de trois survivants d’une prise d’otage sanglante dans un bus. Un frère et sa jeune sœur sont pris sous la protection du chauffeur de ce bus. Cet évènement dramatique marque à jamais leur existence sous le sceau de la malédiction. Les enfants devenus autistes et le chauffeur malade et dépressif ne parviennent pas à sortir de leur traumatisme. Le réalisateur travaille beaucoup ses images et l’environnement sonore pour provoquer l’émotion. Il utilise des palettes noir et banc, sépia avec de subtils passages à la couleur quand l’espoir renaît. Les panoramiques offrent de beaux cadrages et éclairages. Les paysages encombrés de pylônes, de poteaux, de verticales accentuent l’effet d’emprisonnement. Les dialogues peu nombreux, le son ambiant ponctué parfois de musique répétitive contribuent à restituer cette ambiance de désolation et de solitude. Ce voyage intérieur immobile au début puis itinérant ensuite mérite le détour malgré quelques petites longueurs.
Note : 4 étoiles

Lui :
EurekaC’est le récit d’une lente reconstruction de trois personnages qui ont subi un véritable cataclysme dans leur vie, le genre de catastrophe qui balaie tout sur son passage et bouleverse à jamais la personnalité. Shinji Aoyama adopte un rythme très lent à l’image des évolutions de ses personnages. Jouant habilement avec le noir et blanc (ou sépia) et avec des images très composées, il parvient à traduire par une beauté assez crue le dénuement intérieur de ses personnages et une grande mélancolie. Même si le propos est au fond assez sombre (tendant à démontrer que l’on recommence avec les mêmes schémas), il n’est jamais franchement négatif ou désespéré. Un très beau film.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Kôji Yakusho, Aoi Miyazaki, Masaru Miyazaki, Yoichiro Saito
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4 mai 2005

Printemps, été, automne, hiver… et printemps (2003) de Kim Ki-duk

Titre original : « Bom yeoreum gaeul gyeoul geurigo bom »

Printemps, été, automne, hiver... et printemps Elle :
Voici un film coréen d’une grande poésie et d’une étonnante beauté. Les cinq saisons du titre correspondent aux cinq étapes de la vie d’un moine vivant à l’écart du monde dans une drôle de maison qui flotte sur un lac entouré de montagnes boisées. Il vit là en compagnie de son vieux maître à penser. Kim Ki-duk filme la cruauté de l’enfance, le premier éblouissement amoureux, la colère de l’adulte trompé, les réprimandes plus ou moins sévères du vieux sage. Avec peu de dialogues, il parvient à exprimer les sentiments et émotions qui habitent ces personnages. Il filme en gros plan leurs animaux familiers (chat, poisson, coq, tortue, poisson), Il fait tout un travail autour du thème de l’eau, alterne son récit de sons de la forêt et d’une musique délicate. Les images sont insolites et envoûtantes telles cette maison qui donne l’impression de flotter au-dessus de l’eau, ce paysage magnifique qui évolue au cours des saisons, cette barque qui dérive, cette brume qui enveloppe les scènes. Printemps, été, automne, hiver… une atmosphère très zen et paisible pour retrouver la sérénité.
Note : 5 étoiles

Lui :
Le réalisateur coréen Kim Ki-duk nous propose ici de partager 5 moments importants de la vie du disciple d’un religieux bouddhiste, dans un mini temple perdu, hors du monde et du temps. C’est justement sa confrontation avec le monde extérieur qui sera délicate, voire douloureuse et il devra dominer et dompter ses sentiments. Malgré le sujet traité, le film ne semble aucunement lent, le réalisateur parvenant à nous immerger totalement dans ce monde de simplicité et de dénuement, nous faisant partager l’émotion ressentie à la contemplation de cette nature qui les entoure. Les images de Printemps, été, automne, hiver sont souvent magnifiques et même surprenantes. Un film empreint de calme et qui apporte un certain regard sur quelques sentiments simples.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Kim Ki-duk, Oh Yeong-su, Seo Jae-kyeong, Ha Yeo-jin
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27 avril 2005

Dolls (2002) de Takeshi Kitano

DollsElle :
J’aime bien Kitano mais pas tous ses films et celui-ci ne fait pas partie des élus. Je l’ai trouvé particulièrement soporifique et ai abandonné au bout d’1h. Il s’agit de trois histoires d’amour avortées car le désir de réussite sociale a été le plus fort : un jeune couple enchaîné qui erre sans fin, un chef « du milieu » qui part à la recherche de son amour de jeunesse trente ans plus tard, une troisième histoire que je n’ai pas vue. La mise en scène est assez onirique ; il y a peu de dialogues et de bande son.
Note : pas d'étoiles

Lui :
Avec ce film Kitano nous conte trois histoires, des histoires tragiques à l’image de celles des bunrakus japonais. Ces trois histoires n’ont pas la même présence, la plus forte étant celle des « mendiants enchaînés », ce jeune couple dont chaque geste est empreint de tristesse et de mélancolie et qui erre sans but, rongé par le remords. Ce couple errant est l’occasion pour Kitano de créer de très beaux plans, notamment en utilisant les couleurs des quatre saisons et de montrer une grande maîtrise de la mise en scène. Tout en étant assez fort, le film n’est pas sans défaut : l’une des trois histoires (avec la jeune star) paraît forcée et futile et le rythme général est tout de même très lent. Il faut sans doute y voir un film essentiellement visuel, presque hors du temps, une sorte de version moderne de ces tragiques légendes japonaises.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Miho Kanno, Hidetoshi Nishijima, Tatsuya Mihashi, Chieko Matsubara
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25 mars 2005

Zatôichi (2003) de Takeshi Kitano

ZatoichiElle :
Kitano comme dans tous ses films incarne le personnage central du film. Ici il s’agit de Zatôichi, un vieil aveugle qui joue du sabre plus vite que son ombre. C’est un héros populaire au Japon. Kitano transpose son personnage blond platiné dans le Japon des samouraïs. Il lui faut éliminer des bandes de bandits. L’histoire se construit également autour d’une sœur et d’un frère déguisé en femme qui veulent venger la mort de leurs parents. Les images sont belles et les scènes d’action sont saisissantes. Il n’hésite pas à utiliser à jouer les effets de surprise et de décalage, à parsemer son scénario d’humour et à utiliser une musique contemporaine étonnante à base de percussions. Kitano se fait plaisir et jongle avec sa caméra. Malgré quelques petites longueurs, on passe un bon moment.
Note : 4 étoiles

Lui :
Kitano s’est visiblement amusé en mettant en scène ce personnage de héros japonais, il s’est amusé mais pour notre plus grand plaisir. Zatôichi est par certains côtés proche d’une bande dessinée par les côtés « super héros » de son personnage principal. Les hommes tombent comme des mouches mais Kitano sait montrer juste ce qu’il faut, sans complaisance envers la violence. Il joue beaucoup avec la construction du film, plaçant des flash-back assez courts sans prévenir, et aussi avec la musique, les percussions. La scène finale est complètement décalée et presque délirante, puisque des paysans du XIXe siècle y font des claquettes… La mise en scène est particulièrement efficace, sans failles. Un très beau moment de pur divertissement.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Takeshi Kitano, Tadanobu Asano, Michiyo Ookusu
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16 mars 2005

Peppermint Candy (2000) de Chang-dong Lee

Titre original : « Bakha satang »

PeppermintcandyElle :
Sentiments mitigés sur ce film coréen qui laisse une impression de lourdeur et d’inachevé. Le plus intéressant est la vision assez noire du peuple coréen ainsi que la construction du film en forme de compte à rebours. Il s’agit de reconstituer la vie d’un policier qui se suicide tragiquement sous un train lors d’un pique-nique. Par conséquent, on remonte dans le temps par palier de 5 ans en voyageant dans un train à l’envers. Ces intermèdes sont les passages les plus paisibles. La vie de ce jeune homme n’est qu’une somme d’occasions amoureuses ratées, de tortures infligées aux opposants à la dictature coréenne, de sévices infligés lors de son passage dans l’armée. Le plus frustrant, c’est qu’on n’aura pas de réponse à ses délires paranoïaques.
Note : 2 étoiles

Lui :
Le film est surtout remarquable par sa construction. On remonte le fil du temps pour tenter de comprendre les événements qui ont conduit un homme à se suicider. On le découvre ainsi petit à petit, lui et ses évènements manqués. C’est aussi pour le réalisateur l’occasion de dresser un portrait de la Corée du Sud, un portrait assez noir, sans attraits, sans illusions ni joies, marquée par un régime totalitaire aux méthodes policières effroyablement brutales. Le film souffre de longueurs dans certaines scènes qui paraissent mineures.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Sol Kyung-Gu, So-Ri Moon, Kim Yeo-Jin
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3 mars 2005

Le chien enragé (1949) d’ Akira Kurosawa

Titre original : « Nora inu »

ChienenrageElle :
Le Chien Enragé est parmi les premiers films du maître du cinéma japonais. Ce n’est pas le plus abouti mais il laisse augurer du talent et du style du cinéaste dans ses films futurs. Un vol de pistolet d’un inspecteur de police est le pivot du film. Celui-ci dans la crainte de se faire renvoyer, se met à la recherche de l’objet avec une pugnacité étonnante tel un chien enragé. Dans le Japon d’après-guerre, il parcourt sans relâche les bas-fonds de la ville. Cela revient à chercher une aiguille dans une botte de foin. Kurosawa ausculte les tourments de l’âme humaine qui balance entre le Bien et le Mal. Il s’attarde sur les visages perlés de sueur, les corps assoupis, la foule. C’est très bien cadré dans du beau noir et blanc. Ce qu’on peut reprocher c’est certaines longueurs et peut-être une enquête qui manque d’intensité dans ses ressorts.
Note : 3 étoiles

Lui :
Se situant dans les tout premiers films de Kurosawa, ce polar moite et caniculaire apparaît bien moins abouti que d’autres films qu’il réalisera ensuite : L’histoire est moins riche et passionnante et semble surtout un prétexte pour nous montrer les bas quartiers de Tokyo et amener une certaine réflexion sur la notion de bien et de mal. Il y a beaucoup d’humanité dans son propos, humanité qui est appuyée par ses cadrages en très gros plan.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Toshirô Mifune
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28 février 2005

Hero (2002) de Zhang Yimou

Titre original : « Ying xiong »

HeroElle :
Superproduction chinoise avec Maggie Cheung en héroïne, des milliers de figurants, des compositions visuelles élaborées, des jeux de couleur, des combats étonnants où les protagonistes volent et une quantité énorme d’effets visuels. Le réalisateur d’Epouses et Concubines et du Sorgho Rouge privilégie l’esthétique visuelle, les belles images au scénario. L’histoire de ce roi de Qin qui doit être assassiné est terriblement ennuyeuse. Les personnages sont inexpressifs et ne dégagent aucune émotion. Il est vraiment très difficile de s’intéresser au sujet devant cet overdose d’effets esthétisants.
Note : 2 étoiles

Lui :
Basé sur une légende chinoise sur le roi de Qin, cette histoire bénéficie d’une mise en scène spectaculaire qui, si elle nous réserve de belles images très bien composées et des mouvements harmonieux, n’en sombre pas moins dans une surenchère permanente, comme obnubilée par le désir de frapper les esprits. De ce fait, il faut faire un sérieux effort pour s’intéresser à ces combats successifs, incroyablement chorégraphiés. C’est spectaculaire mais l’on s’ennuie…
Note : 2 étoiles

Acteurs: Jet Li, Maggie Cheung
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27 février 2005

L’ enfant au violon (2002) de Kaige Chen

Titre original : « He ni zai yi qi »

Enfant au violonElle :
C’est l’histoire vraie du dévouement sans faille d’un paysan chinois, pour son fils adoptif, jeune prodige au violon. Kaige Chen oppose le Pékin occidentalisé au Pékin des petites gens. Le mépris des nouveaux riches pour les paysans sans éducation est fustigé par le réalisateur. Il fait une satire féroce des nouveaux comportements consuméristes qui tuent les sentiments humains L’histoire de ce jeune violoniste est assez touchante car seuls les gens puissants et riches peuvent réussir dans le milieu musical. Ce père enthousiaste, généreux se débat comme il peut pour le faire réussir en tant que violoniste. On peut reprocher le côté un peu mélo et bons sentiments qui sert à combler un scénario qui manque un peu d’épaisseur.
Note : 3 étoiles

Lui :
Au début du film, une inscription nous précise: « Basé sur une histoire vraie ». C’est bien de le préciser, car cette histoire paraît vraiment bourrée de poncifs. Ceci dit, ces histoires de jeunes prodiges du violon se laissent toujours regarder avec plaisir… Le scénario est un peu confus, on a même l’impression que le film a subi des coupes. Il y a aussi ce côté un peu prévisible et quelques longueurs, mais l’ensemble est plaisant.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Yun Tang, Peigi Liu
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