21 janvier 2011

Un prophète (2009) de Jacques Audiard

Un prophèteElle :
Note : 3 étoiles

Lui :
Condamné à six ans de prison, Malik est enrôlé de force par César Luciani qui, à la tête du clan corse, contrôle la prison. D’abord utilisé pour de basses besognes, il va peu à peu prendre le pas sur le chef mafieux… Dès les premières minutes, Un prophète nous plonge sans ménagement dans l’univers carcéral avec ses clans, ses règlements de compte et son univers très masculin. La caméra de Jacques Audiard se colle à son personnage principal et ne le quitte plus, accroissant cette impression de vivre cette histoire. Son film est d’une réalisation technique parfaite, parsemé de scènes de forte intensité qui mettent souvent mal à l’aise. Tahar Rahim fait une performance remarquable pour son premier grand rôle et le fait que son visage nous est inconnu, accentue encore l’impression d’authenticité qui se dégage du film. Film largement plébiscité par la critique, Un prophète est un film particulièrement percutant ; il est aussi assez éprouvant.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Tahar Rahim, Niels Arestrup, Adel Bencherif, Hichem Yacoubi, Reda Kateb
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16 janvier 2011

Eldorado (2008) de Bouli Lanners

EldoradoLui :
Deux types traversent la Belgique dans une vieille Chevrolet. Ils se sont rencontrés de la façon la plus improbable qui soit, l’un découvrant l’autre venu le cambrioler, caché sous son lit… Eldorado est un road-movie assez atypique. Bien qu’il ne se passe finalement que peu de choses, on ne s’ennuie pas une seconde. Bouli Lanners réussit à établir un joli rythme et surtout à créer un film graphiquement très beau, avec de superbes travelings. Il utilise merveilleusement le plan large et le paysage de son plat pays qu’il fait parfois ressembler au grand Ouest américain. Grands espaces et routes minuscules, le très grand croise le plus petit. Si les rencontres sont peu nombreuses, elles sont totalement inattendues et créent des situations autant imprévisibles qu’improbables. Doté d’un humour discret mais solide, Eldorado est un film original et attachant.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Bouli Lanners, Fabrice Adde, Philippe Nahon
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Homonymes :
El Dorado de Marcel l’Herbier (1921)
Eldorado film canadien de Charles Binamé (1995)
Eldorado de Richard Driscoll (2010)

13 janvier 2011

La fille du RER (2009) d’ André Téchiné

La fille du RERElle :
Note : 3 étoiles

Lui :
On se souvient de l’affaire de « l’agression du RER D » qui avait, en 2004, défrayé la chronique : une jeune fille déclarait avoir été agressée par un groupe de jeunes gens qui la croyait juive, avant de reconnaître quelques jours plus tard qu’elle avait tout inventé. André Téchiné s’inspire de cette affaire et crée les évènements qui précédent et ceux qui suivent. Il le fait non pour expliquer le geste de la jeune fille (il ne faut donc surtout pas attendre d’explications car le film n’en donne pas) mais pour créer une histoire qui met en relief une série de fêlure dans la vie de cette jeune fille et un certain besoin de liens. Si Téchiné ne convainc pas totalement sur le fond, il réussit en revanche totalement sur la forme. La Fille du RER est un film très beau, assez délicat malgré le sujet propice à générer des lourdeurs. André Téchiné filme magnifiquement Emilie Dequenne dont émane une constante fragilité. Le plan final de son héroïne en rollers qui apparaît en pointillés à travers les herbes est absolument superbe.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Émilie Dequenne, Michel Blanc, Catherine Deneuve, Mathieu Demy, Ronit Elkabetz, Nicolas Duvauchelle
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12 janvier 2011

Viva Maria! (1965) de Louis Malle

Viva Maria!Lui :
Au début du XXe siècle en Amérique Centrale, Maria, fille d’un terroriste irlandais, rencontre Maria, chanteuse dans une troupe ambulante. Elles mettent sur pied un numéro de cabaret et « inventent » le striptease avant de prendre la tête d’une révolution. Viva Maria est un élégant divertissement, dynamisé par un couple de charme : Brigitte Bardot et Jeanne Moreau. Entre les deux actrices, la symbiose fonctionne parfaitement. La première partie du film est la plus réussie, assez pétillante et relevée par une série de gags. La seconde partie peut paraître un peu plus longue ; plus parodique, elle s’enlise parfois. Il faut saluer les effets pyrotechniques, les explosions n’étant jamais petites… Le scénario est un peu décousu, part parfois dans tous les sens mais l’ensemble reste très divertissant.
Note : 3 étoiles (12/01/2011)3 étoiles (29/08/2025)

Acteurs: Brigitte Bardot, Jeanne Moreau, Paulette Dubost, George Hamilton
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Remarques : 
* La musique est de Georges Delerue.
* Parmi les assistants-réalisateurs de Viva Maria, on peut noter la présence de Juan Luis Buñuel (fils de Luis Buñuel) et celle de Volker Schlöndorff.
* Louis Malle décrit ainsi son film : « Un film d’action, avec des rires, des décors exotiques, et sans traumatisme de l’esprit. »

9 janvier 2011

Le passage du Rhin (1960) de André Cayatte

Le passage du RhinLui :
Le passage du Rhin nous fait suivre le parcours de deux français aux tempéraments opposés pendant la Seconde Guerre mondiale. Tous deux sont faits prisonniers dès le début de la guerre et envoyé travailler dans des fermes allemandes. L’un est un journaliste qui se bat par idéal pour défendre la Liberté, l’autre est un pâtissier qui subit un peu sa vie. On comprend aisément que le film d’André Cayatte ait pu désarçonner à sa sortie : il prend le contrepied de l’image classique du héros et, en outre, montre la guerre vue du côté allemand. Pour ne rien arranger, il montre aussi une certaine collaboration ordinaire. Le Passage du Rhin a effectivement souvent été critiqué pour son « propos discutable ». Avec le recul, on s’aperçoit que le propos du cinéaste est surtout profondément humaniste. Charles Aznavour se révèle une fois de plus étonnant par la justesse de son interprétation. Avec Tirez sur le Pianiste (1), ce film contribuera à montrer au grand jour ses qualités d’acteur. En réalité, le seul reproche que l’on puisse faire à ce Passage du Rhin est sa construction un peu brouillonne : Cayatte saute parfois d’une scène à l’autre sans liaison et c’est à nous de combler les trous…
Note : 4 étoiles

Acteurs: Charles Aznavour, Nicole Courcel, Georges Rivière, Cordula Trantow
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(1) Il est amusant qu’Aznavour ait enchaîné les deux films car on ne peut pas dire que Cayate ait été un cinéaste très apprécié par la Nouvelle Vague…!

4 janvier 2011

La foire aux chimères (1946) de Pierre Chenal

La foire aux chimèresLui :
La foire aux chimères est un petit bijou qui a été oublié pendant quarante ans pour être redécouvert dans les années quatre-vingt. C’est à la fois un mélodrame et un film policier qui repose sur un scénario riche et complexe, même s’il est plutôt improbable. Un brillant graveur de billets de banque (officiels) est l’objet de moqueries car il a été défiguré par un accident. Solitaire, il rencontre dans une foire une jeune femme aveugle d’une grande beauté qu’il épouse et couvre d’attentions assez coûteuses… Au-delà du caractère policier de l’intrigue, c’est le traitement que fait Pierre Chenal qui fait tout l’attrait de La Foire aux Chimères. L’atmosphère est étrange, à la frontière de l’irréel ou du conte de fées, une atmosphère souvent épaisse, parfois légère, s’appuyant sur des décors habilement cadrés. De nombreuses scènes sont des petites merveilles. Eric von Stroheim exprime toute la complexité de son personnage avec son jeu multi-facettes et forme avec Madeleine Sologne, beauté froide presque irréelle et aérienne, un couple étonnant de contrastes. Il faut aussi mentionner le troisième personnage du gangster mondain et poète (Louis Salou) et les merveilleux dialogues de Louis Ducreux. Le caractère inéluctable de l’issue (on sait, bien entendu, que tout cela va mal se terminer) ajoute à ce sentiment de d’instabilité et d’irréalité. Et quelles étonnantes dernières minutes filmées entièrement en cadrages inclinés ! On peut se demander comment un film comme La foire aux chimères peut rester si méconnu.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Erich von Stroheim, Madeleine Sologne, Louis Salou, Margo Lion, Yves Vincent
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Anecdote :
La chanteuse dans le cabaret est… Line Renaud, alors âgée de 17 ans !

31 décembre 2010

Le bal des actrices (2009) de Maïwenn Le Besco

Le bal des actricesLui :
En regardant Le Bal des Actrices, on se dit que la caricature est un art bien difficile. Le film montre Maïwenn Le Besco filmant un documentaire sur une dizaine d’actrices françaises. Chacune des actrices joue un rôle où elle se moque un peu d’elle-même. Ainsi Karine Viard joue l’actrice prétentieuse et snob, Marina Foïs l’actrice inquiète, adepte de chirurgie esthétique et qui a des difficultés à se voir confier des rôles, etc… Le tout est entrecoupé de chansons chorégraphiées par le style Bollywood. Le problème dans ce genre de film est qu’il est difficile de trouver le bon équilibre. Bertrand Blier (qui fait d’ailleurs une petite apparition amusante dans le film) l’avait trouvé dans son excellent film Les Acteurs mais ce n’est hélas pas le cas pour Maïwenn Le Besco qui reste un peu entre deux chaises : n’allant pas assez loin dans la caricature, Le Bal des Actrices est trop proche du documentaire. Quand il est présent, l’humour ne fonctionne pas bien ; l’ensemble est aussi trop improvisé. Le second degré étant en panne, on se retrouve alors avec un film plutôt nombriliste sur la profession d’actrice… ce qui n’est pas un sujet très passionnant en soi. Les scènes les moins superficielles sont finalement celles de Maïwenn en couple avec Joey Starr (qui, de façon surprenante, joue avec naturel et retenue!) A la décharge de Maïwenn Le Besco, reconnaissons qu’elle avait choisi là un exercice difficile.
Note : 1 étoile

Acteurs: Karin Viard, Marina Foïs, Romane Bohringer, Julie Depardieu, Mélanie Doutey, Jeanne Balibar, Charlotte Rampling, Muriel Robin, Karole Rocher, Joey Starr, Yvan Attal
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30 décembre 2010

Louise-Michel (2008) de Gustave Kervern et Benoît Delépine

Louise-MichelLui :
Victimes d’un patron-voyou qui a fermé et vidé son usine en une nuit, une vingtaine d’ouvrières décident de se venger en engageant un tueur « professionnel ». Ouvrière analphabète, Louise se charge de le recruter. Elle trouve Michel, ex-agent de sécurité qui vivote dans un labyrinthe de mobile homes abandonnés. Sur un vague fond social (1), le film est surtout une comédie bien déjantée avec un humour noir débridé. Tout est déglingué, saugrenu. Beau jeu d’acteur de Bouli Lanners et de Yolande Moreau. S’il y a quelques inévitables longueurs, L’ensemble est plutôt réussi car on rit souvent et franchement.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Yolande Moreau, Bouli Lanners, Benoît Poelvoorde, Mathieu Kassovitz
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(1) Louise-Michel est une militante révolutionnaire de la commune de Paris (1871) devenue ensuite l’une des figures du mouvement anarchiste.

Remarques :
* Albert Dupontel fait une courte mais amusante apparition dans une scène… après le générique de fin.
* Gustave Kervern et Benoît Delépine sont des piliers de l’émission télévisée Bienvenue au Groland.

Homonyme :
Louise-Michel, la rebelle de Solveig Anspach (2008) avec Sylvie Testud.

29 décembre 2010

Séraphine (2008) de Martin Provost

SéraphineLui :
Le film est basé sur l’histoire de Séraphine de Senlis, peintre naïf de condition très modeste qui fut découverte par le collectionneur d’art visionnaire Wilhelm Uhde (il fut l’un des premiers acheteurs de Picasso). Séraphine peignait dans un état proche de l’extase, « sur ordre d’en haut »… Martin Provost réalise un film à la mise en scène sobre, à l’image de son personnage, mais a parfois le défaut de s’attarder un peu trop. Le film est porté par l’interprétation inspirée de Yolande Moreau qui semble vivre réellement son personnage. Les couleurs sont volontairement assez neutres pour mieux faire ressortir les éclatantes couleurs des peintures de Séraphine. Le film a permis de redécouvrir cette peintre qui connut une fin tragique, sorte de Camille Claudel de la peinture.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Yolande Moreau, Ulrich Tukur, Anne Bennent
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Remarques :
Tableau de Séraphine de Senlis Séraphine Louis dite Séraphine de Senlis * Séraphine de Senlis n’a jamais dévoilé le secret de fabrication de ses couleurs. Sur ce point précis, le film ne fait donc qu’émettre des hypothèses.
* Sur plainte d’Alain Vircondelet, auteur de la biographie Séraphine de Senlis (Albin Michel), le T.G.I. de Paris a condamné le 26 novembre 2010 le réalisateur Martin Provost et la société TS Productions à verser 25 000 euros de dommages et intérêts à l’auteur qui les accusait de plagiat. Tout en reconnaissant les similitudes sur quelques passages précis, le Tribunal a donc fortement relativisé les demandes de l’auteur qui réclamait 600 000 euros.

16 décembre 2010

Une soirée de folie (1925) de Leo McCarey

Titre original : « What price Goofy? »

Une soirée de folieLui :
(Muet, 22 mn) Une jeune femme particulièrement jalouse, un mari un peu tête en l’air, tels sont les deux personnages principaux de cette comédie très enlevée de Leo McCarey. Le scénario, écrit par le producteur Hal Roach lui-même, est particulièrement remarquable. Le rythme est rapide avec une très belle exploitation des situations pour développer le burlesque : la salle de bains à deux portes, le chien rapporteur, l’utilisation du cambrioleur, le retournement final… Ce What Price Goofy ? est vraiment un petit bijou du burlesque muet.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Charley Chase, Katherine Grant, Lucien Littlefield, Marjorie Whiteis, Noah Young
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Remarques:
Le titre What price Goofy est une déformation humoristique de What price Glory, une pièce de Maxwell Anderson et Laurence Stallings très célèbre à l’époque. Cette pièce sera adaptée au cinéma peu après par Raoul Walsh What price Glory (1926), l’un des plus grands succès de Walsh en muet, puis par John Ford What price Glory (1952) avec James Cagney. L’histoire est très différente puisqu’il s’agit de deux soldats de la Guerre 14-18, amoureux de la même femme puis confrontés à l’enfer du front.

What Price Goofy?