21 février 2009

Elizabeth – L’âge d’or (2007) de Shekhar Kapur

Titre original : « Elizabeth: The Golden Age »

The Golden AgeElle :
(pas vu)

Lui :
Shekhar Kapur reprend l’histoire d’Elizabeth 1ère, presque 10 ans après avoir tourné Elizabeth qui retraçait son arrivée au pouvoir. Le récit d’Elizabeth, l’âge d’or se place au moment où la reine d’Angleterre doit affronter la vague destructrice du catholicisme lancée par le roi d’Espagne. Shekhar Kapur semble cette fois moins intéressé par l’Histoire que par la possibilité de créer un grand spectacle et il déploie toute la batterie de moyens à la mode hollywoodienne : grands décors, belles toilettes, et une musique grandoliquente, homologuée « grande épopée », un peu trop omni-présente. Nous avons même droit au plan du cheval qui se cabre au sommet d’une falaise face à la mer! Sur le fond, cet Age d’Or dresse un portrait extrêmement flatteur d’Elizabeth 1ère, tous ses adversaires sont fourbes, et s’attarde surtout sur son histoire d’amour contrarié avec Walter Raleigh. L’ensemble est plutôt ennuyeux, seule la perspective d’une belle bataille navale contre l’Invicible Armada espagnole m’a retenu ; hélas, celle-ci se révèla bien décevante, la camera se placant soit à 10 kilomètres soit à 1 mètre des bateaux (*). Pour ne pas être trop négatif, on peut souligner les bonnes prestations de Cate Blanchett et de Clive Owen…
Note : 2 étoiles

Acteurs: Cate Blanchett, Clive Owen, Geoffrey Rush, Abbie Cornish
Voir la fiche du film et la filmographie de Shekhar Kapur sur le site imdb.com.

Voir la fiche du premier volet sur le site IMDB :
Elizabeth (1998) de Shekhar Kapur avec Cate Blanchett et Joseph Fiennes

(*) Détails :
Si l’épisode des bateaux en feu fût effectivement déterminante pour l’issue de la bataille contre l’Armada espagnole, cette tactique ne fut pas vraiment l’oeuvre de Walter Raleigh (sa présence sur le champ de bataille est contestée, il était probablement en Irlande à cette époque) mais fut initiée par Charles Howard et Francis Drake, autre grand « pirate » anglais (il fut le premier anglais à faire le tour du monde), alors vice-amiral de la flotte anglaise.
Walter Raleigh épousa effectivement Elizabeth Throckmorton, dame de compagnie de la Reine, en secret mais ce fut en 1591, soit 3 ans après la défaite de l’Invicible Armada. L’intrigue amoureuse avec Elizabeth 1ère est le plus souvent considérée comme peu vraisemblable par les historiens. En 1594, il refit une expédition légendaire en Amérique du Sud, « l’El Dorado ». Il fut longuement emprisonné pour trahison sous le règne de Jacques 1er et fut décapité en 1618.
(A défaut d’être un bon film, cet Age d’Or a au moins l’utilité de pousser à se documenter!)

18 février 2009

It’s a free world… (2007) de Ken Loach

It's a Free World...Elle :
Les histoires de Ken Loach sur fond de réalisme social sont toujours fortes : dans des univers peu explorés au cinéma, elles analysent la vie des gens qui subissent le système sans pouvoir s’en sortir vraiment. Nous voici plongés à Londres, dans l’univers des agences de placement, des combines, des travailleurs immigrés de l’Est, des clandestins et de l’exploitation de cette main d’œuvre sous-payée, attirée par l’espoir d’un meilleur avenir en Angleterre. Ken Loach explore les motivations d’une jeunesse défavorisée et perdue de l’après Thatcher, celle à qui on a fait croire qu’on pouvait tout réussir par soi-même facilement, celle qui veut s’en sortir à tout prix, sans scrupule, peu importent les méthodes. Cette jeune mère de famille use de la même brutalité vis-à-vis de ces immigrés que ceux qui l’ont licenciée. La dureté de cette société libérale, où l’individualisme est plus fort que tout, est très alarmante.
Note : 5 étoiles

Lui :
Avec It’s a free world…, Ken Loach nous plonge dans le monde du travail précaire de l’Angleterre actuelle. Il nous le montre non pas par les yeux d’une des personnes qui subit cette situation mais par les yeux d’une personne qui exploite cette situation à son profit. Il pousse même jusqu’à lui faire prendre les traits d’une jeune femme blonde à l’allure avenante. Angie, après avoir été abusée par ses anciens employeurs, se propulse par débrouillardise comme recruteuse de travailleurs temporaires, majoritairement venus des pays de l’Est. Dotée d’un individualisme extrême, elle va chercher à profiter au maximum de la situation. Elle se situe juste à la limite de l’illégalité, limite qu’elle franchit sans état d’âme, presque naturellement. La démonstration de Ken Loach est une fois de plus magistrale, le cinéaste britannique sait ne pas trop appuyer sur la pédale, aucun manichéisme ici ni de condamnation facile ; non il s’efforce de montrer un système qui se nourrit de l’individualisme. It’s a free world…, le titre est ironiquement très représentatif : tous les coups sont permis.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Kierston Wareing, Juliet Ellis, Leslaw Zurek, Joe Siffleet, Colin Caughlin
Voir la fiche du film et la filmographie de Ken Loach sur le site imdb.com.
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8 janvier 2009

Par effraction (2006) de Anthony Minghella

Titre original : « Breaking and entering »

Par EffractionElle :
Un film moyennement abouti et convaincant avec un épilogue très convenu et fleur bleue. Minghella choisit de confronter deux mondes différents dans la ville de Londres. Le monde des bobos est incarné par Jude Law, un bel architecte établi dans une zone difficile en réhabilitation. Son couple est vacillant et il se fait cambrioler par de jeunes voleurs bosniaques. En face, le monde des immigrés de l’Est ou d’Afrique qui vivent parfois de petits larcins. La rencontre entre les deux univers se fait par le biais de la mère du jeune cambrioleur interprétée par Juliette Binoche. Certes, Par Effraction parvient à créer une ambiance particulière et parfois émouvante mais le scénario se noie dans des situations pas toujours crédibles ou un peu couleur guimauve. Minghella surfe davantage sur les bons sentiments que sur une exploration sociologique intéressante. Cet univers qu’il connaît mal semble lui échapper.
Note : 3 étoiles

Lui :
Alors qu’il traverse une crise dans son couple, un architecte londonien rencontre une femme bosniaque à la suite d’un cambriolage. Anthony Minghella cherche probablement à aborder trop de thèmes différents avec Par Effraction : difficultés de la mixité sociale, traitement de la petite délinquance, influence d’un enfant autiste sur la vie de couple avec en plus une histoire d’amour assez fragile et ambiguë. Cela fait beaucoup de choses et le film ne parvient à convaincre vraiment sur aucun des points. Au final, l’ensemble sonne un peu faux et Par Effraction donne l’impression de s’essouffler trop rapidement.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Jude Law, Juliette Binoche, Robin Wright Penn, Rafi Gavron
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15 décembre 2008

Le rêve de Cassandre (2007) de Woody Allen

Titre original : « Cassandra’s dream »

Le Rêve de CassandreElle :
Ce film sombre tourné en Angleterre est plutôt décevant. Avec un scénario aux accents de tragédie grecque, Woody Allen nous plonge au début du Rêve de Cassandre dans une analyse de classes sociales avec cette famille modeste qui dépend financièrement d’un oncle richissime vivant aux Etats Unis. Cette réussite humilie le père et fait rêver les fils de grandeur et de luxe. Jusque là tout va bien, on se croirait presque dans un film de Ken Loach… Les deux fils de cette famille se trouvant confrontés avec une (énorme) dette de jeu à rembourser pour l’un et une jeune actrice à éblouir pour l’autre, sont amenés par leur oncle à envisager l’inconcevable pour se sortir de cette impasse. C’est alors que tout se gâte ; le film ne fonctionne plus car on ne croit pas vraiment à cette histoire. Woody Allen choisit d’entraîner ses personnages dans des situations très exagérées pour montrer à quel point la cupidité puis la culpabilité peuvent ronger et détruire mais il en fait vraiment trop. Ce n’est plus qu’une suite de petits événements successifs qui s’enchaînent sans grande profondeur ni crédibilité.
Note : 2 étoiles

Lui :
Le Rêve de Cassandre est le troisième film que Woody Allen tourne à Londres et il semble s’éloigner de plus en plus de son style new-yorkais. Le film débute par une peinture sociale au travers de deux frères qui souhaitent tous deux, mais chacun à sa manière, sortir de leur milieu qui ne les satisfait pas. Ensuite Woody Allen grossit (beaucoup trop) le trait en donnant une dimension plus dramatique et noire qui semble sortie d’un mauvais roman policier. L’ensemble n’est guère crédible, tout sonne faux et le son, qui donne souvent l’impression d’acteurs jouant sur une scène, n’arrange rien. Il reste la belle prestation d’Ewan McGregor et aussi de Colin Farrell dans un registre tourmenté qui ne lui est pas habituel. Le Rêve de Cassandre marque sa différence aussi par la musique et ce, dès le générique du début : en lieu et place du jazz habituel, nous avons cette fois une musique composée par Philip Glass… On sent le besoin chez Woody Allen de marcher sur de nouveaux sentiers. Souhaitons-lui plus de réussite la prochaine fois.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Ewan McGregor, Colin Farrell, Tom Wilkinson, Hayley Atwell, Sally Hawkins
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18 novembre 2008

Victor, Victoria (1982) de Blake Edwards

Victor, Victoria Elle :
Note : 5 étoiles

Lui :
Victor, Victoria est l’un des films les plus aboutis de la filmographie de Blake Edwards. Même si elle n’est pas de lui (c’est un remake), l’idée de départ est simple mais brillante : sur les conseils d’un artiste de cabaret homosexuel, une chanteuse au bout du rouleau accepte de passer pour un homme qui prétend passer pour une femme. Rapidement, elle remporte un vif succès dans les cabarets parisiens. Pour tourner cette comédie, le réalisateur a bénéficié d’un budget important qu’il a su utiliser à merveille ; l’histoire est parfaitement mise en place et rythme et timing sont précis, ne laissant aucun temps mort malgré les quelque 120 minutes de film. Blake Edwards mêle des personnages assez naturels avec des personnages franchement caricaturaux, tel Robert Preston qui reprend tous les clichés sur les homosexuels (sans toutefois trop charger la barque) et surtout l’hilarante blonde-platine braillarde et vulgaire qui semble sortie tout droit d’une bande dessinée. Cet habile cocktail explique une partie de la réussite de Victor, Victoria. Le plus beau personnage est bien entendu Victoria, magnifiquement interprétée par Julie Andrews (qui rappelons-le est la femme de Blake Edwards), délicieuse et particulièrement à l’aise dans les superbes numéros de cabaret chorégraphiés au cordeau. Et il y a les gags, toujours simples, mais qui prennent toute leur force dans la façon dont Blake Edwards les amène et les met en scène (exemples-type : les chutes, tel le gag du détective sur le tabouret, gag pourtant éculé mais absolument irrésistible ici). Victor, Victoria est une comédie quasiment parfaite qui se voit et se revoit toujours avec le même plaisir.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Julie Andrews, James Garner, Robert Preston, Lesley Ann Warren, Alex Karras
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Victor Victoria
James Garner et Julie Andrews dans Victor Victoria de Blake Edwards

Original et premier remake :
Viktor und Viktoria film allemand (assez rare) de Reinhold Schünzel (1933), avec Renate Müller et Hermann Thimig
First a girl (1935) remake anglais en comédie musicale de Victor Seville avec Jessie Matthews et Sonnie Hale, remake qui suivait l’original de très près.

25 octobre 2008

Secrets et mensonges (1996) de Mike Leigh

Titre original : Secrets & Lies

Secrets et mensongesElle :
(En bref) A la mort de sa mère adoptive, une jeune femme noire recherche sa véritable mère et découvre qu’elle est blanche. Le film de Mike Leigh n’est pas tant sur le racisme mais plutôt la reconstruction d’une relation mère-fille rendue plus délicate par le choc de milieux sociaux différents.
Note : 3 étoiles

Lui :
(En bref) Bien que le film soit en grande partie improvisé, Mike Leigh parvient à dresser de beaux portraits dans un milieu très populaire. Cette improvisation donne un ton très naturel au film. Brenda Blethyn fait une remarquable interprétation de cette mère « découverte » par sa fille, plus évoluée socialement. (Palme d’Or 1996)
Note : 4 étoiles

Acteurs: Timothy Spall, Brenda Blethyn, Marianne Jean-Baptiste, Claire Rushbrook
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10 octobre 2008

La guerre à sept ans (1987) de John Boorman

Titre original : Hope and Glory

Hope and GloryElle :
(En bref) Film très réussi sur cette période de la seconde guerre mondiale vue par les yeux d’un enfant. Bon scénario, émotion, humour et excellents acteurs font un cocktail qui fonctionne merveilleusement bien.
Note : 5 étoiles

Lui :
(En bref) John Boorman raconte sa propre enfance et c’est la raison pour laquelle on trouve dans son récit beaucoup de sensibilité. La vision d’un garçon de sept ans sur la guerre est obligatoirement très différente et Hope and Glory est ainsi un film particulièrement original.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Sebastian Rice-Edwards, Geraldine Muir, Sarah Miles
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9 septembre 2008

Dancing at Lughnasa (1998) de Pat O’Connor

Autre titre (TV) : Les moissons d’Irlande

Dancing at LughnasaElle :
(En bref) Portraits de cinq soeurs dans la campagne irlandaise de 1936. La pièce de l’irlandais Brian Friel ne retrouve pas toute sa force lors de son adaptation au grand écran. Le film est plaisant mais donne l’impression d’avoir un scénario qui n’est pas des plus consistants. Les paysages et la musique sont beaux. Meryl Streep fait une très belle prestation.
Note : 3 étoiles

Lui :
(En bref) Les lieux et les personnages sont attachants mais le scénario est un peu mince. L’intention est là de montrer au travers de ces cinq soeurs toute l’évolution de la socité irlandaise en ce début de XXe siècle mais Dancing at Lughsana pêche par un scénario mal adapté au grand écran. C’est dommage car un scénario un peu plus étoffé aurait très certainement donné un film remarquable.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Meryl Streep, Michael Gambon, Catherine McCormack
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8 septembre 2008

Un poisson nommé Wanda (1988) de Charles Crichton

Titre original : « A fish called Wanda »

Un poisson nommé WandaElle :
(pas (re)vu)

Lui :
Bien qu’il soit signé de Charles Crichton (réalisateur anglais de films populaires des années 50 et 60), Un Poisson Nommé Wanda est surtout un film de John Cleese qui en a écrit le scénario. Cet ancien des Monty Python nous a concocté ici un petit bijou d’humour anglais autour d’un scénario de braquage de banque, enchaînant à un rythme soutenu situations ubuesques et jeux de mots incessants. L’écriture du scénario semble faite au cordeau, avec beaucoup de précision, un exemple quasi parfait de la comédie avec un grand C. Les situations s’enchaînent sans qu’il n’y ait à aucun moment une baisse de rythme. Le personnage de l’américain, magistralement interprété par un Kevin Kline déchaîné, permet de caricaturer les images d’Epinal sur le décalage des civilisations. Un Poisson nommé Wanda nous prouve que John Cleese est vraiment un génie de l’humour et de la comédie ; c’est le genre de film que l’on peut voir et revoir sans jamais se lasser. Le film fut un énorme succès. Au Danemark, un spectateur pris d’un fou rire est mort d’une crise cardiaque… (vous êtes prévenus!)
Note : 5 étoiles

Acteurs: John Cleese, Jamie Lee Curtis, Kevin Kline, Michael Palin
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Le film eut une sorte de suite, reprenant certaines bases de situations et surtout la même équipe d’acteurs:
Créatures féroces (Fierce creatures, 1997) de Robert Young et Fred Schepisi.

7 septembre 2008

Grandeur et descendance (1993) de Robert Young

Titre original : « Splitting Heirs »

Grandeur et descendanceElle :
(pas vu)

Lui :
Elevé par une famille indienne à Londres, Tommy Patel découvre qu’il est en réalité Duc de Bournemouth. Grandeur et Descendance est bâti autour d’Eric Idle, ex-membre des Monty Python ; il a d’ailleur écrit le scénario. A ses côtés, on retrouve John Cleese dans un petit rôle, certes, mais qui ne passe pas inaperçu… Le film est souvent assez critiqué, y compris par les fans de Monty Python ; c’est assez injuste car s’il a quelques baisses d’intensité, il est dans son ensemble vraiment très amusant, plein de cet humour anglais nonsense qui fera fuir les esprits les plus cartésiens. Eric Idle ne faiblit pas une seconde, tout à fait dans son style favori de l’humour à froid. On remarquera en second rôle la jeune Catherine Zeta-Jones et surtout Barbara Hershey qui compose un personnage de mère nymphomane et allumée particulièrement décapant. Sans atteindre le niveau d’Un poisson nommé Wanda, ce Grandeur et Descendance nous fait passer un bon moment.
Note : 3 eacute;toiles

Acteurs: Eric Idle, Rick Moranis, Barbara Hershey, Catherine Zeta-Jones, John Cleese
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