18 janvier 2010

The Duchess (2008) de Saul Dibb

The DuchessLui :
The Duchess se propose de nous retracer la vie de la duchesse du Devonshire, femme du monde et libre penseuse du XVIIIe siècle. Les producteurs du film ont basé toute leur communication sur le parallèle avec Lady Di. Le résultat est assez ennuyeux mais ce n’est certainement pas l’interprétation qui en est la cause : Keira Knightley manifeste une belle présence et semble parfaite pour le rôle, Ralph Fiennes prouve, une fois de plus, qu’il est l’un des acteurs anglais les plus remarquables. Hélas ce beau duo d’acteurs est ici au service d’un scénario conventionnel, qui appuie fortement sur le côté mélodramatique de son histoire et qui finit par engendrer un certain désintéressement de notre part. Ce sont les côtés « amours contrariés » qui sont la clé de voûte du film, le jeu social et politique de la Duchesse n’étant que rapidement évoqués. La reconstitution, décors et costumes, est en revanche de toute beauté.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Keira Knightley, Ralph Fiennes, Charlotte Rampling, Dominic Cooper, Hayley Atwell, Simon McBurney
Voir la fiche du film et la filmographie de Saul Dibb sur le site IMDB.

4 janvier 2010

Bons baisers de Bruges (2008) de Martin McDonagh

Titre original : « In Bruges »

Bons baisers de BrugesLui :
Après un contrat qui a mal tourné, deux tueurs à gages londoniens sont envoyés par leur « patron » à Bruges pour se faire oublier. Le plus âgé des deux (Brendan Gleeson) profite de la ville et la visite largement, alors que le plus jeune, nerveux et rétif, refuse de regarder quoi que ce soit et semble rongé par la culpabilité. Bons Baisers de Bruges est le premier long métrage de Martin McDonagh qui parvient à trouver ici un parfait équilibre, mêlant un humour omniprésent à une certaine intensité dramatique. Si les dialogues entre ses deux tueurs évoquent parfois Tarantino, le réalisateur anglais montre une indéniable personnalité, utilisant très peu la violence mais cherchant plutôt à créer un climat ; la ville médiévale de la « Venise du Nord » est ainsi parfaitement utilisée. Colin Farrell fait une très belle composition dans un style infantile et fragile, parvenant peu à peu à rendre son personnage attachant. Avec Brendan Gleeson, ils forment un remarquable duo. Pour un premier film, Bons Baisers de Bruges est une belle réussite.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Colin Farrell, Brendan Gleeson, Ralph Fiennes, Clémence Poésy, Jérémie Renier
Voir la fiche du film et la filmographie de Martin McDonagh sur le site IMDB.

3 janvier 2010

Le meilleur des mondes possible (1973) de Lindsay Anderson

Titre original : « O Lucky Man! »

Le meilleur des mondes possibleLui :
Le meilleur des mondes possible peut être vu comme une suite au très remarqué If… : après avoir traité du monde des collèges, Lindsay Anderson aborde cette fois l’étape suivante puisque son personnage principal, toujours interprété par Malcolm McDowell (1), est maintenant un jeune homme plein d’entrain et d’ambition qui se lance dans la vie active. C’est un peu une version moderne du Candide (le titre français reprend d’ailleurs une phrase de ce conte philosophique de Voltaire) car le jeune Mike va se heurter aux dessous du commerce, au nucléaire, au contre-espionnage, à la recherche médicale, à l’armée, au capitalisme international, à la justice, à l’Eglise, à la pauvreté, etc… Le film est ainsi une sorte d’épopée, O Lucky Man! un parcours semé d’obstacles que notre Candide va surmonter avec un optimisme inébranlable qui lui donne un certain détachement ; il est pourtant très malmené et ne s’en sort pas toujours sans dommage, loin de là. Le meilleur des mondes possible met en relief les dessous et travers de notre société, dans lesquels brutalité et corruption reviennent souvent comme une constante. L’humour est aussi très présent. Certaines scènes sont assez surréalistes et peuvent évoquer l’approche d’un Luis Bunuel. Le film est original sous bien d’autres aspects : il est ponctué de morceaux chanté par Alan Price (ex-Animals), certains acteurs jouent plusieurs rôles successifs. Lindsay Anderson termine son film par une pirouette, un peu énigmatique (2). Durant presque trois heures, le film ne montre aucune longueur. Le Meilleur de mondes possible est un film vraiment remarquable, pas vraiment daté car son propos reste, somme toute, assez actuel.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Malcolm McDowell, Ralph Richardson, Rachel Roberts, Arthur Lowe, Helen Mirren
Voir la fiche du film et la filmographie de Lindsay Anderson sur le site IMDB.

Remarque :
* L’adjectif possible est bien au singulier dans le titre français, ce qui laisse supposer qu’il s’applique à « meilleur ». La formulation n’est pas très heureuse.

(1) Entre If… et Le meilleur des mondes possible, Malcolm McDowell a joué dans Orange Mécanique, rôle qui lui a certes donné une notoriété mondiale mais qui le cantonnera, pour de nombreuses années, dans les rôles de psychopathe.
Le meilleur des mondes possible est en partie basé sur une histoire autobiographique écrite par McDowell : avant de devenir acteur, Malcolm McDowell fut effectivement vendeur de café.
(2) (Ne lisez pas cette petite note si vous avez l’intention de voir prochainement le film) C’est une fin que l’on peut interpréter de plusieurs façons : cherchant à se faire accepter lors d’un casting, le jeune Mike refuse de sourire et reçoit un coup de script sur la tête par le metteur en scène (joué par Lindsay Anderson lui-même) : il regarde ensuite la caméra comme s’il venait de s’éveiller à la conscience…

22 décembre 2009

Clockwise (1986) de Christopher Morahan

ClockwiseElle :
(pas vu)

Lui :
Le pointilleux principal d’un collège anglais manque le train qui doit l’emporter à la conférence annuelle des principaux de collège. Juste le jour il devrait la présider. Il tente d’y parvenir coûte que coûte par ses propres moyens, une folle cavalcade qui va mettre à mal tous ses grands principes. Ce principal, c’est John Cleese, l’ex-Monty Python, et il n’a pas son pareil pour caricaturer et pousser dans ses extrêmes un tel personnage guindé, rigide et engoncé dans ses principes. Il nous fait là un beau numéro et bien entendu tout le film repose sur lui. Même s’il souffre de quelques longueurs, Clockwise est amusant, souvent hilarant même, sans toutefois égaler les meilleurs films des ex-Monty Python.
Note : 3 étoiles

Acteurs: John Cleese, Sharon Maiden, Penelope Wilton, Alison Steadman
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28 novembre 2009

Le crime de l’Orient-Express (1974) de Sidney Lumet

Titre original : « Murder on the Orient Express »

Le Crime de l’Orient ExpressLui :
Le détective belge Hercule Poirot monte à bord de l’Orient Express en partance vers Londres. Pendant le voyage, un meurtre est commis. Le directeur du train lui demande de mener l’enquête… Partant du principe que presque tout le monde connaît le dénouement de ce roman très célèbre d’Agatha Christie, Sydney Lumet délaisse délibérément le côté suspense pour nous offrir un grand spectacle : une reconstitution minutieuse de l’univers d’Istanbul et du train l’Orient Express dans les années trente et, surtout, une impressionnante liste de stars, souvent anciennes que l’on revoit avec grand plaisir. Il s’efforce donc de donner un rôle un tant soit peu consistant à chacun de ses personnages même si cela génère parfois quelques longueurs. C’est Ingrid Bergman qui gagnera l’oscar de rigueur par son interprétation tourmentée que l’on peut trouver un peu appuyée. Même s’il ne passionne pas vraiment, Le Crime de l’Orient Express reste agréable à regarder pour son charme désuet.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Albert Finney, Lauren Bacall, Ingrid Bergman, Anthony Perkins, Richard Widmark, Sean Connery, Vanessa Redgrave, Jacqueline Bisset, Jean-Pierre Cassel, John Gielgud
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Voir les autres films de Sidney Lumet chroniqués sur ce blog…

Suite : Mort sur Nil de John Guillermin (1978), produit dans le même esprit et plutôt plus réussi dans son côté enquête.

Remake : Le crime de l’Orient-Express (Murder on the Orient Express) de Kenneth Branagh (2017)

13 novembre 2009

Le commando de Sa Majesté (1980) de Andrew V. McLaglen

Titre original : The Sea Wolves

The Sea WolvesElle :
(pas vu)

Lui :
Relatant un fait d’armes de la Seconde Guerre Mondiale, Le Commando de sa Majesté nous transporte aux Indes où un navire espion allemand, ancré en zone neutre, donne des renseignements aux sous-marins allemands qui rôdent en mer. L’Amirauté anglaise met sur pied une expédition non officielle pour aller neutraliser le navire, un commando composé d’anciens officiers plus vraiment très jeunes. L’histoire est donc basée sur des faits réels mais, hélas, le film ne leur rend guère hommage tant la réalisation semble molle et dénuée d’entrain. Les acteurs paraissent aussi fatigués que leurs personnages et l’on doit forcer son attention. Les quelques touches d’humour très british ne suffisent pas à relever l’ensemble qui montre beaucoup de mollesse.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Gregory Peck, Roger Moore, David Niven, Trevor Howard, Barbara Kellerman, Patrick Macnee
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12 octobre 2009

Mort sur le Nil (1978) de John Guillermin

Titre original : « Death on the Nile »

Mort sur le NilElle :
(pas vu)

Lui :
Mort sur le Nil de John Guillermin s’inscrit dans la lignée du Crime de l’Orient Express tourné par Sydnet Lumet, quatre ans plus tôt. Ils sont tous deux adaptés d’un roman d’Agatha Christie et émanent des mêmes producteurs anglais. Il est donc assez inévitable de les comparer. La scène se passe en Egypte, sur un bateau effectuant une croisière sur le Nil. Cette fois, c’est Peter Ustinov qui interprète le détective belge Hercule Poirot et il donne un style quelque peu différent : une certaine rondeur (!), une imperturbable placidité et une bonne dose d’autosatisfaction. La mise en scène est plus fastueuse avec une large utilisation des décors extérieurs, majestueux, baignés de soleil. On pourra peut-être reprocher au film une mise en place assez longue, mais celle-ci ne manque pas de charme ; lorsque l’enquête démarre, le rythme devient nettement plus soutenu et le développement de l’histoire réserve bien des surprises. L’interprétation est parfaitement dans le ton. Aux côtés de Peter Ustinov, David Niven contribue à donner à l’ensemble une indéniable élégance qui fait tout de charme de ce Mort sur Nil
Note : 4 étoiles

Acteurs: Peter Ustinov, David Niven, Lois Chiles, Simon MacCorkindale, Bette Davis, Mia Farrow, Jane Birkin, Maggie Smith
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Voir les autres films de John Guillermin chroniqués sur ce blog…

Autre adaptation du même roman :
Agatha Christie: Poirot – Death on the Nile de Andy Wilson (2004) pour la télévision (dans le cadre d’une série). A noter que le même bateau a été utilisé dans cette nouvelle adaptation.

24 septembre 2009

Battle for Haditha (2007) de Nick Broomfield

Battle for HadithaElle :
Battle for Haditha est inspiré de faits réels, un attentat contre un convoi de marines en Irak et qui engendra en représailles 24 victimes irakiennes innocentes en novembre 2005. C’est à la fois un film et un documentaire bouleversant d’un grand réalisme car tourné en petite équipe, avec des ex-marines et des irakiens exilés. Sans effets numériques artificiels, Nick Brommfield livre un film intense, brut, parfois insoutenanble et révoltant sur les tragédies et les absurdités d’une guerre engendrée par un président américain quelque peu paranoïaque. D’un côté, les marines dressés comme des machines à tuer, peuvent se retrouver en cour martiale si leurs exactions sont diffusées dans les médias ; de l’autre côté, les terroristes irakiens transforment leur peuple en martyrs pleins de haine prêts à se sacrifier jusqu’au bout. Au milieu, les civils irakiens subissent leur sort ne sachant plus de quel côté se tourner. La folie et la peur s’emparent de tous ces êtres humains en détresse profonde. C’est un film très efficace qui montre clairement la spirale sans issue dans lequel les Etats Unis et l’Irak se sont enfoncés.
Note : 5 étoiles

Lui :
Battle for Haditha évoque un épisode dramatique du conflit irakien : juste après un attentat ayant tué et blessé plusieurs d’entre eux, une escouade de soldats américains tue furieusement de nombreux civils irakiens autour du lieu de l’attentat. Le film de l’anglais Nick Broomfield est original dans son traitement sur au moins deux points. D’une part, il s’agit d’une fiction filmée comme un documentaire : le tournage s’est fait en Jordanie avec des acteurs non professionnels, ex-marines ou irakiens exilés, ce qui donne une très grande authenticité au film, et les moyens légers utilisés nous plongent littéralement au cœur des scènes. D’autre part, Battle for Haditha nous fait vivre l’évènement sous plusieurs angles ; le fait de nous faire suivre les différents protagonistes (les Marines américains, les poseurs de la bombe, les civils irakiens) donne une grande force au fond de son propos, la démonstration de l’absurdité de la guerre et de l’engrenage infernal et implacable issu de la situation en Irak. Ce n’est pas tant un film à charge contre les américains ou contre les poseurs de bombe, c’est surtout un film à charge contre la guerre. Battle for Haditha est un film particulièrement efficace que l’on reçoit comme un coup de poing.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Matthew Knoll, Eric Mehalacopoulos, Nathan De La Cruz, Elliot Ruiz
Voir la fiche du film et la filmographie de Nick Broomfield sur le site imdb.com.

22 septembre 2009

Be happy (2008) de Mike Leigh

Titre original : « Happy-Go-Lucky »

Be happyElle :
Très différent des univers habituels de Mike Leigh, Be happy est un film plein de fantaisie, de rire et d’optimisme dans la noirceur d’une Angleterre déprimée et en perte de repères. Poppy, une jeune institutrice qui aime rire et prendre la vie à la légère est le pilier central du film. Elle répand de l’amour et le bonheur de vivre autour d’elle ; elle aime ses élèves et son métier, ceux qui la fréquentent comme le moniteur d’auto école déséquilibré ou cet enfant violent peuvent se transformer intérieurement et laisser de côté leur colère et leur violence enfouies. La prestation très réussie de Sally Hawkins la rend attachante et irrésistible. Mis à part quelques invraisemblances de scénario et un début un peu difficile, on passe un bon moment.
Note : 3 étoiles

Lui :
Il faut saluer la démarche de Mike Leigh qui n’hésite à pas à marcher à contre-courant. A une époque où il est de bon ton d’afficher sans modération noirceur et pessimisme, le réalisateur anglais n’hésite pas à jouer avec son image de cinéaste social sombre pour nous offrir un film résolument optimiste. Ceci dit, Be happy n’est pas si différent de ses précédentes réalisations car nous y retrouvons le regard très pointu du cinéaste sur la société anglaise et la mise en relief d’une certaine difficulté de communication. La différence ici est que son héroïne a une inébranlable bonne humeur, elle s’amuse de tout, ne semble ne rien prendre au sérieux et, surtout, elle voudrait communiquer ce bonheur et cette simplicité autour d’elle, et là elle va buter sur de gros obstacles. Sally Hawkins interprète son personnage de trentenaire survoltée et pétulante avec beaucoup de naturel, bondissant et papillotant, avec moult mimiques et intonations de voix ; faire tout cela sans rendre le personnage insupportable (du moins est-ce le cas en V.O.) est un véritable tour de force. Mike Leigh a construit son film comme un assemblage de petites briques, une scène au milieu du film n’étant même pas reliée aux autres. Ce type de construction lui permet de se concentrer sur l’essentiel car, au-delà d’un film qui propose une attitude optimiste, Be happy est avant tout un certain regard sur notre société et, en ce sens, s’inscrit tout fait dans la lignée de ses films précédents.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Sally Hawkins, Alexis Zegerman, Eddie Marsan, Samuel Roukin
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6 septembre 2009

Première désillusion (1948) de Carol Reed

Titre original : « The fallen idol »

Fallen idolElle :
(pas vu)

Lui :
Le jeune fils de l’ambassadeur de France à Londres ne voit que rarement ses parents ; il a une grande admiration pour le majordome Baines qui s’occupe de lui. En revanche, il évite la tyrannique Mme Baines qui ne l’aime guère. Des évènements vont lui faire jouer un rôle important. Première désillusion est entièrement vu par les yeux de l’enfant qui va se frotter, sans le vouloir, au monde des adultes. Ses valeurs sont simples mais fragiles, sans distinction du bien et du mal. Première désillusion L’enfant va se perdre entre ses propres notions de la vérité et du mensonge et celles des adultes, avoir sa première désillusion, perdre une partie de son innocence. Carol Reed, que l’on connaît surtout comme réalisateur du Troisième Homme, filme cette histoire signée Graham Greene de façon méthodique mais aussi très délicate à l’instar de ses personnages. Première désillusion est agréablement très « british », ce qui n’empêche pas Michèle Morgan d’y paraître parfaitement à son aise, avec un jeu tout en douceur et en retenue.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Ralph Richardson, Michèle Morgan, Sonia Dresdel, Bobby Henrey
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