9 août 2009

Jeux de dupes (2008) de George Clooney

Titre original : « Leatherheads »

Jeux de dupesElle :
(Abandon)
Note : pas d'étoile

Lui :
En 1925, une équipe de football américain engage un joueur brillant alors qu’une journaliste délurée cherche à le confondre pour un exploit de guerre usurpé. La reconstitution de l’atmosphère des années 20 est très hollywoodienne, une image près proprette avec force filtre sépia, distillée à grandes brassées de jazz New-Orleans ; dès le début du film, le résultat paraît bien artificiel ce qui n’aide pas à se laisser glisser dans son univers. Pour ne rien arranger, l’histoire n’est pas très intéressante, George Clooney jouant à nouveau avec l’image du anti-héro placide. Jeux de dupes peut toutefois intéresser les amateurs de football américain puisqu’il se déroule à l’époque charnière où ce sport s’est doté de règles. Quelques dialogues sont assez bien troussés.
Note : 1 étoile

Acteurs: George Clooney, Renée Zellweger, John Krasinski, Jonathan Pryce
Voir la fiche du film et la filmographie de George Clooney sur le site IMDB.

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8 août 2009

Mirage de la Vie (1959) de Douglas Sirk

Titre original : Imitation of Life

Imitation of LifeElle :
(pas vu)

Lui :
Mirage de la vie est le dernier film de Douglas Sirk. Il s’agit à nouveau d’un remake d’un film de John M. Stahl. Une jeune femme, voulant devenir actrice et vivant seule avec sa fille de 5 ans prend sous son aile une femme noire, veuve elle aussi et mère d’une fillette du même âge, blanche de peau. Nous les retrouvons dix ans plus tard alors que l’actrice connaît un certain succès. Toutes deux ont des soucis avec leur fille devenue adolescente… Douglas Sirk se retire donc avec un grand mélodrame qui tire toute sa force d’une mise en scène sans faille et d’une interprétation pleine de consistance, particulièrement par les quatre actrices principales. La photographie montre une superbe utilisation de la couleur. Pris au premier degré, le fond du propos est passablement conservateur : ce que Sirk appelle un mauvais simulacre de vie (an imitation of life) est à la fois la vie de cette actrice qui préfère sa carrière à un mariage un peu terne et celle de la jeune fille qui refuse (certes maladroitement) les schémas classiques associés à la couleur de peau de sa mère… (1) Malgré les mauvaises critiques qui soulignèrent le côté mélo, le film fut un énorme succès et la carrière de Douglas Sirk put ainsi se terminer avec un certain panache.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Lana Turner, Juanita Moore, Sandra Dee, Susan Kohner, John Gavin
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(1) Certains commentateurs modernes affirment qu’il faut dépasser le premier degré conventionnel de Mirage de la Vie et y voir une vision assez ironique et critique sur ces conventions sociales, et y voir même un plaidoyer pour l’émancipation de la femme et l’égalité des races. Peut-être… mais l’ennui est qu’il y a bien peu d’indices indiquant qu’il faut prendre tout cela au second degré et que le titre « Imitation of life » paraît sans équivoque. De plus, les propos de Douglas Sirk à Jon Halliday (dans le livre « Conversations avec Douglas Sirk ») ne vont pas dans le sens d’une interprétation au second degré.
(2) Le gospel dans la scène de l’enterrement est interprété et chanté par Mahalia Jackson.

Version précédente :
Images de la vie (Imitation of life) de John M. Stahl (1934) avec Claudette Colbert et Louise Beavers.

5 août 2009

Le secret magnifique (1954) de Douglas Sirk

Titre original : « Magnificent obsession »

Le secret magnifiqueElle :
(pas vu)

Lui :
A partir de 1953, Douglas Sirk tourne une série de grands mélodrames qui vont marquer la fin de sa carrière. Plusieurs sont des remakes de films de John M. Stahl. Le Secret Magnifique est le premier d’entre eux. L’histoire est franchement étonnante, à la limite du crédible. Le secret magnifiqueDisons que le fond du propos est de montrer comment, à la suite d’un enchaînement de circonstances hors du commun, un riche oisif va se transformer en philanthrope dévoué à faire le bien d’autrui. Douglas Sirk laisse de côté l’humour qui était présent dans la version de Stahl pour se concentrer sur le côté obsessionnel, allant même frôler d’assez près le mysticisme. Si l’histoire est étonnante, la forme est hélas moins originale que le fond : mis à part une belle utilisation du Technicolor, rien n’est vraiment remarquable dans la forme. Le film paraît bien conventionnel sur ce plan, à l’image du jeu mélodramatique et terne de Rock Hudson et de Jane Wyman.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Jane Wyman, Rock Hudson, Barbara Rush, Agnes Moorehead, Otto Kruger
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Ce film est un remake de :
Le secret magnifique (The magnificent obsession) de John M. Stahl (1935) avec Irene Dunne et Robert Taylor.

4 août 2009

On s’fait la valise, Docteur? (1972) de Peter Bogdanovich

Titre original : « What’s up, Doc? »

On s'fait la valise, Doc?Elle :
(pas vu)

Lui :
Le titre français peut laisser craindre le pire mais tel n’est pas le cas. Ancien critique de cinéma, Peter Bogdanovich a toujours montré son amour du cinéma et avec On s’fait la valise, Docteur ? c’est aux comédies des années 30 et aux films burlesques du cinéma muet qu’il désire rendre hommage. Un docteur en musicologie lunaire et distrait vient à San Francisco pour essayer de décrocher un financement auprès d’une fondation. Il rencontre en chemin une jeune femme assez extravagante. On reconnaît là la base de départ de L’Impossible Monsieur Bébé mais Bogdanovich exploite cette situation de façon différente puisque vient se greffer une histoire de valises identiques dont l’une est recherchée par un agent secret et l’autre par des malfrats. S’ensuit une série de quiproquos et de gags. L’humour est bien dosé, jamais trop répétitif. Peter Bogdanovich parvient surtout à trouver un très bon rythme, l’ensemble étant ponctué par d’excellentes scènes : dans le drugstore, au restaurant, la mise à sac d’une chambre d’hôtel en moins de temps qu’il ne faut pour le dire, une course poursuite dans les rues de San Francisco pittoresque et passablement mouvementée et, pour finir, une scène de tribunal absolument hilarante. Barbra Streisand est merveilleuse en petit lutin facétieux, c’est un vrai plaisir de la voir usurper sans hésitation l’identité de la fiancée, et Ryan O’Neal (qui venait de faire pleurer la terre entière dans Love Story) est tout à fait à son aise dans son personnage gauche et naïf. L’ensemble est vraiment très drôle ; malgré les mauvaises critiques de l’époque, On s’fait la valise, Docteur ? est une réussite.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Barbra Streisand, Ryan O’Neal, Madeline Kahn, Austin Pendleton, Liam Dunn
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Remarque :
* Le titre anglais What’s up Doc ? (« Quoi de neuf, Docteur ? ») fait bien entendu référence à Bugs Bunny et c’est la première phrase que dit Barbra Streisand à Ryan O’Neal, tout en croquant négligemment une carotte…
* Ce film est souvent décrit comme étant un hommage aux screwballs comedies et aux slapstick comedies.
Screwball est un terme employé pour désigner les comédies des années 30 reposant sur des situations saugrenues, souvent dans les rapports homme-femme, et un excellent rythme dans les dialogues et l’enchaînement des situations (Frank Capra, Howard Hawks, Ernst Lubitsch, etc…).
Slapstick désigne le type d’humour reposant sur des fausses violences physiques, comme frapper quelqu’un avec une poêle à frire sur la tête (avec en bruitage un gros « bong »). Dans la Comedia dell’arte, on frappait deux morceaux de bois (Slapstick en anglais) pendant qu’un acteur donnait un grand coup de pied aux fesses à un autre (par exemple). D’où le nom… C’est le type d’humour que l’on rencontre majoritairement dans le cinéma muet (Mack Sennett, Buster Keaton, Charlie Chaplin, Laurel et Hardy, …). C’est aussi le type d’humour de nombre de dessins animés (Tom et Jerry par exemple)
Voilà, c’était la séquence : « Je brille dans les dîners »…

28 juillet 2009

Le limier – Sleuth (2007) de Kenneth Branagh

Titre original : « Sleuth »

Le limier - SleuthElle :
(pas vu)

Lui :
Un écrivain à succès voit le jeune amant de sa femme venir lui demander de divorcer. La confrontation des deux hommes va réserver quelques surprises. Le film de Kenneth Branagh est le remake du film Le limier de Joseph Mankiewicz, sa dernière réalisation en 1972, un petit chef d’œuvre de suspense et de tension, un fantastique jeu du chat et de la souris. Rien de tout cela ici hélas… Dès le début du film, la situation semble forcée et l’on ne croit guère aux personnages. Tout semble excessif : les décors, les inutiles effets de camera, le jeu de Jude Law (pourtant initiateur et producteur du projet), et même le contrepoint offert par Michael Caine (qui jouait le rôle du jeune amant dans la version originale)… tout semble excessif et au lieu d’instiller la tension en nous, Le Limier – Sleuth de Branagh n’offre qu’une image racoleuse que l’on regarde d’un œil distrait. A la fin de la projection d’un tel remake à mille lieues de l’original, l’inévitable question qui vient à l’esprit est : « était-ce bien nécessaire ? »
Note : 2 étoile

Acteurs: Michael Caine, Jude Law
Voir la fiche du film et la filmographie de Kenneth Branagh sur le site imdb.com.

Voir nos commentaires sur Le Limier de Joseph Mankiewicz (1972) avec Laurence Olivier et Michael Caine.

27 juillet 2009

Autopsie d’un meurtre (1959) de Otto Preminger

Titre original : « Anatomy of a murder »

Autopsie d'un meurtreElle :
(pas (re)vu)

Lui :
Un avocat de province, brillant mais en manque de clientèle, accepte de défendre un homme qui a tué un patron de bar ayant tenté de violer sa femme. Autopsie d’un meurtre fait partie des grands films de procès puisque la grande majorité des 160 minutes de film se déroule dans la salle d’audience. L’affaire ici est assez banale et sans éclat mais ce sont surtout les processus de recherche de la vérité qui intéressent Preminger, tout comme les manœuvres au sein du prétoire. S’approchant très près de ses personnages, parfois même utilisant la caméra subjective, le réalisateur nous plonge au cœur du tribunal et nous avons l’impression de participer nous-mêmes au procès. Autopsie d'un meurtre Par delà l’exposé minutieux des mécanismes, Preminger s’intéresse aussi aux personnages, la renaissance de cet avocat mis sur la touche et de ses deux fidèles acolytes. Il s’attache enfin à montrer la relativité de la notion de vérité. Très belle prestation de James Stewart. Malgré sa longueur, Autopsie d’un meurtre est un film très prenant, qui peut se voir et se revoir avec toujours le même intérêt.
Note : 4 étoiles

Acteurs: James Stewart, Lee Remick, Ben Gazzara, George C. Scott, Arthur O’Connell, Eve Arden, Kathryn Grant
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Remarques :
1. Le juge est interprété non pas par un acteur mais par un juge de Boston, Joseph Welch, qui s’était illustré dans les procès durant le maccarthysme. Dans son autobiographie, Otto Preminger raconte l’avoir vu à la télévision : « Comme des millions d’autres spectateurs, j’étais devenu un fervent admirateur de Welch que nous considérions tous comme l’un des principaux artisans de la défaite du maccarthysme. »
2. La musique d’Autopsie d’un meurtre a été composée par Duke Ellington que l’on voit apparaître en joueur de piano dans une courte scène, parlant et jouant avec James Stewart.

25 juillet 2009

L’impossible monsieur Bébé (1938) de Howard Hawks

Titre original : « Bringing up Baby »

L'impossible monsieur BébéElle :
(pas vu)

Lui :
Alors qu’il doit rencontrer un mécène pour son musée, un paléontologue timide et emprunté (Cary Grant) bute en chemin sur une jeune femme fantasque et excentrique (Katharine Hepburn) qui l’entraîne dans des aventures assez extravagantes… L’impossible Monsieur Bébé est l’une des meilleures comédies d’Howard Hawks. Délicieusement farfelue, elle repose sur le heurt de deux tempéraments opposés : le paléontologue voit une véritable tornade arriver dans son monde rangé et ordinairement calme. Nous, spectateurs, sommes rapidement emportés dans une succession rapide de dialogues et de situations où l’humour est omniprésent avec un très beau maniement de l’absurde. De nombreuses scènes (comme celle du restaurant, ou toute la fin dans le commissariat) sont jubilatoires. Contrairement à Cary Grant qui avait déjà une bonne pratique de la comédie, L’impossible Monsieur Bébé est le premier film vraiment comique de Katharine Hepburn mais cela ne se sent que très peu ; il faut dire ce rôle de femme très décidée et conquérante lui sied à merveille. Le film est aussi parfaitement soutenu par de beaux seconds rôles, avec au premier rang Charles Ruggles qui nous campe un flegmatique Major Applegate très pittoresque (il faut le voir imiter le cri du léopard…) Au vu d’un ensemble si parfait, il est bien difficile de comprendre pourquoi L’impossible Monsieur Bébé connut un tel insuccès à sa sortie ; ce fut à tel point qu’Howard Hawks fut remercié par la RKO et que Katharine Hepburn préféra casser son contrat vu les rôles que le studio lui proposait ensuite… (1)  Les opinions ont bien changé depuis car L’impossible Monsieur Bébé est considéré aujourd’hui comme l’un des sommets de la comédie américaine des années 30, ce genre que l’on nomme aussi la screwball comedy.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Katharine Hepburn, Cary Grant, Charles Ruggles, Walter Catlett, May Robson
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(1) Après le départ de Katharine Hepburn (pour se libérer, elle n’hésita pas à racheter son contrat), la RKO l’affubla du surnom « box-office poison » (= briseuse de succès), surnom qui l’a suivi même après que le succès de Philadelphia Story (Indiscrétions) ne soit venu le démentir…

23 juillet 2009

Petulia (1968) de Richard Lester

PetuliaElle :
(pas vu)

Lui :
Lors d’une soirée de charité dans la bonne société de San Francisco, le docteur Archie Bollen est abordé de façon assez curieuse par la jeune et belle (et riche) Petulia. Déboussolé par son récent divorce, il va la laisser imprégner, et aussi  déstabiliser, sa vie. Tous deux désenchantés, ils vont chercher ensemble une voie parmi le désordre apparent de leurs vies… Surtout connu pour son maniement de l’humour et de la dérision, Richard Lester signe là un film d’un tout autre genre : Petulia adopte un ton plus grave pour nous donner une vision assez acerbe de la société en cette fin des années 60. Américain d’origine, mais anglais d’adoption, le réalisateur revient donc aux Etats-Unis avec un film assez mordant, gentiment désordonné dans son apparence mais assez puissant sur le fond de son propos. Petulia n’est toutefois aucunement austère, le film reste facile d’abord, servi par une interprétation sobre et parfaitement juste. Aujourd’hui, il a aussi beaucoup de charme avec ce parfum si particulier de la fin des années 60, ses remises en cause et ses questionnements. Cette vive critique de la société de consommation ne fut bien entendu guère appréciée outre-Atlantique à sa sortie ; le film n’eut que peu de succès.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Julie Christie, George C. Scott, Richard Chamberlain, Shirley Knight, Joseph Cotten
Voir la fiche du film et la filmographie de Richard Lester sur le site IMDB.

Remarques :
Le groupe qui joue lors de la soirée de charité au début de Petulia n’est autre que Big Brother and the Holding Company, dont la jeune chanteuse s’appelle Janis Joplin… Plus loin, au milieu du film, on voit le docteur Bollen en costume-cravate perdu dans une soirée/concert ; le groupe que l’on voit jouer (un peu trop brièvement) est Grateful Dead… (les membres du groupe font aussi un peu de figuration parmi les badauds qui commentent bêtement l’évacuation de Petulia blessée). Les deux groupes venaient tout juste de sortir leur premier disque…

19 juillet 2009

Juno (2007) de Jason Reitman

JunoElle :
(pas vu)

Lui :
Juno, une jeune adolescente de 16 ans, découvre qu’elle est enceinte d’un garçon de son âge. Elle décide d’aller au terme de sa grossesse et trouve un couple parfait qui adoptera l’enfant. Dès les premières minutes, le film du canadien Jason Reitman montre qu’il va adopter un ton assez différent : loin du carcan du drame social, il adopte le ton de la comédie mais sans tomber dans les travers du cinéma hollywoodien sur, ou pour, les adolescents. Juno est une jeune fille très directe, vive, qui manie une forme d’autodérision qui cache une lucidité certaine. La réussite du film doit beaucoup au scénario de Diablo Cody, dont la vision est clairvoyante et non édulcorée, et à la formidable performance d’Ellen Page qui insuffle beaucoup de vie dans son personnage et dans le film tout entier. Le fond du propos est de prôner le libre arbitre, de pousser à prendre son destin en main sans se laisser enfermer dans des schémas tout faits. Avec Juno, Jason Reitman le fait très bien et, en s’éloignant des conventions, montre un cinéma empreint d’une belle personnalité. Il est toujours assez réjouissant de voir des films indépendants comme celui-ci remporter un beau succès commercial.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Ellen Page, Michael Cera, Jennifer Garner, Jason Bateman
Voir la fiche du film et la filmographie de Jason Reitman sur le site imdb.com.

18 juillet 2009

Grand Prix (1966) de John Frankenheimer

Titre original : « Grand Prix »

Grand PrixElle :
(pas vu)

Lui :
Tourné en 1966, Grand Prix apparaît avant tout comme une prouesse technique remarquable. Même 40 ans plus tard, alors que ce type d’images a été banalisé depuis par la télévision, il est stupéfiant de mesurer à quel point celles de Grand Prix restent époustouflantes. Le film relate une saison de Formule 1 et la lutte entre les pilotes pour gagner le championnat. A ce côté presque documentaire, John Frankenheimer a ajouté une romance très conventionnelle entre un pilote et une journaliste, romance qui remplit les intervalles, certes, mais empâte sérieusement l’ensemble. Mais, le plus remarquable reste les scènes de course et le générique de début donne le ton avec une utilisation très judicieuse du split-screen (écran partagé) et des effets de mosaïque. Certaines images ont été filmées pendant les véritables courses de la saison 1966 mais celles mises en scène par le réalisateur n’ont rien à leur envier. Tournées à vitesse réelle (aucun plan n’est accéléré) avec des caméras 65mm Panavision, ces images nous placent littéralement au cœur de l’action, avec de longs plans de caméras embarquées qui nous laissent sans voix. A cette époque, les grands prix de Formule Un étaient vraiment plus spectaculaires qu’aujourd’hui,… plus dangereux aussi et les scènes d’accidents sont littéralement frappantes. Grand Prix est en tous cas un témoin de cette époque révolue. Techniquement parfait et en avance sur son temps, le film de Frankenheimer n’a rien perdu de son impact aujourd’hui.
Note : 4 étoiles

Acteurs: James Garner, Eva Marie Saint, Yves Montand, Toshirô Mifune, Brian Bedford, Jessica Walter, Antonio Sabato, Françoise Hardy
Voir la fiche du film et la filmographie de John Frankenheimer sur le site IMDB.

Remarques:
* Pilote chevronné, James Garner a réellement piloté dans toutes ses scènes. Il a attrapé le virus et s’est ensuite occupé d’une écurie de course. Yves Montand a commencé par piloter lui-même mais, après avoir eu une grosse frayeur dans un dérapage, se faisait tirer sa voiture par une Ford GT40 à plus de 200 km/h.
* De réels pilotes de l’époque apparaissent ici et là : Phil Hill, Graham Hill, Jack Brabham, Jim Clark, Juan Manuel Fangio, Bruce McLaren, Guy Ligier, Jochen Rindt, Nino Farina, Denny Hulme (qui gagna le championnat en 1966), etc…
* Les noms des écuries sont réels si ce n’est que l’écurie Yamura est en fait Honda, la firme japonaise faisait alors ses débuts en Formule 1.
* Côté pilotes : Pete Aron (James Garner) semble calqué sur Chris Amon, Scott Stoddard (Brian Bedford) est certainement l’extraordinaire Jim Clark (qui se tuera deux ans plus tard à Hockenheim) ou éventuellement le jeune et prometteur Jackie Stewart, Jean-Pierre Sarti (Yves Montand) présente des similitudes avec Jean-Pierre Beltoise (mais son palmarès en 1966 n’était pas aussi prestigieux que dans le film), Nino Barlini (Antonio Sabato) est indubitablement Lorenzo Bandini (qui périra dans un accident l’année suivante à Monaco, à l’endroit où James Garner a son accident dans le film).

Homonyme :
Grand Prix (1975), film d’animation du novégien Ivo Caprino.