31 octobre 2005

Ivre de femmes et de peinture (2002) d’ Im Kwon-Taek

Titre original : « Chihwaseon »

Ivre de femmes et de peinture Elle :
Très beau film sur la signification de l’Art au sein de la société coréenne du XIXe siècle. Les images sont aussi belles que les peintures que réalise cet artiste talentueux dont on suit le parcours chaotique depuis l’enfance jusqu’à la mort. Les paysages ressemblent à ceux que réalise le peintre. Par son art, il apporte du bonheur aux gens qui l’entourent mais en même temps il doit résister aux pressions pour trouver sa voie artistique, peindre ce qu’il aime, ne pas céder aux codes stéréotypés de la peinture coréenne classique et atteindre l’éternité et l’universel. Ce génie de la peinture ne doit plus se contenter de copier les maîtres mais doit faire émerger l’énergie créatrice qui l’anime et le singularise. L’alcool et les femmes accompagnent son cheminement intérieur. Avec Ivre de femmes et de peinture, on est transporté dans une autre dimension imaginaire bien loin du monde réel et de ses normes.
Note : 5 étoiles

Lui :
Très beau film, qui nous plonge dans la vie d’un peintre à la vie un peu nébuleuse de la fin du XIXe siècle en Corée. On semble toucher sa quête permanente de l’absolu grace à une mise en scène assez gracieuse et aérienne, tout en petites touches. La beauté de sa peinture, sa pureté et sa grande expressivité ne sont bien sûr pas étrangères à la faculté d’envoûtement du film.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Choi Min-Sik, Ahn Sung-Ki, Yu Ho-Jeong, Kim Yeo-Jin
Voir la fiche du film et la filmographie de Im Kwon-Taek sur le site IMDB.

30 octobre 2005

Loin du Paradis (2002) de Todd Haynes

Titre original : « Far from Heaven »

Loin du Paradis Elle :
Une famille américaine idéale avec une épouse parfaite (Julianne Moore), un mari publiciste réputé (Dennis Quaid), deux beaux enfants, une belle maison. Quoi demander de plus ? Dès le début du film, on flotte dans le rêve américain des années 50. L’atmosphère aux couleurs chatoyantes de l’automne est irréelle comme dans un conte de fée et Julianne Moore est belle à mourir avec sa voix suave. Mais évidemment le vernis se fendille et les apparences trompeuses laissent place aux problèmes de couple, de voisinage, à la difficulté de vivre en harmonie avec les gens de couleurs. Todd Haynes aborde donc des thèmes tabous comme l’homosexualité, le racisme qui étaient montrés du doigt à cette époque. Il plaide pour le féminisme, l’égalité raciale, le libre choix de sa sexualité. Dans cette belle en scène, cette remise en cause du modèle de société américain engoncé dans ses principes et préjugés est percutante.
Note : 5 étoiles

Lui :
Cette histoire m’a globalement paru trop artificielle pour pouvoir y adhérer un tant soit peu. Les images sont trop parfaites, tout comme la nature, les contrastes sont marqués, et cette famille parfaite va bien évidemment basculer et être mise au ban de la société… L’ensemble est trop convenu et agaçant dans sa mise en place.
Note : pas d'étoile

Acteurs: Julianne Moore, Dennis Quaid
Voir la fiche du film et la filmographie de Todd Haynes sur le site IMDB.

Voir les autres films de Todd Haynes chroniqués sur ce blog…

28 octobre 2005

Le coeur des hommes (2003) de Marc Esposito

Le coeur des hommes Elle :
Poussive comédie du fondateur de la revue de cinéma « Studio ». Les quatre compères (Darmon, Campan, Darroussin et Lavoine) nous exposent leurs problèmes de couples en bons machos qu’ils sont. Le film est bourré de clichés et les femmes ne sont pas à la fête. Le tout est enrobé de musiques toutes aussi insupportables les unes que les autres.
Note : 2 étoiles

Lui :
Film qui s’oublie vite, sur une base classique : la bande de 4 copains quinquagénaires qui ont du mal à trouver leur voie (sentimentale et amoureuse). Le scénario est bien mince et on a du mal à s’intéresser. Quelques bons mots. Une musique épouvantable.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Bernard Campan, Gérard Darmon, Jean-Pierre Darroussin, Marc Lavoine
Voir la fiche du film et la filmographie de Marc Esposito sur le site IMDB.

27 octobre 2005

The barber: l’homme qui n’était pas là (2001) de Joel Coen

Titre original : « The Man Who Wasn’t There »

l'homme qui n'était pas là Elle :
Dans le plus pur style des films noirs des années 40, les frères Coen nous invitent à partager la vie très ordinaire d’un américain moyen qui n’aime pas sa vie et se fait happer sans résistance dans une sombre affaire de chantage qui le mène droit vers la mort. Scénario somme toute assez classique sauf qu’ici la patte des frères Coen imprime au film un style particulier grâce à ses somptueux éclairages noir et blanc, les sonates de Beethoven, la chaude voix off et le visage buriné de Billy Bob Thornton. Cet homme ordinaire n’existe pas ; il observe son entourage, subit les évènements et ne cherche pas à sauver sa peau. Malgré quelques petites longueurs, on se laisse gagner par cette ambiance étrange et sereine qui mène ce coiffeur impassible vers la chaise électrique.
Note : 5 étoiles

Lui :
L’atmosphère de The Barber, l’homme qui n’était pas là des frères Coen fait bien entendu énormément penser à celle des grands films noirs, mais ce n’est pas un simple hommage ou un simple film de genre : tout le film tourne autour de son personnage principal, un homme à l’impassibilité quasi statuaire, qui subit les évènements avec un calme lisse et uniforme, telle cette sonate de Beethoven qui revient comme une ritournelle dans le film. Sa seule tentative pour prendre les évènements en main sera non seulement maladroite mais disproportionnée et aura de graves conséquences. Le noir et blanc est un délice à l’oeil, un festival de contrastes et d’ombres, certains plans sont de vrais tableaux. La mise en scène est souvent époustouflante avec une utilisation de la caméra étonnante. Du grand art.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Billy Bob Thornton, Frances McDormand, Michael Badalucco, James Gandolfini
Voir la fiche du film et la filmographie de Joel Coen sur le site IMDB.

Voir les autres films de Joel Coen chroniqués sur ce blog…

26 octobre 2005

Returner (2003) de Takashi Yamazaki

Titre original : « Ritaanaa »

Returner Elle :
(pas vu)
Lui :
Le scénario de ce film japonais ne cherche pas à cacher ses inpirations, on peut citer Terminator, E.T., Matrix et d’autres… C’est indéniable qu’il pêche par son manque de développement, la part dévolue aux “scènes d’action” étant hélas assez importante. Le film se laisse néanmoins regarder sans déplaisir, il a même un petit côté authentique : Le même film tourné par Hollywood utiliserait la grosse cavalerie, alors que le réalisateur japonais Yamazaki parvient à garder une certaine simplicité, voire même une certaine fraîcheur. Les effets spéciaux sont plutôt convaincants et bien utilisés, sans excès. Oui, il est dommage que le scénario ne soit pas plus fourni.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Takeshi Kaneshiro, Anne Suzuki
Voir la fiche du film et la filmographie de Takashi Yamazaki sur le site IMDB.

25 octobre 2005

Bon voyage (2003) de Jean-Paul Rappeneau

Bon voyage Elle :
On sent que Jean-Paul Rappeneau a vécu cette entrée des allemands dans Paris car la reconstitution de ces évènements troubles est pleine d’authenticité. C’est la pagaille partout, l’exode des juifs vers l’Angleterre et des parisiens vers Bordeaux. On ne peut faire confiance à personne, les espions allemands infiltrent toutes les couches de la société et le gouvernement au pouvoir veut pactiser avec l’ennemi. La mise en scène est d’une grande virtuosité ; le rythme du film est haletant grâce à la musique et au scénario qui regorge d’actions en tout genre. On n’a pas un instant de répit. Les personnages ont de l’épaisseur et les acteurs (Grégori Derangère, Depardieu, Adjani, Attal, Ledoyen) s’y donnent à coeur joie. Dans un contexte aussi grave, Rappeneau réussit le tour de force de mêler les évènements historiques au romanesque ce qui fait qu’on ne perd pas une miette du film.
Note : 5 étoiles

Lui :
Bon Voyage est un film très riche et particulièrement bien composé, que ce soit sur le plan du scénario avec un ensemble de personnages très différents qui jouent chacun un rôle important, ou sur le plan de la mise en scène, à la fois étonnante et époustouflante. De plus, Rappeneau se paie le luxe d’offrir un aspect historique assez important en ce début de guerre. Le romanesque et l’historique se mêlent harmonieusement. Le rythme est très souvent effréné, sans être jamais pénible, un ensemble quasi parfait qui ne laisse jamais de répit au spectateur.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Isabelle Adjani, Gérard Depardieu, Virginie Ledoyen, Yvan Attal, Grégori Derangère, Aurore Clément
Voir la fiche du film et la filmographie de Jean-Paul Rappeneau sur le site IMDB.

23 octobre 2005

Mondovino (2004) de Jonathan Nossiter

MondovinoElle :
Une bonne surprise pour ce film documentaire qui a le mérite de ne pas laisser indifférent face aux problèmes du monde du vin et face à la mondialisation rampante. Images sans fard, interviews laissant place à l’improvisation, ralentis, accélérés, zooms hilarants et satiriques sur des acteurs de second plan comme les chiens des gens visités ou les employés des domaines. C’est avec une caméra un peu cahotante et donc bourrée d’humour que Jonathan Nossiter confronte les points de vue opposés des partisans de la mondialisation du goût et des vignerons défenseurs d’une histoire, d’une tradition viticole.

Mondovino cherche à mettre en évidence la volonté des Mondavi, Michel Rolland et Robert Parker d’imposer des vins formatés, au goût boisé pour plaire au plus grand nombre. Il s’attache à montrer que la distribution du vin est contrôlée par des multinationales qui tente d’imposer leur emprise sur toute la planète pour gagner le plus d’argent possible. Le réalisateur n’est pas neutre et prend le parti de dénoncer cette mondialisation d’où certainement un montage un peu manichéen notamment vis-à-vis de l’œnologue Michel Rolland. Mais, il a le mérite de faire réfléchir sur les conséquences perverses de cette globalisation qui enrichit les grands trusts et nivelle les différences d’identité, de culture et de terroir sans que les peuples puissent vivre décemment du fruit de leur labeur.
Note : 4 étoiles

Mondovino Lui :
Mondovino a fait l’effet d’une véritable bombe dans le monde du vin (professionnel et amateur). Ce n’est pas à franchement parler un film documentaire, Mondovino est un film porteur d’idées et d’interrogations au sujet des risques d’uniformisation des vins (plutôt à un haut niveau, d’ailleurs, puisque le prix des vins dont il est question se situe entre 30 et 200 euros). Jonathan Nossiter fait passer ses idées, non sans parti pris et on peut lui reprocher une certaine simplification, dans le but d’offrir une vision assez manichéenne, style David contre Goliath. En ce sens, Mondovino fait penser aux films de Michael Moore. Le tour de force de Nossiter est qu’il parvient à mettre ses interlocuteurs tellement en confiance qu’ils finissent par lâcher des paroles caricaturales. Certaines scènes sont surréalistes.

Sur la forme, Nossiter montre un style certain. Il s’attarde sur des détails de chaque scène, les chiens, un robot nettoyeur de piscine. Il y a beaucoup d’humour dans Mondovino. Les mouvements de caméra sont vifs et souvent brutaux, le style surprend au départ (surtout que je suis assez allergique à la caméra à l’épaule…) mais Nossiter parvient tout de même à un résultat tout en douceur.

A noter, que quelques mois après la sortie de Mondovino, la Mondavi Corporation a été absorbée par une société encore plus grosse qu’elle… la famille Mondavi ayant du se plier à la volonté de ses propres actionnaires. Brrrr…
Note : 4 étoiles

Voir une analyse plus « vinesque » de Mondovino sur le site Château Loisel.
Voir aussi une intéressante analyse cinématographique sur le site romanduvin.ch
Voir la fiche du film et la filmographie de Jonathan Nossiter sur le site imdb.com.

Mondovino la sérieUn coffret de 4 DVD est sorti fin 2006 : Mondovino, la série.

Il s’agit d’un montage différent des nombreuses heures que Jonathan Nossiter a tournées en vidéo pour en faire 10 documentaires de 55 minutes.

Lire la présentation de Mondovino, la série sur le site Château Loisel.

.

21 octobre 2005

Il est plus facile pour un chameau… (2003) de Valeria Bruni Tedeschi

Il est plus facile pour un chameauElle :
Je ne comprends pas bien l’engouement des critiques sur ce film. Est-ce la fascination que Carla Bruni, chanteuse et ancien mannequin, exerce sur les médias et les foules ? En tout cas, sa soeur, Valéria, actrice et réalisatrice nous raconte ses tourments et sa difficulté à donner un sens à sa vie au sein de la cellule familiale. Issue d’une grande famille richissime italienne qui a émigré en France pour échapper aux menaces terroristes, elle a un compte en banque bien garni. Les malheurs de Valéria me touchent peu et virent vite à l’ennuyeux, au ridicule, presque à l’indécence.
Note : 2 étoiles

Lui :
J’ai bien tenté pendant quarante minutes de m’intéresser à cette histoire autobiographique des filles Bruni qui sont malheureuses comme la pierre… J’ai fini par craquer.
Note : pas d'étoiles

Acteurs: Valeria Bruni Tedeschi, Chiara Mastroianni, Jean-Hughes Anglade, Denis Podalydès
Voir la fiche du film et la filmographie de Valeria Bruni Tedeschi sur le site IMDB.

Voir les autres films de Valeria Bruni Tedeschi chroniqués sur ce blog..

19 octobre 2005

Mais qui a tué Pamela Rose? (2003) de Eric Lartigau

Pamela RoseLui :
Cette adaptation au grand écran de sketches de Kad et Olivier (originellement sur la chaîne Comédie) n’est pas si catastrophique… Toutefois, alors qu’au départ il ne s’agissait que d’une série de variations de situations absurdes autour d’un mystère à la Twin Peaks, le film met en scène une vraie enquête et c’est un peu cela qui lui enlève sa spécificité : le côté policier prend trop de place et l’absurde n’est plus très présent. Qui a tué Pamela Rose? comporte quelques bons moments tout de même.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Kad Merad, Olivier Barroux
Voir la fiche du film et la filmographie de Eric Lartigau sur le site IMDB.

Voir les autres films de Eric Lartigau chroniqués sur ce blog…

18 octobre 2005

Ararat (2002) d’ Atom Egoyan

AraratElle :
Ararat est un film témoignage centré autour du génocide arménien toujours non reconnu par la Turquie. C’est à partir de faits historiques et de personnages réels, tels le peintre Gorky et le réalisateur Saroyan interprété par Charles Aznavour, qu’Egoyan rend hommage aux souffrances endurées par son peuple. C’est à partir d’une vieille photo prise avec sa mère que le fils tente de mettre en peinture que différents destins se croisent et s’entremêlent tels ceux de cette spécialiste de Gorki et de son fils dont le père fut terroriste arménien. Tous ont le cœur brisé par ce passé et tentent de reconstruire leur vie en défrichant l’histoire dans la plus grande sobriété. L’ensemble est évidemment émouvant bien que parfois déroutant.
Note : 4 étoiles

Lui :
On pouvait se douter qu’Atom Egoyan n’allait pas parler du génocide arménien en faisant un film historique classique. Non, il le fait en entremêlant plusieurs histoires, à des époques différentes. Si le début paraît un peu décousu, les morceaux se mettent en place et on ne se désintéresse d’aucune de ces histoires dans l’histoire. Et il y a toujours chez Egoyan cette grande fluidité qui semble nous traverser, cette façon d’être si près de ses personnages pour mieux nous raconter leur histoire. Au final, Ararat est un film assez fort et qui nous donne une meilleure connaissance de cette période mal connue.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Charles Aznavour, David Alpay, Eric Bogosian
Voir la fiche du film et la filmographie de Atom Egoyan sur le site IMDB.

Voir les autres films de Atom Egoyan chroniqués sur ce blog…