23 novembre 2007

Le grand sommeil (1978) de Michael Winner

Titre original : « The big sleep »

Le Grand Sommeil (Winner)Elle :
(pas vu)

Lui :
Même sans être le remake du remarquable Le Grand Sommeil d’Howard Hawks, cette version de Michael Winner paraîtrait bien fade, techniquement irréprochable mais sans l’étincelle nécessaire. L’histoire originale de Raymond Chandler est, on le sait, compliquée à souhait, certainement l’une des plus absconses des films noirs et cette version, tout en la respectant à la lettre, la rend presque trop compréhensible. A l’univers nocturne et sombre de Hawks, Winner oppose la clarté et la netteté d’un univers anglais : tout y semble propre… en apparence du moins. Robert Mitchum, qui avait déjà interprété Marlowe dans un autre remake quelques années auparavant Adieu Ma Jolie, lui donne un style rigide, un roc inébranlable certes toujours incorruptible mais bien moins humain que Bogart (oui, il est difficile de ne pas chercher à comparer, c’est le lot des remakes). Les personnages féminins sont plus neutres ; il ne se passe rien entre Sarah Miles et Mitchum. Il manque la magie, l’ambiguité, l’atmosphère électrique. Ce Grand Sommeil se laisse néanmoins regarder sans déplaisir mais on peut s’interroger sur cet entêtement des studios à toujours vouloir refaire ce qui était quasiment parfait…
Note : 3 étoiles

Acteurs: Robert Mitchum , Sarah Miles, Candy Clark, Joan Collins, James Stewart, Oliver Reed
Voir la fiche du film et la filmographie de Michael Winner sur le site imdb.com.

Voir nos commentaire sur la version originale : Le Grand Sommeil d’Howard Hawks (1946) avec Humphrey Bogart et Lauren Bacall…

22 novembre 2007

The Queen (2006) de Stephen Frears

The QueenElle :
Un portrait à la fois caustique et amusant sur la comédie du pouvoir au sein de la famille royale lors de la disparition de la princesse Diana. Stephen Frears nous offre une mise en scène efficace entremêlée d’archives et de scènes étonnantes dans la sphère intime de la Reine Elisabeth et du fraîchement nommé Tony Blair. Il oppose la modernité et la décontraction du premier ministre à la rigidité, l’indifférence et la froideur du couple royal qui préfère aller à la chasse à Balmoral plutôt que de manifester sa présence à Buckingham Palace peu avant les funérailles. Etonnant Tony Blair qui établit une étrange complicité avec la reine. Cette fresque satirique montre le décalage d’une monarchie vieillissante encombrée de protocoles et de préjugés avec la réalité de la société anglaise.
Note : 4 étoiles

Lui :
Sur un sujet qui n’est pas forcément très passionnant quand on n’est pas sujet britannique (la réaction de la famille royale lors de la mort de Diana), Stephen Frears parvient à nous intéresser avec un film bien ficelé. Tout en jouant un peu avec la fascination de pénétrer des sphères de pouvoir, il dresse le portrait d’une famille royale en net décalage avec la vie normale. C’est pour lui l’occasion de placer des dialogues amusants et certaines de leurs réactions semblent vraiment surnaturelles. Passées les premières minutes, où les personnages de la Reine et de Tony Blair paraissent assez peu crédibles, l’interprétation se révèle ensuite assez juste. Sur le fond, tout cela paraît tout de même un peu futile… mais The Queen reste plaisant.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Helen Mirren, Michael Sheen, James Cromwell, Alex Jennings
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9 novembre 2007

Gladiator (2000) de Ridley Scott

GladiatorElle :
Grosse déception pour la première partie de ce film qui est, à mes yeux, ennuyeuse et remplie de poncifs hollywoodiens. J’étais même sur le point d’abandonner mais c’est alors que le brave gladiateur ébahi devant la grandeur du Colisée me fit sortir de ma torpeur. Ce n’est qu’à partir de ce moment que le film prend toute son ampleur grâce à des scènes de reconstitution de Rome de toute beauté, au combat psychologique des personnages et à la grandeur d’âme et souffrance du gladiateur. Dommage qu’il n’y ait pas eu plus d’homogénéité dans le scénario.
Note : 3 étoiles

Lui :
Ce n’est pas du coté du scénario que réside l’attrait de Gladiator : il est manichéen à souhait. Le méchant est puissant, lâche, fourbe et cruel. Le gentil est réduit à l’esclavage, courageux et droit… et il n’est pas manchot au combat! L’intérêt du film réside plutôt dans le spectacle offert, spectacle dont la reconstitution du Colisée est le pivot central. Egalement remarquable est la mise en image d’une bataille romains contre barbares. Les combats sont un peu longs toutefois. En revanche, les rares vues plus globales de Rome sont décevantes, moins crédibles. Au final,  Gladiator constitue un bon divertissement, du « grand spectacle », mais hérite aussi des défauts classiques des grosses productions hollywoodiennes.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Russell Crowe, Joaquin Phoenix, Connie Nielsen, Oliver Reed, Richard Harris, Derek Jacobi
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21 octobre 2007

Le vent se lève (2006) de Ken Loach

Titre original : « The wind that shakes the barley »

Le vent se lèveElle :
Ken Loach signe un film intense et poignant, d’une portée universelle. Il retrace sobrement mais de façon incisive la lutte pour l’indépendance de l’Irlande du Nord dans les années 1920. Le vent de la révolte et de la violence se lève comme tant tout pays occupé, humilié, insulté, torturé, méprisé. Le comportement barbare des troupes d’occupation anglaises soulève l’indignation. Ken Loach nous fait également partager les souffrances de ce peuple affamé ainsi que les confrontations terribles entre irlandais devenus nationalistes après la signature du traité de paix et les indépendantistes qui veulent continuer de lutter pour l’indépendance de leur pays. La mise en scène est magistrale; elle est parfois violente mais jamais inutilement. Un grand film !
Note : 5 étoiles

Lui :
Le vent se lève nous dresse un portrait dur et sans concession de l’occupation anglaise en Irlande au début du XXe siècle. Ken Loach place au tout début du film une scène montrant la brutalité des soldats anglais envers les irlandais, une scène propre à transformer un pacifiste endurci en combattant acharné. Elle situe le cadre et donne ensuite un éclairage à tout le film qui suit le trajet de deux frères dans la clandestinité et le combat. Le film montre aussi comment les anglais parviennent à garder un certain contrôle après leur départ. Il y a une puissance et un force incroyable dans le propos de Ken Loach grâce à une mise en scène extrêmement efficace mais sans artifice. Cette puissance dans la tension ne faiblit à aucun moment pendant les deux heures que dure le film. Avec Le vent se lève, Ken Loach exorcise un passé douloureux de l’histoire de la Grande Bretagne.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Cillian Murphy, Padraic Delaney, Liam Cunningham, Orla Fitzgerald
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8 octobre 2007

Retour à Howards End (1992) de James Ivory

Titre original : Howards Ends

Howards EndsElle :
Cette adaptation du roman de Edward Morgan Forster est assez fidèle. James Ivory parvient à décrire cette société pleine de conventions, ainsi que les sentiments pudibonds ou rebelles qui effleurent les personnages, avec beaucoup de délicatesse et de justesse. Emma Thompson est prodigieuse en soeur et épouse aimante ; Antony Hopkins incarne à merveille le mari puritain et l’amant volage. Les barrières entre les riches et les pauvres, les matérialistes et les idéalistes, les hommes et les femmes s’entrechoquent et finissent par s’effondrer. Un nouveau monde est en train de naître.
Note : 5 étoiles

Lui :
Howards Ends nous plonge dans les pesanteurs de la société anglaise post-victorienne et le film se laisse regarder avec plaisir. Emma Thompson est bien entendu parfaite dans son rôle de riche intellectuelle et Anthony Hopkins tout aussi bon dans celui de riche un peu borné. Après Chambre avec Vue (1985) et Maurice (1987), c’est la troisième adaptation d’un roman d’E.M. Forster par James Ivory. On peut trouver que l’ensemble manque un peu de caractère, les enjeux étant très faibles, mais James Ivory parvient parfaitement à retranscrire l’univers de la société anglaise de cette époque.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Emma Thompson, Anthony Hopkins, Vanessa Redgrave, Helena Bonham Carter
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7 octobre 2007

La route des Indes (1984) de David Lean

Titre original : « A passage to India »

La Route des IndesElle :
Basé sur le roman de Edward Morgan Forster, ce dernier film de David Lean nous plonge brutalement dans la réalité de l’Inde coloniale. Il dépeint de manière incisive les contrastes très forts qui existent entre deux civilisations qui ne parviennent pas à communiquer harmonieusement. Les Anglais détiennent les reines du pouvoir et méprisent les Indiens. On sent David Lean fasciné à la fois par la beauté de l’Inde et de son peuple et ulcéré par la violence de la présence britannique. La mise en scène des grands espaces et des mouvements de foule est grandiose. Les deux héroïnes anglaises portent un regard différent sur la colonisation; elles désirent partir à la découverte de ce pays d’une tout autre manière. Le réalisateur comme dans la plupart de ses films prend tout son temps pour nous imprégner de l’atmosphère de ce pays et insuffler un parfum de mystère et de magie.
Note : 4 étoiles

Lui :
Ultime long métrage de David Lean, 14 ans après La Fille de Ryan, La Route des Indes se situe parfaitement dans la ligne de ses derniers films : un grand spectacle dopé par un scénario assez puissant. Son histoire se situe dans l’Inde des années 20 alors en pleine occupation britannique. C’est pour Lean l’occasion de mettre en scène l’opposition entre deux mondes qui ne parviennent pas à communiquer, ce face à face n’étant pas à l’avantage des anglais qui sont montrés sous leur jour le plus colonialiste qui soit. Les images sont somptueuses et David Lean imprime volontairement un rythme assez lent comme pour mieux les imprimer dans nos esprits et nous plonger dans l’atmosphère de l’Inde. La Route des Indes (*) est techniquement parfait, avec une interprétation sans faille. A 77 ans, David Lean nous prouve qu’il sait toujours faire de grands films.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Judy Davis, Victor Banerjee, Peggy Ashcroft, James Fox, Alec Guinness
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(*) Le titre original est plus adapté que sa traduction approximative : ces deux femmes cherchent chacune un passage pour comprendre l’Inde. La Route des Indes fait plus penser à une aventure de type expédition ce que le film n’est pas.

14 septembre 2007

Butcher Boy (1997) de Neil Jordan

Titre original : The Butcher Boy

Butcher boyElle :
Neil Jordan se livre à un exercice de style qui tourne en rond, à mi-chemin entre humour noir et comédie. Où veut-il en venir? Ce garçon insupportable de père alcoolique et de mère dépressive devient un petit caïd antipathique et violent. Il a des antécédents qui pourraient permettre de comprendre mais là Neil Jordan en fait vraiment trop et ses acteurs aussi.
Note : 1 étoile

Lui :
Relatant la lente glissade d’un jeune garçon de douze ans dans l’Irlande du Nord des années 60, Butcher Boy est vraiment peu convaincant dans sa forme : Neil Jordan adopte un style trop maniéré, franchement en décalage avec l’histoire.
Note : 1 étoiles

Acteurs: Eamonn Owens, Stephen Rea, Fiona Shaw
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6 septembre 2007

Les virtuoses (1996) de Mark Herman

Titre original : Brassed Off

Les virtuosesElle :
Beau film émouvant sur la fermeture des mines en Grande-Bretagne. Cette transition est douloureuse pour les mineurs qui défendent leur outil de travail malgré sa dangerosité pour leur santé. La fanfare est le lien social et solidaire entre ces familles éprouvées qui sans elle ne parviendraient pas à surmonter leur désespoir.
Note : 5 étoiles

Lui :
Les Virtuoses apparaît comme étant une réussite dans le cinéma social anglais : on sent bien que le propos réel du réalisateur est de transcrire la détresse d’une ville minière condamnée à mourir, mais il utilise une histoire parallèle, cette fanfare qui semble être hors du temps mais qui se fera rattraper par le réel. Le tour de force de Mark Herman est de parvenir à traiter un sujet terriblement sombre et grave de manière presque joyeuse et pleine de vie. Pour ce faire, il est épaulé par une équipe d’acteurs qui apportent une authenticité, une chaleur, une humanité que l’on ne rencontre que rarement dans le cinéma. L’histoire est touchante, originale et le message est fort et clair. Les Virtuoses est un film enthousiasmant.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Pete Postlethwaite, Tara Fitzgerald, Ewan McGregor, Stephen Tompkinson, Jim Carter, Philip Jackson
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2 août 2007

Mickey les Yeux Bleus (1999) de Kelly Makin

Titre original : Mickey Blue Eyes

Mickey les yeux bleusElle :
Une comédie sans prétention mais amusante. Hugh Grant se trouve compromis malgré lui dans les activités illicites d’une famille de mafieux. On aurait pu s’attendre à un énième clone de quatre mariages et un enterrement. Mais non. L’humour est assez fin et sans vulgarité. Les situations sont cocasses. Dans l’ensemble, le tout fonctionne plutôt bien.
Note : 4 étoiles

Lui :
Bonne surprise. Cette comédie anglaise entièrement basée sur le flegme de Hugh Grant parachuté au milieu d’une bande de mafiosi est vraiment très drôle. Le scénario est intelligemment tourné, les personnages sont typés mais sans excès et on a droit à quelques dialogues savoureux. Gentil mais très agréable.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Hugh Grant, James Caan, Jeanne Tripplehorn, Burt Young, James Fox
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