16 octobre 2010

Public enemies (2009) de Michael Mann

Public EnemiesLui :
Reconstitution de la vie du gangster des années trente John Dillinger, Public Enemies a pour principal atout le couple d’acteurs vedettes qui a construit le rayonnement du film. On ne peut pas dire que le film soit déplaisant mais il n’est pas très intéressant non plus : il est plutôt long, assez répétitif, un peu trop appuyé parfois. On pourra apprécier la qualité de la reconstitution et la virtuosité de la réalisation mais le scénario parait tout de même un peu maigre. Il se contente de faire ressembler le traqueur et sa proie, principe guère nouveau mais toujours efficace. Le côté Robin des Bois de Dillinger est peu développé et le film finit par être une suite de fusillades, évasions, fusillades, …
Note : 2 étoiles

Acteurs: Johnny Depp, Marion Cotillard, Christian Bale, Channing Tatum, Jason Clarke
Voir la fiche du film et la filmographie de Michael Mann sur le site IMDB.
Voir les autres films de Michael Mann chroniqués sur ce blog…

Remarques :
Le film Manhattan Melodrama (L’ennemi public n°1) de W.S. Van Dyke (1934) avec Clark Gable, William Powell et Mirna Loy est effectivement le film qu’est allé voir Dillinger juste avant de mourir. Le film est devenu célèbre pour ce fait. Ceci dit, contrairement à ce que laisse croire Public Enemies, il s’agit plutôt d’un mélodrame que d’un film de gangster : le titre original est donc plus représentatif que le titre français (ne pas confondre avec L’ennemi Public, le film de Wellman avec James Cagney), titre qui fut plaqué par la suite. Le titre à sa sortie en France était en effet Un drame à Manhattan.

Autres films sur la vie de Dillinger :
Dillinger, l’ennemi public n°1 (Dillinger) de Max Nosseck (1945) avec Lawrence Tierney.
L’ennemi public (Baby Face Nelson) de Don Siegel (1957) avec Mickey Rooney (film sur la vie de son comparse Baby Face Nelson)
Young Dillinger (1965) de Terry O. Morse avec Nick Adams
Dillinger (1973) de John Milius avec Warren Oates et Michelle Phillips
Du rouge pour un truand (The Lady in red) de Lewis Teague (1979) avec Robert Conrad
Dillinger and Capone (1995) de Jon Purdy avec Martin Sheen

… et, bien que n’ayant rien à voir avec la vie de Dillinger, on peut penser aussi à
Dillinger est mort (1969) de Marco Ferreri avec Michel Piccoli (Piccoli trouve un pistolet enveloppé dans un journal de 1934 annonçant la mort de Dillinger…)

13 octobre 2010

Jeux de pouvoir (2009) de Kevin Macdonald

Titre original : « State of Play »

Jeux de pouvoirLui :
Adaptation américaine d’une mini-série TV anglaise d’excellente réputation, Jeux de Pouvoir nous plonge dans une enquête politico-criminelle impliquant des membres du Congrès : conflits d’intérêt, juteux contrats militaires, meurtres… Deux journalistes d’investigation, un vieux routard et une jeune recrue, vont s’atteler à démêler l’écheveau, non sans prendre des risques personnels réels. Bien entendu, on pense inévitablement aux Hommes du Président, modèle du genre, on y pense d’autant plus que les allusions et clins d’œil au film de Pakula se multiplient. Si le film suit les conventions du thriller hollywoodien, l’histoire se révèle être assez prenante, exploitant bien l’amitié entre les deux principaux protagonistes. Hélas, le dénouement fait s’envoler toute la crédibilité accumulée pendant les 100 premières minutes : rebondissements et coups de théâtre s’y bousculent de façon presque ridicule. Jeux de Pouvoir reste plaisant à regarder et constitue un bel hommage au journalisme d’investigation. Russell Crowe (avec ses kilos en trop) insuffle un joli mélange de bonhomie et de pugnacité dans sa recherche de la vérité.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Russell Crowe, Ben Affleck, Rachel McAdams, Helen Mirren, Robin Wright
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Série TV anglaise :
State of Play (2003), série de 6 épisodes de 55 minutes sur un scénario de l’anglais Paul Abbott. La série a été diffusée sur BBC 1.

3 octobre 2010

Inglourious Basterds (2009) de Quentin Tarantino

Inglourious BasterdsLui :
Inglourious Basterds est une variation sur l’histoire de la Seconde Guerre Mondiale, sorte de réalité alternative où la vraisemblance n’est pas de mise. C’est avant tout le spectacle, et la création d’images fortes, qui est recherché. C’est surtout long et verbeux… Par rapport à ses films précédents, Inglourious Basterds pêche vraiment par son rythme, ici particulièrement poussif. Les interminables dialogues, le plus souvent sur le principe du jeu du chat et de la souris, n’ont aucun intérêt, ni même aucune tension car l’issue est trop évidente. On s’ennuie ferme. Et, bien entendu (mais cela était prévisible), il ne faut pas trop s’arrêter à l’idéologie embarquée sur la justification de la violence… Le plus mauvais Tarantino à ce jour.
Note : 1 étoile

Acteurs: Brad Pitt, Mélanie Laurent, Christoph Waltz, Eli Roth, Michael Fassbender, Diane Kruger, Daniel Brühl, Til Schweiger
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27 septembre 2010

Rachel se marie (2008) de Jonathan Demme

Titre original : « Rachel getting married »

Rachel se marieLui :
Kym sort d’une cure de désintoxication pour assister au mariage de sa sœur. Fragile et en quête de pardon, elle va faire ressurgir des tensions et des conflits enfouis tout en tentant de trouver un nouvel équilibre. Certes, Rachel se marrie comporte quelques scènes assez fortes mais elles sont totalement noyées. Jonathan Demme a voulu donner à son film un air de « film de famille » et pour cela il a tourné en vidéo avec tremblements et cadrages approximatifs inclus. Nous avons droit au déroulement complet du mariage avec préparatifs, un concours de rangement de lave-vaisselle (si!), tous les discours et l’inévitable guinche de fin de soirée. De cet océan de scènes aussi interminables qu’inintéressantes émergent quelques moments intenses, tous à mettre à l’actif d’Anne Hathaway qui met beaucoup de sensibilité dans son jeu.
Note : 1 étoile

Acteurs: Anne Hathaway, Rosemarie DeWitt, Bill Irwin, Mather Zickel
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Remarques :
L’histoire originale a été écrite par Jenny Lumet, la fille de Sidney Lumet. Une grande partie est improvisé, toutefois.

25 septembre 2010

Australia (2008) de Baz Luhrmann

AustraliaLui :
Une aristocrate anglaise part en Australie pour vendre sa propriété qu’elle trouve au bord de la ruine. Avec l’aide d’un cow-boy au cœur noble et d’un enfant aborigène, elle va la remettre sur pied. Australia est de toute évidence un film ambitieux, rien que son titre le montre. Baz Luhrmann a voulu traiter divers aspects de l’histoire et des caractères de son pays tout en créant un grand spectacle. Le film a beau être bardé de bonnes intentions (1), il devient rapidement ennuyeux par manque d’originalité et de scénario. Les personnages sont très typés, l’ensemble est très hollywoodien. Nicole Kidman est ici dans l’un de ses rôles décoratifs : seule sa plastique est utilisée (fort bien d’ailleurs…), et aussi sa présence certes, mais ses talents d’actrice sont très largement sous-employés.
Note : 1 étoile

Acteurs: Nicole Kidman, Hugh Jackman, David Wenham, Brandon Walters
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(1) Pour bien comprendre la réalité des « générations volées » (enfants métis aborigènes enlevés à leur famille pour être enfermés et éduqués à l’occidentale), il est préférable de regarder le film de Phillip Noyce Le chemin de la Liberté (Rabbit-proof fence).

Homonyme :
Australia de Jean-Jacques Adrien (1989) avec Fanny Ardant et Jeremy Irons.

22 septembre 2010

Quatre nuits avec Anna (2008) de Jerzy Skolimowski

Titre original : « Cztery noce z Anna »

Quatre nuits avec AnnaLui :
Après 17 ans d’interruption, le réalisateur polonais Jerzy Skolimowski revient avec un film qu’il tourne dans son pays natal. Dans une petite bourgade rurale de Pologne, un homme qui vit seul avec sa grand-mère est fasciné par sa voisine… Dès le début du film, Skolimowski cultive l’ambiguïté, nous intrigue, nous entraîne sur des fausses pistes (1). Il crée une atmosphère étrange, où l’on ne se sent pas bien à l’aise, mais peu à peu nous commençons à comprendre le comportement de son personnage principal. Le réalisateur a fait lui-même le rapprochement entre son personnage et l’âne d’Au Hasard Balthazar de Bresson, c’est-à-dire un être mêlant simplicité d’esprit et une grande innocence. Quatre Nuits avec Anna n’est pas vraiment un film sombre, c’est le portrait d’un être solitaire qui subit le monde qui l’entoure sans pouvoir y prendre part.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Artur Steranko, Kinga Preis
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(1) Une fois de plus, il est important de ne pas lire auparavant certaines critiques de films (ou pire encore, les synopsis de films) qui ne peuvent s’empêcher de tout dévoiler.

21 septembre 2010

Tokyo! (2008) de Michel Gondry, Leos Carax et Joon-ho Bong

Tokyo!Lui :
De ces trois courts-métrages sur la mégapole de Tokyo, c’est sans aucun doute celui de Leos Carax qui est la plus marquant : un laideron humain qui semble avoir jailli des entrailles de la terre sème la panique et la mort dans les rues de Tokyo en courant comme un dératé. Les médias le surnomment « la créature des égouts ». Leos Carax crée un personnage assez étonnant, sorte de croisement entre Nosferatu et Quasimodo, au langage et au comportement incompréhensif, un être totalement déplacé. Avant cela, Michel Gondry met en scène un jeune couple qui tente de s’installer à Tokyo. Le thème est celui de la difficulté de s’insérer, l’histoire se recentrant essentiellement sur la jeune femme qui opère une métamorphose inattendue, d’abord fantastique mais qui devient poétique. Le dernier court-métrage, celui du coréen Bong Joon-ho, aborde le même sujet sous angle totalement différent : un « hikikomori », c’est-à-dire un jeune qui vit cloîtré chez lui avec le minimum de contact avec l’extérieur, va voir sa vie chamboulée lorsqu’une jeune livreuse de pizza s’évanouit à sa porte lors d’un tremblement de terre. Cette fable traite de façon amusante de l’incommunicabilité.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Ayako Fujitani, Ryo Kase, Denis Lavant, Jean-François Balmer, Teruyuki Kagawa, Yû Aoi
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Les trois courts-métrages qui composent Tokyo! :
Interior Design de Michel Gondry
Merde de Leos Carax
Shaking Tokyo de Bong Joon-ho

7 septembre 2010

De la guerre (2008) de Bertrand Bonello

De la guerreLui :
En mal d’inspiration, un cinéaste (qui serait un alter ego de Bertrand Bonello) est à la recherche de sensations nouvelles. Déprimé, il se laisse entraîner par un inconnu dans une propriété où un petit groupe tente d’atteindre le plaisir et un certain absolu. De la Guerre nous fait vivre cette expérience. Après la mise en place plutôt bien faite d’une atmosphère assez prenante, instable et fragile, le film s’empêtre quelque peu et nous livre un salmigondis de pratiques diverses : retour à l’animalité, zen, transe, vaudou, amour libre, isolement, privations,… tout y passe, le tout saupoudré de vagues références et d’une allégorie guerrière qui vaut son titre au film (interprétation au premier degré d’un axiome qui voudrait que « le plaisir doit se gagner comme on gagne une guerre »). Le seul qui semble s’amuser dans l’histoire, c’est Michel Piccoli qui fait une courte apparition en « vieux sage qui prodigue ses conseils au petit scarabée ». De la Guerre est typiquement le genre de film qui sera apprécié très différemment suivant les spectateurs : soit on réagit à (au moins) l’un de ses éléments soit on trouve tout cela très vain.
Note : 1 étoile

Acteurs: Mathieu Amalric, Guillaume Depardieu, Asia Argento, Clotilde Hesme, Aurore Clément, Laurent Lucas, Michel Piccoli
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2 septembre 2010

L’apprenti (2008) de Samuel Collardey

L'apprentiLui :
Elève dans un lycée agricole du Jura, le jeune Mathieu est apprenti en alternance dans une ferme, petite exploitation familiale isolée. Là, il participe aux travaux de la ferme et s’intègre peu à peu dans cette famille. Le film de Samuel Collardey est fortement ancré dans la réalité : il n’utilise pas d’acteurs professionnels mais de vrais personnages, le scénario est le moins directif possible, l’évolution des personnages du film est celle des vraies personnes. En revanche, il donne un traitement vraiment cinématographique à son film (caméras 35mm, éclairages, montage travaillé) et filme avec une certaine perfection en évitant les facilités (pas de caméra à l’épaule tremblotante pour faire « vrai »). Lui-même originaire de ce monde rural qu’il filme, il en donne une image très authentique, certainement pas une image édulcorée pour citadins en mal de nature. Son tour de force est d’avoir su garder intacte cette réalité malgré les outils utilisés et d’avoir su transmettre la profondeur de ses personnages. Nous sommes loin des clichés. Revers de cette authenticité, il faut accepter le fait de ne pas comprendre tous les dialogues…
Note : 4 étoiles

Acteurs: Mathieu Bulle, Paul Barbier
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30 août 2010

Un conte de Noël (2008) de Arnaud Desplechin

Un conte de NoëlLui :
Portant un passé lourd de tragédie et de haine, une famille se réunit à l’occasion des fêtes de Noël. Arnaud Desplechin livre un film très abouti, riche et complexe, qui sait s’écarter des conventions. Il joue avec les liens et les incompatibilités (d’humeurs ou médicales), la force et la fragilité de ses personnages, l’attirance et la répulsion. La maitrise dont il fait preuve pour mettre en place ce tissu complexe est absolument remarquable. Il est aidé par des comédiens qu’il connait bien et qui le connaissent bien. Un conte de Noël est sans aucun doute son meilleur film à ce jour.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Catherine Deneuve, Jean-Paul Roussillon, Anne Consigny, Mathieu Amalric, Melvil Poupaud, Emmanuelle Devos, Chiara Mastroianni, Laurent Capelluto, Emile Berling, Hippolyte Girardot, Samir Guesmi, Françoise Bertin
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