15 novembre 2006

La boîte noire (2005) de Richard Berry

La boîte noireElle :
(pas vu)

Lui :
A la suite d’un accident de voiture, un homme récupère les enregistrements de tout ce qu’il a dit pendant son coma, sa « boîte noire », son inconscient en quelque sorte. Sur cette base, Richard Berry réussit à bâtir un bon thriller qui semble vouloir flirter par moment avec le paranormal (sans y tomber). La mise en scène est certes un peu trop « moderne », avec des effets visuels (filtres) ou sonores (infra-basses) un peu appuyés, mais Richard Berry réussit indéniablement à créer un climat très particulier dans lequel José Garcia évolue avec aisance et grande énergie. Le scénario à plusieurs couches fonctionne bien et réussit à nous intriguer constamment pendant toute la durée du film. L’ensemble est convaincant.
Note : 4 étoiles

Acteurs: José Garcia, Marion Cotillard, Michel Duchaussoy, Bernard Le Coq, Gérald Laroche
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14 novembre 2006

Je ne suis pas là pour être aimé (2005) de Stéphane Brizé

Je ne suis pas là pour être aiméElle :
(pas vu)

Lui :
Un huissier de justice quinquagénaire dont la vie est aussi sinistre qu’un jour sans soleil se permet une petite folie : prendre des cours de tango. Il va y rencontrer une frêle jeune femme sur le point de se marier. Le film joue donc sur la collision en douceur de ces deux personnages dont l’univers est si différent. La base est donc classique mais la nouveauté ici est qu’il ne se passe… rien. Stéphane Brizé voulant certainement jouer sur les silences, les non-dits, il ne développe ni les personnages, ni la situation. Le temps paraît vite assez long et les longues scènes de tango n’arrangent rien. Le personnage de l’huissier est trop caricaturé dans son côté triste et résigné pour être crédible, même si on finit par le prendre en pitié. Tout cela paraît tout de même un peu juste pour faire un film.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Patrick Chesnais, Anne Consigny, Lionel Abelanski
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13 novembre 2006

Romanzo criminale (2005) de Michele Placido

Romanzo CriminaleElle :
Les années 70 à Rome. On suit une bande de criminels qui vit de trafic de drogue, s’acoquine avec la mafia et s’entretue. Le film à la limite du thriller comporte les ingrédients classiques du genre, une suite interminable d’embrouilles et de crimes entremêlées de scènes sexy. Le film ne m’a pas convaincue ni captivée. L’atmosphère est glauque, la photographie assez sombre ; le scénario et les personnages manquent de profondeur pour m’intéresser suffisamment ; le montage est parfois confus et trop rapide.
Note : 1 étoiles

Lui :
Adaptation d’un best-seller italien, « Romanzo criminale » nous montre l’Italie des années de plomb (les années 70) au travers de l’ascension fulgurante de la Bande de la Magnana. Partis de rien, les membres de cette bande sans foi ni loi vont régner sur le milieu de la pègre de Rome et nourrir des relations avec la mafia sicilienne. Dans son premier tiers, le film adopte un rythme très soutenu avec des changements de plan très rapides et la mise en place est un peu confuse. Il sait ensuite trouver son équilibre, sans complaisance dans l’étalage de la violence ce qui donne au film une certaine personnalité ; le scénario peine toutefois à développer ses personnages dont aucun n’attire d’ailleurs la sympathie. Le contexte politique est tout juste évoqué, les auteurs avançant simplement des théories sur l’implication de l’Etat dans l’attentat de la gare de Bologne et la mort d’Aldo Moro. Le fait de rester ainsi centré sur la Bande de la Magnana empêche le film d’avoir l’envergure de « Nos Meilleures Années » écrits par les mêmes scénaristes.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Kim Rossi Stuart, Anna Mouglalis, Pierfrancesco Favino, Claudio Santamaria, Stefano Accorsi
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4 novembre 2006

Gabrielle (2005) de Patrice Chéreau

gabrielle1.jpgElle :
(pas vu)

Lui :
A une époque que l’on peut situer au début du XXe siècle, un homme bien installé dans la vie voit sa femme la quitter puis revenir aussitôt. Il s’en suit une introspection de ce couple bourgeois en état de déliquescence complète aggravé par la pesanteur de sa situation sociale. L’homme engoncé dans ses certitudes aimerait ranimer une flamme qui n’existe plus ou, pire encore, qui n’a peut-être jamais existé. Face à lui, l’indifférence froide et surtout résignée de Gabrielle est implacable. Chéreau nous décrit sans complaisance une situation noire et sans espoir, un terrible constat d’inutilité du couple. La forme est un peu trop travaillée, Chéreau cherchant des effets de style, alternant brutalement (ou progressivement) entre couleur et noir et blanc, jouant même avec des ralentis. Isabelle Huppert est à l’aise avec son personnage, Pascal Greggory est moins crédible quand il force son jeu. De l’ensemble, se dégage néanmoins une force certaine.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Isabelle Huppert, Pascal Greggory
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27 octobre 2006

Le domaine perdu (2005) de Raoul Ruiz

Le Domaine perduElle :
(pas vu)

Lui :
Raoul Ruiz signe à nouveau un film très original sur les liens qui se tissent entre deux aventuriers ; ils sont de pays différent, de génération différente et pourtant ils se croiseront à plusieurs époques. Raoul Ruiz éclate totalement son récit, joue avec la construction en entremêlant, souvent de façon très subtile, les trois époques où le destin les rapproche : il saute de l’une à l’autre, crée des parallèles, des répliques… Cette façon de jouer avec le temps nous ravit totalement dans la première moitié du film. Hélas, les éléments fantastiques qu’il introduit ensuite n’ont pas la force suffisante pour prendre la relève et le film semble s’étirer et s’étioler doucement. Ce long métrage paraît donc assez inférieur à ses précédents films, d’autant plus que la photographie et surtout les éclairages semblent totalement disparates ce qui donne un côté dépareillé à l’ensemble.
Note : 3 étoiles

Acteurs: François Cluzet, Grégoire Colin, Christian Colin
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23 octobre 2006

« Entre ses mains » (2005) d’ Anne Fontaine

Entre ses mainsElle :
(pas vu)

Lui :
On peut dire que c’est grâce à ses deux acteurs principaux que ce film conserve un certain intérêt ; le scénario, basé sur la relation étrange entre une femme et un homme qu’elle soupçonne d’être un tueur en série, est en effet peu approfondi, un peu trop prévisible et l’on aurait envie de pousser Anne Fontaine à aller plus loin. C’est sans doute pour cette raison qu’Isabelle Carré a un jeu sans doute un peu moins intense qu’à l’accoutumée ; elle exprime tout de même parfaitement l’ambiguité de son personnage troublé par son attirance. Benoît Poelvoorde est assez étonnant, étrange et inquiétant, dans un registre qui lui est donc peu familier mais où il réussit parfaitement.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Benoît Poelvoorde, Isabelle Carré, Jonathan Zaccaï, Valérie Donzelli
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22 octobre 2006

« La cloche a sonné » (2005) de Bruno Herbulot

La cloche a sonnéElle :
Parfois, certains films se font éreinter, on ne comprend pas trop pourquoi. Sans être un grand film, cette comédie est plutôt pétillante. Ses dialogues sont amusants et les situations plutôt cocasses. Fabrice Luchini en gourou de stage de remise en forme et les autres acteurs (François Cluzet et Elsa Zylberstein) ne font pas dans la surenchère. Certes, le scénario aurait pu être plus riche mais dans l’ensemble, Bruno Herbulot parvient à distiller un humour de bonne facture ainsi qu’un brin de fantaisie bienvenu.
Note : 3 étoiles

Lui :
Le professeur Luchini qui organise des stages pour remettre d’aplomb les gens stressés ou mal dans leur peau, voilà une situation qui nous promet du cocasse et du pittoresque… Effectivement dès le discours de bienvenue, on entre tout de suite dans une satire assez gentille de ces pseudo-stages qui s’appuient sur un mélange de philosophie vaguement orientale et de retour à la terre qui fleure bon les années 70. Les situations cocasses s’enchaînent ensuite. L’ensemble est amusant, on rit souvent, même si l’on peut regretter que le scénario n’aille pas assez loin avec ses personnages : on a souvent l’impression que le film aurait pu franchement décoller, qu’il ne manque qu’une petite étincelle pour en faire un film jubilatoire. On peut aussi regretter la publicité un peu voyante pour un constructeur de voiture suédois.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Fabrice Luchini, François Cluzet, Elsa Zylberstein, Amira Casar
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20 octobre 2006

« Nordeste » (2005) de Juan Diego Solanas

NordesteElle :
De bonnes choses dans ce premier long métrage argentin mais un scénario inégal. La première partie du film met beaucoup de temps à se mettre en place. L’ennui a tendance à s’installer malgré la gravité du sujet. On suit en parallèle les vies solitaires d’une française privilégiée (Carole Bouquet) qui veut adopter un enfant et celle d’une jeune argentine pauvre qui peine à survivre. Le film retrouve son intérêt à partir du moment où les deux femmes se rencontrent. Le mérite du réalisateur est de pointer du doigt les carences de la société argentine. D’un côté les riches propriétaires, de l’autre les démunis qui n’ont d’autres ressources que de vendre leurs enfants et de faire du trafic d’organes ou de drogue et enfin les occidentaux qui sous prétexte de mal d’enfant, entretiennent cet état de fait et se rendent complice de ces trafics.
Note : 3 étoiles

Lui :
« Nordeste » fait un parallèle assez terrible entre le portrait de 2 femmes : l’une se débat dans le nord-est de l’Argentine pour parvenir à survivre avec son enfant de 13 ans, l’autre est une française aisée venue dans ce même pays pour tenter d’adopter illégalement un enfant. Il est bien entendu difficile de critiquer ce film qui dénonce la misère et le trafic d’enfants mais il est regrettable que le rythme vraiment trop lent du film nous fasse décrocher, surtout dans sa première moitié. Carole Bouquet s’est visiblement beaucoup impliquée dans son rôle qu’elle interprète avec beaucoup d’authenticité, sans fard.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Carole Bouquet, Aymará Rovera
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14 octobre 2006

« La moustache » (2005) d’ Emmanuel Carrère

La moustacheElle :
Une bonne surprise avec ce deuxième film d’Emmanuel Carrère adapté de son propre roman. L’écrivain montre une bonne maîtrise de la mise en scène, chose assez rare chez un réalisateur non professionnel. L’idée de départ de scénario autour cette moustache rasée est vraiment très riche : elle donne lieu à toutes sortes de voies intéressantes pour étudier le comportement humain.

Le regard des autres est vital pour avoir le sentiment d’être vivant ; c’est tout le sujet du film qui parle de choses graves mais non dénuées d’humour. Une femme ne remarque pas l’absence de moustache de son compagnon et c’est le début de la fracture du couple et d’une longue errance à la limite de la folie pour le mari qui se réfugie à Hong Kong.

Emmanuel Carrère ne nous donne pas toutes les clés car les frontières entre le réel et l’imaginaire sont brouillées. A nous de trouver notre propre chemin. Vincent Lindon et Emmanuel parviennent à bien faire passer la fragilité et l’éphémérité de leur relation au bord du gouffre. On passe un bon moment.
Note : 5 étoiles

Lui :
Quand Emmanuel Carrère passe derrière la caméra, il est logique qu’il nous fasse un film d’écrivain. Avec « La moustache », il réussit une belle performance d’écriture : comment, à partir d’un geste à la fois important et anodin (se raser la moustache), un homme pourrait-il voir sa vie s’écrouler comme un château de cartes ? Pas facile, et pourtant Emmanuel Carrère y parvient en partant de petits détails qui enflent et qui finissent par former une trame inquiétante et un monde mouvant. Pour Vincent Lindon, toutes les certitudes qu’il avait tombent les unes après les autres. Il perd pied.

La force du film est de nous faire partager les interrogations de son personnage : la sollicitude bienveillante de sa femme ne serait-elle pas la marque d’un complot ourdi par ses proches ? En tant que spectateur, on oscille, ne sachant trop quoi penser, se raccrochant aux quelques branches que l’on veut bien nous tendre. « Nous n’existons que par le regard des autres » semble nous dire Emmanuel Carrère qui s’amuse à malmener notre esprit rationnel qui voudrait tant trouver une explication à tout cela. Il est certainement vain de chercher l’explication unique, imparable, elle n’existe pas forcément et ne serait de toutes façons que d’un intérêt secondaire.

(Arrêtez ici la lecture de ce billet si vous n’avez pas encore vu le film.)

La fin, si énigmatique, n’existe probablement que dans l’esprit de son personnage : il idéalise comment tout cela aurait dû se passer, ou comment il pourrait renouer avec sa vie, retomber sur ses pieds. Mais le plan final sur la carte postale à la dérive et surtout de Vincent Lindon qui ouvre les yeux est, hélas pour lui, sans équivoque…

Peu auparavant, comme dans un dernier moment de lucidité, il avait écrit à sa femme (sur la fameuse carte postale) : « Sans tes yeux, je ne vois rien ». Le lendemain, il va accomplir de façon répétitive un acte inutile pour lui (prendre le bac pour se rendre à Hong Kong) comme pour se trouver une place, se donner un rôle dans un monde qui n’est plus le sien. Sur la carte postale, il aurait pu tout aussi bien écrire : « Sans tes yeux, je ne suis rien » !
Note : 4 étoiles

Acteurs: Vincent Lindon, Emmanuelle Devos
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13 octobre 2006

« L’anniversaire » (2005) de Diane Kurys

AnniversaireElle :
(pas vu)

Lui :
Partant du thème ultra classique de la bande de copains qui se retrouve 20 ans plus tard, Diane Kurys ne développe pas suffisamment son scénario et se contente d’aligner poncifs sur poncifs. Les personnages n’ont aucune profondeur. Quelques scènes amusantes disséminées ici et là nous font rester jusqu’au bout mais le film ne dépasse pas le niveau de l’anecdote. Dommage.
Note : 1 étoiles

Acteurs: Lambert Wilson, Jean-Hughes Anglade, Michèle Laroque, Pierre Palmade
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