3 décembre 2009

Fiancées en folie (1925) de Buster Keaton

Titre original : « Seven chances »

Seven ChancesLui :
Le jeune Jimmie Shannon apprend qu’il hérite d’une somme rondelette à la condition qu’il soit marié avant le soir de ses 27 ans, en l’occurence le jour même. Il ne lui reste donc que quelques heures pour trouver une femme qui accepte de l’épouser. La première partie de Fiancées en Folie est amusante mais sans être vraiment marquante ; la seconde partie, en revanche, est du meilleur Keaton, mêlant démesure et périlleuses acrobaties. Le film est célèbre pour l’image de la horde de femmes en robe de mariée lancées à la poursuite de Buster Keaton. L’acteur/réalisateur va encore plus loin dans l’impression de masse humaine que dans Cops, son court métrage de 1922 où il était poursuivi par des centaines de policiers. Alors que les mariées occupent déjà tout l’écran et que l’on est abasourdi par la quantité, une vague supplémentaire entre par un côté de l’écran, puis une autre, c’est un raz de marée qui dévaste tout sur son passage! Il s’ensuit une folle course-poursuite où Keaton montre une fois de plus ses talents acrobatiques et ses capacités sportives, car il court vite ! Une autre scène célèbre (et impressionnante) est celle où il dévale une pente poursuivi par d’énormes rochers. Pendant longtemps, Fiancées en Folies a été considéré parmi les films plus mineurs de Keaton. Il a été vraiment redécouvert dans les années soixante.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Buster Keaton, T. Roy Barnes, Snitz Edwards, Ruth Dwyer
Voir la fiche du film et la filmographie de Buster Keaton sur le site IMDB.

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Remarques :
1. La scène des rochers n’était pas prévue. Keaton l’a rajoutée après avoir vu la réaction d’un public de test à un premier montage. Les rochers ont beau être en papier-maché, Keaton eut tout de même des marques sur tout le corps pendant plusieurs mois car, comme on le voit à l’écran, il ne parvient pas toujours à les éviter.
2. Dans la scène où il s’abrite sous un rocher pour laisser passer les autres rochers au dessus de lui, on le voit à un moment faire un signe de la main sur son cœur pour montrer qu’il a eu peur. C’est étonnant de sa part, lui qui fait toujours attention à ne montrer aucune émotion. Il a du vraiment avoir peur.
3. Fiancées en folie comportait une scène en Technicolor bichrome au tout début (2 minutes env.) Le procédé utilisé était d’avoir deux négatifs superposés, l’un en vert, l’autre en rouge. Il nous est possible de voir ce passage en couleurs depuis peu, sur les versions DVD notamment. Hélas, le vert a presque totalement disparu et il est difficile d’imaginer ce que cela pouvait donner à l’époque.
4. La standardiste du Country Club est la toute jeune Jean Arthur. Celle qui allait devenir une star faisait alors ses débuts dans des tous petits rôles. La femme en voiture à laquelle Keaton tente de faire une déclaration en roulant à côté d’elle est Constance Talmadge (très grande star du muet et belle-soeur de Keaton).
5. La scène ou Keaton suit une jeune femme et s’enfuit quand elle se retourne car il voit qu’elle est noire peut nous choquer aujourd’hui par son côté raciste mais il faut garder à l’esprit qu’il n’aurait pas pu l’épouser de toutes façons : le mariage inter-racial était alors illégal (ce n’est qu’en 1948 que les lois ségrégationnistes seront abrogées).

1 décembre 2009

Charlot et le masque de fer (1921) de Charles Chaplin

Titre original : « The idle class »

Charlot et le masque de ferLui :
(Court métrage de 32 mn) Dans The Idle Class (littéralement « La classe oisive »), Charles Chaplin joue sur le décalage entre riches et pauvres pour mieux le mettre en évidence. Il interprète deux rôles : d’une part l’habituel Charlot le vagabond et d’autre part un homme riche, distrait, porté sur la boisson. Le premier est le sosie de l’autre et, bien entendu, des quiproquos sont à prévoir… Tourné peu après la sortie de The Kid, son premier long métrage, The Idle Class fait partie des derniers courts métrages de Chaplin. Charlot et le masque de ferSi certains côtés peuvent paraître trop classiques ou habituels, il est néanmoins très bien construit, en grande partie grâce à l’astuce du masque de fer qui permet de faire se rencontrer les sosies. Il comporte aussi certains excellents gags, entre autres le pantalon, le shaker (superbe gag…!), le dormeur sur le terrain de golf. La seconde partie dans la soirée costumée a moins de surprises à nous offrir mais l’ensemble reste de bon niveau et surtout très amusant.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Charles Chaplin, Edna Purviance, Mack Swain, Henry Bergman
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30 novembre 2009

Le gouffre aux chimères (1951) de Billy Wilder

Titre original : Ace in the hole
Second titre américain : The big carnival

Ace in the HoleElle :
(pas vu)

Lui :
Mis à la porte de grands quotidiens, un journaliste se retrouve dans un journal régional. Apprenant qu’un homme est coincé au fond d’une galerie partiellement effondrée, il voit là l’occasion d’avoir un scoop et de revenir sur le devant de la scène. Il prend en main les secours et arrange les choses selon son intérêt. Ecrit, produit et réalisé par Billy Wilder, Le gouffre aux chimères s’appuie sur un fait divers réel (1). Le film est un violent réquisitoire contre le journalisme à sensation et contre l’arrivisme : ce journaliste n’a aucun scrupule, il cherche à faire durer les opérations de sauvetage. Le gouffre aux chimères Kirk Douglas livre une très belle performance, à la fois puissante et pleine de retenue, sans trop charger son personnage. Le résultat est assez magistral grâce aussi à une écriture parfaite du scénario. Le Gouffre aux Chimères fut un échec commercial retentissant ; les studios changèrent le titre mais rien n’y fit. Le public américain n’apprécia guère se voir ainsi montré car, au-delà du journaliste arriviste et sans éthique, le public est lui aussi visé, un public friand de fait divers tragique, de sensationnel, qui semble se repaître du malheur des autres. Le propos reste bien entendu toujours aussi actuel.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Kirk Douglas, Jan Sterling, Robert Arthur, Porter Hall
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(1) En 1925, le spéléologue Floyd Collins se retrouva coincé dans une galerie étroite d’un vaste complexe de grottes dans le Kentucky. Ce fait divers, qui s’acheva tragiquement quatorze jours plus tard par la mort du spéléologue, fut un gigantesque évènement médiatique, attirant des dizaines de milliers de curieux sur le site. Le journaliste local qui lança la nouvelle, participa aux opérations de sauvetage et réussit à interviewer la victime, reçut le prix Pulitzer. Son nom, William Burke Miller, est cité par le journaliste du film Le Gouffre aux Chimères qui est prêt à tout pour avoir une renommée semblable.

29 novembre 2009

La croisière du Navigator (1924) de Buster Keaton et Donald Crisp

Titre original : « The Navigator »

La Croisière du NavigatorElle :
(pas vu)

Lui :
A la suite d’un concours de circonstances (un peu tiré par les cheveux tout de même), un riche héritier et une jeune femme tout aussi aisée se retrouvent seuls sur un immense bateau à la dérive. Ils vont devoir se débrouiller par eux-mêmes et s’organiser pour survivre. Ils finissent par s’échouer près d’une île peuplée de cannibales passablement inhospitaliers. La Croisière du Navigator est tout empreint de ce comique mélancolique si particulier à Buster Keaton. Il fait montre de trésors d’inventivité pour ses gags dans ce milieu somme toute assez réduit, il joue avec les structures, les appareillages pour créer des situations. The Navigator Parmi les scènes les plus remarquables, on notera le petit déjeuner, les scènes sous-marines, la célèbre scène des jumelles (photo ci-contre) mais la plus belle est certainement celle où toutes les portes des cabines s’ouvrent et ferment en même temps au gré du roulis : elle est superbe, onirique et angoissante. La Croisière du Navigator fut le plus gros succès commercial de Buster Keaton. Il n’a pas pris une ride aujourd’hui.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Buster Keaton, Kathryn McGuire
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Remarques :
The NavigatorThe Navigator 1. Le bateau est un vrai navire, le Buford, qui était sur le point d’être détruit. Apprenant qu’il était possible de le louer, Buster Keaton eut l’idée de faire un film sur ce bateau. Le Buford est tristement célèbre pour avoir été utilisé dans l’expulsion de 250 résidents étrangers lors de première paranoïa anticommuniste américaine en 1919 (« la peur rouge »).
2. Les scènes sous-marines de La Croisière du Navigator furent très délicates à réaliser, un  exploit à cette époque. Après plusieurs essais infructueux (dont la création d’une énorme réservoir en studio qui explosa sous la pression de l’eau), Keaton tourna ces scènes dans le Lac Tahoe où clarté et luminosité étaient suffisantes mais, la température de l’eau, très basse.

27 novembre 2009

Reflets dans un œil d’or (1967) de John Huston

Titre original : « Reflections in a golden eye »

Reflections in a Golden EyeElle :
(pas vu)

Lui :
Il fallait certainement le talent d’un réalisateur comme John Houston pour trouver le ton juste en adaptant le roman éminemment complexe de Carson McCullers Reflets dans un œil d’or. L’histoire se déroule dans une caserne paisible et isolée où un major (Marlon Brando) et sa femme (Elizabeth Taylor) entretiennent des rapports empreints d’insatisfaction. Une incrustation au début du film nous annonce le drame : nous savons qu’un meurtre va être commis. Toutefois Reflets dans un œil d’or n’a rien d’un film policier, il s’agit d’une peinture sociale, un certain regard sur la normalité que John Huston semble porter avec un certain recul, presque un détachement. Les rapports infiniment complexes entre les personnages sont ainsi montrés sans excès, sans jamais forcer le trait. Tout le mélodrame est évacué. La complexité des personnages est aussi parfaitement rendue par le jeu des deux acteurs principaux, deux monstres sacrés ici à la hauteur de leur réputation. La mise en scène parfaite de John Houston forme un bel écrin à l’intensité du récit. Reflets dans un œil d’or n’a hélas pas toujours été bien considéré. Il fait pourtant partie des plus beaux films de John Huston.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Elizabeth Taylor, Marlon Brando, Brian Keith, Julie Harris, Robert Forster, Zorro David
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Remarque :
Reflets dans un oeil d’or était vu ici dans sa version Director’s Cut : il s’agit non pas d’une version plus longue mais d’un traitement de l’image voulu par John Huston pour donner une image sépia aux reflets dorés. L’effet est visuellement très réussi et donne le sentiment d’une légère altération de la réalité. Certains critiques parlent d’une volonté de restituer la vision d’un observateur neutre, en l’occurrence le cheval ou le paon… Dans son autobiographie, Houston dit simplement : « C’est une histoire psychologique très nuancée : des pensées, des sentiments, des émotions qui ne pouvaient s’exprimer dans la gamme trop brillante du Technicolor. » Warner Bros pensa différemment et distribua le film en Technicolor classique. Commentaire de Houston : « ils pensent que, plus il y a de couleurs au mètre carré d’écran, plus le film est réussi. »

26 novembre 2009

Tous en scène (1953) de Vincente Minnelli

Titre original : « The Band Wagon »

Tous en scèneElle :
(pas (re)vu)

Lui :
Tous en scène peut être vu comme l’apothéose d’un genre, la comédie musicale. Vincente Minnelli y fait l’apologie du spectacle en tant que divertissement (That’s entertainment, « le monde est une scène, la scène est un monde de divertissement ») et se moque gentiment d’une certaine intellectualisation à Broadway (1). Le film reprend le titre et les morceaux d’une comédie musicale de Broadway de 1931 dans laquelle jouait déjà Fred Astaire. Vincente Minnelli y ajoute une histoire, celle du montage d’un show qui, trop prétentieux, sera d’abord un bide complet avant de revenir à plus de simplicité pour rencontrer le succès. Vincente Minnelli s’appuie sur les caractères de ses deux principaux acteurs pour asseoir leur personnage : Fred Astaire a plus de cinquante ans quand il interprète cet acteur qui cherche à renouer avec le succès et Cyd Charisse a effectivement été danseuse classique avant de devenir actrice. Tous en scène comporte de nombreux ballets ou morceaux chantés qui sont passés dans la légende ; Girl hunt (The band wagon) on peut citer la chanson That’s entertainment, l’hilarant The triplets où les acteurs jouent (à genoux) trois bambins dans leurs chaises d’enfant ou encore le très célèbre ballet final de treize minutes Girl Hunt, fortement mis en scène et qui mêle intrigue policière, onirisme et une très forte sensualité (2). Toutefois, le plus beau, le plus gracieux, Dancing in the dark (The band wagon) le plus émouvant est probablement Dancing in the Dark où Cyd Charisse et Fred Astaire, tous deux vêtus de blanc, marchent dans Central Park ; d’abord assez distants, ils esquissent quelques pas de danse qui évoluent en une gracieuse chorégraphie toute empreinte de complicité. C’est l’un de ces instants magiques que nous offre parfois le cinéma.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Fred Astaire, Cyd Charisse, Oscar Levant, Nanette Fabray, Jack Buchanan
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(1) Il est toutefois un peu paradoxal que la pièce maîtresse du film de Minnelli soit finalement un ballet fortement scénarisé et intellectualisé : Girl Hunt. A l’opposé, le numéro musical le plus traditionnel, Louisiana Hayride avec ses cow-boys dansant au milieu des bottes de foin, est le seul moment terne et ennuyeux du film.
(2) Dans un documentaire de 1994 That’s entertainment III, la MGM a montré pour la première fois une scène coupée du ballet final de Tous en scène : Two-faced woman, morceau dansé et chanté où Cyd Charisse était doublée par la chanteuse India Adams. Le morceau chanté fut finalement utilisé tel quel dans le film Torch Song de Charles Walters (1953) où Joan Crawford a mimé les paroles. Cette scène coupée est maintenant visible sur la version DVD de Tous en scène.

23 novembre 2009

Faut pas s’en faire (1923) de Fred C. Newmeyer et Sam Taylor

Titre original : « Why worry? »
Autre titre français (Belgique) : « Pourquoi s’en faire? »

Why Worry?Elle :
(pas vu)

Lui :
Un jeune millionnaire hypocondriaque part avec son infirmière et son valet en Amérique du Sud pour y trouver le calme. Ils ignorent qu’une révolution est sur le point d’y éclater. Dans Faut pas s’en faire (Why worry ?), Harold Lloyd n’hésite pas à interpréter un personnage assez peu avenant au premier abord mais qui gagne rapidement notre sympathie par ses côtés lunaires : le monde peut s’écrouler autour de lui, tant qu’il a ses petites pilules à prendre, tout va bien. Et le monde n’est pas loin de s’écrouler puisqu’il va devoir affronter un comploteur particulièrement fourbe et des hordes de soldats révolutionnaires survoltés (on ne sait toutefois pas très bien qui se bat et contre qui). Pour ce faire, il parvient à mettre de son côté un sacré colosse, interprété par l’impressionnant John Aasen : 2m67 et 250 kilos!  Pourquoi s'en faire? Le personnage joué par Harold Lloyd utilise avec beaucoup de flegme à la fois la force de son nouveau compagnon et aussi sa propre inventivité pour mettre ses adversaires en déroute. Il y a beaucoup de bonnes trouvailles. Le rythme s’accélère tout au long du film et les quinze ou vingt dernières minutes sont les plus trépidantes et aussi les plus hilarantes. Faut pas s’en faire (Why worry ?) est aussi le premier film où apparaît Jobyna Ralston en partenaire d’Harold Lloyd, Mildred Davis ayant arrêté sa carrière pour devenir Mme Lloyd…
Note : 4 étoiles

Acteurs: Harold Lloyd, Jobyna Ralston, John Aasen, Jim Mason
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22 novembre 2009

Sherlock Jr. (1924) de Buster Keaton

Sherlock Jr.Elle :
(pas revu)

Lui :
Sherlock Jr. est un moyen métrage de 45 mn seulement et c’est cette brièveté qui l’a tenu à l’écart des listes des meilleurs films. Sherlock Jr. est pourtant d’une inventivité de tout premier ordre. Un projectionniste de cinéma qui rêve d’être détective va vivre en rêve des aventures glorieuses dérivées de sa vie réelle qu’il juge trop terne. Buster Keaton trouve un moyen très ingénieux pour mettre cela en scène : son personnage de projectionniste va « traverser » l’écran pour pénétrer dans l’univers du film qu’il projette (on voit où Woody Allen a puisé son inspiration pour La rose pourpre du Caire ). Au passage, il joue avec le télescopage des univers ; n’étant pas encore parfaitement intégré à son nouvel univers, son personnage subit les changements de scènes : alors qu’il s’assoit sur une chaise par exemple, le plan change et il s’assoit dans le vide. Keaton s’amuse ainsi avec la distanciation du cinéma et nous montre en même temps sa dextérité dans les trucages car les raccords sont parfaits (1). Bien entendu, Sherlock Jr a aussi quelques prouesses en terme de cascade : être assis sur le guidon d’une moto lancée à haute vitesse sans pilote n’est pas exempt de dangers (2). Surréaliste et merveilleux, riche en rebondissements, enlevé à un rythme trépidant, Sherlock Jr. est bien l’un des films comiques les plus remarquables.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Buster Keaton, Kathryn McGuire, Joe Keaton, Erwin Connelly, Ward Crane
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(1) On retrouve plusieurs effets en cours de film dont la fameuse scène où il passe à travers le corps d’une vendeuse de fleurs pour disparaître. Il faut garder à l’esprit que ce genre de scène était tourné en une seule prise sans traficotage ou retouche d’image comme on le fait aujourd’hui aisément. Il fallait donc concevoir tout un appareillage pour créer l’illusion. Ici le personnage est en réalité couché suspendu à un panneau pivotant. Keaton passe en réalité à travers la palissade préalablement découpée et le personnage est redressé aussitôt pour qu’il puisse s’éloigner de la palissade comme si de rien n’était… La scène de la robe dans le cerceau est aussi réalisée sans trucages. Pour la scène du billard, Keaton s’est très longuement entraîné…
(2) Keaton a déclaré que la scène était très dangereuse car la moto n’avait pas de frein! Keaton fut plusieurs fois projeté en avant lors de chocs. De plus, dans la scène où il tombe du train et reçoit une tonne d’eau sur la tête, Buster Keaton s’est presque brisé la nuque. Il a fallu près de dix ans à ses docteurs pour trouver qu’il en avait gardé une lésion qui lui occasionnait de forts maux de tête et que l’accident aurait pu être fatal.

Remarque :
Sherlock Jr. était vu ici avec une musique du Club Foot Orchestra’s de 1993, illustration sonore très riche et colorée mais qui a le gros défaut d’être trop présente, d’appuyer trop fortement les effets visuels et les gags. Si cela est possible, il est préférable de couper la musique ou du moins de baisser le volume sonore.

21 novembre 2009

The Kid (1921) de Charles Chaplin

Titre français parfois utilisé : « Le gosse »

The KidElle :
(pas revu)

Lui :
En 1920, Charlie Chaplin a enfin toute la liberté qu’il souhaitait sous l’égide de la First National. Perfectionniste et exigeant, il mettra un an pour tourner son premier long métrage, The Kid, qui réalise une symbiose parfaite entre mélodrame et comédie. La base de l’histoire est simple : un vagabond élève comme il peut un enfant trouvé. Chaplin met beaucoup de lui-même dans cette histoire, il a été, lui aussi, abandonné par sa mère, il a grandi dans les quartiers pauvres de Londres. La pièce où vit son vagabond dans The Kid est une réplique de celle où il a vécu. La réussite du film doit beaucoup au personnage du gosse. Chaplin a découvert par hasard Jackie Coogan alors qu’il faisait un numéro sur scène avec son père et il s’est reconnu en lui. Il en a fait un petit Chaplin. The Kid Le jeune Jackie Coogan montre un sens de la comédie et une forte présence à l’écran (1). Chaplin et l’enfant forment un tandem parfait, ils se compètent merveilleusement, chacun mettant l’autre en valeur. The Kid a aussi son lot de scènes de comédies, l’hilarante bagarre avec le gros costaud par exemple, ou le permanent jeu de cache-cache avec le policier. Mais tout l’art de Chaplin, c’est de trouver ce subtil équilibre entre le rire et les larmes. La comédie n’empiète en rien sur la profondeur du sujet, au contraire elle en amplifie la portée. Certains ont pu toutefois trouver les aspects mélodramatiques trop appuyés, surtout dans la version longue (2). Même s’il surprit un peu le public, le film fut un énorme succès à l’époque. C’est toujours un plaisir de le voir aujourd’hui, c’est l’une des merveilles du 7e Art…
Note : 5 étoiles

Acteurs: Charles Chaplin, Jackie Coogan, Edna Purviance, Tom Wilson
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The Kid (1) Après l’avoir trouvé, Chaplin lui avait d’abord donné un petit rôle pour le tester dans le court métrage A day’s pleasure (Une journée de plaisir). Après l’énorme succès de The Kid, Jackie Coogan tournera dans divers mélodrames sans retrouver la force de son jeu. Il ne fera finalement pas une grande carrière d’acteur et finira dans des séries télévisées comme Adams Family dans les années 60. A noter aussi que Jackie Coogan n’a jamais rien touché de l’argent qu’il a gagné avant sa majorité, argent dilapidé par ses parents. Il est ainsi à l’origine d’une loi californienne appelée le Coogan Act qui protège maintenant les enfants acteurs.
(2) La version originale faisait 6 bobines, environ 68 minutes. La version la plus courante aujourd’hui en vidéo est celle de 50 minutes. Une version plus complète a toutefois été éditée en Laserdic puis dans certaines éditions DVD. Les scènes manquantes dans la version courte sont essentiellement des scènes mélodramatiques, notamment celles entre la mère et le vrai père de l’enfant.

20 novembre 2009

Le point de non-retour (1967) de John Boorman

Titre original : « Point Blank »

Point BlankElle :
(pas vu)

Lui :
Le point de non-retour est le second long métrage de John Boorman, c’est celui qui l’a vraiment dévoilé. Laissé pour mort lors d’un mauvais coup, un truand va rechercher son complice qui l’a trahi. C’est donc une simple histoire de vengeance mais le film est très à part, à la fois par sa construction parfois déstructurée qui utilise ellipses et flash-back pour casser la linéarité, par son univers qui passe d’une certaine froideur impersonnelle à un certain onirisme et par la mise en scène d’une certaine violence. Il est indéniable qu’en venant à Hollywood, John Boorman a emporté avec lui ses influences européennes, anglaises mais aussi françaises : on peut penser à Alain Resnais ou au Godard d’Alphaville. Dans ce sens, Le point de non-retour est un cinéma d’auteur qui casse un certain nombre de codes, à commencer par l’absence de fin morale. Le film doit aussi beaucoup à Lee Marvin (1), magistral dans le rôle de ce truand obstiné et insensible, avec une présence physique énorme. A l’époque, le film fut qualifié de très violent, aujourd’hui ce point est moins évident mais il préfigurait les films suivants de Boorman qui mettent toujours en scène une certaine violence assez brute. Le point de non-retour est un film novateur qui a marqué la naissance d’un réalisateur de premier plan.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Lee Marvin, Angie Dickinson, Keenan Wynn, Carroll O’Connor, Sharon Acker
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(1) John Boorman a raconté que c’est grâce à l’insistance de Lee Marvin, fraîchement oscarisé, que la MGM a accepté qu’un jeune réalisateur britannique inconnu prenne en main les rênes d’un tel film.

Remake :
Payback (1999) de Brian Helgeland avec Mel Gibson
Homonyme :
Point Blank (1998) de Matt Earl Beesley avec Mickey Rourke.