7 mars 2009

La graine et le mulet (2007) de Abdel Kechiche

La Graine et le muletElle :
Je suis allée jusqu’au bout mais avec grande difficulté. Impossible de m’immerger dans l’univers brouillon et grouillant de Kechiche malgré l’histoire touchante de cet homme licencié. C’est un cinéma très réaliste, peut-être un peu trop, dans lequel on a l’impression d’être un peu voyeur tant nous sommes plongés physiquement au cœur de la vie de ses personnages. Et puis j’ai ressenti tout le long du film de très grandes longueurs durant lesquelles il ne se passe rien si ce n’est qu’on observe les gens vivre et parler de tout et de rien pendant très longtemps. On assiste vraiment à tout.
Note : 2 étoiles

Lui :
La Graine et le mulet est un film qui engendre des réactions assez opposées suivant les personnes. Il faut avouer que le cinéma d’Abdellatif Kechiche est, ici plus que jamais, assez difficile d’accès, à l’image du premier tiers du film (soit tout de même 50 minutes) qui paraît bien long, avec notamment une scène de repas particulièrement interminable et éprouvante. Kechiche filme de plus en plus près de ses personnages, trop près ;  les scènes se déroulent en temps réel. Plus que sur le fond de l’histoire, qui est traitée à coup d’ellipses brutales, Kechiche semble s’intéresser aux rapports entre ses personnages, entre familles, entre générations, entre communautés ou face aux administrations. Les sujets de discussions sont soit futiles soit fortement conflictuels. Le caractère « vie réelle » est tellement prononcé qu’il donne parfois une désagréable impression de voyeurisme. L’ensemble paraît fort long…
Note : 2 étoiles

Acteurs: Habib Boufares, Hafsia Herzi, Bruno Lochet
Voir la fiche du film et la filmographie de Abdel Kechiche sur le site IMDB.

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4 mars 2009

Darling (2007) de Christine Carrière

DarlingElle :
Adapté du roman de Jean Teulé basé sur une histoire vraie, Darling nous plonge dans l’enfer de la vie d’une jeune femme broyée par sa famille puis par son mari dans la campagne bas-normande. Catherine est en mal d’amour depuis son enfance où ses parents moquaient sa silhouette rondouillarde. Les problèmes d’alcoolisme, de violence conjugale et paternelle, de chômage, de dépréciation de soi, de désamour expliquent cette lente inéluctable chute vers le fond. Brisée moralement et physiquement, elle avance courageuse, droit devant elle, dans l’espoir d’une vie meilleure et de récupérer ses enfants qu’elle a été obligée d’abandonner. Fille de paysan, elle rêve d’autres univers et en particulier celui des routiers qui passent devant chez elle. Le chemin qui se trace devant elle est de plus en plus obscur, dur et sans issue. Marina Foïs adopte un jeu sobre et émouvant qui sonne vrai et fait écho à toutes ces femmes battues et perdues.
Note : 4 étoiles

Lui :
L’histoire que nous raconte Darling est assez terrifiante. On aimerait pouvoir se réfugier et se dire que c’est caricatural et exagéré, mais non : le film de Christine Carrière est basé sur une histoire vraie, celle d’une jeune femme qui a une vie bien difficile. La réalisatrice a adopté un ton similaire à celui du livre de Jean Teulé, beaucoup étant raconté par l’héroïne elle-même en voix-off avec une distanciation et une certaine ironie qui permet d’éviter toute lourdeur. Le propos ici n’est pas de juger mais de raconter, il serait d’ailleurs un peu facile de trouver que cette jeune femme a fait des mauvais choix car elle en a eu bien peu. Marina Foïs, que l’on a plus l’habitude de voir dans des rôles bien plus légers, est assez étonnante, parvenant à donner beaucoup d’authenticité à son personnage, sans jamais grossir le trait. Darling est un film assez dur, qui secoue un peu, mais c’est aussi un témoignage sans aucun doute nécessaire.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Marina Foïs, Guillaume Canet, Océane Decaudain, Anne Benoît, Marc Brunet
Voir la fiche du film et la filmographie de Christine Carrière sur le site imdb.com.

25 février 2009

Actrices (2007) de Valeria Bruni Tedeschi

ActricesElle :
J’ai toujours du mal à comprendre les critiques dithyrambiques que le cinéma nombriliste de Valéria Bruni Tedeschi suscite chez les journalistes. Ce film à l’allure « intello » se révèle passablement ennuyeux. Les minauderies et tourments de son personnage d’actrice nunuche et peu crédible me laissent de marbre et me font abandonner.
Note : pas d'étoile

Lui :
Actrices nous plonge dans les insondables désarrois d’une actrice quarantenaire. Valeria Bruni Tedeschi donne toujours cette désagréable impression de minauder plutôt que de jouer, son film donne celle de se prendre très au sérieux. Le monde du théâtre décrit ici paraît ici bien caricatural, peuplé de personnes nombrilistes et imbus d’eux-mêmes.
Note : 1 étoile

Acteurs: Valeria Bruni Tedeschi, Noémie Lvovsky, Louis Garrel, Mathieu Amalric
Voir la fiche du film et la filmographie de Valeria Bruni Tedeschi sur le site IMDB.
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22 février 2009

Ce que mes yeux ont vu – Le mystère Watteau (2007) de Laurent de Bartillat

Ce que mes yeux ont vu, le mystère WatteauElle :
Un film très court et pourtant… L’idée de découvrir la mystérieuse femme vue de dos dans les tableaux de Watteau est séduisante. Le choix de confier le rôle de cette chercheuse en histoire de l’art Sylvie Testud paraît judicieux. Hélas, cette courte histoire aux enchevêtrements complexes se voit affublée d’un ressort de scénario un peu indigeste, en la personne d’un jeune homme muet dont on ne comprend pas bien la présence. Il faut toutefois souligner la beauté des plans rapprochés à pleine ouverture sur le visage de Sylvie Testud. La musique onirique est vite fatigante et l’intrigue qui flirte entre policier et fantastique devient assez vite ennuyeuse.
Note : 2 étoiles

Lui :
Ce que mes yeux ont vu, le mystère Watteau retrace l’enquête minutieuse que mène une étudiante en Histoire de l’Art sur les tableaux de Watteau, en particulier sur une femme toujours représentée de dos. Qui est-elle et que peut-elle nous apprendre sur la vie de l’artiste ? C’est le premier long métrage de Laurent de Bartillat, lui-même ancien étudiant en Histoire de l’Art. Si le rendu de l’aspect enquête est assez bien réussi, la juxtaposition d’une histoire avec un jeune sourd et muet, sorte de pierrot moderne censé jouer le rôle de déclencheur, l’est hélas beaucoup moins. Même s’il est encombré de nombreux clichés, Ce que mes yeux ont vu, le mystère Watteau a le mérite de prendre un sujet intéressant et d’en faire un film policier original et assez prenant.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Sylvie Testud, Jean-Pierre Marielle, James Thiérrée
Voir la fiche du film et la filmographie de Laurent de Bartillat sur le site imdb.com.

16 février 2009

Le 4e morceau de la femme coupée en trois (2007) de Laure Marsac

Le 4e morceau de la femme coupée en trois Elle :
Un film de 70 minutes, un titre bien énigmatique, une action en trois temps sur le thème de la voiture avec l’auto-école, une jolie jeune femme haut perchée sur ses talons qui rêve de conduire, la voiture en rade sur un parking et le voyage en voiture au temps de l’enfance. Même si le film offre une mise en scène originale et donne lieu à de jolis moments de fraîcheur et de tendresse notamment dans la première partie, le scénario sonne finalement un peu creux et vain. On finit par trouver le temps long dans ce film pourtant très court.
Note : 2 étoiles

Lui :
Le 4e morceau de la femme coupée en trois… le titre est alléchant et laisse augurer un film plutôt original. C’est effectivement le cas. Laure Marsac interprète elle-même le rôle principal de son premier long métrage : trois épisodes de la vie d’une jeune femme, trois épisodes ayant directement trait à sa relation avec les voitures. Le premier, les leçons de conduite, est le plus conventionnel et aussi le plus réussi, avec une fraîcheur et des dialogues légers et amusants. Denis Podalydes ne semble toutefois pas très à l’aise dans son personnage d’instructeur. La seconde histoire se déroule (presque) en temps réel et paraît aussi vide et interminable que son attente d’un dépanneur sur un parking de supermarché. Il est assez difficile de cerner l’intention de Laure Marsac dans cette section, tout comme dans la suivante, une scène de son enfance… Quant au quatrième morceau de cette femme coupée en trois, ce pourrait être d’après la réalisatrice le maillon manquant de l’histoire, son adolescence par exemple. Laure Marsac a du style mais cela ne nous sauve pas de l’ennui.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Laure Marsac, Denis Podalydès, Claire Borotra
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14 février 2009

Le cou de la girafe (2004) de Safy Nebbou

Le Cou de la girafeElle :
Un joli premier film sensible et sans mièvrerie sur la filiation, la recherche de ses origines, les rendez-vous ratés avec sa famille, le divorce, la rupture, les regrets, le temps qui passe, la vie. Un scénario émouvant et plein de tendresse porté par la justesse de Claude Rich, Sandrine Bonnaire et la petite Mathilde si vivante et mature à la fois. Safy Nebbou a mis une part de lui-même dans cette histoire de grand-mère à retrouver 30 ans après sa fuite du foyer conjugal et cela fait sans doute une partie de sa réussite. Le film est parsemé d’éclats de joie, d’humour, de fantaisie mais aussi de tristesse. La photographie est belle notamment sur les portraits des personnages; ceux de la fillette sont lumineux.
Note : 4 étoiles

Lui :
Une fillette plutôt dégourdie convainc son grand-père de partir rendre visite à sa grand-mère qu’elle n’a jamais connue. Cette histoire de type secret de famille peut avoir un goût de déjà-vu mais Safy Nebbou la filme avec beaucoup de simplicité et de sensibilité. Il sait trouver le ton juste et montre une belle maîtrise pour un premier long-métrage. Claude Rich trouve ici un beau rôle qui met bien en valeur son jeu alliant retenue et richesse. Louisa Pili, la fillette, est particulièrement photogénique ; elle est aussi étonnante par l’intensité de son interprétation. Le Cou de la girafe est un film sans sophistication et assez touchant.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Sandrine Bonnaire, Claude Rich, Louisa Pili, Darry Cowl
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13 février 2009

Astérix aux jeux olympiques (2008) de Frédéric Forestier et Thomas Langmann

Astérix aux jeux olympiquesElle :
(pas vu)

Lui :
Pas d’heureuse surprise comme avec Mission Cléopâtre, Astérix aux Jeux Olympiques est bien décevant. Peu importe tous les trucages et effets spéciaux, l’humour fait défaut ; certaines situations pourtant prometteuses sont très mal exploitées, les dialogues quasi inexistants. Benoît Poelvoorde a beau se démener comme un diable pour mettre un peu de rythme, l’ensemble est bien plat.
Note : 1 étoile

Acteurs: Benoît Poelvoorde, Alain Delon, Gérard Depardieu, Clovis Cornillac
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4 février 2009

Un secret (2007) de Claude Miller

Un secretElle :
Une histoire et un secret bouleversants qu’il vaut bien mieux découvrir avec le roman de Philippe Grimbert. La construction du film est confuse voire ennuyeuse ; les personnages secondaires sont mal exploités. Et voir Patrick Bruel, cinquantenaire dans la peau d’un trentenaire, n’aide pas vraiment à nous faire adhérer à l’histoire.
Note : 2 étoiles

Lui :
De cette adaptation du roman autobiographique de Philippe Grimbert, Un secret, Claude Miller a probablement cherché à faire un film pour un large public. C’est du moins ce que le casting un peu « people » peut nous laisser supposer. Le film est à l’image de son affiche, c’est-à-dire inutilement racoleur. C’est d’autant plus dommage que cette histoire est très forte en soi mais l’émotion a bien du mal à passer ici. Une construction confuse, le jeu impersonnel ou effacé des acteurs (mise à part Julie Depardieu, toujours convaincante), tout concoure à rendre Un secret assez plat. Le roman de Philippe Grimbert aurait certainement mérité mieux.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Cécile De France, Patrick Bruel, Ludivine Sagnier, Julie Depardieu, Mathieu Amalric
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3 février 2009

Le deuxième souffle (2007) de Alain Corneau

Le Deuxième souffleElle :
(pas vu)

Lui :
Plus de 40 ans après Le Deuxième Souffle de Jean-Pierre Melville, Alain Corneau choisit de sortir de la réalité : image hyper-saturée, couleurs fluos, filtres jaunes utilisés à l’excès, musiques grandiloquentes placées à contre-emploi, bruitages avec  forte réverbération… Le résultat paraît bancal, totalement étranger et inamical (ce qui était sans doute recherché), mais aussi factice et artificiel. On peut certes parler d’exercice de style, et si l’on regarde le film dans ce sens Alain Corneau est franchement audacieux, mais hélas ces parti pris, tout originaux qu’ils puissent être, n’aboutissent sur rien de convaincant. Si l’on rajoute à cela quelques effets faciles et racoleurs, tels les ralentis pseudo-esthétisants dans les fusillades, et le jeu étonnamment forcé des acteurs, ce Deuxième Souffle déçoit franchement. L’histoire perd en tout cas son intensité.
Note : 1 étoile

Acteurs: Daniel Auteuil, Monica Bellucci, Michel Blanc, Jacques Dutronc, Eric Cantona, Daniel Duval, Gilbert Melki, Nicolas Duvauchelle, Jacques Bonnaffé
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Version précédente :
Le deuxième souffle de Jean-Pierre Melville (1966) avec Lino Ventura

24 janvier 2009

L’heure zéro (2007) de Pascal Thomas

L'Heure zéroElle :
Un jeu d’acteur inégal, souvent trop poussé et une mise en place confuse et laborieuse me font abandonner. L’ensemble sonne faux.
Note : 0 étoile

Lui :
Pascal Thomas adapte une nouvelle fois un roman d’Agatha Christie, une histoire qu’il place dans une grande demeure bourgeoise au bord de la belle côte rocheuse de la Bretagne Nord. L’Heure Zéro a beaucoup de mal à se mettre en place et il faut attendre le tiers du film pour le voir enfin prendre son envol. Cela ne dure pas hélas, le soufflé retombe vite, principalement du fait d’une interprétation forcée et des personnages bien trop typés : Laura Smet est trop vulgaire, Chiara Mastroianni trop froide, Melvil Poupeau trop propret. Rien ne passe entre les personnages. Les personnages secondaires sont en revanche insignifiants mis à part un excellent couple de domestiques à qui l’on doit les meilleurs moments. François Morel n’est pas crédible une seule seconde en enquêteur, sorte de Colombo déguisé en Jacques Tati. Il reste le scénario, une solide énigme policière et familiale qui finalement nous sauve de l’ennui. L’Heure Zéro est un divertissement hélas bien moins réussi que l’adaptation précédente de Pascal Thomas Mon petit doigt m’a dit.
Note : 3 étoiles

Acteurs: François Morel, Danielle Darrieux, Melvil Poupaud, Laura Smet, Chiara Mastroianni, Alessandra Martines
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Remarque :
Il faut tout de même saluer la prestation parfaite de Danièlle Darrieux, qui montre toujours une belle présence à l’écran.