5 juillet 2011

Je l’aimais (2009) de Zabou Breitman

Je l'aimaisLui :
Dévastée après une rupture soudaine, une jeune femme est recueillie par son beau-père. Pour la convaincre que cette rupture est probablement une bonne chose pour elle, il commence à lui raconter sa propre histoire… Adapté d’un roman d’Anna Gavalda, Je l’aimais est le troisième long métrage de Zabou Breitman qui avait montré beaucoup de sensibilité dans ses deux premiers. C’est à nouveau le cas dans cette histoire d’amour-passion. Le début du film peut paraître assez rebutant, car très centré sur le profond désarroi de la jeune femme, mais le film bascule dans un tout autre registre lorsque le beau-père commence à se livrer et à raconter. C’est son histoire que nous voyons se dérouler, une histoire aussi forte que terrible par son inaboutissement. Daniel Auteuil et Marie-Josée Croze font une belle interprétation, riche et complexe, puissante et nuancée. Le couple ainsi formé est assez étonnant par ses contrastes tout en formant un ensemble. Zabou Breitman montre une belle maitrise du déroulement du récit, maniant habilement flashbacks et retours au présent. Je l’aimais est un beau film empreint de force et de sensibilité.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Daniel Auteuil, Marie-Josée Croze, Florence Loiret Caille, Christiane Millet
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24 juin 2011

A Serious Man (2009) de Joel Coen et Ethan Coen

A Serious ManLui :
Les années 60. Une petite ville du Middle-west américain. Un professeur d’université juif, père de famille sans histoires, voit une série de malheurs s’abattre sur lui… A l’image des autres films des frères Coen, A Serious Man est une comédie dramatique fortement teintée d’humour noir, à ceci près que cette fois le film est partiellement autobiographique. Si, ne serait-ce qu’une petite partie de A Serious Man est vraie, on comprend mieux pourquoi ce thème de la poisse, des revers en série, soit si présent dans tous leurs films. Car ce professeur a tout pour être tranquille et heureux, le rêve américain personnifié, sauf que soudainement rien ne tourne rond, tous les malheurs s’abattent sur lui. Le pire est qu’il n’a jamais l’explication : par exemple, sa femme veut divorcer mais il ne sait pas pourquoi, l’homme bedonnant qu’elle veut épouser après son divorce est un présomptueux imbécile qui lui tient un discours paternaliste nébuleux. L’explication et les indications sur la conduite à tenir, il va les chercher chez les rabbins qui n’ont que des fables inutiles à lui offrir. Tout le film est marqué par l’incertitude à commencer par ce surprenant prologue, sorte de petit conte yiddish ancien où l’on est incapable de séparer la réalité du surnaturel. Cette incertitude est ensuite omniprésente jusque dans la fin, brutale, qui nous laisse en suspens. Très bien construit et mis en place, A Serious Man intrigue et déroute. Il peut paraître un peu inégal. Il faut avouer qu’une partie de l’humour nous échappe (probablement) quand on n’est pas familier avec les traditions juives, notamment religieuses ; mais après tout, cela contribue à mieux nous faire partager ce sentiment d’incompréhension et d’incertitude…
Note : 3 étoiles

Acteurs: Michael Stuhlbarg, Richard Kind, Fred Melamed, Sari Lennick, Aaron Wolff
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1 juin 2011

À l’origine (2009) de Xavier Giannoli

À l'origineLui :
Dans le nord de la France, un escroc solitaire se fait passer pour un chef de chantier venu relancer la construction d’une autoroute. Très rapidement, la nouvelle de son arrivée se répand et fait renaître l’espoir dans cette petite ville touchée par l’isolement et le chômage. Alors qu’au départ il était surtout pressé d’empocher les dessous de table qui s’offraient à lui, l’escroc va peu à peu se laisser gagner par ce grand projet qu’il a relancé malgré lui… Aussi incroyable qu’elle puisse paraître, l’histoire de A l’origine est inspirée d’un fait divers authentique, certes ici plutôt idéalisé et fortement romancé. Xavier Giannoli parvient à donner une dimension autre qu’anecdotique à son film. Plus que l’arnaque en elle-même, c’est la personnalité de l’escroc qui l’intéresse. Il tente donc d’expliquer par quel processus cet imposteur en est venu à changer de but. A l’origine est aussi la peinture d’un grand et bel élan collectif.
Note : 3 étoiles

Acteurs: François Cluzet, Emmanuelle Devos, Gérard Depardieu, Soko, Vincent Rottiers
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Remarques :
Dans la réalité, la tromperie a duré douze jours en mars 1997. Philippe Berre a embauché une équipe et réalisé des travaux mais n’est pas intervenu sur le chantier de l’autoroute elle-même (l’A28 dans la Sarthe, dont les travaux n’ont repris qu’en 2004). Il a été condamné à cinq ans de prison pour cette escroquerie. Début 2010, il a cherché à rencontrer Xavier Giannoli. Il est actuellement à nouveau en prison pour une autre usurpation d’identité. Il est décrit comme un personnage très énigmatique dans ses motivations.

19 mai 2011

Le vilain (2009) de Albert Dupontel

Le vilainLui :
Un braqueur de banques se réfugie chez sa mère qu’il n’a pas revue depuis 20 ans. Découvrant la vraie nature de son fils, elle va entreprendre de le remettre dans le droit chemin… Ecrit, joué et réalisé par Albert Dupontel, Le vilain est un film loufoque et déjanté où il s’éloigne des aspects trash de ses films précédents (qui lui ont assuré un bon succès, toutefois) pour atteindre un burlesque plus pur et plus subtil. Là où il excelle, c’est dans les mécanismes, les interactions avec les objets. Catherine Frot semble s’amuser beaucoup à jouer son personnage de vieille dame qui a de la ressource et les seconds rôles (le médecin, le promoteur immobilier) sont très réussis. Le film semble partir dans tous les sens mais il est néanmoins bien structuré. Le rythme est soutenu. Tout en restant bien frappé, l’humour d’Albert Dupontel évolue et s’étoffe.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Catherine Frot, Albert Dupontel, Bouli Lanners, Nicolas Marié
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15 mai 2011

Joueuse (2009) de Caroline Bottaro

JoueuseElle :
Note : 4 étoiles

Lui :
Après avoir entrevu un couple jouer aux échecs de façon assez sensuelle dans l’hôtel où elle travaille, une femme de chambre quarantenaire, modeste et effacée, se prend de passion pour le jeu d’échecs. L’un de ses employeurs, un américain qui vit seul dans une grande maison, l’initie au jeu… Adaptation d’un roman de Bertina Heinrichs, Joueuse est le premier long métrage de Caroline Bottaro. Le jeu d’échecs est ici un vecteur qui va permettre à cette femme de briser le carcan dans lequel elle était prise, du fait de sa condition modeste et aussi, plus simplement, de sa condition de femme. C’est un cheminement vers une certaine liberté qui se fera sans éclat mais avec détermination. Caroline Bottaro a su éviter toute dramatisation excessive et tout effet spectaculaire tout en donnant de l’intensité à son film et une progression régulière et soutenue. Elle est bien entendu aidée par le jeu riche de Sandrine Bonnaire qui a toujours le ton juste. Face à elle, Kevin Kline est assez étonnant dans ce rôle d’expatrié renfrogné qu’il interprète tout en français. Joueuse est un film attachant qui possède un certain charme. Une réussite.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Sandrine Bonnaire, Kevin Kline, Francis Renaud, Alexandra Gentil, Alice Pol
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10 mai 2011

La reine des pommes (2009) de Valérie Donzelli

La reine des pommesElle :
Note : 3 étoiles

Lui :
Adèle est dévastée par la récente rupture avec son ami Mathieu. Anéantie, elle est recueillie par sa cousine qui l’encourage à voir d’autres hommes. Peu à peu, elle reprend goût à la vie… Pour son premier long métrage, Valérie Donzelli réalise un film au ton très original. Le début de La reine des pommes peut surprendre mais on se laisse gagner peu à peu par son humour et son personnage déboussolé en manque d’amour. On peut sentir l’influence de Truffaut, Rohmer ou Varda mais la réalisatrice parvient à garder une cohérence et surtout trouver un style. Elle cultive aussi un petit côté désuet, l’accentuant même en cadrant tout le film dans une fenêtre 4/3. A noter, une belle trouvaille pour les rôles masculins qui, lorsque l’on s’en aperçoit, donne un sens nouveau au film. Tout comme les films d’Emmanuel Mouret, La reine des pommes apporte un ton nouveau à la comédie, original et joliment enlevé, assez unique au cinéma français.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Valérie Donzelli, Jérémie Elkaïm, Béatrice De Staël, Laure Marsac
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8 mai 2011

Océans (2009) de Jacques Perrin

OcéansElle :
Note : 4 étoiles

Lui :
Après nous avoir fait voler avec les oiseaux dans Le Peuple Migrateur, Jacques Perrin nous entraîne dans les profondeurs des océans. Il nous montre toute la diversité de la vie en une féérie de mouvements et d’images spectaculaires tournées aux quatre coins du globe : utilisant un petit drone télécommandé, il nous fait approcher les baleines nageant en surface de très près ou encore, grâce à une caméra spécialement développée, il nous fait nager avec les poissons les plus agiles. Certaines images sont exceptionnelles. On pourra regretter un parti-pris étonnant sur l’étalonnage des couleurs qui donnent parfois une impression d’artificialité (un peu la même impression qu’une photo HDR) ; la musique épique et le discours accompagnateur sont très classiques. Si Océans reste un beau film, il est toutefois moins enthousiasmant que La Planète Bleue, le très beau film de la BBC sur le même sujet.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Jacques Perrin
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Remarques :
L’enfant aux côtés de Jacques Perrin est Lancelot Perrin, son plus jeune fils.

5 mai 2011

Le refuge (2009) de François Ozon

Le refugeElle :
Note : 4 étoiles

Lui :
Héroïnomane, Mousse se réveille à l’hôpital et apprend en même temps que son ami est mort d’une overdose et qu’elle est enceinte de deux mois. Elle se réfugie dans une maison prêtée dans le sud. Le frère de son ami vient lui rendre visite… Le refuge est à la fois une réflexion sur la grossesse et un portrait d’une jeune femme, fragile, incertaine, qui ne sait pas encore quel sens donner à sa vie. Isabelle Carré a tourné le film pendant sa grossesse et donne une vraie dimension à son personnage en pleine reconstruction. François Ozon sait épurer son récit, il évite toute lourdeur, s’écarte des conventions. Bien que le film soit tourné en caméra HD numérique, la photographie est belle. Le refuge est un beau film, sobre, très intime, porté par Isabelle Carré. La qualité est d’autant plus impressionnante que le film a été tourné assez rapidement et avec un budget limité.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Isabelle Carré, Louis-Ronan Choisy, Pierre Louis-Calixte, Melvil Poupaud
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2 mai 2011

Le temps qu’il reste (2009) de Elia Suleiman

Titre original : « The time that remains »

Le temps qu'il resteElle :
Note : 3 étoiles

Lui :
Le troisième long métrage d’Elia Suleiman est un récit historique et semi-autobiographique se concentrant sur quatre périodes importantes. Palestinien vivant en Israël, c’est une page de l’Histoire de son pays qu’il illustre ici. La forme est très personnelle : Elia Suleiman introduit partout de l’humour, y compris dans les situations les plus dramatiques, un humour qui met en relief l’incongru, l’absurde. Dans ce face à face entre la population palestinienne et l’armée israélienne, la violence est constamment présente mais de façon très subtile, jamais de façon trop ostentatoire. Il n’y a que peu de paroles, les silences mettant mieux en relief les situations, les rapports entre les personnes. Le rythme est important aussi : Suleiman fait très souvent des cassures de rythme en milieu de scène ce qui amplifie l’impact de certaines actions. Il réussit également de très beaux plans graphiques. Le temps qu’il reste est un film original, personnel et très travaillé. On ne peut que regretter qu’Elia Suleiman ne tourne pas plus souvent.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Elia Suleiman, Saleh Bakri, Samar Qudha Tanus
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27 avril 2011

Coco Chanel et Igor Stravinsky (2009) de Jan Kounen

Coco Chanel & Igor StravinskyElle :
Note : 2 étoiles

Lui :
En 1920, la couturière Coco Chanel invite l’exilé russe Igor Stravinsky avec femme et enfants dans sa grande maison de Garches. Une liaison naît entre eux… Adapté d’un roman de Chris Greenhalgh, le film de Jan Kounen joue plus sur les apparences et le glamour que sur le contenu. L’histoire est en effet très terne, incapable de générer la moindre émotion. Il nous reste le spectacle : la reconstitution est superbe, Anna Mouglalis fait une belle interprétation d’une Coco Chanel glaciale et déterminée… et il y a heureusement la musique de Stravinsky. Un peu ennuyeux, c’est un film qui ne laissera hélas que peu de traces dans nos esprits.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Anna Mouglalis, Mads Mikkelsen, Elena Morozova
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