19 octobre 2008

Les anges aux figures sales (1938) de Michael Curtiz

Titre original : « Angels with dirty faces »

Les anges aux figures salesElle :
(pas vu)

Lui :
Deux gamins chapardeurs d’un quartier très populaire de New-York se retrouvent 15 ans plus tard. L’un est devenu prêtre alors que l’autre est un petit caïd admiré par une bande de gamins du quartier. Le scénario de Les anges aux figures sales n’est franchement pas novateur en cette fin des années 30 mais le traitement que Curtiz en fait est néanmoins remarquable. Si le film connut un franc succès au moment de sa sortie, il est généralement moins bien considéré aujourd’hui où il est de bon ton de railler les films un tant soit peu moralisateurs. C’est dommage car la réalisation de Michael Curtiz est irréprochable : un rythme très bien enlevé avec un joli mélange de scènes d’action et de scènes de réalisme social, une belle photographie jouant avec les ombres et surtout une parfaite interprétation, James Cagney en tête qui fait à nouveau tandem avec Pat O’Brien. Les anges aux figures sales propulsa la carrière d’Ann Sheridan et celle des Dead End Kids qui interprètent ici la petite bande de gamins. Bogart est ici dans un second rôle, plutôt effacé.
Note : 4 étoiles

Acteurs: James Cagney, Pat O’Brien, Humphrey Bogart, Ann Sheridan, George Bancroft
Voir la fiche du film et la filmographie de Michael Curtiz sur le site IMDB.

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Pour capitaliser sur le succès de Les anges aux figures sales, la Warner sortit un  an plus tard Angels Wash Their Faces (cela ne s’invente pas!) avec Ann Sheridan, Ronald Reagan et les Dead End Kids. Ce n’est pas une suite mais plutôt un film sur le même thème. Un film hélas de bien moindre intérêt.

15 octobre 2008

Thomas Garner (1933) de William K. Howard

Titre original : « The power and the glory »

Thomas GarnerElle :
(pas vu)

Lui :
Thomas Garner est souvent cité comme le premier film à utiliser largement le flashback : le film débute par la cérémonie de funérailles d’un grand patron d’une compagnie de chemin fer dont on va ensuite nous raconter la vie. C’est exactement le type de construction que l’on retrouvera 8 ans plus tard dans Citizen Kane et Orson Welles a toujours cité Thomas Garner comme l’une de ses sources d’inspiration. En dehors de cette particularité, il faut bien reconnaître que le film manque de puissance dans son récit : l’accent est plus mis sur la vie sentimentale de cet homme parti du plus bas pour arriver au plus haut socialement alors que sa vie sentimentale est parti du plus haut pour finir au plus bas. Le portrait manque de profondeur et l’ensemble paraît assez anecdotique. Spencer Tracy, alors âgé de 33 ans, doit interpréter un personnage bien plus âgé que lui et il semble le faire sans grande conviction. Thomas Garner apparaît donc bien moins fort que le titre anglais ne le laisserait supposer (à noter que le film n’a aucun lien avec le roman homonyme de Graham Greene, La puissance et la gloire).
Note : 2 étoiles

Acteurs: Spencer Tracy, Colleen Moore, Ralph Morgan
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29 septembre 2008

Justin de Marseille (1934) de Maurice Tourneur

Justin de MarseilleElle :
(pas vu)

Lui :
Justin de Marseille met en scène un petit caïd des quartiers populaires de Marseille. Maurice Tourneur s’est inspiré d’un vrai personnage, Carbone, qui était à l’époque le roi de pègre marseillaise. Pour éviter tout problème, il est même allé le voir pour lui demander l’autorisation avant de tourner. Est-ce pour cela que le portrait qu’il nous en fait est assez flatteur ? Quand il ne réceptionne pas ses paquets d’opium qui arrivent par bateau, ce Justin de Marseille a tout d’un gentlemen, il défend la veuve et l’orphelin dans la rue, sauve une jeune suicidée de la noyade. Tout le monde l’adore. C’est un peu idyllique mais peu importe car l’attrait du film de Maurice Tourneur réside surtout dans le climat qu’il a réussi à recréer. On retrouve toute l’atmosphère du vieux port, avec l’accent chantant des gens qui s’interpellent, une atmosphère qui tranche avec les scènes de nuit (superbe éclairage) et les scènes d’action. Le montage est particulièrement vif avec un rythme qui évoque les films de gangster américains de la Warner de la même époque. Sur ce plan, Justin de Marseille est une vraie surprise, un petit bijou du cinéma français.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Antonin Berval, Pierre Larquey, Alexandre Rignault, Ghislaine Bru
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27 septembre 2008

Marie Stuart (1936) de John Ford

Titre original : Mary Of Scotland

Marie StuartElle :
(En bref) Film historique sur Marie Stuart, reine d’Ecosse et cousine de la reine d’Angleterre Elizabeth 1er (XVIe siècle). Le film est intéressant même s’il semble un peu long. Les intrigues et confrontations donnent de belles scènes d’acteur avec notamment un jeu particulièrement riche de Katharine Hepburn.
Note : 3 étoiles

Lui :
(En bref) Ce film historique est soutenu par une belle brochette d’acteurs qui insufflent beaucoup de force dans le film. Les manoeuvres politiques sont parfois un peu confuses et les scènes plus sentimentales paraissent maintenant un peu datées. L’ensemble paraît un peu long mais assez dense.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Katharine Hepburn, Fredric March, Florence Eldridge, Douglas Walton, John Carradine
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Autres films sur Marie Stuart :
Marie Suart (Das Herz der Königin) de l’allemand Carl Froelich (1940)
Marie Stuart, reine d’Ecosse (Mary, Queen of Scots) de Charles Jarrott (1971) avec Vanessa Redgrave
La dernière nuit de Marie Stuart de Didier Decoin (TV) (1981) avec Annie Girardot et Jean Topart

5 septembre 2008

La Chienne (1931) de Jean Renoir

La chienneElle :
(pas vu)

Lui :
Caissier d’un magasin et peintre à ses heures, Maurice Legrand rencontre la jeune Lulu exploitée par un odieux souteneur. Il l’installe dans un petit meublé. Adapté d’un roman de Georges de la Fouchardière, La Chienne est le premier grand film parlant de Jean Renoir (son premier essai dans le parlant fut en réalité avec le mineur On purge Bébé) et il y montre une grande maîtrise de cette nouvelle technique. 75 ans après sa sortie, La Chienne paraît toujours comme étant particulièrement riche. Dans un style réaliste, Renoir parvient à rendre tous ses personnages attachants, malgré leurs défauts. Le film est aussi porté par le talent extraordinaire de Michel Simon qui a ce mélange quasi unique de comédie et de tragique, nous faisant balloter de l’un à l’autre avec un naturel inégalé, toujours avec sobriété. La Chienne est l’un des plus beaux films de Renoir.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Michel Simon, Janie Marèse, George Flamant
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Remake :
La rue rouge (The Scarlet Street) de Fritz Lang (1945) avec Edward G.Robinson.

5 août 2008

Guerre au crime (1936) de William Keighley

Titre original : « Bullets or ballots »

Guerre au crime Elle :
(pas vu)

Lui :
Guerre au crime est inspiré des exploits d’un policier de l’époque, John Broderick, qui d’après Edward G. Robinson était tout comme lui fort mécontent du scénario. En fait, il s’agissait surtout pour la Warner de faire jouer à l’acteur un rôle à biface (policier/truand) et donc de respecter les nouvelles règles du Code Hays qui interdisaient de glorifier les truands. Guerre au crime Humphrey Bogart tient le rôle de second couteau, impulsif et borné comme souvent dans ses films des années 30. Sans être vraiment remarquable, Guerre au crime (le titre anglais, Bullets or Ballots, « des balles ou des votes », est soit dit-en passant bien plus représentatif du film) est de bonne facture, bien enlevé par un rythme assez soutenu. Edward G. Robinson est toutefois un peu plus retenu que dans certains de ses autres rôles.
Note : 3 eacute;toiles

Acteurs: Edward G. Robinson, Joan Blondell, Barton MacLane, Humphrey Bogart
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29 juillet 2008

Alexandre Nevski (1938) de Sergei Eisenstein et Dmitri Vasilyev

Titre original : « Aleksandr Nevskiy »

Alexandre NevskiLui :
Alexandre Nevski est une commande de Staline qui désirait un grand film patriotique alors que la menace hitlérienne se précisait en cette fin des années 30. C’est donc l’histoire du Prince Alexandre Nevski qui repoussa une invasion de chevaliers teutoniques au XIIIe siècle qui sert de support pour exalter les sentiments nationalistes et de sauvegarde de la terre de Russie. Pour Eisenstein, c’est aussi l’occasion de se racheter aux yeux du pouvoir après plusieurs années passées à l’étranger. Le réalisateur détourne donc largement l’histoire pour mieux servir le but recherché. Alexandre Nevski De tout le film, c’est la scène de la bataille sur le lac qui reste la plus marquante, 30 minutes d’une beauté formelle où Eisenstein joue remarquablement avec les mouvements de foule, ponctuant de plans rapprochés de morceaux de bravoure. Dans le reste du film, ce sont les scènes de foule et gros plans sur les visages, avec ou sans armure, qui sont les plus remarquables. Les scènes de la belle et de ses deux prétendants semblent en revanche un peu maladroites, Eisenstein étant globalement moins à l’aise avec le parlant, surtout quand il s’agit de dialogues vivants et un peu futiles. La musique d’Alexandre Nevski a été composée pour le film par Prokofiev, le compositeur ayant travaillé de façon très étroite avec Eisenstein. Cette musique souffre, hélas, d’un certain pleurage par moments du fait d’imperfections dans les copies qui ont survécu.
Note : 4 eacute;toiles

Acteurs: Nikolai Cherkasov, Nikolai Okhlopkov, Andrei Abrikosov
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Remarque :
* Si historiquement parlant, la bataille d’Alexandre Nevski contre les Chevaliers Teutoniques a bien eu lieu, le lieu exact de la bataille n’a jamais pu être déterminé par les historiens.
* Eisenstein se serait inspiré du (très beau) film de D.W. Griffith Way Down East (1920) pour l’utilisation d’un lac gelé.

25 juillet 2008

La Belle de Saigon (1932) de Victor Fleming

Titre original : « Red Dust »

Red DustElle :
(pas vu)

Lui :
La Belle de Saigon est un pur produit de la MGM, « l’usine à rêves ». Pour ce triangle amoureux situé en pleine forêt indochinoise, le studio au lion rugissant réunit pour la première fois en tête d’affiche (1) ses deux stars montantes, la blonde incendiaire Jean Harlow et le viril et séduisant Clark Gable. Il y a là de quoi mettre le feu à toute la forêt et effectivement le face à face tient toutes ses promesses, l’un comme l’autre se montrant particulièrement à l’aise. Les meilleurs moments sont à mettre à l’actif de Jean Harlow qui n’a pas sa pareille pour sortir du tac au tac ses réparties cinglantes avec un naturel rare. Face à ce couple de choc, Mary Astor a bien du mal à se faire une petite place. L’histoire de La Belle de Saigon est en elle-même très classique et mise au second plan ; la réalisation de Victor Fleming est honorable. La Belle de Saigon fut un énorme succès à l’époque, succès encore amplifié par le récent suicide du mari de Jean Harlow, un de ces scandales dont Hollywood a le secret.
Note : 3 eacute;toiles

Acteurs: Clark Gable, Jean Harlow, Mary Astor
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La belle de SaigonLe scandale qui entoura la sortie de Red Dust (La Belle de Saigon) :
Peu avant la sortie de La Belle de Saigon (le tournage n’était pas encore terminé), Paul Bern fut retrouvé mort dans sa salle de bains, à peine 2 mois après son mariage avec Jean Harlow. Paul Bern était également producteur et même associé d’Irvin Thalberg à la tête du studio. Présentée comme un suicide, cette mort violente (par balle) alimenta rumeurs et spéculations. Il faut préciser que le lendemain, la police avait repêché dans la Sacramento River le corps d’une certaine Dorothy Millette qui clamait depuis quelque temps être toujours mariée à Paul Bern. Malgré une réouverture du dossier dans les années 60, l’affaire ne fut jamais élucidée. Certains observateurs croit voir là l’œuvre d’Eddie Mannix, surnommé The Fixer, l’homme qui résolvait toutes sortes de « problème » à la MGM.

Remake :
Mogambo le très beau film de John Ford (1953) avec Ava Gardner et… Clark Gable. Cette fois, l’histoire se passe au Kenya.

(1) Jean Harlow et Clark Gable avaient déjà tourné ensemble dans The Secret Six mais il s’agissait de petits rôles.

17 juillet 2008

Baby Face (1933) de Alfred E. Green

Titre français parfois utilisé : « Liliane »

”BabyElle :
(pas vu)

Lui :
Baby Face nous raconte l’ascension sociale de Lily (Barbara Stanwyck) depuis le bistrot pouilleux de son père jusqu’au plus haut d’une grande banque new-yorkaise. Prête à tout, elle use à chaque fois de ses charmes pour séduire les hommes influents dont elle se servira pour monter d’un cran. Baby Face fait partie de ses films particulièrement libres de ton du début des années 30 : l’histoire est bien entendu profondément amorale et le film fut censuré de plusieurs dialogues avant sa sortie et une fin plus heureuse fut ajoutée (la scène dans l’ambulance). Il fallut attendre 2005 pour que la Library of Congress ressorte de ses archives une version complète, comprenant tous les dialogues coupés (au total 5 minutes). Barbara Stanwyck est merveilleuse dans ce rôle de jeune femme arriviste et lucide, personnifiant parfaitement (et avec un naturel presque déconcertant) cette froide détermination à écraser les autres pour pouvoir réussir. On peut donc voir dans Baby Face une certaine dénonciation de cet arrivisme qui se généralise alors dans la société américaine encore mal remise de sa crise économique.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Barbara Stanwyck, George Brent, Donald Cook, Douglass Dumbrille
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Anecdote :
On peut voir le jeune John Wayne faire une (très) courte apparition en employé de bureau (celui qui recommande Lily au chef du Service du Contencieux).

11 juillet 2008

Comme tu me veux (1932) de George Fitzmaurice

Titre original : « As you desire me »

Comme tu me veux Elle :
(pas vu)

Lui :
A Budapest, une chanteuse de cabaret noie son insatisfaction dans l’alcool et se laisse courtiser par de nombreux prétendants. Un homme croit reconnaître en elle l’épouse disparue d’un comte italien. Comme tu me veux démarre sur un numéro flamboyant de Greta Garbo qui parvient à dégager un fort magnétisme même en interprétant une alcoolique. Le face à face entre Garbo et Erich von Stroheim tient toutes ses promesses car ces deux fantastiques acteurs forment un couple équilibré par la forte présence de chacun. Hélas, le film devient ensuite beaucoup plus conventionnel dans sa partie italienne, Melvyn Douglas paraissant quant à lui bien fade et il faut attendre la fin pour retrouver une certaine tension qui coïncide, comme par hasard, avec la réapparition de Von Stroheim. L’histoire, adaptée d’une pièce de Luigi Pirandello, est assez originale et forte ; elle aurait certainement été beaucoup mieux traitée sous la direction d’un meilleur réalisateur. Comme tu me veux n’est donc pas à inscrire parmi les meilleurs films de Greta Garbo mais vaut la peine d’être vu ne serait-ce que pour ce face à face avec Erich von Stroheim. 
Note : 3 étoiles

Acteurs: Greta Garbo, Melvyn Douglas, Erich von Stroheim, Owen Moore
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Anecdotes :
* C’est Greta Garbo elle-même qui exigea d’engager Erich von Stroheim qui était persona non grata à la MGM depuis Les Rapaces (il était passé à la Paramount ensuite).
* As you desire me est le seul film de Greta Garbo où elle apparaît en blonde.
* Après ce film, l’actrice se retira en Suède et As you desire me fut donc présenté à l’époque comme « l’ultime film de Greta Garbo ». Il faudra attendre une année pour la voir revenir dans les studios pour le très beau La Reine Christine.