15 novembre 2009

Si tu crois fillette… (1971) de Roger Vadim

Titre original : Pretty maids all in a row

Pretty Maids All in a RowElle :
(pas vu)

Lui :
C’est le scénariste et producteur américain Gene Roddenberry (plus connu comme créateur de la série Star Trek) qui est allé chercher Roger Vadim en France pour adapter ce roman qui mêle la comédie sexy soft avec une trame policière. Nous sommes dans un collège californien au tout début des années soixante-dix, en pleine période de libération sexuelle et de l’amour libre. Professeurs et élèves, tout ce petit monde semble vivre sans aucun tabou ni entrave. Un jour, une élève est retrouvée assassinée. Un enquêteur enquête… Si tu crois fillette était un film provocateur à son époque (aujourd’hui, il serait tout bonnement inconcevable) et Vadim s’y entend pour rendre l’ensemble visuellement charmant mais sans tomber, on peut mettre cela à son crédit, dans le voyeurisme. Le film fit un gros flop. Malgré une bonne interprétation et quelques notes d’humour, l’ensemble paraît tout de même un peu creux et il faut voir Si tu crois fillette plutôt comme un divertissement très léger ou encore comme un vestige…
Note : 2 étoiles

Acteurs: Rock Hudson, Angie Dickinson, Telly Savalas, John David Carson
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14 novembre 2009

Charlot fait une cure (1917) de Charles Chaplin

Titre original : The cure

The CureElle :
(pas vu)

Lui :
(Court-métrage de 31 mn) Parmi les douze films que Charles Chaplin tourna pour la Mutual en 1916 et 1917, Charlot fait une cure fut l’un des plus populaires. Encore aujourd’hui, certaines personnes le décrivent comme le plus drôle qu’il ait jamais tourné. Un alcoolique arrive passablement éméché dans un lieu de cure thermale. Il n’a pour seul bagage qu’une grande malle remplie de bouteilles. The Cure Chaplin n’est pas ici dans son personnage de vagabond au chapeau melon (même si le dit-chapeau se trouve dans ses bagages, il ne le porte pas), il joue ici un personnage plutôt mondain, bien habillé et coiffé d’un canotier. Charlot fait une cure joue sur l’humour pur, notre alcoolique est bien entendu absolument opposé à ingurgiter une seule goutte d’eau et les interactions avec les autres pensionnaires sont riches en gags. Certaines scènes sont mémorables, comme celle de la porte à tambour (pas facile à passer quand on est passablement éméché) et surtout celle du bain thermal avec un masseur plutôt énergique. S’il n’a pas de dimension dramatique comme L’émigrant, qu’il tournera juste après, Charlot fait une cure nous montre Charlie Chaplin en artisan de génie du burlesque.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Charles Chaplin, Edna Purviance, Eric Campbell, Henry Bergman
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Remarque :
Le documentaire anglais Unknown Chaplin (Chaplin inconnu) de Kevin Brownlow (1982) nous montre, grâce à des chutes de film retrouvées, comment ce film a pris forme : au départ, Chaplin devait incarner un employé du centre de cure alors qu’un alcoolique arrivait éméché. Il y avait notamment toute une scène où il réglait la circulation des fauteuils roulants à la manière d’un agent de police à un carrefour, gag qui ne fut pas gardé lorsque Chaplin décida d’inverser les rôles et de jouer le client alcoolique. Chaplin construisait ainsi ses films, petit à petit, par essais successifs jusqu’à ce qu’il soit satisfait du résultat.

Les 12 films de Chaplin pour la Mutual (de mai 1916 à octobre 1917) :
1) The Floorwalker (Charlot chef de rayon)
2) The Fireman (Charlot pompier)
3) The Vagabond (Charlot musicien)
4) One A.M. (Charlot rentre tard)
5) The Count (Charlot et le comte)
6) The Pawnshop (Charlot brocanteur)
7) Behind the screen (Charlot machiniste)
8) The Rink (Charlot patine)
9) Easy Street (Charlot policeman)
10)The Cure (Charlot fait une cure)
11)The Immigrant (L’émigrant)
12)The Adventurer (Charlot s’évade)

10 novembre 2009

L’homme qui n’a pas d’étoile (1955) de King Vidor

Titre original : Man without a star
Autre titre  : L’homme sans destin (Belgique)

Man Without a StarElle :
(pas vu)

Lui :
Tourné très rapidement, L’homme qui n’a pas d’étoile n’en est pas moins un western assez fort : King Vidor parvient à donner à une histoire somme toute assez simple une vraie dimension de tragédie. Il y parvient  par son personnage principal, tenu brillamment par un Kirk Douglas qui semble survolté, à la limite d’en surjouer les côtés picaresques et joyeux. Nous sommes en plein Ouest, au moment précis où les premières clôtures barbelées ont fait leur apparition : sur les terres qui n’étaient alors à personne (« open land »), L'homme qui n'a pas d'étoile si ce n’est à l’Etat, certains éleveurs ont commencé à vouloir préserver des pâturages pour leurs énormes troupeaux. Kirk Douglas incarne un personnage comme Vidor les aime, c’est-à-dire un individualiste avec une forte personnalité, sans attache (d’où le titre, l’étoile dont il est question est une étoile du ciel et non une étoile de sheriff), d’abord rétif à toute organisation de la société mais qui devra s’adapter, lui aussi. L’homme qui n’a pas d’étoile est un western qui garde encore aujourd’hui beaucoup de sa force.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Kirk Douglas, Jeanne Crain, Claire Trevor, William Campbell, Richard Boone
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Remarques:
* Dans son autobiographie, King Vidor raconte qu’il voyait le film comme un pari : Kirk Douglas n’était libre que pour quatre semaines et il fallut concevoir et tourner le film très rapidement. Le tournage fut bouclé en 22 jours seulement !
* Il raconte aussi qu’il du abandonner le film (il partait en Europe pour tourner Guerre et Paix) avant de tourner la scène de l’emballement du bétail. Il fut très déçu du résultat (il est vrai que la scène n’est pas très forte et tourne court). C’est probablement pour cela qu’il n’a jamais considéré L’homme qui n’a pas d’étoile comme faisant partie de ses meilleurs films. Le film eut toutefois beaucoup de succès, à la fois populaire et critique.

Remake :
Un colt nommé Gannon (A man called Gannon) de James Goldstone (1968), film généralement peu estimé.

8 novembre 2009

L’émigrant (1917) de Charles Chaplin

Titre original : The immigrant

The ImmigrantEn 1916 et 1917, Charlie Chaplin est dans la période où il construit son personnage. Parmi les douze courts métrages qu’il tourne alors pour la Mutual, L’émigrant est le plus remarquable car il marque un tournant important. Alors que jusqu’ici ses films jouaient la carte du comique pur, c’est dans L’émigrant que Chaplin introduit pour la première fois un fond de situation tragique sur lequel l’humour vient prendre appui. Ici, il s’agit de la situation des immigrants qui arrivent aux Etats-Unis : The Immigranttraversée difficile, mauvais traitement par les services d’immigration et ensuite la pauvreté. Difficile de trouver plus tragique… et pourtant c’est l’humour qui domine. Le comique prend ainsi une dimension sociale, presque documentaire, qui élève incontestablement le film au dessus de ses semblables. L’émigrant a beau ne durer qu’une vingtaine de minutes, il est étonnamment riche. Il permet d’assister en quelque sorte à la naissance du « grand Chaplin ».
Note : 5 étoiles

Acteurs: Charles Chaplin, Edna Purviance, Eric Campbell, Henry Bergman
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Remarque :
The Immigrant* Au départ, le film ne devait comporter que la scène du restaurant. C’est en cours de tournage que Chaplin eut l’idée d’expliquer pourquoi le personnage joué par Edna Purviance se retrouvait sans le sou dans un restaurant.
* La genèse de ce film est expliquée dans le remarquable documentaire anglais Unknown Chaplin (Chaplin inconnu) de Kevin Brownlow (1982).
* Lors de la mise en accusation de Charlie Chaplin par la commission présidée par McCarthy au début des années cinquante, L’émigrant fut cité à charge par ses accusateurs : la scène où son personnage reçoit un coup de pied par l’employé du service d’immigration pour entrer aux Etats-Unis était à leurs yeux l’une des preuves manifestes de son anti-américanisme. De force, Charlie Chaplin dut quitter les Etats-Unis en 1952 pour aller s’établir en Suisse jusqu’à sa mort en 1977 (il ne remit les pieds aux Etats-Unis qu’une seule fois en 1972 pour recevoir un Oscar). Alimentée par le fanatisme et la peur, la bêtise humaine ne semble pas avoir de limite.

6 novembre 2009

Chaînes conjugales (1949) de Joseph L. Mankiewicz

Titre original : A letter to three wives

A Letter to Three WivesElle :
(pas revu)

Lui :
Chaînes Conjugales n’est que le sixième long métrage de Joseph Mankiewicz mais il y fait preuve d’une maîtrise du scénario et de la réalisation exceptionnelle. Alors qu’elles sont sur le point de prendre un bateau qui va les isoler du monde pour la journée, trois femmes reçoivent une lettre d’une amie qui leur annonce qu’elle part avec le mari de l’une d’elles. Toutes trois vont faire le point sur leur mariage, réfléchir à l’état de leur relation. Chaînes Conjugales est donc avant tout un film sur le mariage, sur les rapports entre hommes et femmes et la façon dont chacun peut gérer ses légères frustrations ou le sentiment de légère instabilité. Mankiewicz traite ce sujet sans manichéisme, tout n’est pas mauvais et tout n’est pas idéal, chacun doit composer. Comme toujours avec ce réalisateur, tout passe par les dialogues, profonds, riches et résultant d’une fine observation des caractères. Chaines conjugalesL’originalité est l’ajout d’une intrigue presque policière, on ne sait absolument pas lequel des trois maris est parti, et aussi l’utilisation de la quatrième femme, la voleuse de mari, en voix off pour jouer le rôle de narratrice (ce procédé a été maintes fois copié depuis). Il faut souligner le jeu très solide des acteurs, non seulement des trois femmes, toutes trois parfaitement différentes sans être trop typées, mais aussi des trois hommes, très consistants eux aussi dans leur personnage. Mankiewicz en profite pour dresser un portrait de l’Amérique moyenne en cette fin des années quarante, d’égratigner le snobisme et le culte de l’argent ; il livre une attaque en règle contre la publicité (radiophonique à l’époque) et contre une certaine détérioration du langage. Chaînes Conjugales montre un parfait équilibre, un déroulement parfait, un contenu étoffé ; c’est toujours un plaisir de le voir et de le revoir.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Jeanne Crain, Linda Darnell, Ann Sothern, Kirk Douglas, Paul Douglas, Thelma Ritter, Jeffrey Lynn
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* Le scénario est adapté d’un roman de John Klempner « Letter to five wives ». Il fut ramené à quatre femmes lors d’une première écriture, puis à trois par Darryl Zanuck. A ce propos, Mankiewicz dit modestement dans un interview : « J’aurais du y penser moi-même qu’il suffisait de supprimer encore une femme pour le raccourcir, mais j’étais encore inexpérimenté à l’époque. »
* L’historien et critique de cinéma Jacques Lourcelles rapporte qu’il arrive encore que, lors des passages à la télévision américaine, le film soit amputé de la tirade de Kirk Douglas contre la publicité.
* Un remake a été fait pour la télévision en 1985 par Larry Elikann.

5 novembre 2009

Les trois âges (1923) de Buster Keaton

Titre original : Three ages

Three Ages

Lui :
Après avoir réalisé presque vingt courts-métrages, Buster Keaton tourne enfin son premier long métrage : Les trois âges (1). Il s’inspire de la structure d’Intolérance de Griffith (2), c’est-à-dire un film où l’on suit la même histoire à trois époques différentes : l’âge de pierre, la Rome Antique et les temps actuels. Dans chacune de ces trois époques, un jeune amoureux tente de gagner la main d’une belle ingénue mais il est en compétition avec un homme qui a bien plus d’atouts que lui. Si la belle paraît plutôt empruntée à l’écran (3), Wallace Beery est parfait en concurrent quelque peu félon et bien entendu Buster Keaton déploie des trésors d’ingéniosité pour parvenir à ses fins, n’hésitant pas à accomplir des cascades périlleuses (4). Les gags s’enchaînent de façon constante, jouant beaucoup sur les anachronismes (l’homme préhistorique joue au golf, il neige à Rome pour la course de chars, …) Les Trois Ages remporta un grand succès et cela ne paraît guère étonnant quand on le visionne presque un siècle plus tard.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Buster Keaton, Wallace Beery, Margaret Leahy, Lillian Lawrence, Joe Roberts
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(1) Si le cinéma à ses débuts a fait une grande place au comique (à commencer par le premier film joué de toute l’histoire du cinéma : L’arroseur arrosé), le genre est resté cantonné au format court et moyen métrage (moins de 25 minutes soit 2 bobines) pendant plus de deux décennies. Il faut attendre le tout début des années vingt pour voir les premiers longs métrages de Charlie Chaplin, Harold Lloyd et Buster Keaton.
(2) Buster Keaton a déclaré par la suite que cette structure en trois époques permettait de sortir le film en trois courts-métrages si le long métrage n’avait pas marché. Il est difficile de savoir si cette affirmation est sérieuse ou pas. Le DVD de MK2 montre les séquences mises bout à bout : il en ressort que seule la partie moderne aurait été suffisamment longue et étoffée pour faire un court-métrage.
(3) L’actrice Margaret Leahy était une couturière anglaise qui gagna un concours organisé par les sœurs Talmadge (Norma et Constance) pour trouver une nouvelle actrice de premier plan. Hélas, une fois arrivée à Hollywood, il fut évident qu’elle était incapable de jouer et le réalisateur Franck Lloyd refusa de tourner avec elle. Joseph Schenck, co-producteur, l’imposa alors à Buster Keaton qui ne put refuser. Les trois âges fut le seul film où tourna Margaret Leahy… (Pour tout comprendre, il faut aussi savoir que Buster Keaton avait épousé en 1921 la troisième sœur Talmadge, Natalie, et que le mari de Norma Talmadge était alors… Joseph Schenck. Une histoire de famille donc.)
(4) La scène où Keaton saute d’un immeuble à l’autre qu’il manque de peu n’était pas prévue ainsi : Keaton se fit assez mal en tombant et mit trois jours à se remettre. Il décida de garder la prise et la compléta par une spectaculaire chute le long de l’immeuble, l’une des plus belles chutes du cinéma. A noter que la scène fut tournée à peu près au même endroit que la fameuse scène où Harold Lloyd se suspend aux aiguilles d’une horloge (Safety last), un endroit de Los Angeles où une petite colline permettait de créer un étonnant effet de perspective.
Hill Street Tunnel
Ci-contre : Photo du Hill Street Tunnel à Los Angeles peu après qu’il fut percé au début du XXe siècle. La photo donne une bonne idée des possibilités offertes. Le tunnel n’existe plus aujourd’hui, la colline a été aplanie dans les années cinquante.

2 novembre 2009

En vitesse (1928) de Ted Wilde

Titre original : Speedy

Speedy
Lui :
Speedy est le dernier film muet d’Harold Lloyd. La vitesse dont il est question est celle de la vie trépidante du New York des années vingt, tout en contraste avec le paisible tramway tiré par un cheval qui est le point central du film. La vitesse est aussi celle de scènes de conduite par Harold Lloyd dans les rues encombrées de New York, d’abord en taxi puis en tramway tiré par deux chevaux au galop ; ces scènes vraiment spectaculaires et toujours pleines d’humour forment incontestablement le clou du film. Elles furent assez dangereuses (1). Speedy a aussi un côté documentaire car, à part les scènes dans le quartier du vieux tramway, la majorité du film fut tourné à New York dont on peut ainsi voir l’encombrement des rues et des trottoirs (2). Parmi les comiques du cinéma muet, il est toujours étonnant de remarquer qu’Harold Lloyd est aujourd’hui moins connu que Chaplin ou Buster Keaton. Dans Speedy, son personnage d’amoureux lunaire est bien établi depuis plusieurs années, tenace, plein d’astuces et surtout chanceux, il parvient toujours à ses fins pour notre plus grand plaisir.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Harold Lloyd, Ann Christy, Bert Woodruff, Brooks Benedict
Voir la fiche du film et la filmographie de Ted Wilde sur le site imdb.com.

En vitesse(1) L’accident du tramway contre un pilier n’était pas prévu. Ce fut un accident de tournage. Par chance incroyable, le conducteur que l’on voit être éjecté ne fut pas blessé. Harold Llyod dut improviser rapidement un moyen de repartir (grâce à la plaque d’égout) pour recoller au scénario.
(2) C’est aussi le New York d’avant les grands buildings puisque l’Empire State building ne sera érigé qu’en 1931. Les scènes dans le Luna Park de Coney Island furent aussi tournées sur les lieux réels en cachant la caméra pour éviter de créer un attroupement car Harold Lloyd était alors très célèbre. En revanche, lors de la course finale, on peut voir nombre de badauds le long de la route venus regarder le tournage.
Pour les américains ou autres amateurs de baseball, ce film est aussi célèbre pour le petit rôle de Babe Ruth, grand joueur des années vingt, qui joue ici son propre rôle en client du taxi.

Remarque :
Après Speedy, Harold Lloyd tournera quelques films parlants dont aucun n’atteindra le succès de ses films muets.

30 octobre 2009

La femme aux chimères (1950) de Michael Curtiz

Titre original : Young man with a horn
Autre titre : Jeune fou à la trompette (Belgique)
Autre titre : Young man of music (UK)

Young Man with a HornElle :
(pas vu)

Lui :
Très librement basé sur la vie du trompettiste de jazz Bix Beiderbecke, la Femme aux Chimères (1) retrace le parcours d’un jazzman qui a pour son instrument une passion exclusive et dévorante. Si le rythme de l’histoire est assez enlevé dans la première moitié, le film tend à s’enliser quelque peu ensuite et la toute fin praît vraiment plaquée(2). Jeune fou à la trompette Kirk Douglas fait une très belle performance, il est étonnamment crédible en trompettiste (3) et surtout il donne une réelle épaisseur à son personnage, c’est notamment lui qui donne tout l’élan au film dans sa première partie. On ne peut hélas être aussi louangeur sur le jeu de Lauren Bacall qui ne semble guère inspirée par son personnage de femme perturbée qui cherche sa voie. Doris Day est, quant à elle, plutôt surprenante et convaincante. La femme aux chimères a beau être une vue très hollywoodienne de la vie tourmentée de certains grands instrumentistes de jazz, il est globalement de bonne facture et donc plutôt réussi.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Kirk Douglas, Lauren Bacall, Doris Day, Hoagy Carmichael, Juano Hernandez
Voir la fiche du film et la filmographie de Michael Curtiz sur le site IMDB.
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(1) Une fois de plus, saluons l’inventivité dont font preuve les distributeurs français quand il s’agit de trouver un titre. En toute logique, on peut déduire que la personne qui a trouvé ce titre n’avait pas vu le film.
(2) En réalité, Bix Beiderbecke est mort très jeune, à 28 ans.
(3) Quand il « joue » de la trompette, Kirk Douglas est doublé par Harry James, jazzman blanc qui, après un court passage chez Benny Goodman, a dirigé son propre orchestre (il est aussi connu pour avoir découvert Frank Sinatra, serveur dans un restaurant,… et pour avoir épousé Betty Grable, la « pinup la plus punaisée » de la seconde guerre mondiale!)
En revanche, Doris Day, dont on connaît les talents de chanteuse, n’est pas doublée quand elle chante. C’est donc sa voix que l’on entend. Hoagy Carmichael, quant à lui, est pianiste et compositeur dans la vraie vie ; à noter qu’il a réellement connu Bix Beiderbecke.

27 octobre 2009

Le carnaval des dieux (1957) de Richard Brooks

Titre original : Something of Value

Something of Value Elle :
(pas vu)

Lui :
Au Kenya, le fils d’un colon britannique qui a grandi avec un jeune noir va devoir affronter celui-ci lors d’une révolte des noirs contre les colonisateurs. Richard Brooks est connu pour ses films conçus pour soutenir des grandes causes. Ici, il s’inspire de la révolte dite des Mau Mau contre les colons anglais au Kenya en 1952 pour traiter du colonialisme. Il le fait dans son style habituel avec beaucoup d’efficacité, il est même parfois un peu trop démonstratif ; Richard Brooks était journaliste avant d’être cinéaste. Le carnaval des dieux Il le fait aussi avec un certain souci d’impartialité, il prend soin de montrer les torts des deux côtés, en fait il s’applique surtout à montrer l’abîme qui sépare les deux cultures et la grande difficulté de les faire cohabiter. Sydney Poitier fait une remarquable prestation et le film est porté par des seconds rôles qui apportent beaucoup d’authenticité (à noter que le film a été tourné en grande partie au Kenya, ce qui n’était pas pratique courante dans les années cinquante). Rock Hudson, quant à lui, interprète ce jeune britannique avec un accent américain à couper au couteau… En abordant de front le sujet des méfaits du colonialisme, Le Carnaval des Dieux est assez en avance sur son temps.
Note : 3 étoiles

Something of Value

Acteurs: Rock Hudson, Dana Wynter, Sidney Poitier, Wendy Hiller, Juano Hernandez
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Remarque : Le sens du titre (anglais, car chercher le sens du titre français est certainement une perte de temps…) est donné dans une phrase en prologue : quand vous privez un homme de sa culture et de ses croyances, vous avez intérêt que ce soit pour lui apporter quelque chose de grande valeur.

24 octobre 2009

Iron Man (2008) de Jon Favreau

Iron ManElle :
(pas vu)

Lui :
Adapté de la bande dessinée Marvel de Stan Lee, Iron Man est une histoire de super-héros où le jeune et brillant héritier d’une multinationale fabriquant des armes décide d’accomplir quelque chose de plus utile et se fabrique une armure qui lui permet de voler et d’être invincible. L’originalité d’Iron Man est de ne pas trop se prendre au sérieux et d’insinuer pas mal d’humour dans cette histoire complètement rocambolesque : Robert Downey Jr. fait son numéro de charme, plutôt réussi d’ailleurs,  et le couple qu’il forme avec Gwyneth Paltrow est amusant. Il faut donc le regarder comme un spectacle avec ses beaux effets technologiques car le fond de l’histoire n’est guère passionnant ; une comédie technologique en quelque sorte. Si Iron Man se situe plutôt au dessus de la moyenne, l’ensemble nous laisse tout de même sur un certain sentiment de déception.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Robert Downey Jr., Jeff Bridges, Gwyneth Paltrow, Terrence Howard, Shaun Toub
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