29 septembre 2006

« Les espions » (1928) de Fritz Lang

Titre original : « Spione »

Les espions Elle :
(pas vu)

Lui :
(Film muet) Tourné par Fritz Lang juste après MetropolisLes espions est souvent présenté comme le film qui a établit tous les codes du film d’espionnage. Globalement le fond du scénario, entièrement écrit par Thea von Harbou, sa femme, n’est pas sans rappeler Mabuse et cette sensation est accentuée Les espions par le fait que l’acteur incarnant le grand méchant est le même. Calculateur et manipulateur, il est néanmoins plus charismatique. Fritz Lang fait intervenir de nombreux personnages et met plus que jamais en avant le rôle de la femme fatale, thème qui sera si souvent repris par la suite. Si le déroulement du scénario comporte quelques temps morts dans sa première moitié, le rythme du film s’accélère ensuite pour finir de façon assez haletante. Globalement, le budget de Les Espions fut moins important que celui des films précédents et cela peut expliquer cette mise en scène plus dépouillée mais qui n’en reste pas moins remarquable.
Note : 4 étoiles

Les espions

Acteurs: Rudolf Klein-Rogge, Gerda Maurus, Willy Fritsch
Voir la fiche du film et la filmographie de Fritz Lang sur le site imdb.com.
Le film était vu ici dans sa version allemande de 2h30. Il existe aussi une version américaine de 90 minutes.

Voir les autres films de Fritz Lang chroniqués sur ce blog…

Homonyme :
Les espions d’Henri-Georges Clouzot (1957)

16 septembre 2006

La veuve joyeuse (1925) d’ Erich von Stroheim

Titre original : « The merry widow »

The Merry WidowElle :
(pas vu)

Lui :
(Film muet) En compensation de la mutilation opérée sur son film précédent Greed ( Les Rapaces , 1924), la MGM offrit à Erich von Stroheim l’adaptation de cette opérette de Franz Lehar que plusieurs réalisateurs rêvaient de tourner. Plutôt que d’en faire une comédie légère, Stroheim en fit une satire assez mordante, s’attachant surtout à dépeindre les mœurs dissolues des princes de cette royauté fictive d’Europe Centrale. En plus d’une condamnation de l’argent et du pouvoir, on y trouve les fantasmes de Stroheim. Le côté sulfureux du film lui assura un gros succès à l’époque… Le scénario, fabuleusement puissant, fait partie de ces petites merveilles du cinéma. The Merry Widow S’il est moins complet et innovant que GreedLa veuve joyeuse a une indéniable force et reste très prenant et dense malgré sa longueur (2h25). Il est aussi plus classique dans sa construction. Avec son sourire carnassier, le personnage de fourbe interprété par Roy d’Arcy est particulièrement détestable…
Note : 4 étoiles

Acteurs: Mae Murray, John Gilbert, Roy d’Arcy
Voir la fiche du film et la filmographie de Erich von Stroheim sur le site imdb.com.

La Veuve Joyeuse fut adaptée de nombreuses fois à l’écran, notamment :
par Ernst Lubitsch en 1934 avec Maurice Chevalier et Jeanette MacDonald
par Curtis Bernhardt en 1952 avec Lana Turner (version moins réussie).
Voir la liste des 18 adaptations listées par IMDB + 2 autres

5 juillet 2006

Dans la nuit (1929) de Charles Vanel

Dans la nuit Elle :
(pas vu)

Lui :
(Film muet) Si nous connaissons tous Charles Vanel en tant qu’acteur à la filmographie prodigieuse (70 ans de cinéma), nous connaissons bien moins Charles Vanel le réalisateur. Et pour cause : il n’a réalisé que deux films, Dans la nuit en 1929, qui vient d’être sauvé et restauré, et Affaire classée en 1932, un court métrage dont une seule copie subsiste. Tourné en muet au milieu de la tourmente générée par l’arrivée du parlant, ce premier film fut quelque peu ignoré. C’est regrettable car, s’il n’est pas exempt de défaut, notamment sur le plan du scénario, ce premier film montre que Charles Vanel avait indéniablement des talents pour la réalisation. Il y a une inventivité réelle dans les cadrages, les transitions, les intertitres. De plus Charles Vanel montre une bonne maitrise de la caméra pour un premier film : tout en montrant une certaine maturité, il semble même s’amuser à tourner. Un film intéressant à voir en tout cas.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Charles Vanel, Sandra Milovanoff
Voir la fiche du film et la filmographie de Charles Vanel sur le site IMDB.

8 juin 2006

Le chanteur de jazz (1927) d’ Alan Crosland

Titre original : « The Jazz Singer »

The Jazz SingerLui :
Le Chanteur de Jazz est souvent présenté comme étant le premier film parlant ou le premier film sonore. Ce n’est pas tout à fait exact dans le sens où le premier film sonore doté du procédé Vitaphone fut Don Juan (1926), suivi de Old San Francisco (1927), tous deux du même Alan Crosland. Mais ces deux films n’étaient que des films musicaux. The Jazz Singer n’a, lui aussi, que très peu de paroles, une minute tout au plus, tout le reste est en intertitre, mais toutes les chansons d’Al Jolson sont sonorisées et synchrones.

Le succès fut spectaculaire après du public, apportant au cinéma une porte de sortie de la crise qu’il traversait : Warner, le studio le plus mal en point, avait joué son va-tout avec ce procédé qui stockait le son sur des disques séparés. The Jazz Singer Ce film symbolise donc parfaitement l’avènement du cinéma parlant. Le premier vrai film parlant ne sortira cependant qu’un an plus tard, Lights of New York (1928) de Bryan Foy, et la généralisation du système qui stocke le son sur la pellicule, le Movietone, ne se fera qu’au début des années 30.

En dehors de cet aspect historique, le film n’a toutefois que peu d’intérêt. Al Jolson est avant tout un chanteur et non un acteur, l’histoire en elle-même est des plus conventionnelles et, le jeu des acteurs, peu inspiré. Le Chanteur de Jazz a eu deux remakes, par Michael Curtiz en 1952 et par Richard Fleischer en 1980. Ces deux versions ne sont pas vraiment mémorables.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Al Jolson
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Remakes :
Le chanteur de jazz (The jazz singer) de Michael Curtiz (1952) avec Dany Thomas
Le chanteur de jazz (The jazz singer) de Richard Fleischer (1980) avec Neil Diamond

1 juin 2006

Le Talion (1928) de Tod Browning

Titre original : « West of Zanzibar »

Le Talion Elle :
(pas vu)

Lui :
(film muet) Dans cette histoire assez sombre de vengeance, Tod Browning met en scène son univers favori avec cette fois un Lon Chaney qui a perdu l’usage de ses jambes à la suite d’une chute. L’acteur est particulièrement convaincant dans ses reptations sur le sol et son visage respire le machiavélisme le plus profond. Le talionLe film se passant en Afrique noire, vaudous et rites sacrés sont de la partie et viennent alourdir l’atmosphère. L’ensemble est efficace et nous met même parfois un peu mal à l’aise. Encore une formidable prestation de Lon Chaney.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Lon Chaney, Lionel Barrymore, Mary Nolan
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27 mai 2006

Les Rapaces (1924) d’ Erich von Stroheim

Titre original : « Greed »

Les Rapaces Lui :
(Film muet) Greed fait partie des films les plus marquants et les plus mythiques de l’histoire du cinéma. La première version de cette adaptation du roman de Frank Norris durait 9 heures. Elle ne fut projetée qu’une seule fois, de façon privée, et Erich von Stroheim se résolut à réduire son film à 5 heures mais refusa d’en couper davantage. Il chargea le réalisateur Rex Ingram de continuer : le résultat durait alors 4 heures. La MGM, toujours insatisfaite, fit intervenir la scénariste June Mathis qui, sans avoir lu le livre, en fit une version de 2 heures qui sortit en salles, version totalement reniée par Von Stroheim. Les scènes coupées furent perdues à jamais.

Greed En 1999, une version de 4heures a été réalisée en utilisant des photos de tournage en plans fixes intercalés dans la version courte et en re-créant des intertitres. C’est ainsi que l’on peut voir apparaître des personnages qui avaient été totalement (ou en grande partie) supprimés.

Les Rapaces est une grande fresque sociale sur l’argent, la fascination qu’il génère et sur son pouvoir de destruction. Le film a une ampleur rare, même comparé aux films d’aujourd’hui. Formidable précurseur, Erich von Stroheim avait tissé une trame très riche où les destins se croisent et s’entrecroisent. Cette version de 4 heures réintroduit des personnages (les deux septuagénaires amoureux, le ferrailleur et la servante) qui font contrepoint au couple principal. Le film est bourré de symboles sur la cupidité, le destin, avec aussi toute une symbolique sexuelle. Ces symboles sont appuyés par le coloriage en jaune de certains objets, dont l’or bien entendu. Une scène est même en couleurs (!), cette fois pour symboliser le juste chemin, celui du couple de septuagénaires. Elle fit partie des coupes.

Erich von Stroheim a tenu à tout tourner dans les lieux réels, bénéficiant d’un budget sans précédent. Il fit rouvrir la mine d’or qui figure dans le livre, il traîna dans la Vallée de la Mort toute son équipe qui se mit à le haïr pour ces conditions épouvantables. Cette volonté du réalisateur donne au film une très forte authenticité, tout sonne vrai. Certaines scènes sont fastueuses mais de nombreuses grandes scènes de foule firent hélas partie des coupes.

GreedAinsi amputé, mais aussi parce qu’il touchait aux fondements de la société américaine, le film fut un échec commercial. Un critique américain aurait écrit : « Peut-être ce film plaira-t-il au public en Autriche, qui est la patrie d’Erich von Stroheim, mais je crois qu’aucun citoyen américain normal ne pourra l’apprécier. »

Cette reconstitution permet d’imaginer ce que pouvait être la version originale de 4 ou 5 heures et de mesurer à quel point c’est effectivement l’un des plus grands drames de l’histoire du cinéma d’avoir perdu à jamais les trois-quarts de ce qu’il n’est pas exagéré d’appeler l’un des plus grands films de tous les temps. Erich von Stroheim ne se remettra jamais de la mutilation de son film ; beaucoup plus tard, il déclarera : « Je considère que je n’ai fait qu’un seul vrai film dans ma vie… et personne ne l’a vu ».
Note : 5 étoiles

Acteurs: Zasu Pitts, Gibson Gowland, Jean Hersholt, Dale Fuller
Voir la fiche du film et la filmographie de Erich von Stroheim sur le site IMDB.
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Quelques liens sur « Les Rapaces » :
Une analyse du film et plusieurs séries de photogrammes.
Greed présenté sur le blog Messidor

23 mai 2006

The unknown (1927) de Tod Browning

Titre français : « L’inconnu »

The Unknown Elle :
(pas vu)

Lui :
(Film muet) The Unknown (L’inconnu) est incontestablement l’un des films les plus puissants de Tod Browning et aussi de Lon Chaney : son interprétation d’Alonzo, l’homme sans bras, est assez phénoménale puisqu’il joue entièrement avec ses pieds. En face de lui, la jeune Joan Crawford campe son personnage avec beaucoup d’aplomb. L’actrice déclarera plus bien tard que, de toute sa carrière, ce fut le film où elle a le plus appris.

Lon Chaney et Joan CrawfordCette histoire d’amour fou se déroule dans le monde d’un petit cirque gitan, l’occasion pour Tod Browning et Waldemar Young, le scénariste, de justifier l’un des scénarios les plus improbables du cinéma. Et cette histoire, tout invraisemblable qu’elle soit, on y croit entièrement, comme envoûté par la puissance du jeu des acteurs et une intensité dramatique qui ne fait que croître pour culminer dans une scène finale qui en devient presque insoutenable. Et pourtant, aucune scène n’est horrible en soi, il me paraît d’ailleurs très réducteur de le classer dans les films d’horreur. Non, c’est un film sur la nature humaine où les personnages sont dominés par leurs émotions, par des sentiments simples et quasi-instinctifs. Le personnage d’Alonzo, très complexe, nous inspire à la fois compassion et condamnation, parfois dans la même scène. Le film, du moins dans la version qui a survécu, est très court, 49mn, ce qui le rend encore plus dense.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Lon Chaney, Joan Crawford, Norman Kerry
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12 mai 2006

Loin vers l’est (1929) de Tod Browning

Titre original : « Where east is east »

Loin vers   l'est Elle :
(pas vu)

Lui :
(Film muet) Loin vers l’est fait partie des huit films que Lon Chaney a tourné sous la direction de Tod Browning, réalisateur qui fut parfois surnommé « l’Edgar Poe du cinéma ». Ce film est assez classique dans le sens où il joue avec l’attrait et la magie de l’Extrême-Orient pour mettre en scène une histoire de femme fatale, ensorceleuse à souhait. Lon Chaney interprète un rôle de chasseur de fauves, au visage couvert de profondes cicatrices… La magie opère pleinement et sans surprises, grâce à des personnages solidement campés. Loin vers l’Est n’est sans doute pas le film le plus remarquable de la collaboration Chaney/Browning mais il est très intéressant tout de même pour son climat.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Lon Chaney, Lupe Velez, Estelle Taylor, Lloyd Hughes
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6 mai 2006

Mare Nostrum (1926) de Rex Ingram

Mare Nostrum Lui :
(Film muet) Rex Ingram est l’un des pères du cinéma populaire hollywoodien. On le connaît surtout pour des films comme Les quatres cavaliers de l’Apocalypse, qui lanca Rudolph Valentino, ou The prisoner of Zenda qui fit découvrir Ramon Novarro. Ses films furent d’énormes succès et c’est le cas de ce Mare Nostrum, tourné vers la fin de sa carrière à une époque où le réalisateur s’était pris de passion pour la civilisation méditéranéenne. Cette histoire d’espionnage pendant la première guerre mondiale met particulièrement en valeur Alice Terry, son actrice fétiche… et sa femme. Si la mise en place apparaît un peu longue, la trame du scénario est vraiment prenante ensuite. Mare   Nostrum Rex Ingram est un réalisateur qui soigne sa photographie en construisant son image avec beaucoup de soin, une photographie qui apparaît tout aussi remarquable quatre-vingt ans plus tard.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Alice Terry, Antonio Moreno
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Remarques :
C’est sur ce film, tourné dans le midi de la France, que débute un tout jeune asssistant : l’anglais Michael Powell, futur grand réalisateur. Il en parle longuement dans ses mémoires.

18 avril 2006

La lettre écarlate (1926) de Victor Sjöström

Titre original : « The scarlet letter »

La lettre écarlate Elle :
(pas vu)

Lui :
(Film muet) Victor Sjöström est un réalisateur suédois qui est certainement à classer parmi les plus grands du cinéma muet. Un grand souffle lyrique passe dans bon nombre de ses films et celui-ci, tourné dans sa période hollywoodienne vers la fin de sa carrière, en est l’un des plus beaux exemples. Cette histoire poignante de femme adultère dans l’Amérique puritaine du XVIIe siècle a inspiré le cinéma puisque, déjà en 1926, il s’agissait de la 5e adaptation du roman de Nathaniel Hawthorne. Par la suite, il y en eut encore trois, dont celle Wim Wenders en 1973 et la plus récente Les amants du nouveau monde de Roland Joffé en 1995. Mais aucune n’a la force de celle de Sjöström qui parvient à un degré d’intensité assez rare. La lettre   écarlate Lillian Gish se donne toute entière à son personnage et révèle tout son talent à transmettre les émotions et à passer rapidement de l’innocence insouciante à l’accablement causé par son lourd fardeau. Quelle présence ! A ses côtés, Lars Hanson en paraît presque effacé. Sjöström maîtrise parfaitement sa mise en scène et la photographie est remarquable. Du grand cinéma lyrique qui nous laisse sans voix…
Note : 5 étoiles

Acteurs: Lillian Gish, Lars Hanson
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