30 juin 2007

A history of violence (2005) de David Cronenberg

A history of violenceElle :
(pas vu)

Lui :
A history of violence s’inscrit plutôt à part dans la filmographie de David Cronenberg et il ne faut pas hésiter à le voir même si on apprécie peu ce cinéaste (je dois bien avouer m’être moi-même un peu forcé à le regarder car, au vu du titre, je craignais le pire…) Il délaisse ici le bizarre et opte pour une forme plus conventionnelle, et sans étalage racoleur, pour nous offrir une réflexion sur la violence que nous portons en nous, sur l’autodéfense et même sur le plaisir à la voir intervenir. On peut disserter sur le fond, certes, mais c’est surtout dans sa forme que A history of violence est assez remarquable : David Cronenberg montre ici toute sa maestria dans une mise en scène extrêmement précise, où tout est parfait et d’une efficacité redoutable. Il s’appuie aussi sur son personnage principal auquel Viggo Mortensen donne par son physique assez gentillet toute son ambivalence : sous l’agneau, le tigre sommeille… Cette perfection dans la forme donne une profondeur inhabituelle à une histoire qui, en d’autres mains, n’aurait pu être que banale.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Viggo Mortensen , Maria Bello, Ed Harris, William Hurt, Ashton Holmes
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29 juin 2007

Max et les ferrailleurs (1971) de Claude Sautet

Max et les ferrailleursElle :
Le tandem Michel Piccoli et la belle Romy Schneider fait une nouvelle fois ses preuves dans cette histoire de braquage de banque. Piccoli en flic/banquier manie toutes les ficelles pour obtenir un flagrant délit. Quant à la bande de petits malfrats menée par Fresson, elle s’engouffre sans réfléchir dans le piège tendu. Sautet cadre serré les protagonistes ce qui accentue l’intensité de leurs états d’âme. Toujours la patte du réalisateur dans ses cadrages à l’intérieur des voitures. Une mécanique bien huilée.
Note : 5 étoiles

Lui :
Remarquable en tant que film policier de par son scénario, Max et les ferrailleurs l’est tout autant par la peinture des personnages qu’il offre : le contraste est saisissant entre la chaleur, l’insouciance de cette bande de petits malfrats de Nanterre et la froideur, le machiavélisme du policier joué par Piccoli. Dans Max et les ferrailleurs, Sautet excelle une fois de plus à nous faire entrer profondément dans la psychologie de ses personnages.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Michel Piccoli, Romy Schneider, Bernard Fresson, François Périer, Boby Lapointe, Philippe Léotard
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29 juin 2007

L’été de Kikujiro (1999) de Takeshi Kitano

Titre original : Kikujiro no natsu

L'été de KikujiroElle :
L’humour et la patte du réalisateur font mouche avec des plans insolites et des images incongrues. Kitano est lent et se fait plaisir ce qui peut lasser par moments mais sa sensibilité et son humanité rendent ce petit garçon abandonné par sa famille très attachant.
Note : 4 étoiles

Lui :
Ce road-movie à la mode Kitano se révèle attachant malgré quelques longueurs. Il y a beaucoup d’humour, des plans audacieux. Il revêt en plus un petit côté exotique, puisque le Japon est un pays que l’on connaît plutôt mal. Un film très personnel.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Takeshi Kitano, Yusuke Sekiguchi, Kayoko Kishimoto
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28 juin 2007

Renaissance (2006) de Christian Volckman

RenaissanceElle :
Je n’accroche pas du tout à l’ambiance ni au style. (Abandon rapide)
Note : Pas d'étoile

Lui :
Ce film d’animation français est surtout remarquable par sa forme : il s’agit d’un dessin animé qui utilise plusieurs techniques pour enrichir son dessin, dont la motion capture (= capture des mouvements d’un acteur pour animer un personnage modélisé sur ordinateur). Le résultat est très original, beaucoup plus proche d’un « vrai film » que certains de ses homologues comme Sin City. L’image de Renaissance est en noir et blanc hyper-saturé, en deux couleurs en fait : noir pur et blanc pur. L’ambiance est urbaine, avec beaucoup de scènes de nuit, dans un Paris futuriste (nous sommes en 2054) avec un beau travail de recherche et de création sur les batiments, les quartiers, les immeubles. Dans sa forme, Renaissance est donc convaincant : une ambiance forte et un déroulement très vif. Une belle réussite sur ce plan. Quel dommage que tout cela soit mis au service d’un scénario sans originalité et sans intérêt : une multinationale est prête à tout pour s’emparer de la découverte d’un sérum donnant l’immortalité… Pour ne rien arranger, les voix des personnages semblent baclées, évoquant plutôt un mauvais doublage de film qu’un réel jeu d’acteur.
Note : 3 étoiles

Acteurs: (voix) Patrick Floersheim, Laura Blanc, Marc Cassot
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28 juin 2007

Dix petits indiens (1965) de George Pollock

Titre original : « Ten little indians »

Dix petits indiensElle :
(pas vu)

Lui :
Cette adaptation du célèbre roman d’Agatha Christie « Les dix petits nègres »  (devenus dix petits indiens pour être politiquement correct) se révèle être moins réussie que celle de René Clair 20 ans plus tôt mais reste assez prenante grâce à la force de l’intrigue et la qualité de l’interprétation. Détail surprenant : peu avant la fin, le film s’arrête pendant une minute pour nous proposer de deviner qui est le meurtrier avec un récapitulatif des évènements (l’affiche ci-contre le met en avant comme argument commercial). La fin est celle souvent utilisée au théâtre, c’est-à-dire une fin plutôt heureuse.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Hugh O’Brian, Shirley Eaton, Leo Genn, Mario Adorf
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Les autres adaptations au cinéma :
Dix petits indiens (And then there were none), film américain de René Clair (1945) avec Barry Fitzgerald, Walter Huston et Louis Hayward, sans aucun doute, la meilleure version.
Dix petits nègres de Peter Collinson (1974) co-production européenne avec Charles Aznavour, Stéphane Audran, Richard Attenborough, Oliver Reed, …
Desyat negrityat de Stanislav Govorukhin (1987) film soviétique
Ten little indians d’Alan Birkinshaw (1989), film britannique avec Donald Pleasence (Autre titre : Death of safari).

27 juin 2007

L’iceberg (2005) de Dominique Abel, Fiona Gordon et Bruno Romy

L'icebergElle :
Une comédie légère, décalée et pleine de fantaisie et de poésie. Des vies vides et monotones, de grands personnages dégingandés aux mines impassibles qui semblent se demander ce qu’ils font là, très peu de dialogues ou quasiment incompréhensibles, le ton de ce film n’est pas sans rappeler l’humour de Jacques Tati ou de Buster Keaton. Dominique Abel réussit à rendre ses personnages attachants et à parfaitement doser la gravité du sujet avec des gags irrésistibles de drôlerie et d’inventivité.
Note : 4 étoiles

Lui :
Après avoir été accidentellement enfermée toute une nuit dans une chambre froide, une femme a pour idée fixe d’aller voir un iceberg. Film belge totalement atypique, L’Iceberg apporte une bouffée d’air frais (!) avec un humour vraiment original qui peut, par moments, faire penser à Tati : peu de paroles, utilisation incongrue d’objets, retournement ou exagération de situations courantes pour les rendre absurdes. Malgré quelques répétitions, le film parvient à maintenir le niveau et notre intérêt grâce à une bonne inventivité. Une belle réussite signée par trois réalisateurs qui jouent aussi les rôles principaux.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Dominique Abel, Fiona Gordon, Philippe Martz
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26 juin 2007

L’enfer est à lui (1949) de Raoul Walsh

Titre original : « White Heat »

L'enfer est à luiElle :
Un film très noir d’une très grande intensité dramatique et conduit de manière magistrale. Un scénario complexe et touffu, un rythme haletant, un James Cagney halluciné et émouvant, un gang de malfrats sans aucun scrupule, des trahisons à n’en plus finir, des meurtres à glacer le sang et enfin une musique qui enveloppe l’ensemble d’une atmosphère sombre et inquiétante. Raoul Walsh se livre à une terrible peinture de la noirceur humaine dans laquelle le mal prend toujours le dessus quand il s’agit de sauver sa peau.
Note : 5 étoiles

Lui :
Avec L’enfer est à lui, Raoul Walsh renoue avec la grande tradition des films de gangsters des années 30 (la décennie 40 est plus celle des films de détective) : en regardant James Cagney interpréter ce truand psychopathe, il est effectivement difficile de ne pas penser à L’ennemi Public de William Wellman qu’il a tourné presque 20 ans plus tôt. Seulement, dans L’enfer est à lui, il va beaucoup plus loin dans le cynisme, la cruauté, la démence et aussi (et surtout) dans l’intensité de son interprétation. Il donne au film une puissance rare, lui-même formidablement porté par une réalisation sans faille et particulièrement efficace, ne laissant aucun temps mort, captivant le spectateur. Cette intensité atteint son paroxysme dans la scène finale, scène d’anthologie où Cagney finit au sommet d’un réservoir chimique dans une apothéose de folie.
Note : 5 étoiles

Acteurs: James Cagney, Virginia Mayo, Edmond O’Brien
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En plus de la scène finale, une autre scène célèbre est celle de la crise de Cody dans le réfectoire de la prison. Cette scène faillit ne pas être tournée pour cause de dépassement budgétaire et Walsh dut la tourner en une seule prise avec de multiples caméras. James Cagney y est éblouissant. Dans ses mémoires, Raoul Walsh qualifie même son jeu dans cette scène comme « probablement un des plus grands moments d’interprétation de tous les temps. »

25 juin 2007

Petites confidences à ma psy (2005) de Ben Younger

Titre original : « Prime »

Petites confidences (à ma psy)Elle :
Mis à part quelques quiproquos entre Meryl Streep en psychanalyste et Uma Thurman en patiente, ce premier film est une comédie sentimentale très convenue et assez mièvre. Le scénario est mince comme une feuille de papier à cigarettes.
Note : 2 étoiles

Lui :
Divorcée de fraîche date, une femme de 37 ans tombe amoureux d’un garçon 14 ans plus jeune que lui (1). Après un démarrage plutôt réussi, le film se met assez rapidement à tourner en rond une fois que le (gros) quiproquo a été mis en place ; il devient alors très prévisible, répétitif, et finit par n’être simplement que gentillet. Cette comédie un peu inutile tient surtout grâce à l’assez bonne prestation d’Uma Thurman.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Meryl Streep, Uma Thurman, Bryan Greenberg
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(1) Au vu du sujet, le patronyme du réalisateur paraît trop beau pour être vrai… Ce n’est pas un pseudonyme, semble t-il. De plus, il est lui-même fils de psy…

25 juin 2007

Cyber traque (2000) de Joe Chappelle

Titre original : Takedown

Cyber traqueElle :
Ce film sur les hackers est dans l’air du temps mais n’est pas vraiment pour les néophytes. Le réalisateur nous assène des séries de flashs lumineux très désagréables pour les yeux et qui n’apportent rien au film. Le scénario est assez confus avec des enchaînements visuels rapides pour forcer le côté technologique de l’ensemble. On regarde quand même mais tout cela n’est pas très palpitant.
Note : 2 étoiles

Lui :
Cyber Traque met en avant le fait qu’il est basé sur une histoire vraie, la traque du pirate informatique Mitnick qui aboutira à son incarcération. Le film cède aux lois du genre et donc exploite à fond l’image du bidouilleur génial à qui tout est possible. Pour forcer le côté spectaculaire, le réalisateur utilise abondamment des flashes lumineux divers et variés, souvent pénibles. Globalement, le film n’est pas très intéressant.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Skeet Ulrich, Russell Wong, Angela Featherstone
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24 juin 2007

Collision (2004) de Paul Haggis

Titre original : « Crash »

CollisionElle :
Collision est un film intéressant et bien réalisé qui a le mérite de dénoncer la société anxiogène de l’Amérique. C’est sous forme de chocs frontaux qui passent souvent par l’intermédiaire de la voiture protectrice que Paul Haggis fait se confronter les blancs et les minorités du melting pot américain dans des situations de violent conflit. Cette mosaïque de personnages qui se croisent puis se rencontrent, met en évidence le racisme profond et le mal être qui sont ancrés dans toutes les couches de la société. Les armes à feu en libre circulation accroissent ces tensions larvées et les font éclater. La société est rongée par l’angoisse, la méfiance, les préjugés, la corruption et la pauvreté. J’ai trouvé un peu idéalisée la dernière partie du film dans laquelle les personnages concernés par ces préjugés prennent un peu trop facilement conscience de l’absurdité de leur vie et de leurs relations exécrables avec les autres.
Note : 4 étoiles

Lui :
Pour son premier long métrage, Paul Haggis a choisi un sujet ambitieux qui traite à la fois du racisme ordinaire à Los Angeles, de la libre circulation des armes, de la peur, de la violence, des manipulations politique, de la difficulté à sortir de son milieu. Son film nous dresse un portrait sans complaisance de la réalité américaine urbaine, globalement assez sombre même s’il porte des notes d’espoir. La construction de Collision est vraiment remarquable car le scénario repose sur plusieurs histoires qui, tout en étant séparées, se retrouvent imbriquées les unes dans les autres et semblent au final n’en former qu’une seule. Un excellent film choral (1). Le propos se garde de tout manichéisme, il n’y a pas de bons et de méchants ; en fait, tous ont ces deux aspects, tantôt victimes tantôt oppresseurs, prisonniers d’un système social qui semble avoir perdu ses repères. Le seul reproche que l’on pourrait faire au film est d’être trop riche, de vouloir dire trop de choses à la fois. Il est néanmoins admirable dans sa façon d’allier la puissance du propos à une certaine fluidité de déroulement.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Don Cheadle, Matt Dillon, Sandra Bullock, Terence Howard, Ryan Phillippe, Thandie Newton, Brendan Fraser
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(1) On appelle film choral, un film qui possède plusieurs histoires avec de nombreux personnages principaux qui peuvent être amenés à se croiser. Si l’on peut citer le Short Cuts d’Altman comme ancêtre prestigieux, le terme est maintenant souvent employé péjorativement par les critiques. Il est vrai que ce procédé peut permettre de cacher la vacuité du scénario, c’est dans une certaine mesure l’un des principes fondamentaux des soap operas (mais tel n’est pas le cas ici pour Collision).