3 janvier 2008

Flandres (2006) de Bruno Dumont

FlandresElle :
Un film épuré, parfois cru et violent qui va au plus près de l’âme de ses personnages. Bruno Dumont nous plonge dans ses Flandres natales auprès d’une jeune fille et d’hommes qui s’apprêtent à partir à la guerre dans un pays lointain. Les paysages tristes et gris sont à l’image de ces personnages sans horizon qui ne parviennent pas à exprimer leurs sentiments d’amour entre eux. Les dialogues sont dépouillés. La caméra effleure les visages impassibles comme pour mieux observer ce qui se passe à l’intérieur d’eux. Les scènes de sexe sont crues car l’amour et la fusion des âmes n’y ont pas de place. La guerre va transformer ces hommes en guerriers tueurs violents et violeurs. C’est cette expérience qui va conduire progressivement le personnage principal vers l’expression de sa sensibilité et de son amour envers la jeune femme. Les acteurs non professionnels rendent le film authentique et bouleversant.
Note : 4 étoiles

Lui :
Flandres est un film vraiment étonnant qui nous fait suivre un jeune campagnard en nous le montrant tout d’abord dans son élément, accomplissant les travaux de sa ferme du nord de la France : un bloc de granit, incapable de communiquer ses sentiments. Il va se retrouver plongé dans un environnement de guerre, loin de chez lui, où il va découvrir ses horreurs, où il va faire et subir des actes presque bestiaux. Cette traversée de l’inhumain va faire ressurgir sa propre humanité. Filmé avec des acteurs non professionnels, Flandres est terriblement efficace, avec peu de dialogues mais une très forte présence. C’est un film d’une indéniable puissance.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Adélaïde Leroux, Samuel Boidin, Henri Cretel
Voir la fiche du film et la filmographie de Bruno Dumont sur le site imdb.com.

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30 décembre 2007

Mon nom est Tsotsi (2005) de Gavin Hood

Titre original : Tsotsi

Mon nom est TsotsiElle :
Les bidonvilles surpeuplés de Johannesburg, la misère, la délinquance pour survivre… Gavin Hood nous immerge brutalement dans le milieu des petits gangsters violents qui tuent pour quelques billets. L’itinéraire du chef de bande au regard dur va basculer suite au vol d’une voiture contenant un bébé. Celui-ci se retrouve projeté dans son enfance difficile en manque d’amour au contact du bébé et d’une femme qui le nourrit. Peu à peu, son regard sur le monde va s’adoucir, s’humaniser. Il va connaître de fortes émotions intérieures et briser sa carapace. Cette quête initiatique va le mener sur les chemins d’une renaissance très poignante. Le réalisateur ne joue pas sur les émotions inutiles ; il filme avec sobriété et recul cette rédemption bouleversante.
Note : 4 étoiles

Lui :
Tsotsi est un jeune de 19 ans qui vit dans un immense bidonville près de Johannesburg ; violent, il n’hésite pas à tuer pour voler. Un soir, il vole une voiture avec un bébé sur le siège arrière. Ce petit être sans défense va faire remonter sa propre enfance. Filmé assez simplement de façon très neutre, Mon nom est Tsotsi est un film qui a des côtés « documentaire », nous permettant d’imaginer quelle peut être la vie dans ce bidonville-ghetto mais il est plus que cela car le portrait qu’il nous dresse sait générer une émotion certaine en montrant les questionnements de ce gamin, une sorte de résurgence d’humanité dont il ne sait pas très bien que faire.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Presley Chweneyagae, Terry Pheto, Mothusi Magano
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29 décembre 2007

Je pense à vous (2006) de Pascal Bonitzer

Je pense à vousElle :
Cette comédie qui oscille entre le vaudeville, l’étude de moeurs et même le thriller met en scène principalement deux couples dans le milieu littéraire parisien. Une simple photo compromettante est le déclic qui enchaîne des chassés-croisés amoureux ou ravive des désirs de vengeance. Le scénario est original et bien construit. Sans être un grand film, on se laisse prendre au jeu des quiproquos.
Note : 3 étoiles

Lui :
Je pense à vous peut bien entendu n’être vu que comme un marivaudage très parisien et un peu vain, mais ce qui est intéressant (et aussi très amusant), c’est la façon dont Pascal Bonitzer joue avec les canons de ce type d’histoire, les chamboule, les retourne et fait rebondir sa trame qui semble partir dans tous les sens, comme un vaisseau sans contrôle. Je pense à vous tourne autour de cinq personnages qui sont parvenus à tisser des relations entre eux tellement complexes qu’un grain de sable (une simple photo) va avoir des conséquences démesurées. La jalousie est omniprésente et Bonitzer y saupoudre même une petite pincée névrotique pour pimenter le tout, flirtant avec les ambiances noires. Les situations se retournent en permanence et il est bien difficile de prévoir l’issue de chaque scène. Bonne prestation du quintet d’acteurs. L’ensemble donne une comédie très amusante où Pascal Bonitzer se moque assez copieusement de ses personnages.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Edouard Baer, Géraldine Pailhas, Marina de Van, Charles Berling, Hippolyte Girardot
Voir la fiche du film et la filmographie de Pascal Bonitzer sur le site imdb.com.

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24 décembre 2007

Manderlay (2005) de Lars von Trier

ManderlayElle :
(pas vu)

Lui :
Deuxième volet de la trilogie que Lars von Trier consacre à l’Amérique « Land of opportunity » (le premier étant Dogville et le troisième sera prochainement Wasington), Manderlay reprend le même principe totalement dénudé de mise en scène que Dogville : un sol peint avec l’emplacement des bâtiments et autres lieux de décors, le tout agrémenté de seulement quelques éléments de mobilier. Cette fois, Lars von Trier traite du pouvoir, de l’exploitation et de l’esclavage. Son héroïne Grace est une jeune oie blanche, assise sur ses certitudes issues du politiquement correct, qui désire instaurer de force un système basé sur la démocratie et la liberté au sein d’un petit domaine rural dans l’Alabama des années 30 (on peut faire aussi le parallèle avec l’Irak puisque la jeune Grace a quelques sbires armés à sa disposition pour imposer ses vues). Manderlay m’a paru beaucoup moins convaincant que Dogville, l’ensemble étant plus confus à mes yeux, avec une caméra à l’épaule plus pénible à supporter et surtout un contenu uniquement centré sur le discours un peu simplet de la jeune femme dont les certitudes ne seront sérieusement bousculées (dans un registre un peu surprenant d’ailleurs) que dans les 15 dernières minutes. Manderlay a beau soulever des problèmes tout aussi intéressants (sinon plus), il n’a pas, hélas, la richesse de développement de Dogville.
Note : 3 eacute;toiles

Acteurs: Bryce Dallas Howard, Isaach De Bankolé, Danny Glover, Willem Dafoe, Lauren Bacall
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23 décembre 2007

Scoop (2006) de Woody Allen

ScoopElle :
Ce nouveau volet londonien certes parfaitement mis en scène n’a hélas pas la saveur et la richesse de Match Point sur le plan du scénario. Aux côtés de l’étourdissante Scarlett Johansson, Woody Allen signe son retour à l’écran dans cette comédie policière légère. Il a tendance à faire de la surenchère dans son jeu ; cela en devient agaçant. Je le préfère derrière la caméra maintenant.
Note : 2 étoiles

Lui :
Scoop permet à Woody Allen de revenir sur le terrain de la comédie avec cette enquête d’une jeune journaliste sur un beau et jeune Lord qu’elle soupçonne d’être un tueur en série. La mise en place est particulièrement réussie, sur une idée vraiment amusante (la barque de la mort, le numéro du magicien, etc…) et l’on se réjouit d’avance de la suite. Hélas, celle-ci se révèle un peu moins relevée qu’attendu. Il n’en reste pas moins que Woody Allen a un bon sens du rythme et qu’il peut nous gratifier de quelques répliques dont il a le secret ; il charge parfois un peu trop son personnage comme trop souvent dans ses films récents. A l’instar de son personnage dans le film, Woody donne l’impression de vouloir prendre sous son aile Scarlett Johansson qui, il faut bien le reconnaître, n’a pas ici une présence folle. Scoop est un film mineur, certes, mais cela reste un Woody Allen et donc vaut la peine d’être vu…
Note : 3 étoiles

Acteurs: Scarlett Johansson, Hugh Jackman, Woody Allen, Ian McShane
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20 décembre 2007

Les fragments d’Antonin (2006) de Gabriel Le Bomin

Les fragments d'AntoninElle :
Spécialiste des documentaires sur les traumatismes de guerre, Gabriel Le Bomin livre sa vision toute personnelle de la guerre dans ce premier film émouvant et authentique. Il préfère se pencher sur les blessures intérieures invisibles qui marquent à jamais la vie de ces soldats plutôt que sur les blessures extérieures. C’est à travers le regard d’Antonin, atteint d’un grand choc traumatique qui le secoue de tremblements, que l’on va revivre les fragments de sa vie éclatée et reconstituer son parcours. Dans une ambiance sonore un peu irréelle, le réalisateur choisit la sobriété. Pas d’effets inutiles, des décors couleur de cendre, des dialogues réduits au strict nécessaire, des scènes dans les tranchées à hauteur d’homme et des acteurs qui jouent en subtilité et retenue. Il se concentre sur les regards, les gros plans de visages, les silences, le toucher des mains pour reconstruire le terrible puzzle de ce soldat traumatisé.
Note : 4 étoiles

Lui :
Les fragments d’Antonin est le premier long métrage de Gabriel Le Bomin, auteur de plusieurs documentaires sur les traumatismes de la guerre qui lui avaient fait découvrir que « la guerre ne provoquait pas seulement des blessures corporelles, mais aussi des blessures de l’âme, qui ne se voient pas et dont on ne parle pas ». Antonin est un soldat que la fin de la guerre de 14-18 laisse profondément traumatisé. Le docteur qui le soigne cherche à lui faire revivre certains moments pour l’en libérer. Gabriel Le Bomin trouve le ton juste, un ton assez original, sobre, sans paroles inutiles, sans esbroufe, sans en faire un spectacle. Il ne porte pas d’accusations, ni de jugement ; il témoigne, ce qui est déjà beaucoup. Mais son témoignage est finalement terriblement efficace.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Grégori Derangère, Anouk Grinberg, Aurélien Recoing, Niels Arestrup
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19 décembre 2007

Dans Paris (2006) de Christophe Honoré

Dans ParisElle :
Dans Paris a pour ambition de retrouver le ton des films de la Nouvelle Vague. Je ne l’ai pas senti en ce qui me concerne, il manque le style, la fraîcheur, l’inventivité des années 60 et surtout le contenu. Pour ne rien arranger, la qualité sonore est loin d’être parfaite : dans la première partie, les dialogues sont à peine compréhensibles. (Abandon)
Note : pas d'étoiles

Lui :
Dans Paris nous dresse le portrait d’une famille sans aucune communication et plus particulièrement celui de deux frères. L’un des deux est totalement anéanti par une histoire d’amour malheureuse (exposée dans les 20 premières minutes) pendant que l’autre entame une virée à pied dans Paris où il fera plusieurs rencontres. Dans de nombreuses scènes, Christophe Honoré s’inspire ostensiblement de la Nouvelle Vague, à commencer par Godard et Truffaut, et le ton général est assez libre presque improvisé, Dans Paris ayant visiblement été tourné assez prestement. Si la démarche de faire ainsi des films plutôt atypiques me séduit assez, le film m’a hélas assez franchement ennuyé, tout cela est assez vide, le film est à l’image du personnage interprété par Romain Duris…. A mes yeux, Dans Paris est surtout un exercice de style.
Note : 1 étoiles

Acteurs: Romain Duris, Louis Garrel, Joana Preiss, Guy Marchand, Marie-France Pisier
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17 décembre 2007

La Californie (2006) de Jacques Fieschi

La CalifornieElle :
Adapté d’un roman de Simenon, ce film sur l’univers d’une petite bande de oisifs qui vivent aux crochets d’une femme sur la Côte d’azur est assez inégal, voire franchement ennuyeux. Certes, il y a un ton, Jacques Fieschi a d’ailleurs travaillé avec Claude Sautet, il utilise ici d’excellents acteurs à contre-emploi comme Nathalie Baye ou Roschdy Zem et mais cela ne suffit pas pour maintenir l’intérêt.
Note : 2 étoiles

Lui :
Premier film de Jacques Fieschi, scénariste entre autres de films de Sautet et de Nicole Garcia, La Californie est un film assez personnel dans lequel il parvient à parfaitement recréer le monde artificiel qu’une femme fortunée s’est bâti comme un rempart contre la vacuité de son existence (La Californie est le nom d’un quartier de Cannes). Elle s’est entourée d’un petit groupe hétéroclite et déraciné qui mène une vie frivole et inutile. Nathalie Baye interprète magnifiquement ce rôle très légèrement décalé par rapport à son image. Roschdy Zem, presque méconnaissable, montre une fois de plus son grand talent en personnifiant un serbe viril extrêmement convaincant, on a vraiment l’impression qu’il a parlé serbe toute sa vie ; il donne une très grande dimension à son personnage. La Californie tient surtout sur la performance de ces deux acteurs, il faut bien l’avouer, mais le film reste assez intéressant pour son étude de mœurs.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Nathalie Baye, Roschdy Zem, Ludivine Sagnier, Mylène Demongeot, Radivoje Bukvic
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16 décembre 2007

Burt Munro (2005) de Roger Donaldson

Titre original : « The World’s Fastest Indian »

Burt MunroElle :
Bien que le film ne soit pas dépourvu de tendresse grâce à la performance d’Anthony Hopkins qui joue le rôle d’un papy rêvant de battre le record du monde en moto aux Etats-Unis, l’ensemble reste beaucoup trop gentillet et académique pour maintenir mon intérêt.
Note : pas d'étoiles

Lui :
Burt Munro, c’est le nom du néo-zélandais passionné de moto qui battit le record de vitesse alors qu’il avait plus de 60 ans. Roger Donaldson utilise son côté de gentil papy original et excentrique pour former un film en forme de road-movie attendrissant. Par certains côtés, Burt Munro peut faire penser à Une histoire vraie de Lynch mais sans en avoir la richesse d’émotions ni la perfection dans la réalisation. Anthony Hopkins délaisse pour une fois les personnages de dangereux psychopathe auxquels il semble abonné à vie. L’ensemble est hélas trop convenu, extrêmement prévisible et, dès lors, l’émotion a du mal à naître.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Anthony Hopkins, Graig Hall
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13 décembre 2007

Le pressentiment (2006) de Jean-Pierre Darroussin

Le pressentimentElle :
Ce premier film de Jean-Pierre Darroussin adapté d’un roman d’Emmanuel Bove est une jolie surprise pleine de poésie, de fantaisie mais aussi de mélancolie. Cet avocat en pleine recherche sur lui-même, rejette le milieu bourgeois d’où il est sorti et s’installe dans les quartiers populaires du vieux Paris. Darroussin campe ce personnage déphasé et en retraite spirituelle avec retenue. Il observe ce petit monde placidement de façon intériorisée. Il ouvre son appartement aux gens simples et en difficulté ; il donne de sa personne pour soulager la peine. Il couche sur le papier ses observations pour redonner un sens à sa vie, une vie que Jean-Pierre Darroussin fait vaciller avec intensité et émotion dans la dernière partie du film.
Note : 3 étoiles

Lui :
Un avocat qui renonce à une vie qu’il juge trop confortable pour aller vivre dans un quartier populaire et écrire des poèmes, telle est la trame de Le Pressentiment, le premier long métrage de cet excellent acteur Jean-Pierre Darroussin. Cette sorte de retraite spirituelle pour retrouver des fondamentaux en lui sera un peu bousculée par son entourage immédiat et le personnage principal, joué par Darroussin lui-même, semble traverser les évènements sans jamais les pénétrer. Le Pressentiment parvient bien à créer ce personnage en proie à tant de questionnements et la mise en scène, sobre et discrète, n’est pas étrangère à cette réussite. On peut regretter toutefois un certain essoufflement en milieu de film qui ne se retrouve relancé que dans la toute fin. Le Pressentiment est néanmoins un film bien sympathique et qui incite à espérer que Darroussin poursuive dans cette voie.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Jean-Pierre Darroussin, Valérie Stroh, Amandine Jannin, Hippolyte Girardot
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