29 décembre 2007

Je pense à vous (2006) de Pascal Bonitzer

Je pense à vousElle :
Cette comédie qui oscille entre le vaudeville, l’étude de moeurs et même le thriller met en scène principalement deux couples dans le milieu littéraire parisien. Une simple photo compromettante est le déclic qui enchaîne des chassés-croisés amoureux ou ravive des désirs de vengeance. Le scénario est original et bien construit. Sans être un grand film, on se laisse prendre au jeu des quiproquos.
Note : 3 étoiles

Lui :
Je pense à vous peut bien entendu n’être vu que comme un marivaudage très parisien et un peu vain, mais ce qui est intéressant (et aussi très amusant), c’est la façon dont Pascal Bonitzer joue avec les canons de ce type d’histoire, les chamboule, les retourne et fait rebondir sa trame qui semble partir dans tous les sens, comme un vaisseau sans contrôle. Je pense à vous tourne autour de cinq personnages qui sont parvenus à tisser des relations entre eux tellement complexes qu’un grain de sable (une simple photo) va avoir des conséquences démesurées. La jalousie est omniprésente et Bonitzer y saupoudre même une petite pincée névrotique pour pimenter le tout, flirtant avec les ambiances noires. Les situations se retournent en permanence et il est bien difficile de prévoir l’issue de chaque scène. Bonne prestation du quintet d’acteurs. L’ensemble donne une comédie très amusante où Pascal Bonitzer se moque assez copieusement de ses personnages.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Edouard Baer, Géraldine Pailhas, Marina de Van, Charles Berling, Hippolyte Girardot
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21 décembre 2007

The Secret Six (1931) de George W. Hill

The Secret SixElle :
(pas vu)

Lui :
Tourné la même année que Public Enemy et Little Caesar, The Secret Six fait partie des quelques tentatives de la MGM de se lancer dans le film de gangster face à la Warner qui en fera sa spécialité dans les années 30. Il raconte une histoire somme toute assez proche de Little Caesar, l’ascension d’un gangster, mais sans en avoir l’envergure ni la flamboyance : tout semble à une niveau inférieur, à commencer par la prestation de Wallace Beery qui ne semble pas parfaitement à l’aise dans son personnage et qui n’a pas sa présence habituelle. Dans les seconds rôles, on remarque la présence de jeunes stars montantes : Clark Gable, avec un jeu pas encore très assuré, et Jean Harlow que l’on retrouvera quelques mois plus tard dans Public Enemy, en tête d’affiche cette fois.
Note : 3 eacute;toiles

Acteurs: Wallace Beery, Lewis Stone, Jean Harlow, Marjorie Rambeau, Clark Gable
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20 décembre 2007

Les fragments d’Antonin (2006) de Gabriel Le Bomin

Les fragments d'AntoninElle :
Spécialiste des documentaires sur les traumatismes de guerre, Gabriel Le Bomin livre sa vision toute personnelle de la guerre dans ce premier film émouvant et authentique. Il préfère se pencher sur les blessures intérieures invisibles qui marquent à jamais la vie de ces soldats plutôt que sur les blessures extérieures. C’est à travers le regard d’Antonin, atteint d’un grand choc traumatique qui le secoue de tremblements, que l’on va revivre les fragments de sa vie éclatée et reconstituer son parcours. Dans une ambiance sonore un peu irréelle, le réalisateur choisit la sobriété. Pas d’effets inutiles, des décors couleur de cendre, des dialogues réduits au strict nécessaire, des scènes dans les tranchées à hauteur d’homme et des acteurs qui jouent en subtilité et retenue. Il se concentre sur les regards, les gros plans de visages, les silences, le toucher des mains pour reconstruire le terrible puzzle de ce soldat traumatisé.
Note : 4 étoiles

Lui :
Les fragments d’Antonin est le premier long métrage de Gabriel Le Bomin, auteur de plusieurs documentaires sur les traumatismes de la guerre qui lui avaient fait découvrir que « la guerre ne provoquait pas seulement des blessures corporelles, mais aussi des blessures de l’âme, qui ne se voient pas et dont on ne parle pas ». Antonin est un soldat que la fin de la guerre de 14-18 laisse profondément traumatisé. Le docteur qui le soigne cherche à lui faire revivre certains moments pour l’en libérer. Gabriel Le Bomin trouve le ton juste, un ton assez original, sobre, sans paroles inutiles, sans esbroufe, sans en faire un spectacle. Il ne porte pas d’accusations, ni de jugement ; il témoigne, ce qui est déjà beaucoup. Mais son témoignage est finalement terriblement efficace.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Grégori Derangère, Anouk Grinberg, Aurélien Recoing, Niels Arestrup
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19 décembre 2007

Dans Paris (2006) de Christophe Honoré

Dans ParisElle :
Dans Paris a pour ambition de retrouver le ton des films de la Nouvelle Vague. Je ne l’ai pas senti en ce qui me concerne, il manque le style, la fraîcheur, l’inventivité des années 60 et surtout le contenu. Pour ne rien arranger, la qualité sonore est loin d’être parfaite : dans la première partie, les dialogues sont à peine compréhensibles. (Abandon)
Note : pas d'étoiles

Lui :
Dans Paris nous dresse le portrait d’une famille sans aucune communication et plus particulièrement celui de deux frères. L’un des deux est totalement anéanti par une histoire d’amour malheureuse (exposée dans les 20 premières minutes) pendant que l’autre entame une virée à pied dans Paris où il fera plusieurs rencontres. Dans de nombreuses scènes, Christophe Honoré s’inspire ostensiblement de la Nouvelle Vague, à commencer par Godard et Truffaut, et le ton général est assez libre presque improvisé, Dans Paris ayant visiblement été tourné assez prestement. Si la démarche de faire ainsi des films plutôt atypiques me séduit assez, le film m’a hélas assez franchement ennuyé, tout cela est assez vide, le film est à l’image du personnage interprété par Romain Duris…. A mes yeux, Dans Paris est surtout un exercice de style.
Note : 1 étoiles

Acteurs: Romain Duris, Louis Garrel, Joana Preiss, Guy Marchand, Marie-France Pisier
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17 décembre 2007

La Californie (2006) de Jacques Fieschi

La CalifornieElle :
Adapté d’un roman de Simenon, ce film sur l’univers d’une petite bande de oisifs qui vivent aux crochets d’une femme sur la Côte d’azur est assez inégal, voire franchement ennuyeux. Certes, il y a un ton, Jacques Fieschi a d’ailleurs travaillé avec Claude Sautet, il utilise ici d’excellents acteurs à contre-emploi comme Nathalie Baye ou Roschdy Zem et mais cela ne suffit pas pour maintenir l’intérêt.
Note : 2 étoiles

Lui :
Premier film de Jacques Fieschi, scénariste entre autres de films de Sautet et de Nicole Garcia, La Californie est un film assez personnel dans lequel il parvient à parfaitement recréer le monde artificiel qu’une femme fortunée s’est bâti comme un rempart contre la vacuité de son existence (La Californie est le nom d’un quartier de Cannes). Elle s’est entourée d’un petit groupe hétéroclite et déraciné qui mène une vie frivole et inutile. Nathalie Baye interprète magnifiquement ce rôle très légèrement décalé par rapport à son image. Roschdy Zem, presque méconnaissable, montre une fois de plus son grand talent en personnifiant un serbe viril extrêmement convaincant, on a vraiment l’impression qu’il a parlé serbe toute sa vie ; il donne une très grande dimension à son personnage. La Californie tient surtout sur la performance de ces deux acteurs, il faut bien l’avouer, mais le film reste assez intéressant pour son étude de mœurs.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Nathalie Baye, Roschdy Zem, Ludivine Sagnier, Mylène Demongeot, Radivoje Bukvic
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13 décembre 2007

Le pressentiment (2006) de Jean-Pierre Darroussin

Le pressentimentElle :
Ce premier film de Jean-Pierre Darroussin adapté d’un roman d’Emmanuel Bove est une jolie surprise pleine de poésie, de fantaisie mais aussi de mélancolie. Cet avocat en pleine recherche sur lui-même, rejette le milieu bourgeois d’où il est sorti et s’installe dans les quartiers populaires du vieux Paris. Darroussin campe ce personnage déphasé et en retraite spirituelle avec retenue. Il observe ce petit monde placidement de façon intériorisée. Il ouvre son appartement aux gens simples et en difficulté ; il donne de sa personne pour soulager la peine. Il couche sur le papier ses observations pour redonner un sens à sa vie, une vie que Jean-Pierre Darroussin fait vaciller avec intensité et émotion dans la dernière partie du film.
Note : 3 étoiles

Lui :
Un avocat qui renonce à une vie qu’il juge trop confortable pour aller vivre dans un quartier populaire et écrire des poèmes, telle est la trame de Le Pressentiment, le premier long métrage de cet excellent acteur Jean-Pierre Darroussin. Cette sorte de retraite spirituelle pour retrouver des fondamentaux en lui sera un peu bousculée par son entourage immédiat et le personnage principal, joué par Darroussin lui-même, semble traverser les évènements sans jamais les pénétrer. Le Pressentiment parvient bien à créer ce personnage en proie à tant de questionnements et la mise en scène, sobre et discrète, n’est pas étrangère à cette réussite. On peut regretter toutefois un certain essoufflement en milieu de film qui ne se retrouve relancé que dans la toute fin. Le Pressentiment est néanmoins un film bien sympathique et qui incite à espérer que Darroussin poursuive dans cette voie.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Jean-Pierre Darroussin, Valérie Stroh, Amandine Jannin, Hippolyte Girardot
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12 décembre 2007

Le fils préféré (1994) de Nicole Garcia

Le fils préféréElle :
Gérard Lanvin incarne avec talent le rôle du fils préféré et découvre peu à peu ses origines. Les déchirures de cette famille composée de trois frères sont dépeintes avec beaucoup de délicatesse et de sensibilité. Les trois frères malgré leurs discordes finissent par se redécouvrir et se retrouver en recherchant leur père disparu. Gérard Lanvin, en dragueur impénitent et chef d’entreprise fauché et roublard, Bernard Giraudeau, en homosexuel provocateur, et Jean-Marc Barr, en bourgeois honteux de ses origines modestes, donnent beaucoup de crédibilité à cette histoire originale.
Note : 5 étoiles

Lui :
Le sujet traité, une famille hétéroclite déchirée par un passé obscur, aurait pu donner un film stressant et déprimant. C’est sans compter le talent de Nicole Garcia, qui depeint le caractère de ces personnages avec délicatesse et beaucoup de demi-teintes tout en laissant de la place à l’ambiguité. Elle est bien-sûr aidée par le talent des acteurs, Gérard Lanvin en tête, mais elle démontre là de réels talents pour la réalisation.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Gérard Lanvin, Bernard Giraudeau, Jean-Marc Barr, Pierre Mondy, Karin Viard
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9 décembre 2007

Les amitiés maléfiques (2006) de Emmanuel Bourdieu

Mes amitiés maléfiquesElle :
Ancien professeur de philosophie et fils de Pierre Bourdieu, Emmanuel Bourdieu a le mérite d’approcher des thèmes peu abordés au cinéma. Il nous plonge avec retenue et authenticité dans le milieu estudiantin, les cours de littérature en amphithéâtre et le milieu littéraire parisien. C’est aussi l’occasion pour lui d’évoquer les questionnements adolescents, les plans échafaudés sur l’avenir, les rêves, les vraies rencontres mais aussi les amitiés perverses, les trahisons, les mauvaises influences d’amis en mal de reconnaissance. Bien que parfois un peu confus, on se laisse emporter par cette frénésie de création qui traverse les personnages.
Note : 3 étoiles

Lui :
Avec Les amitiés maléfiques, Emmanuel Bourdieu se penche sur les relations qui peuvent se nouer au moment de la post-adolescence, ici entre quatre jeunes étudiants à la Sorbonne. L’un d’entre eux, plus charismatique et intransigeant, joue le rôle de leader et influence grandement les trois autres. Les amitiés maléfiques a le mérite de nous plonger dans un univers inhabituel, la façon dont ses personnages se passionnent pour la littérature lui donne même un petit côté XIXe très agréable. Il manque toutefois un peu de flamboyance à son histoire pour nous happer totalement. Très belle prestation de Thibault Vinçon (avec un physique à la Jim Morrison) et de Malik Zidi.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Malik Zidi, Thibault Vinçon, Dominique Blanc, Natacha Régnier, Jacques Bonnaffé, Alexandre Steiger, Thomas Blanchard
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6 décembre 2007

Mélo (1986) d’ Alain Resnais

MéloElle :
La scène d’ouverture qui se passe dans un petit jardin de banlieue permet à Mélo de démarrer dans la légèreté et l’insouciance autour des retrouvailles de deux vieux amis. Puis, peu à peu, les ressorts du scénario se mettent en place. Sabine Azema succombe sous le charme de Dussolier, le fascinant violoniste et souhaite le rencontrer seule. A partir de là, sa double vie l’entraîne dans le mensonge et même pire. Le trio d’acteurs donne beaucoup de crédibilité à cette banale histoire de mari trompé.
Note : 5 étoiles

Lui :
Je dois avouer avoir été légèrement déçu par cette nouvelle vision de Mélo. Ce n’est pas dû à la forme, que j’aime beaucoup : ce style d’adaptation du théâtre au cinéma est franchement parfait, depuis la position des caméras jusqu’aux enchaînements. Ce n’est pas sur le plan de l’interprétation qui est pleine de sensibilité. Non, ce serait plutôt sur le fond, l’histoire, une femme écartelée par son mensonge entre deux hommes, une histoire qui m’a quelque peu ennuyé par moments. J’avais pourtant beaucoup aimé ce film à sa sortie.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Sabine Azéma, Pierre Arditi, André Dussollier, Fanny Ardant
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5 décembre 2007

Le testament du Docteur Cordelier (1959) de Jean Renoir

 Le testament du Docteur CordelierElle :
(pas vu)

Lui :
Pour tourner Le testament du Docteur Cordelier, Jean Renoir a utilisé les moyens utilisés habituellement pour les téléfilms dans le but d’avoir plus de libertés, de trouver des nouvelles voies. Le résultat n’est certainement à la hauteur de ses espérances, avec notamment un flagrant manque d’intensité. Quand on sait de quel roman de Stevenson ce film est l’adaptation (non mentionné au générique), il n’y a aucune surprise, l’ensemble tombe vraiment à plat. Renoir avait certainement prévu son film pour être vu sans être prévenu, pour que le spectateur soit intruigué et s’interroge. Nul doute que Le Testament du Docteur Cordelier s’inscrit en mode mineur dans la filmographie de Renoir.
Note : 3 eacute;toiles

Acteurs: Jean-Louis Barrault, Teddy Bilis , Michel Vitold, Jean Topart
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