9 mars 2010

Ne vous retournez pas (1973) de Nicolas Roeg

Titre original : « Don’t Look Now »

Ne vous retournez pasLui :
Un couple, fortement perturbé par la mort récente de leur toute jeune fille, se rend à Venise pour oublier. Là, ils sont approché par une femme médium et aveugle qui se dit porteuse d’une message d’avertissement de la part de leur fille. Cette histoire baignée de supernaturel est adaptée d’une nouvelle de Daphné du Maurier. Après avoir été un chef opérateur réputé, Nicolas Roeg est passé à la réalisation avec Performance. Dans Ne vous retournez pas, il utilise comme décor Venise en plein hiver, exploitant son aspect vide et inquiétant. Nicolas Roeg a une certaine tendance à utiliser certains effets à outrance, que ce soit dans le montage ou dans le déroulement narratif : de nombreuses fausses pistes ou attitudes inquiétantes accentuent notre sensation de confusion. L’ensemble m’a paru assez décevant personnellement. Ne vous retournez pas est pourtant généralement plutôt bien estimé par les amateurs de surnaturel. Bonne prestation de Donald Sutherland (affublé d’une perruque frisée!)
Note : 2 étoiles

Acteurs: Julie Christie, Donald Sutherland, Hilary Mason, Clelia Matania
Voir la fiche du film et la filmographie de Nicolas Roeg sur le site IMDB.

2 mars 2010

Slumdog Millionaire (2008) de Danny Boyle et Loveleen Tandan

Slumdog MillionaireElle :
Un film à la mise en scène très énergique qui a le mérite de montrer le vrai visage de l’Inde. Il nous plonge brutalement dans la réalité d’une Inde déshéritée avec ses gamins abandonnés, livrés à eux même et à l’appétit de gangs assez sordides. Danny Boyle utilise une caméra spéciale très fluide et mobile pour parvenir à se fondre dans la foule colorée sans se faire remarquer. Le montage est nerveux et complexe; les scènes de rue ou celles surplombant la ville avec ses bidonvilles sont très impressionnantes. Le prétexte de ce jeu télévisé pour faire découvrir une autre Inde par l’intermédiaire de ce jeune concurrent qui a déjà tout vécu de la vie est plutôt une bonne idée de construction car il permet de peindre d’autant plus crûment le décalage entre la société technologique qui avance à grand pas et ces milliers de miséreux qui hantent la ville dans les tas d’ordures. La fin du film, à la manière Bollywood, parait déplacée. Elle semble un peu facilement tirer un trait sur les malheurs et injustices.
Note : 4 étoiles

Lui :
Adaptation d’un roman indien de Vikas Swarup, Slumdog Millionaire (littéralement « le ramassis des bas-quartiers millionnaire ») raconte l’histoire terrible d’un enfant qui, abandonné à lui-même dans les taudis, finira par gagner plusieurs millions à un jeu télévisé. C’est un film à deux faces : un conte de fée et un drame social. La construction, assez originale, entremêle les deux. Sur la forme, Slumdog Millionaire surprend vraiment par son rythme souvent effréné et ses scènes de foules. Danny Boyle a utilisé des nouvelles caméras digitales très petites qui lui ont permis de filmer en décors réels sans trop être remarqué et d’avoir une mobilité extrême de la caméra. Le résultat est assez différent du classique caméra à l’épaule, moins nauséeux mais engendrant souvent des cadrages approximatifs. Danny Boyle abuse des effets, mais heureusement cela ne dure jamais trop longtemps. Jouant beaucoup sur une courte profondeur de champ, l’image est assez belle, ce qui crée un décalage avec l’histoire qui, elle, est très dure et assez violente. Le côté « conte de fée », bien que totalement improbable, fait passer les aspects, parfois quasi insoutenables, de la réalité et le film est globalement positif, s’achevant même de façon un peu béate… Cinématographiquement, le film est indéniablement une réussite même si on peut être un peu plus réservé sur le fond.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Dev Patel, Anil Kapoor, Rajendranath Zutshi, Freida Pinto, Madhur Mittal
Voir la fiche du film et la filmographie de Danny Boyle sur le site imdb.com.

Voir les autres films réalisés par Danny Boyle chroniqués sur ce blog…

22 janvier 2010

La mer cruelle (1953) de Charles Frend

Titre original : « The cruel sea »

La mer cruelleElle :
(pas vu)

Lui :
La Mer Cruelle est un film qui retrace le parcours d’un capitaine de corvette britannique et de son second, pendant la Seconde Guerre mondiale. Escortant des convois, ils sont la cible des sous-marins allemands dans une lutte qui semble souvent inégale. La mer cruelle Le scénario est écrit par l’écrivain Eric Ambler qui s’est basé sur un livre de Nicholas Monsarrat. Le scénario est solide, ne s’égarant jamais, ce qui donne au final une histoire très prenante qui se déroule presque en totalité sur le navire. A aucun moment, le propos ne tombe dans la facilité ou dans les élans trop ostensibles de patriotisme. La réalisation est soignée, sans artifice inutile. Charles Frend, qui a été monteur pour Hitchcock dans sa période anglaise, signe là son meilleur film grâce à une réalisation efficace. Authentique et prenant, La Mer Cruelle est probablement le plus beau film sur les hommes de la Royal Navy durant la guerre.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Jack Hawkins, Donald Sinden, John Stratton, Denholm Elliott, John Warner, Stanley Baker, Virginia McKenna
Voir la fiche du film et la filmographie de Charles Frend sur le site IMDB.

Remarque :
La Mer Cruelle est issu des studios anglais Ealing, plus connus pour ses comédies que pour ses films de guerre.

18 janvier 2010

The Duchess (2008) de Saul Dibb

The DuchessLui :
The Duchess se propose de nous retracer la vie de la duchesse du Devonshire, femme du monde et libre penseuse du XVIIIe siècle. Les producteurs du film ont basé toute leur communication sur le parallèle avec Lady Di. Le résultat est assez ennuyeux mais ce n’est certainement pas l’interprétation qui en est la cause : Keira Knightley manifeste une belle présence et semble parfaite pour le rôle, Ralph Fiennes prouve, une fois de plus, qu’il est l’un des acteurs anglais les plus remarquables. Hélas ce beau duo d’acteurs est ici au service d’un scénario conventionnel, qui appuie fortement sur le côté mélodramatique de son histoire et qui finit par engendrer un certain désintéressement de notre part. Ce sont les côtés « amours contrariés » qui sont la clé de voûte du film, le jeu social et politique de la Duchesse n’étant que rapidement évoqués. La reconstitution, décors et costumes, est en revanche de toute beauté.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Keira Knightley, Ralph Fiennes, Charlotte Rampling, Dominic Cooper, Hayley Atwell, Simon McBurney
Voir la fiche du film et la filmographie de Saul Dibb sur le site IMDB.

4 janvier 2010

Bons baisers de Bruges (2008) de Martin McDonagh

Titre original : « In Bruges »

Bons baisers de BrugesLui :
Après un contrat qui a mal tourné, deux tueurs à gages londoniens sont envoyés par leur « patron » à Bruges pour se faire oublier. Le plus âgé des deux (Brendan Gleeson) profite de la ville et la visite largement, alors que le plus jeune, nerveux et rétif, refuse de regarder quoi que ce soit et semble rongé par la culpabilité. Bons Baisers de Bruges est le premier long métrage de Martin McDonagh qui parvient à trouver ici un parfait équilibre, mêlant un humour omniprésent à une certaine intensité dramatique. Si les dialogues entre ses deux tueurs évoquent parfois Tarantino, le réalisateur anglais montre une indéniable personnalité, utilisant très peu la violence mais cherchant plutôt à créer un climat ; la ville médiévale de la « Venise du Nord » est ainsi parfaitement utilisée. Colin Farrell fait une très belle composition dans un style infantile et fragile, parvenant peu à peu à rendre son personnage attachant. Avec Brendan Gleeson, ils forment un remarquable duo. Pour un premier film, Bons Baisers de Bruges est une belle réussite.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Colin Farrell, Brendan Gleeson, Ralph Fiennes, Clémence Poésy, Jérémie Renier
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3 janvier 2010

Le meilleur des mondes possible (1973) de Lindsay Anderson

Titre original : « O Lucky Man! »

Le meilleur des mondes possibleLui :
Le meilleur des mondes possible peut être vu comme une suite au très remarqué If… : après avoir traité du monde des collèges, Lindsay Anderson aborde cette fois l’étape suivante puisque son personnage principal, toujours interprété par Malcolm McDowell (1), est maintenant un jeune homme plein d’entrain et d’ambition qui se lance dans la vie active. C’est un peu une version moderne du Candide (le titre français reprend d’ailleurs une phrase de ce conte philosophique de Voltaire) car le jeune Mike va se heurter aux dessous du commerce, au nucléaire, au contre-espionnage, à la recherche médicale, à l’armée, au capitalisme international, à la justice, à l’Eglise, à la pauvreté, etc… Le film est ainsi une sorte d’épopée, O Lucky Man! un parcours semé d’obstacles que notre Candide va surmonter avec un optimisme inébranlable qui lui donne un certain détachement ; il est pourtant très malmené et ne s’en sort pas toujours sans dommage, loin de là. Le meilleur des mondes possible met en relief les dessous et travers de notre société, dans lesquels brutalité et corruption reviennent souvent comme une constante. L’humour est aussi très présent. Certaines scènes sont assez surréalistes et peuvent évoquer l’approche d’un Luis Bunuel. Le film est original sous bien d’autres aspects : il est ponctué de morceaux chanté par Alan Price (ex-Animals), certains acteurs jouent plusieurs rôles successifs. Lindsay Anderson termine son film par une pirouette, un peu énigmatique (2). Durant presque trois heures, le film ne montre aucune longueur. Le Meilleur de mondes possible est un film vraiment remarquable, pas vraiment daté car son propos reste, somme toute, assez actuel.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Malcolm McDowell, Ralph Richardson, Rachel Roberts, Arthur Lowe, Helen Mirren
Voir la fiche du film et la filmographie de Lindsay Anderson sur le site IMDB.

Remarque :
* L’adjectif possible est bien au singulier dans le titre français, ce qui laisse supposer qu’il s’applique à « meilleur ». La formulation n’est pas très heureuse.

(1) Entre If… et Le meilleur des mondes possible, Malcolm McDowell a joué dans Orange Mécanique, rôle qui lui a certes donné une notoriété mondiale mais qui le cantonnera, pour de nombreuses années, dans les rôles de psychopathe.
Le meilleur des mondes possible est en partie basé sur une histoire autobiographique écrite par McDowell : avant de devenir acteur, Malcolm McDowell fut effectivement vendeur de café.
(2) (Ne lisez pas cette petite note si vous avez l’intention de voir prochainement le film) C’est une fin que l’on peut interpréter de plusieurs façons : cherchant à se faire accepter lors d’un casting, le jeune Mike refuse de sourire et reçoit un coup de script sur la tête par le metteur en scène (joué par Lindsay Anderson lui-même) : il regarde ensuite la caméra comme s’il venait de s’éveiller à la conscience…

22 décembre 2009

Clockwise (1986) de Christopher Morahan

ClockwiseElle :
(pas vu)

Lui :
Le pointilleux principal d’un collège anglais manque le train qui doit l’emporter à la conférence annuelle des principaux de collège. Juste le jour il devrait la présider. Il tente d’y parvenir coûte que coûte par ses propres moyens, une folle cavalcade qui va mettre à mal tous ses grands principes. Ce principal, c’est John Cleese, l’ex-Monty Python, et il n’a pas son pareil pour caricaturer et pousser dans ses extrêmes un tel personnage guindé, rigide et engoncé dans ses principes. Il nous fait là un beau numéro et bien entendu tout le film repose sur lui. Même s’il souffre de quelques longueurs, Clockwise est amusant, souvent hilarant même, sans toutefois égaler les meilleurs films des ex-Monty Python.
Note : 3 étoiles

Acteurs: John Cleese, Sharon Maiden, Penelope Wilton, Alison Steadman
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28 novembre 2009

Le crime de l’Orient-Express (1974) de Sidney Lumet

Titre original : « Murder on the Orient Express »

Le Crime de l’Orient ExpressLui :
Le détective belge Hercule Poirot monte à bord de l’Orient Express en partance vers Londres. Pendant le voyage, un meurtre est commis. Le directeur du train lui demande de mener l’enquête… Partant du principe que presque tout le monde connaît le dénouement de ce roman très célèbre d’Agatha Christie, Sydney Lumet délaisse délibérément le côté suspense pour nous offrir un grand spectacle : une reconstitution minutieuse de l’univers d’Istanbul et du train l’Orient Express dans les années trente et, surtout, une impressionnante liste de stars, souvent anciennes que l’on revoit avec grand plaisir. Il s’efforce donc de donner un rôle un tant soit peu consistant à chacun de ses personnages même si cela génère parfois quelques longueurs. C’est Ingrid Bergman qui gagnera l’oscar de rigueur par son interprétation tourmentée que l’on peut trouver un peu appuyée. Même s’il ne passionne pas vraiment, Le Crime de l’Orient Express reste agréable à regarder pour son charme désuet.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Albert Finney, Lauren Bacall, Ingrid Bergman, Anthony Perkins, Richard Widmark, Sean Connery, Vanessa Redgrave, Jacqueline Bisset, Jean-Pierre Cassel, John Gielgud
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Voir les autres films de Sidney Lumet chroniqués sur ce blog…

Suite : Mort sur Nil de John Guillermin (1978), produit dans le même esprit et plutôt plus réussi dans son côté enquête.

Remake : Le crime de l’Orient-Express (Murder on the Orient Express) de Kenneth Branagh (2017)

13 novembre 2009

Le commando de Sa Majesté (1980) de Andrew V. McLaglen

Titre original : The Sea Wolves

The Sea WolvesElle :
(pas vu)

Lui :
Relatant un fait d’armes de la Seconde Guerre Mondiale, Le Commando de sa Majesté nous transporte aux Indes où un navire espion allemand, ancré en zone neutre, donne des renseignements aux sous-marins allemands qui rôdent en mer. L’Amirauté anglaise met sur pied une expédition non officielle pour aller neutraliser le navire, un commando composé d’anciens officiers plus vraiment très jeunes. L’histoire est donc basée sur des faits réels mais, hélas, le film ne leur rend guère hommage tant la réalisation semble molle et dénuée d’entrain. Les acteurs paraissent aussi fatigués que leurs personnages et l’on doit forcer son attention. Les quelques touches d’humour très british ne suffisent pas à relever l’ensemble qui montre beaucoup de mollesse.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Gregory Peck, Roger Moore, David Niven, Trevor Howard, Barbara Kellerman, Patrick Macnee
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12 octobre 2009

Mort sur le Nil (1978) de John Guillermin

Titre original : « Death on the Nile »

Mort sur le NilElle :
(pas vu)

Lui :
Mort sur le Nil de John Guillermin s’inscrit dans la lignée du Crime de l’Orient Express tourné par Sydnet Lumet, quatre ans plus tôt. Ils sont tous deux adaptés d’un roman d’Agatha Christie et émanent des mêmes producteurs anglais. Il est donc assez inévitable de les comparer. La scène se passe en Egypte, sur un bateau effectuant une croisière sur le Nil. Cette fois, c’est Peter Ustinov qui interprète le détective belge Hercule Poirot et il donne un style quelque peu différent : une certaine rondeur (!), une imperturbable placidité et une bonne dose d’autosatisfaction. La mise en scène est plus fastueuse avec une large utilisation des décors extérieurs, majestueux, baignés de soleil. On pourra peut-être reprocher au film une mise en place assez longue, mais celle-ci ne manque pas de charme ; lorsque l’enquête démarre, le rythme devient nettement plus soutenu et le développement de l’histoire réserve bien des surprises. L’interprétation est parfaitement dans le ton. Aux côtés de Peter Ustinov, David Niven contribue à donner à l’ensemble une indéniable élégance qui fait tout de charme de ce Mort sur Nil
Note : 4 étoiles

Acteurs: Peter Ustinov, David Niven, Lois Chiles, Simon MacCorkindale, Bette Davis, Mia Farrow, Jane Birkin, Maggie Smith
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Voir les autres films de John Guillermin chroniqués sur ce blog…

Autre adaptation du même roman :
Agatha Christie: Poirot – Death on the Nile de Andy Wilson (2004) pour la télévision (dans le cadre d’une série). A noter que le même bateau a été utilisé dans cette nouvelle adaptation.