18 janvier 2011

Burn After Reading (2008) de Joel Coen et Ethan Coen

Burn After ReadingLui :
Burn after reading est une comédie qui fait plaisir à voir. L’intrigue est passablement complexe, sans être compliquée, disons qu’elle fait intervenir des gens ordinaires un peu nigauds dans une pseudo-affaire d’espionnage. Des évènements insignifiants vont avoir des conséquences passablement démesurées… Les frères Coen font preuve de beaucoup de finesse dans leur humour, ce qui est de plus en plus rare aujourd’hui où la norme semble être de forcer le trait. Burn after Reading est ainsi parfaitement équilibré, une histoire complètement loufoque mais pas totalement improbable, des personnages qui font des choses stupides sans être des imbéciles, un rythme enlevé mais jamais précipité. Les acteurs semblent prendre plaisir à jouer leur personnage (sans crainte de dérouter : le film est déconseillé aux fans de Brad Pitt ou de George Clooney). On notera aussi un certain regard amusant et amusé sur la société américaine. Burn after Reading semble avoir été largement qualifié de « film mineur » par la critique… mais les frères Coen ont toujours excellé sur leurs films soit-disant « mineurs »! En tous cas, mineur ou pas, c’est du cinéma de grand plaisir.
Note : 5 étoiles

Acteurs: George Clooney, Frances McDormand, Brad Pitt, John Malkovich, Tilda Swinton, Richard Jenkins
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16 janvier 2011

Eldorado (2008) de Bouli Lanners

EldoradoLui :
Deux types traversent la Belgique dans une vieille Chevrolet. Ils se sont rencontrés de la façon la plus improbable qui soit, l’un découvrant l’autre venu le cambrioler, caché sous son lit… Eldorado est un road-movie assez atypique. Bien qu’il ne se passe finalement que peu de choses, on ne s’ennuie pas une seconde. Bouli Lanners réussit à établir un joli rythme et surtout à créer un film graphiquement très beau, avec de superbes travelings. Il utilise merveilleusement le plan large et le paysage de son plat pays qu’il fait parfois ressembler au grand Ouest américain. Grands espaces et routes minuscules, le très grand croise le plus petit. Si les rencontres sont peu nombreuses, elles sont totalement inattendues et créent des situations autant imprévisibles qu’improbables. Doté d’un humour discret mais solide, Eldorado est un film original et attachant.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Bouli Lanners, Fabrice Adde, Philippe Nahon
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Homonymes :
El Dorado de Marcel l’Herbier (1921)
Eldorado film canadien de Charles Binamé (1995)
Eldorado de Richard Driscoll (2010)

14 janvier 2011

In the loop (2009) d’ Armando Iannucci

In the LoopLui :
Faire une comédie des tensions et tractations politiques entre Londres et Washington à la veille de la déclaration de guerre à l’Irak n’est pas un pari gagné d’avance…
C’est pourtant ce qu’a fait l’anglais Armando Iannucci en s’appuyant, il est vrai, sur la popularité de sa série télévisée The thick of it, comédie satirique politique. Dans In the Loop, il va beaucoup plus loin et nous fait une caricature assez extrême de la vie politique où les ministres et hauts fonctionnaires sont manipulateurs, épouvantablement grossiers, arrivistes et aveuglément bellicistes… et les rares qui ne sont pas ainsi sont incompétents et gaffeurs ! Les conseillers sont tous de très jeunes arrivistes dotés d’un Q.I. de sauterelle. Le personnage le plus haut en couleur est le Directeur de la Communication et de la Stratégie du Premier Ministre, interprété avec énergie et exubérance par Peter Capaldi ; constamment en colère, il déroule un flot quasi continu d’injures, de menaces et d’obscénités ; il faut saluer la créativité des scénaristes car l’inventivité dans la grossièreté est assez incroyable. Et tout cela, dans un style d’humour très britannique, c’est à dire filmé avec tant de sérieux que l’on pourrait presque prendre cela au premier degré. Le film utilise d’ailleurs largement la caméra à l’épaule et les cadrages approximatifs pour donner l’impression d’images prises sur le vif. Sur le fond, In the loop montre une Angleterre servile, à la botte des Etats Unis qui la mènent en bateau, sans jamais la faire participer réellement aux décisions. Les clins d’oeil à la réalité sont nombreux (1). Voilà un film qui ne va pas vraiment arranger l’image des politiques (et il a été tourné avant le scandale des notes de frais colossales des députés britanniques !) Le film a été bien reçu en Angleterre et même aux Etats Unis où il a sans doute fait office d’exutoire. Extrême, outrancier, doté d’un comique ravageur, In the Loop est une satire vraiment mordante et très amusante.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Peter Capaldi, Tom Hollander, Chris Addison, Gina McKee, Mimi Kennedy, James Gandolfini
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In the loop

Remarques :
* Aussi incroyable que cela puisse paraître, les scènes censées se dérouler dans les bureaux du 10, Downing Street ont réellement été tournées au 10, Downing Street. C’est la popularité de la série TV qui a permis cela : les membres du personnel voulaient voir les acteurs qui allaient jouer leur rôle.
* Armando Iannucci a pris soin d’éviter tout financement d’origine américaine pour son film car il voulait garder une totale indépendance.

(1) Le directeur de la communication et de la stratégie de Tony Blair était à cette époque Alastair Campbell (qui, comme on peut s’en douter, n’a guère apprécié le film). Le personnage du ministre pacifique et incompétent est inspiré de Clare Short (qui a démissionné peu après le début de la guerre en Irak). Côté américain, le corpulent général pacifique est bien entendu Colin Powell alors que le va-t-en-guerre Linton Barwick peut évoquer Donald Rumsfeld ou Dick Cheney.

13 janvier 2011

La fille du RER (2009) d’ André Téchiné

La fille du RERElle :
Note : 3 étoiles

Lui :
On se souvient de l’affaire de « l’agression du RER D » qui avait, en 2004, défrayé la chronique : une jeune fille déclarait avoir été agressée par un groupe de jeunes gens qui la croyait juive, avant de reconnaître quelques jours plus tard qu’elle avait tout inventé. André Téchiné s’inspire de cette affaire et crée les évènements qui précédent et ceux qui suivent. Il le fait non pour expliquer le geste de la jeune fille (il ne faut donc surtout pas attendre d’explications car le film n’en donne pas) mais pour créer une histoire qui met en relief une série de fêlure dans la vie de cette jeune fille et un certain besoin de liens. Si Téchiné ne convainc pas totalement sur le fond, il réussit en revanche totalement sur la forme. La Fille du RER est un film très beau, assez délicat malgré le sujet propice à générer des lourdeurs. André Téchiné filme magnifiquement Emilie Dequenne dont émane une constante fragilité. Le plan final de son héroïne en rollers qui apparaît en pointillés à travers les herbes est absolument superbe.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Émilie Dequenne, Michel Blanc, Catherine Deneuve, Mathieu Demy, Ronit Elkabetz, Nicolas Duvauchelle
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10 janvier 2011

Looking for Eric (2009) de Ken Loach

Looking for EricLui :
Admirateur d’Eric Cantona, un postier anglais dont la vie est en déroute voit son idole apparaître en chair et en os pour lui prodiguer des conseils qui vont lui permettre de reprendre goût à la vie… Looking for Eric est un film assez étonnant de Ken Loach, une variation sur le « thème de l’ange », thème souvent abordé au cinéma mais en tout cas jamais sous les traits d’un (vrai) footballer! C’est plutôt amusant mais je suppose qu’une partie de l’humour a du m’échapper du fait que je connais très mal Eric Cantona (je le connais surtout par les Guignols des années 90, donc je l’ai plus souvent vu peindre des tableaux que pousser un ballon…!) Sur le déroulement, Ken Loach est moins convaincant qu’à l’habitude, moins subtil aussi : il charge beaucoup son personnage principal. Il vire ensuite vers le polar à mi-parcours, incursion un peu longuette mais qui lui permet de mettre en place un final inattendu et amusant.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Steve Evets, Eric Cantona, Stephanie Bishop, Gerard Kearns
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8 janvier 2011

Agora (2009) de Alejandro Amenábar

AgoraLui :
Nous sommes à Alexandrie au IVe siècle, alors que la ville est l’objet de grandes tensions entre le peuple majoritairement chrétien et les notables païens. Une philosophe tente de préserver les connaissances accumulées depuis des siècles… Agora est librement adapté de la vie d’Hypatie d’Alexandrie, philosophe platonicienne et probablement astronome dont nous ne savons que peu de choses puisque tous ses travaux ont disparu dans l’incendie de la bibliothèque d’Alexandrie (1). Le film met l’accent sur l’obscurantisme religieux qui s’oppose à la science et sur les luttes de pouvoirs entre païens et chrétiens, puis entre juifs et chrétiens. Mais Agora est avant tout un film à grand spectacle ; il n’échappe pas à un maniérisme très marqué du genre : c’est le spectaculaire qui est privilégié à grands renforts d’infrabasses qui font vibrer les murs. Le propos quant à lui est très simple, extrêmement manichéen et nourri de stéréotypes.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Rachel Weisz, Max Minghella, Oscar Isaac, Ashraf Barhom, Michael Lonsdale, Rupert Evans
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(1) Rappelons que nous ne savons toujours pas comment a disparu la bibliothèque d’Alexandrie. Il n’y a même aucun vestige matériel étudiable. Les historiens sont divisés et avancent plusieurs hypothèses hélas invérifiables. Le film Agora repose sur l’une d’elles (assez contestée) : la bibliothèque aurait été détruite par les chrétiens lors de la destruction des temples païens à la fin du IVe siècle.

Voir une critique plus récente du même film : Agora

6 janvier 2011

L’échange (2008) de Clint Eastwood

Titre original : « Changeling »

L'échangeLui :
L’inconcevable histoire de L’échange aurait certainement été difficile à accepter si un carton ne nous avait prévenus dès le début qu’il s’agissait d’une histoire vraie. Clint Eastwood a même respecté de très près le fil réel des évènements. En 1928, la police de Los Angeles est fortement corrompue. Dans une affaire de disparition d’enfant, elle ramène à une mère un enfant qui n’est pas le sien et s’obstine, pour ne pas perdre la face devant la presse. Elle ira assez loin pour accuser la mère de ne pas reconnaitre son enfant. Le film de Clint Eastwood est d’un grand classicisme, s’appuyant sur une belle reconstitution du Los Angeles des années vingt. Mais, le point fort de L’échange est plutôt son équilibre global et sa délicatesse de traitement : aucun excès de dramatisation, ni d’effets faciles, Eastwood trouve le ton juste pour traiter cette histoire émouvante tout en donnant beaucoup d’intensité à son film. La performance d’Angelina Jolie est assez étonnante, bien qu’un peu inégale : son jeu est très plat dans certaines scènes (retrouvailles à la gare) mais parfois beaucoup plus fort (scène de la prison). Elle est tout de même le pivot du film. Le choix d’une telle actrice, plus réputée pour ses côtés people que pour ses talents d’actrice, était passablement audacieux de la part Clint Eastwood.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Angelina Jolie, John Malkovich, Jeffrey Donovan, Michael Kelly, Jason Butler Harner
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5 janvier 2011

La proposition (2009) d’ Anne Fletcher

Titre original : « The proposal »

La propositionLui :
Une directrice de collection littéraire d’origine canadienne force son assistant à l’épouser pour pouvoir rester aux Etats-Unis. Si le scénario de La proposition est aussi improbable que simplet, le film repose sur de solides recettes pour fonctionner : inversion des genres dans la situation de départ, immersion dans un monde de riches, un acteur principal au physique à faire craquer toute la gent féminine et… du rythme, du rythme, du rythme. On ne peut pas dire que le résultat soit mauvais, mais il est très loin d’être bon ! Accessoirement, on s’aperçoit que Sandra Bullock a certainement fréquenté les salles de fitness beaucoup plus assidûment que les cours d’art dramatique.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Sandra Bullock, Ryan Reynolds, Mary Steenburgen, Craig T. Nelson, Betty White
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Homonymes :
La Proposition (The proposition) de l’américaine Lesli Linka Glatter (1998) avec Kenneth Branagh
The Proposition de l’autralien John Hillcoat (2005) avec Guy Pearce et Ray Winstone.

2 janvier 2011

L’âge de glace 3 – Le temps des dinosaures (2009) de Carlos Saldanha

Titre original : « Ice age: Dawn of the dinosaurs »

L'âge de glace 3 - Le temps des dinosauresLui :
Poursuite des aventures de la petite famille hétéroclite d’animaux des deux précédents opus. Cette fois, ils se retrouvent dans un monde qui leur est complètement étranger où vivent encore des dinosaures. L’Age de Glace 3 offre bien de bons moments d’inventivité mais globalement ce nouvel épisode semble trop reposer sur des recettes éprouvées et calibrées. Les possibilités du monde souterrain merveilleux des dinosaures ne sont pas vraiment exploitées. Toute la créativité semble s’être concentrée sur les quelques scènes avec Scat, l’écureuil qui courre toujours après son gland. On peut aussi avoir l’impression que la série vise un public de plus en plus jeune… Le meilleur de la série reste le tout premier.
Note : 2 étoiles

Acteurs: (voix) Ray Romano, Denis Leary, John Leguizamo, Simon Pegg
Voir la fiche du film et la filmographie de Carlos Saldanha & Mike Thurmeier (co-directeur) sur le site imdb.com.

31 décembre 2010

Le bal des actrices (2009) de Maïwenn Le Besco

Le bal des actricesLui :
En regardant Le Bal des Actrices, on se dit que la caricature est un art bien difficile. Le film montre Maïwenn Le Besco filmant un documentaire sur une dizaine d’actrices françaises. Chacune des actrices joue un rôle où elle se moque un peu d’elle-même. Ainsi Karine Viard joue l’actrice prétentieuse et snob, Marina Foïs l’actrice inquiète, adepte de chirurgie esthétique et qui a des difficultés à se voir confier des rôles, etc… Le tout est entrecoupé de chansons chorégraphiées par le style Bollywood. Le problème dans ce genre de film est qu’il est difficile de trouver le bon équilibre. Bertrand Blier (qui fait d’ailleurs une petite apparition amusante dans le film) l’avait trouvé dans son excellent film Les Acteurs mais ce n’est hélas pas le cas pour Maïwenn Le Besco qui reste un peu entre deux chaises : n’allant pas assez loin dans la caricature, Le Bal des Actrices est trop proche du documentaire. Quand il est présent, l’humour ne fonctionne pas bien ; l’ensemble est aussi trop improvisé. Le second degré étant en panne, on se retrouve alors avec un film plutôt nombriliste sur la profession d’actrice… ce qui n’est pas un sujet très passionnant en soi. Les scènes les moins superficielles sont finalement celles de Maïwenn en couple avec Joey Starr (qui, de façon surprenante, joue avec naturel et retenue!) A la décharge de Maïwenn Le Besco, reconnaissons qu’elle avait choisi là un exercice difficile.
Note : 1 étoile

Acteurs: Karin Viard, Marina Foïs, Romane Bohringer, Julie Depardieu, Mélanie Doutey, Jeanne Balibar, Charlotte Rampling, Muriel Robin, Karole Rocher, Joey Starr, Yvan Attal
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