7 mars 2010

Le temps d’un été (2007) de Lajos Koltai

Titre original : « Evening »

EveningElle :
Des choses touchantes mais aussi des choses plutôt convenues. Adapté d’un roman de Susan Minot, le film vaut davantage pour ces histoires de femmes qui se racontent, en douceur et avec subtilité, leurs doutes et regrets. Dans les derniers jours de sa vie, Ann, interprétée de façon très sensible par Vanessa Redgrave, se souvient et révèle à ses deux filles la perte d’un amour de jeunesse très intense : culpabilité, remords et regrets d’une autre vie moins rangée et plus passionnante. A cette époque, il ne faisait pas bon de s’affranchir des normes sociales. Elle tente de faire la paix en elle car elle se sent responsable de ce qui n’a pas pu avoir lieu. En revanche, on n’échappe pas aux clichés sur les bons sentiments et à une mise en scène un peu factice.
Note : 3 étoiles

Lui :
Le temps d’un été est l’adaptation d’un roman de Susan Minot qui a co-signé le scénario avec Michael Cunningham (l’auteur du roman « Les heures »). Alors qu’elle est sur le point de mourir, Ann dévoile à ses deux filles un épisode lointain de sa vie amoureuse. Elle revit ces moments et les regarde d’un œil nouveau. L’histoire ainsi présentée peut donner l’impression d’être conventionnelle et effectivement le film n’échappe à certains clichés. Cependant il se révèle un peu plus profond qu’attendu en abordant la question « fait-on vraiment des erreurs dans sa vie? » et surtout montre une belle délicatesse, porté par une interprétation féminine hors-pair avec un très beau trio d’actrices : Claire Danes, Toni Collette et Vanessa Redgrave. Le temps d’un été n’est jamais sorti en salles en France, il est sorti directement en vidéo.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Claire Danes, Toni Collette, Vanessa Redgrave, Patrick Wilson, Hugh Dancy, Natasha Richardson, Mamie Gummer, Meryl Streep, Glenn Close
Voir la fiche du film et la filmographie de Lajos Koltai sur le site IMDB.

Remarques :
Mamie Gummer est parfaite pour interpréter le personnage de Meryl Streep jeune : Mamie Gummer est en effet la fille de Meryl Streep.
De son côté, Natasha Richardson était parfaite pour interpréter la fille de Vanessa Redgrave puisque c’est effectivement sa fille. Natasha Richardson est hélas morte prématurément en 2009.

6 mars 2010

Musée haut, musée bas (2008) de Jean-Michel Ribes

Musée haut, musée basLui :
Adaptation cinématographique d’une pièce écrite par Jean-Michel Ribes, Musée haut, musée bas est un ensemble de petites saynètes humoristiques se situant dans un grand musée imaginaire. L’humour joue sur l’ignorance des visiteurs, les difficultés d’orientation, la fatigue, le décalage et l’incongruité de certaines discussions, etc… Le nombre d’acteurs connus est phénoménal, si important que cela donne une vague impression de fourre-tout (120 rôles auraient ainsi été distribués). L’ensemble est franchement très inégal, il y a bien de bons moments et de belles trouvailles d’humour mais ils sont trop rares.
Note : 1 étoile

Acteurs: Victoria Abril, Pierre Arditi, Josiane Balasko, Dominique Besnehard, Michel Blanc, Isabelle Carré, Eva Darlan, André Dussollier, Julie Ferrier, Samir Guesmi, Gérard Jugnot, Valérie Lemercier, Micha Lescot, Fabrice Luchini, Valérie Mairesse, Yolande Moreau, François Morel, Chantal Neuwirth, Dominique Pinon, Micheline Presle, Daniel Prévost
Voir la fiche du film et la filmographie de Jean-Michel Ribes sur le site IMDB.

5 mars 2010

Intrusions (2008) de Emmanuel Bourdieu

IntrusionsLui :
Sur un fond de double triangle amoureux, Intrusions est un film qui joue sur l’étrangeté des rapports, chacun s’efforçant ici d’exercer une pression sur l’autre. Suspense psychologique, le film semble partir dans plusieurs directions sans que l’une d’entre elles convainque vraiment. Beaucoup trop d’aspects de cette histoire ou de réactions des personnages paraissent improbables. Peu avant la fin, le film vire soudainement dans un style qui rappelle quelque peu Bunuel ; ce qui parait tout d’abord prometteur tourne court, hélas. Natacha Régnier fait une très belle performance dans son rôle de jeune femme un peu rigide et froide, assez complexe. Intrusions la met superbement en valeur. Denis Podalydès en revanche joue certainement un peu trop sur le côté éteint de son personnage, il semble presque absent.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Natacha Régnier, Denis Podalydès, Amira Casar, Jacques Weber, Françoise Gillard
Voir la fiche du film sur le site IMDB.

Voir les autres films de Emmanuel Bourdieu chroniqués sur ce blog…

Homonyme :
Intrusion (The astronaut’s wife) de Rand Ravich (1999) avec Johnny Depp et Charlize Theron

2 mars 2010

Slumdog Millionaire (2008) de Danny Boyle et Loveleen Tandan

Slumdog MillionaireElle :
Un film à la mise en scène très énergique qui a le mérite de montrer le vrai visage de l’Inde. Il nous plonge brutalement dans la réalité d’une Inde déshéritée avec ses gamins abandonnés, livrés à eux même et à l’appétit de gangs assez sordides. Danny Boyle utilise une caméra spéciale très fluide et mobile pour parvenir à se fondre dans la foule colorée sans se faire remarquer. Le montage est nerveux et complexe; les scènes de rue ou celles surplombant la ville avec ses bidonvilles sont très impressionnantes. Le prétexte de ce jeu télévisé pour faire découvrir une autre Inde par l’intermédiaire de ce jeune concurrent qui a déjà tout vécu de la vie est plutôt une bonne idée de construction car il permet de peindre d’autant plus crûment le décalage entre la société technologique qui avance à grand pas et ces milliers de miséreux qui hantent la ville dans les tas d’ordures. La fin du film, à la manière Bollywood, parait déplacée. Elle semble un peu facilement tirer un trait sur les malheurs et injustices.
Note : 4 étoiles

Lui :
Adaptation d’un roman indien de Vikas Swarup, Slumdog Millionaire (littéralement « le ramassis des bas-quartiers millionnaire ») raconte l’histoire terrible d’un enfant qui, abandonné à lui-même dans les taudis, finira par gagner plusieurs millions à un jeu télévisé. C’est un film à deux faces : un conte de fée et un drame social. La construction, assez originale, entremêle les deux. Sur la forme, Slumdog Millionaire surprend vraiment par son rythme souvent effréné et ses scènes de foules. Danny Boyle a utilisé des nouvelles caméras digitales très petites qui lui ont permis de filmer en décors réels sans trop être remarqué et d’avoir une mobilité extrême de la caméra. Le résultat est assez différent du classique caméra à l’épaule, moins nauséeux mais engendrant souvent des cadrages approximatifs. Danny Boyle abuse des effets, mais heureusement cela ne dure jamais trop longtemps. Jouant beaucoup sur une courte profondeur de champ, l’image est assez belle, ce qui crée un décalage avec l’histoire qui, elle, est très dure et assez violente. Le côté « conte de fée », bien que totalement improbable, fait passer les aspects, parfois quasi insoutenables, de la réalité et le film est globalement positif, s’achevant même de façon un peu béate… Cinématographiquement, le film est indéniablement une réussite même si on peut être un peu plus réservé sur le fond.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Dev Patel, Anil Kapoor, Rajendranath Zutshi, Freida Pinto, Madhur Mittal
Voir la fiche du film et la filmographie de Danny Boyle sur le site imdb.com.

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25 février 2010

Soit je meurs, soit je vais mieux (2008) de Laurence Ferreira Barbosa

Soit je meurs, soit je vais mieuxElle :
Note : 1 étoile

Lui :
Un adolescent et sa mère doivent déménager après le départ du père. Le jeune garçon a du mal à trouver ses repères dans sa nouvelle école. Il est attiré par deux sœurs jumelles au comportement assez mystérieux. Il est un peu difficile de cerner les intentions de Laurence Ferreira Barbosa. La relation entre cet adolescent et sa mère fantasque est assez conventionnelle, le trio formé avec les deux jumelles n’est guère crédible, le film passant (on le suppose, volontairement) la limite pour aller dans le domaine du fantasme. Peut-être s’agit-il tout simplement d’un film sur l’adolescence. Toujours est-il qu’après une mise en place des personnages plutôt bien faite, nous nous sommes hélas désintéressés du sujet.
Note : 1 étoile

Acteurs: Florence Thomassin, François Civil, Marine Barbosa, Carine Barbosa, Emile Berling
Voir la fiche du film et la filmographie de Laurence Ferreira Barbosa sur le site IMDB.

24 février 2010

Ulzhan (2007) de Volker Schlöndorff

UlzhanLui :
Un français arrive au Kazakhstan. Lorsque sa voiture tombe en panne d’essence peu après, il continue à pied. Dans une sorte de fuite en avant, cet homme calme et obstiné poursuit son chemin « vers l’est » pour des raisons que l’on découvrira peu à peu… Sur un scénario écrit par Jean-Claude Carrière, Volker Schlöndorff nous met en images un voyage d’introspection dans un pays quasi-désertique qui porte encore les cicatrices de son passé (les goulags en ruines, les zones interdites où eurent lieu les essais nucléaires soviétiques) et qui se voit sur-exploité aujourd’hui (les compagnies pétrolières, la Mer d’Aral asséchée). Philippe Torreton était indéniablement l’acteur parfait pour ce rôle d’homme têtu, renfermé, mû par une volonté autant immuable que mystérieuse. Face à lui, la jeune Ulzhan est tout aussi obstinée mais dotée d’une grande soif de vie. Le troisième personnage principal, le vendeur de mots, serait directement inspiré par un personnage du Mahâbhârata, livre sacré de l’Inde. On se laisse peu à peu gagner par l’atmosphère de ce film, entre méditation, géopolitique et ethnologie.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Philippe Torreton, Ayanat Ksenbai, David Bennent
Voir la fiche du film et la filmographie de Volker Schlöndorff sur le site IMDB.

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Détail étonnant :
Shakuni, le vendeur de mots, est interprété par David Bennett, le même acteur qui, presque 30 ans plus tôt, jouait le jeune garçon dans Le Tambour, l’un des films les plus marquants de Volker Schlöndorff.

23 février 2010

Two Lovers (2008) de James Gray

Two LoversElle :
Two lovers est un film magnifique tant pour sa beauté visuelle qu’émotionnelle. C’est un film d’une grande intensité sur la façon d’aimer ; soit on choisit son destin, soit on se le laisse imposer un schéma par sa famille sécurisante. Léonard hésite entre Sandra, une femme rassurante et aimante et Michelle, une femme imprévisible et éblouissante. La vie toute tracée et l’amour sage ou le risque accompagné de la fulgurance de l’amour. Les ambiances nocturnes sont sublimes, les déambulations dans New York sont presque déchirantes. Joaquin Phoenix impose la forte présence d’un homme chez qui tout peut basculer. Gwyneth Paltrow et Vinessa Shaw sont également émouvantes. L’amour et la tendresse filtrent de l’image à chaque plan.
Note : 5 étoiles

Lui :
Revenu vivre chez ses parents après une rupture douloureuse, Leonard va devoir choisir entre un amour raisonnable et une passion plus instable. Avec Two Lovers, James Gray délaisse (enfin) le monde de la Mafia pour nous livrer un mélodrame sentimental de toute beauté. Ses personnages ont une telle profondeur, il y a tant d’intensité dans cette histoire d’amour à plusieurs facettes que le film ne semble jamais nous lâcher ; aucun temps mort, aucune scène ne paraît plus faible qu’une autre. Joaquim Phoenix livre une interprétation très riche, empreinte d’une forte sensibilité. Gwyneth Paltrow, que l’on a l’habitude de voir dans rôles plus futiles, est à la fois resplendissante et tourmentée. La photographie est très belle, James Gray montre tout son talent dans les scènes de nuit à New York, de superbes images mise en parfaite harmonie avec la musique, et aussi dans les scènes d’intérieur, souvent en demie pénombre, focalisant notre attention par un subtil jeu de lumières. Que ce soit sur le contenu ou sur la forme, Two Lovers est vraiment du grand cinéma.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Joaquin Phoenix, Gwyneth Paltrow, Vinessa Shaw, Moni Moshonov, Isabella Rossellini, Bob Ari
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20 février 2010

Dorothy (2008) de Agnès Merlet

Titre anglais : « Dorothy Mills »

DorothyLui :
Agnès Merlet est une réalisatrice qui ne tourne que très peu. Après son remarqué premier long métrage Le Fils du Requin, elle a mis cinq ans pour écrire et tourner Artemisia et dix ans pour Dorothy. Elle aborde une fois de plus un genre bien différent puisqu’il s’agit ici d’un thriller surnaturel et psychologique centré sur une adolescente au comportement étrange (les distributeurs le présentent comme « une version moderne de l’Exorciste »…) L’histoire prend place sur une île isolée irlandaise et Agnès Merlet l’a tournée en anglais. Le climat est étrange et nous met particulièrement mal à l’aise. L’histoire n’échappe pas à certaines conventions du genre, jouant certainement un peu trop avec l’obscurantisme de cette petite communauté. Dorothy est remarquablement interprétée par la jeune Jenn Murray qui réussit à donner une vraie dimension à son personnage multi-facettes.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Carice van Houten, Jenn Murray, David Wilmot, Ger Ryan
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19 février 2010

Le premier jour du reste de ta vie (2008) de Rémi Bezançon

Le premier jour du reste de ta vieElle :
Une chronique familiale pleine de tendresse autour de trois enfants, leurs parents et le grand-père. Elle évoque les problèmes du lien familial et de la transmission entre les générations. Elle s’égrène en plusieurs tableaux montrant certains des moments importants de leur vie: l’adolescence, l’amour, les ruptures, le mariage, la vieillesse et la mort. On peut reprocher quelques clichés et un scénario qui s’étiole peu à peu.
Note : 3 étoiles

Lui :
Le premier jour du reste de ta vie est une chronique familiale évoquant l’évolution d’une famille, deux parents et trois enfants, sur une quinzaine d’années. Les enfants grandissent… Le scénario ne parvient pas à éviter les conventions et les clichés, les personnages sont typés et nous avons le quota réglementaire de conflits, de fragilités, de joies et de tragédies. Le film parvient toutefois à trouver un bon équilibre grâce à un excellent jeu d’acteurs, Jacques Gamblin et Zabou Breitman en tête, et grâce à une certaine sensibilité de la part de Rémi Bezançon dont c’est ici le second long métrage.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Jacques Gamblin, Zabou Breitman, Déborah François, Marc-André Grondin, Pio Marmaï, Roger Dumas
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10 février 2010

Entre les murs (2008) de Laurent Cantet

Entre les mursElle :
Un très bon film admirablement bien interprété et senti. Nous sommes immergés de façon crédible dans la réalité scolaire d’un établissement difficile où le langage devient une arme pour faire passer les idées et le sensible. D’un côté, des adolescents aux ethnies mélangées qui doutent d’eux-mêmes et ne maîtrisent pas bien la langue française et de l’autre, des professeurs qui tentent de nouer le contact, d’élever les âmes et de valoriser. Dans le regard de Laurent Cantet, on sent de la tendresse et du respect pour les deux parties. C’est une partie d’échecs complexe qui se joue sur le fil du rasoir. Chacun avance ses pions à l’aide des mots et des registres de langage différents. Il suffit d’un grain de sable pour que la pyramide du savoir patiemment échafaudée, s’écroule d’un seul coup.
Note : 5 étoiles

Lui :
Dans une classe de 4e d’un collège parisien réputé difficile, un professeur de français s’applique à établir un dialogue avec ses élèves pour faire passer son enseignement. Entre les Murs est l’adaptation d’un roman de François Bégaudeau qui joue ici son propre rôle. Le film de Laurent Cantet parvient à nous intéresser sur un sujet peu facile, il montre les choses sans forcer le trait, sans dramatiser à outrance et c’est ce qui fait sa force. Il souligne l’étroitesse de la marge d’erreur dans une voie qui met en avant le dialogue, les inévitables faux-pas entraînant obligatoirement un repli sur un arsenal plus lourd. Entre les murs est parfaitement interprété, que ce soit par le professeur ou par les jeunes élèves. Un film tout en retenue et très réussi.
Note : 4 étoiles

Acteurs: François Bégaudeau
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