20 janvier 2006

L’opinion publique (1923) de Charles Chaplin

Titre original : « A woman of Paris »

L'opinion publiqueLes commentaires ci-dessous sont ceux d’une « première » vision…
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Elle :
(Film muet) Avec ce film, son second long métrage, Chaplin sort des sentiers battus et rompt avec le comique et met son personnage de côté. Cette histoire d’amour ratée fustige les gens riches et oisifs, une peinture sociale assez mordante. Il innove dans les cadrages en faisant du hors-champ et le scénario est très construit. On peut être un peu déçu de ne pas voir Chaplin jouer si ce n’est en figurant anonyme mais L’Opinion Publique est tout de même assez remarquable de clairvoyance.
Note : 3 étoiles

Lui :
C’est un film assez personnel de Charles Chaplin, une réflexion sur l’impact de l’argent sur les rapports humains, sur la fracture sociale ; ce sont des sujets toujours terriblement actuels presque un siècle plus tard et le propos et les préoccupations paraissent étonnamment modernes. Il y a beaucoup de candeur et de sincérité dans la façon de filmer qu’adopte Chaplin, l’absence de scénario écrit accentuant ceratinement cette impression. Il y a aussi de belles trouvailles cinématographiques, comme par exemple des hors-champ inhabituels. Premier film de Chaplin pour les Artistes Associés dont il est l’un des quatre fondateurs, L’Opinion Publique sera un échec commercial et Chaplin, qui avait voulu ainsi aller au delà du comique vers des films plus dramatiques, ne s’en remettra jamais. Vu aujourd’hui, c’est un film qui semble assez à part dans sa filmographie et qui ne fait pas son âge…
Note : 3 étoiles

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Acteurs: Edna Purviance, Carl Miller
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4 octobre 2005

Le journal d’une fille perdue (1929) de Georg Wilhelm Pabst

Titre original : « Das Tagebuch einer Verlorenen »
Autre titre : « Trois pages d’un journal »

Le journal d'une fille perdue Le journal d'une fille perdue Lui :
(Film muet) Cette « fille perdue » est une jeune fille reniée par sa famille après avoir été abusée par un homme travaillant avec son père. C’est une bourgeoisie hypocrite et haïssable que nous montre Pabst, une bourgeoisie rigide et froide, incapable du moindre sentiment. Le film laissant supposer qu’il y a plus de sentiment et d’amour au bordel que dans la société, le film fut bien entendu assassiné par la censure.

Le journal d'une fille perdueDe nombreuses scènes sont de pures petites merveilles de cinéma, comme cette scène presque surréaliste du réfectoire, la scène où la jeune fille revoit son père, et bien entendu celles où elle s’abandonne dans les bras de son partenaire. Car bien sûr, il y a Louise Brooks, terriblement photogénique, qui irradie le film de son extraordinaire aura. Avec Loulou (également de G.W. Pabst), Le journal d’une fille perdue est certainement le film qui sut vraiment mettre Louise Brooks en valeur, au cours d’une carrière incroyablement gâchée et beaucoup trop courte.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Louise Brooks, Josef Rovensky, Fritz Rasp
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22 septembre 2005

Le maître du logis (1925) de Carl Theodor Dreyer

Titre original : « Du skal aere din hustru »

Le maître du logisLui :
(Film muet) Tourné vers la fin de la période danoise de Carl Dreyer, Le Maître du Logis est à la fois un constat social sur les maris tyranniques et une comédie, une fantaisie sociale, pourrait-on dire. La première partie du film, destinée à bien placer les personnages, est tournée en plans généraux et ces scènes de vie quotidienne ne sont pas sans rappeler le néoréalisme italien. Ensuite, Dreyer se rapproche de ses personnages, des gros plans tellement expressifs que l’on se demande pourquoi on aurait besoin de dialogues. La vieille nounou est particulièrement étonnante. Rien ne semble gratuit, tout concourt à l’expression, tout en restant très sobre. Et quelle force ! La métamorphose du maître de maison est traitée avec un certain humour et film réussit ainsi à la fois grave et léger.
Seule ombre au tableau : le film était vu ici avec une musique techno de 2004, que personnellement je trouve non seulement en décalage total mais aussi parfaitement inécoutable. Heureusement, n’étant pas en salle, j’avais la possibilité de couper le son. J’ai donc regardé le film dans un silence total.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Mathilde Nielsen, Johannes Meyer, Astrid Holm
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23 juin 2005

Maldone (1928) de Jean Grémillon

MaldoneElle :
Film muet très novateur et audacieux dans son style. Jean Grémillon s’emploie à dépeindre la détresse et les obsessions d’un homme qui a perdu sa liberté en devenant un riche propriétaire et voudrait la retrouver. Pour cela, il utilise de nombreux procédés visuels inédits pour l’époque : ralentissements, accélérations, tourbillons, superpositions, flous. Cette mise en scène donne un rythme tourbillonnant et obsédant. Malgré quelques longueurs, on sent que Grémillon a pris plaisir à essayer de nouvelles pistes.
Note : 3 étoiles

Lui :
Ce film muet se montre particulièrement inventif à la fois dans les angles de prise de vues parfois audacieux et dans les effets de superposition ou de mouvements de camera. Le thème, assez classique, est dans la veine « l’argent ne fait pas le bonheur », c’est à dire un pauvre qui devient riche par héritage et qui est malheureux comme la pierre car il regrette sa liberté et son insouciance passée. Un film étonnamment jeune.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Charles Dullin, Genica Athanasiou
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14 juin 2005

Nosferatu le vampire (1922) de F.W. Murnau

Titre original : « Nosferatu, eine Symphonie des Grauens »

Nosferatu, eine Symphonie des GrauensNosferatu, eine Symphonie des GrauensElle : (pas vu)

Lui :
(Film muet) Adaptation non déclarée du roman Dracula de Bram Stoker, Nosferatu fait indéniablement partie des plus beaux films du cinéma muet. Rompant avec les habitudes de l’époque, Murnau choisit de le tourner en grande partie en extérieurs et en décors naturel, ce qui n’empêchera pas Nosferatu de devenir le fer de lance et le chef d’oeuvre de l’expressionnisme allemand. Vu 80 ans plus tard, le film conserve toute son intensité et reste fascinant, presque envoutant. Nosferatu le vampire La perfection des images et des éclairages de Murnau est évidente et certaines scènes restent gravées à jamais dans les mémoires, à commencer par la sinistre et effroyable silhouette de Nosferatu.

A l’époque, le film eut un grand succès auprès des surréalistes en Allemagne et en France. En revanche, le public anglais et américain le trouvèrent un peu ridicule, ce qui prête à sourire quand on pense au nombre incalculable de films hollywoodiens qui l’ont copié depuis.

NosferatuLa version récente de Nosferatu (appelée « Kino international edition », disponible actuellement en DVD) est une version restorée par L’immagine Ritrovata de Bologne. L’image a été très légèrement recadrée, la vitesse ajustée, la définition améliorée et le noir et blanc a été sensiblement coloré en bistre ou en bleu, selon les indications de l’époque. La bande son est une musique moderne composée par Gérard Hourbette et Thierry Zaboitzeff, interprétée par Art Zoyd. Cette musique electro-acoustique donne une nouvelle dimension au film en le prolongeant; elle colle parfaitement à l’image et il n’y que peu de hiatus entre son modernisme et l’âge du film.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Max Schreck, Gustav von Wangenheim, Greta Schroeder
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10 février 2005

Aelita (1924) de Yakov Protazanov

Titre original : « Аэлита »
Autres titres : « Aelita, the Queen of Mars », « Revolt of the Robots »

Aelita Lui :
Ce film muet soviétique, tourné en 1924, est vraiment étonnant. Aelita est tout d’abord étonnant par son propos, puisque 4 ans avant Metropolis de Fritz Lang il crée un univers de science-fiction, une vision vraiment novatrice d’une civilisation martienne en utilisant des costumes et des décors inspirés du cubisme. Aelita est étonnant aussi par son message, subtil et complexe, puisque l’on peut y lire aussi bien un pamphlet anti-communiste dans la façon où il nous montre une Russie pleine de miséreux (1), Aelita qu’une propagande communiste dans cette dualité Mars capitaliste face à la Terre communiste. Au final, le film est vraiment prenant. La musique récemment rajoutée est quelquefois en décalage et aurait tendance à gêner un peu le récit. Aelita connut un gros succès en Union Soviétique.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Yuliya Solntseva, Vera Orlova
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(1) On peut bien entendu objecter qu’en 1924, l’Union Soviétique sortait à peine de la guerre civile qui a ravagé son économie. Ceci dit, il s’agit ici d’une oeuvre d’anticipation et c’est en cela que la vision que Pritazanov donne de la Russie est assez terrible. Le réalisateur venait d’ailleurs de rentrer dans son pays… après s’être, dans un premier temps, exilé en France pour fuir la révolution. 
Aelita est la première grande production soviétique sous le contrôle total du cinéma mis en place par Lénine, précédent ainsi de très peu les grands films de propagande (La grève d’Eisenstein est également de 1924 mais les moyens mis en oeuvre étaient bien moindres que pour Potemkine l’année suivante).